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Etudes physiologiques et psy pour réduire les accidents

Etudes physiologiques et psy pour réduire les accidents

Mathieu Verschave, médecin urgentiste* et Charlotte Roura, psychologue clinicienne*, ont créé un groupe de recherche sur l’accidentologie en parapente, le Triple P : Physiologie et Psychologie en Parapente. En partenariat avec Elodie Varraine, Maître de Conférence Universitaire en Psychologie du Sport au département STAPS de Font Romeu – Université de Perpignan, ils vont mettre en œuvre prochainement deux études scientifiques qui ont pour objectif de mieux comprendre les causes d’accidents en vol libre qui permettront de créer des outils pour les réduire et améliorer la sérénité des pilotes.

* Mathieu est aussi médecin chercheur attaché à l’INSERM (UMR 1075 Laboratoire COMETE, Université de Caen) et, prochainement, médecin aéronautique et Charlotte, ancienne psychologue du Pôle Espoir de Font Romeu

Pourquoi et comment prévoyez-vous de mener ce grand projet ?

Comme vous le savez, l’accidentologie du parapente est alarmante. En effet, en France, on compte 2% d’accidentés chaque année (soit 625 accidents sur près de 20000 pratiquants en 2015). Plusieurs mesures sont mises en place au niveau fédéral pour améliorer cette situation : l’amélioration des formations, les journées contact et la prise en compte importante des facteurs humains.

Nous prévoyons donc de mener des études scientifiques dans cette même optique pour mieux comprendre les causes d’accidents et créer des outils pour les réduire et améliorer la sérénité des pilotes.

Pouvez-vous en dire plus sur les études que vous allez mener et quels sont vos partenaires ?

La première étude se nomme PAMRI SAR (Paragliding in Altitude : Medical Research Investigation on Specific Accidentology and Risk factors). C’est le nom d’une montagne culminant à 7016 mètres, ce sera l’objectif d’altitude de notre étude. Ce projet est lancé en partenariat avec 3 unités INSERM : Caen (UMR U1075 : Pr Normand, Dr Besnard), Grenoble (Dr Vergès) et Clermont-Ferrand (Pr Avan) ainsi que la psychologue, Charlotte Roura (ancienne psychologue du Pôle Espoir parapente). L’association EXALT, groupe d’experts de recherche sur l’altitude, soutient aussi ce projet.

La deuxième étude se concentre sur les facteurs psychologiques à risque d’accident par le biais d un questionnaire auprès des licenciés. Et nous avons beaucoup d’autres idées pour la suite !

Avez-vous aussi des soutiens côté parapente pour ces études?

Oui, la Fédération Française de Vol Libre, ainsi que le Médecin Fédéral National, le Dr François Duchesne de Lamotte. Parmi les pilotes, il y aura Antoine Girard, le recordman de gain d’altitude avec un vol à 8157m en juillet dernier. Son aura médiatique va dépasser les frontières du monde du vol libre (il est finaliste top 10 au concours National Geographic, aventurier de l’année). Benoît Outters fera aussi partie de l’équipe.

Nous avons pour l’instant le soutien de la marque ICARO 2000, qui va nous aider a développer un casque spécifiquement adapté aux expériences. Nous espérons créer une convergence de fonds venant du parapente et d’ailleurs afin de financer ces projets.

Quels bénéfices tirerez-vous de ces expériences ?

On espère mettre en évidence des causes jusqu’alors non encore scientifiquement prouvées d’accidents en parapente. Nous nous basons sur une grille validée en aéronautique civile et militaire. Nous allons mettre en évidence les dysfonctions cognitives (les erreurs de perception et de décision) en fonction de facteurs environnementaux (le manque d’oxygène, le froid, le facteur de charge, l’altitude…), de facteurs physiologiques (le froid ressenti, la déshydratation, la fatigue physique, la pression intra-crânienne, [ l’oxygénation cérébrale A SUPPRIMER]…) et de facteurs psychologiques (l’anxiété, la motivation…).

Tous ces facteurs influent de manière plus ou moins importante les facultés du pilote, et ce, même avant de décoller. A 6000m par exemple, le manque d’oxygène est majeur et les pilotes décrivent des difficultés plus importantes à maîtriser leur aile.

En dehors des applications directes de ces travaux, nous allons aussi travailler sur la recherche fondamentale, notamment dans la compréhension du mal aigu des montagnes.

Et côté pratique, comment prévoyez-vous de réaliser ces expériences?

Nous allons donc voler en parapente dans plusieurs endroits afin de constituer une cartographie des facteurs de risque selon les niveaux d’altitude. Dans les Alpes, les mesures seront effectuées pour les niveaux 200-3500m. Pour atteindre les altitudes importantes telles que 3000-7000m, nous irons au Pakistan dans la région du Karakorum.

Juillet 2016 – Antoine Girard au dessus du Broad Peak à 8157 mètres : une première mondiale.

Grâce aux résultats de ces travaux, on pourra définir des cibles de travail : l’anxiété, le froid, la motivation, la personnalité… Une multitude de paramètres sont testés en fonction des échecs aux épreuves cognitives (UMR INSERM U1075 COMETE, Pr Normand, Dr Besnard). Et ainsi on pourra chercher à améliorer ces facteurs de risque chez les pilotes, par le renforcement d’actions existantes et la création de nouvelles, en partenariat avec la FFVL.

Prévoyez-vous aussi de faire des études sur d’autres paramètres que celui de l’altitude ?

En parallèle à ces applications directes, nous effectuerons de la recherche fondamentale à travers la mesure de la Pression Intra-Crânienne (PIC) via un dispositif non invasif (INSERM, Pr Avan). Les données recueillies permettront d’approfondir les connaissances du mécanisme du Mal Aigu des Montagnes (INSERM, Dr Vergès). Nous prévoyons aussi de coupler ces mesures de PIC avec des mesures d’oxygénation cérébrale transcutanée (NIRS), à la pointe de la technologie.

Vous avez parlé du côté physiologique mais le nom de votre groupe parle aussi de psychologie

Oui, la deuxième étude consistera en l’étude des traits psychologiques à risque d’accident. Les pilotes cherchant à épater la galerie peuvent être amenés à prendre plus de risques. C’est alors un problème de motivation extrinsèque, une motivation extrinsèque qui prend ses sources dans le regard des autres. Un pilote trop soucieux de son travail aura plus de difficultés à analyser son vol, l’emmenant dans des zones parfois dangereuses : c’est l’anxiété de trait, externe au milieu du parapente…

ROCK THE OUTDOOR, la culture parapente

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