
Apprendre le parapente avec une mono-surface, est-ce plus facile ?
A DECOUVRIR en bas de page le stage “RETOUR A LA SERENITE” proposé par l’école Carpe-Diem

A la base, les voiles mono-surface sont conçues pour le vol montagne. Mais il s’avère que la voile AIR DESIGN UFO est de plus en plus utilisée pour l’initiation. Pourquoi ?
Les avantages cherchés lors de la conception des premiers modèles de ce type d’aile étaient le poids et l’encombrement. Un usage prévu à la base pour le paralpinisme (descente des sommets). Mais il se trouve que de nombreux autres avantages ont émergé avec les voiles mono-surface, notamment pour l’initiation parapente grâce à sa très grande facilité de mise en oeuvre : l’aile est incroyablement facile à gonfler et à amener au dessus de la tête. D’autre part, cette voile a un comportement très amorti en toute situation de vol : cela amène une très grande sécurité en vol, les risques d’incidents sont donc très limités.
Découvrons en détails tous les avantages de la voile AIR DESIGN UFO en école parapente auprès de Sébastien Blesses.

Sébastien, vous équipez vos élèves de voiles parapente mono-surface. Quelles sont les avantages de ce choix ?
Les avantages d’un parapente sont multiples
1- Lors des séances pente école
Ces ailes mono-surface ont un gonflage très facile, très simple aussi car nul besoin de prendre les avants en main. Le besoin de recentrage est limité, l’aile ne dépasse pas le pilote non plus. Résultat, le pilote novice acquiert tout de suite des sensations en pente école. Et comme ces ailes pardonnent beaucoup (tu peux avoir le stab qui touche l’herbe, la situation est encore récupérable !), la compréhension des mécanismes se fait nettement plus facilement. Si l’élève se trompe, tu as le temps de lui dire “tu t’es trompé, change de main…”, et hop ! l’aile revient au dessus de la tête. Avec une aile classique, tout est déjà au sol et il faut tout reprendre et recommencer…
De plus, le poids très réduit du matériel fait que les élèves se fatiguent beaucoup moins vite à remonter la pente école.
2- Lors des séances de plat école
Les ailes mono-surface tenant seules en l’air à partir de 5-6 km/h de vent, on peut très vite travailler en statique, et ce, de manière beaucoup plus confortable qu’avec une aile standard. Le poids de l’aile fait qu’avec de faibles valeurs de vent, tu peux déjà bosser en statique ou en marche lente. Cela permet à l’élève de progresser beaucoup plus vite car il n’a plus la course à gérer et il peut ainsi se concentrer sur ses actions aux commandes. La plage de travail efficace est quasiment doublée par rapport à une aile standard.
En outre, l’énergie nécessaire pour gonfler et affaler l’aile est très largement réduite : les élèves se fatiguent beaucoup moins vite.
Grâce à tout cela, le volume de travail est nettement plus conséquent et aussi beaucoup plus efficace. Les élèves progressent à une vitesse étonnante.
3- Lors des vols
Le décollage est facilité même s’il n’y a pas de vent du tout, voire même si il y a très léger vent arrière.
La stabilité des ailes mono-surface est tellement importante qu’elle offre une très grande sécurité (même si l’aile vit en permanence sur de toutes petites amplitudes). Cela décharge pas mal le pilote de la gestion du tangage et du roulis de l’aile et lui laisse beaucoup de “cerveau disponible” pour analyser ce qui se passe et élaborer de belles approches.
La finesse un peu moins élevée que les dernières ailes écoles joue aussi en la faveur des élèves, mais aussi des moniteurs. Je m’explique : les terrains n’ont pas gagné en longueur ni en largeur. Et sur certains même, les arbres qui les bordent ont poussé. Les ailes école classiques volent de plus en plus vite et ont de plus en plus de plané.
En cumulant ces facteurs, on arrive à des gestions d’atterrissage de plus en plus compliquées.
Le fait que l’AIR DESIGN UFO ait une finesse légèrement moindre rend la prise de terrain un peu plus aisée. Cela présente aussi un avantage supplémentaire : on peut augmenter la fréquence de vols.
Appliquer la pédagogie que l’on observe habituellement dans les écoles classiques ne permettrait pas de tirer le meilleur parti de ces ailes. Aussi, a-t-il fallu mettre en place de nouvelles choses pour y parvenir. Ainsi, si les élèves sont moins “forts” techniquement (tangage-roulis) qu’à l’issue d’un stage classique, ils sont plus évolués en terme d’analyse des conditions, d’autonomie ( décollage, plan de vol, approche, prise de terrain, atterrissage), et de gonflage. Cela et du notamment au fait que l’on fasse en moyenne le double de vols que sur un stage classique.
In fine, le circuit d’apprentissage via un parapente mono-surface sera différent mais pas plus long (voire plus court !) que le circuit habituel, pour amener un néophyte jusqu’au niveau de Pilote Confirmé, capable de faire ses premiers cross en sécurité sous une B+. Les différents blocs (Technique, Mental, Analyse) seront simplement travaillés dans un ordre différent.
Les voiles parapente mono-surface ont-elles vraiment adaptées pour de jeunes élèves ?
C’est adapté à tous les élèves ou presque. Peut être moins à celles et ceux qui ont des difficultés à courir, sans pour autant être un sprinter. Ce problème est peut être moins handicapant sous une aile classique. Pour les jeunes c’est parfait. Le poids de l’aile demande moins d’énergie pour la porter, pour la gonfler, pour l’affaler.
La manipulation si facile au sol ne présente-t’elle pas un inconvénient toutefois dans le cursus formation. En effet, lorsque l’élève s’équipera par la suite d’une voile standard, il risque de découvrir des difficultés à gérer sa voile au décollage (tangage, roulis…)
Ce sera surtout vrai en vol !!! Et cette lacune sera comblée en suivant quelques jours de stage. Ce sera même indispensable pour passer sous une aile classique : le discours que nous tenons est très clair à ce sujet.
En ce qui concerne le gonflage et le travail au sol, on observe que débuter avec l’AIR DESIGN UFO est finalement un avantage. La transition avec une aile classique est extrêmement rapide. Les élèves qui maîtrisent leur mono-surface en face voile mettent en général moins de 5 min avant de parvenir à faire la même chose avec une aile classique. Le transfert se fait à une vitesse hallucinante. C’est une vraie bonne surprise pour nous.
Cette réussite confortera l’élève dans son envie de multiplier le travail au sol, le plaisir étant encore une fois au rendez-vous.
Un avantage pour les élèves certes, mais du point de vue des enseignants ?
On gagne en sécurité ! Au déco, l’aile ne dépassera pas : l’élève ne se prendra pas de frontale en étant au bord du décollage et ne finira pas dans le trou.
En vol, on sait que s’il se passe quoi que ce soit, il suffira à l’élève de relever les mains. Parce qu’avec les ailes écoles, tout le monde dit que s’il y a un début de sketche, il faudra se mettre bras hauts. C’est vrai MAIS jusqu’à ce que l’abattée survienne, et il faudra alors faire une tempo, sous peine de refaire un incident de vol. Avec l’AIR DESIGN UFO, aucun risque, on sait que l’aile n’ira jamais très loin, et qu’il n’y aura rien derrière.
On gagne en confort ! Les élèves sont moins fatigués, ils sont plus réceptifs: l’apprentissage est réellement facilité.
On gagne en plaisir ! Le sourire des élèves, leur progression, génèrent une ambiance encore plus agréable. La réussite entraîne la réussite. Et le plaisir qui va avec, pour tout le monde.
Et puis, on peut mettre l’accent sur d’autres choses, puisque le travail “technique” est moins nécessaire. J’en profite donc pour travailler deux aspects fondamentaux en exploitant le “cerveau disponible”: le mental et l’analyse, domaines qui sont , à mon humble avis, trop négligés habituellement, sans doute par manque de temps.

D’autre part, ces voiles parapente mono-surface qui ne sont pas conçues à la base pour l’enseignement ne présentent-t’elles pas des dangers (risque d’incidents en cas de surpilotage par exemple, décrochage…) ?
La pédagogie est adaptée à cette particularité car oui, les monosurfaces décrochent un peu plus vite que les ailes classiques et la bascule est assez soudaine. Pour autant, en insistant sur le fait que ces ailes ont besoin de vitesse, on n’a jamais eu de problème. Et puis, il n’y a aucune raison pour que les élèves aient à trop descendre les mains. Le côté joueur de cette aile, ne nécessite pas d’action importante aux commandes pour avoir un virage efficace, surtout si on a de bons appuis sellette.
Et comme je le disais plus haut, il suffit d’avoir les bras hauts quel que soit l’incident de vol, pour que ça revole très rapidement…
Certains critiquent l’utilisation de ces voiles en école parce que ce sont des voiles trop faciles. Quels sont tes arguments ?
Oui, certaines voix s’élèvent, voire s’indignent contre l’enseignement en mono surface dès le stage Initiation. Leurs deux arguments majeurs sont que l’aile est trop facile, et trop peu performante face au vent. Mais depuis quand un outil est-il trop facile? A ce compte là, pourquoi ne font-ils pas l’enseignement avec des ailes d’il y a 15 ans? Car les ailes écoles d’aujourd’hui sont bien plus faciles… Ou alors avec des 2 lignes?
Partir du principe qu’il n’y a pas de bon apprentissage sans passer par la case “j’en bave” est à mon sens complètement désuet. Au contraire même, on sait très bien que le plaisir est le moteur premier de l’apprentissage, et que ce dernier est bien plus efficace quand il y a des sourires, de la joie, du bonheur…
Quant au manque de performance face au vent:, il faut relativiser les choses: ces ailes n’ont rien à envier à celles qui étaient en école il y a 10 ans. Pour autant, les élèves sont sensibilisés à cela: ils sont donc plus précautionneux encore dans leur analyse des conditions avant et pendant le vol, à l’évaluation de leur finesse, etc… Car c’est ce qui fera la différence, car finalement ce n’est pas le matériel le problème c’est le pilote qui est dessous: j’ai déjà vu des Enzo reculer dans du vent fort. Pourquoi? Parce que quelque soit l’aile, les pilotes iront explorer les limites. Et finiront par les dépasser..
Et, pour finir, ces voiles en tissu léger ne souffrent-t’elles pas de la maltraitance des apprentis pilotes ?
Pas vraiment parce que finalement, les ailes ne passent finalement que très peu de temps au sol. Elles sont très souvent en l’air ! Et lorsqu’elles retombent au sol, c’est avec beaucoup moins de puissance qu’une aile classique.De fait, leur usure n’est pas plus importante qu’une aile école standard.
L’AIR DESIGN UFO n’est pas sortie la semaine dernière. On a quand même du recul sur cette aile et elle vieillit très bien. Mieux que certaines ailes classiques.
Mes propos n’engagent que l’école Carpe Diem et l’utilisation de l’UFO de chez Air Design. Je ne pourrais me positionner pour les autres structures et/ou sur l’utilisation d’un autre modèle de Mono Surface. L’UFO a été choisie car c’est celle qui remplit le mieux, à mon sens, les critères d’une utilisation en école: facilité au démêlage et au gonflage, sécurité passive, robustesse.
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La grande facilité des voiles mono-surface en initiation parapente
La session la plus laborieuse pendant le stage d’initiation : la pente école. Le poids du matériel, l’élévation de la voile, sa perception au dessus de la tête, contrôle du tangage et du roulis en se recentrant… Certaines écoles ont intégré un nouvel outil : la voile mono-surface. En équipant les élèves de voiles mono-surface et de sellette light, les moniteurs ont constaté une grande efficacité dans les premières étapes de l’apprentissage car la manipulation au sol ne pose plus de difficultés aux élèves.
Mais en équipant les élèves avec ces voiles si faciles au décollage, les élèves découvrent à peine les sensations pour contrôler les effets pendulaires bien plus marqués sur une voile double surface (du fait de son inertie). Ne reportons-nous pas l’apprentissage de la maîtrise des effets pendulaires à gérer au déco à plus tard ? Découvrez le témoignage de Didier Goujon, responsable de l’école LIBRE ENVOL.

Stage “Retour à la sérénité” proposé par l’école CARPE DIEM
Tu as créé ton école cette année et tu proposes des stages originaux comme le stage “retour à la sérénité“. Et alors, les résultats ?
Les résultats obtenus lors de cette première saison sont vraiment très encourageants, et vont au delà de ce que j’avais imaginé. En effet, même si le volume est resté faible (conséquemment à un défaut de communication de ma part), le taux de réussite est impressionnant.
Et pourtant, les pilotes qui m’ont sollicité avaient tous un vécu, une expérience différents: qui un accident grave en parapente, qui en speed, qui en ski, qui un atterrissage périlleux, qui un manque de confiance en soi…
Les interventions d’ Audrey Miagat en Kinésiologie et de Sabria Ben Miloud en Hypnose/PNL se sont révélées aussi efficaces que précieuses, avec un nombre très réduit de séances. Grâce à elles, tous les élèves ont retrouvé un niveau de plaisir oublié depuis longtemps, ainsi qu’une aisance : les sourires, les cris, les accolades, les larmes de joie même parfois, ont été une incroyable source de plaisir cette saison. Un puissant sentiment du travail accompli jaillit dans ces instants qui font aussitôt oublier les difficultés à mettre tout ceci sur pieds.
Bien souvent, cette volonté de vouloir surpasser ces difficultés conjuguées au travail des intervenantes, entraîne un processus vertueux qui va au delà du parapente. Ce dernier n’est que le prétexte, le déclencheur.
Bien entendu, le stage n’est pas une thérapie en soi : l’école n’a aucune prétention en la matière. Mais il faut reconnaître que ce n’est parfois que le début d’un chemin.
C’est pour cela que chaque Stage de l’école CARPE DIEM est empreint de bienveillance, d’écoute, et de notions mentales: cela ne peut que faciliter les choses, pour les élèves comme pour les moniteurs, en plus d’amener encore plus de plaisir et de réussite. Car cette dernière ne se mesure pas qu’en comptant le nombre de vols, ou la perfection d’un geste technique. Elle s’évalue surtout en terme de satisfaction et de bien-être.
Dans la conception des stages SERENITE, un des objectifs est que les outils apportés par les intervenantes soient utilisables dans la vie de tous les jours. C’est aussi en cela qu’ils sont vraiment profitables.
L’inter-saison qui débute sera pour nous l’occasion d’asseoir solidement des bases pour organiser des stages plus complets. La difficulté majeure étant de parvenir à concilier les contraintes de l’activité Parapente (liées à la météo et l’aérologie) à celles des intervenantes: il est compliqué pour elles d’être aussi adaptables que nous !
Mais les souvenirs des regards des personnes ayant franchi les obstacles avec notre accompagnement nous motivent grandement.
