26/08/2022
VOL INCROYABLE
Vol tandem de 28 km au dessus de la Manche pour atterrir à l’île Chausey
INTERVIEW
– Lorsque les conditions prévoient un flux vers la mer, envisages-tu systématiquement cette option lors de la préparation de ton vol (la veille, le jour même) ?
Nous ne prévoyons pas systématiquement cette option, cela reste très engagé et dangereux, il faut vraiment tous les facteurs présents pour tenter Chausey. Le flux vers la mer ne suffit pas, il faut aussi beaucoup de plafond et réussir à monter le plus haut au pied des plages. Être bien positionné par rapport aux îles aussi (vers Bréhal à peu près pour être au plus court) et avec une marée basse c’est mieux. Et prendre en compte l’état de la mer : si il n’y a pas de brise de mer qui rentre (il vaut mieux être tôt niveau horaire).
Mais quand on l’envisage, c’est bien sûr la veille : le plafond du jour, une dérive Est et marée basse nous font partir sur ce projet.
– Le projet de la traversée vers Chausey ce jour-là était-elle une option que tu avais envisagée ou cette idée s’est présentée parce que vous êtes arrivées haut sur la côte (avec connaissance des prévisions météo naturellement) ?
Ce jour là, c’était effectivement la seconde option que j’envisageais. On voulait déjà avec ma copine arriver en fin de cross à la mer en biplace : c’était notre premier objectif. Puis ensuite, je me suis dit, si jamais j’arrive à faire un gros plaf aux plages une fois arrivés, pourquoi ne pas envisager Chausey. Sachant qu’Adrien l’avait déjà fait en partant avec un plaf à1600 m et Denis à 1800 m, je me suis dit qu’en biplace, il faudrait plus de 2000 m.
– Je suppose que ton amie qui vole avec toi régulièrement est déjà préparée à cette éventualité ?
Au décollage, mon amie n’y croyait pas du tout, elle était vraiment fixée sur le premier objectif : celui de rejoindre la mer car, en biplace, c’est déjà un exploit pour nous deux ! Mais, elle avait dans un coin de sa tête cette éventualité quand même, car je lui disais que si jamais nous avons un gros plaf à la mer, nous tenterions Chausey.
Ce jour-là, Denis Chouraqui et Thibaut Lavolé, présents, étaient chauds pour faire Chausey avec leur Enzo 3. Donc c’était parfait pour faire un vol de groupe et pouvoir aller loin avec notre biplace. Au final, ca ne s’est pas passé comme cela, nous avons fait tout le vol tout seul (coir le projet de traversée de Denis et Thibaut en bas de page).
– Une fois arrivés à la côte, quels sont les paramètres indispensables pour se lancer dans la traversée ?
– Du plaf, le plus haut possible, sachant que les vols en solo précédents ont été faits avec des Enzo 3 avec une grosse finessse !
– Du vent d’Est : poussés à 20 km/h lors de notre traversée, nous faisions des pointes à 58/60 kmh bras hauts, ce qui a amélioré grandement la finesse surtout qu’au dessus de l’eau, on descend moins fort (-1 à -1.5 m/s).
– Marée basse : on trouve des thermiques plus loin vers la mer au-delà des plages lorsque la mer est basse. Aussi parce que les îlots de Chausey sont plus découverts (utile pour poser en urgence et moins de risque de rencontrer une brise de mer possible sur l’île de Chausey.
– Pas de brise de mer : une mer plate et calme, sans risées au loin, c’est beaucoup mieux.
– Des couilles : effectivement cela reste un vol très engagé, la traversée est très longue selon le placement au départ de la côte.
– Et quelles sont les précautions essentielles pour la sécurité lors de la traversée ?
Une bonne trajectoire en direction de Chausey : garder le cap et rechercher à la meilleure finesse possible.
Une radio, un gilet de sauvetage, un bateau qui vous suit. Des balises prévues sur votre navigation gps pour partir au plus court vers Chausey et en prenant en compte la dérive du vent (ENE ou ESE par exemple)
Retour en ferry
– Enfin, peux-tu parler des atouts du tandem OZONE Magnum 3 pour ce genre d’aventure ?
Le Magnum 3, j’en suis très, très content en thermique, c’est un régal ! Il n’est pas physique, tourne super bien, frétille pour nous enmener naturellement dans les thermiques et il flotte très bien.
En plaine, grâce au vent qui nous pousse dans le dos, nous arrivons à de superbes finesses même en biplace. Ce qui fait qu’il n’y a pas tant d’écarts des fois entre une Enzo 3 et une voile intermédiaire par exemple. Ensuite, le plafond du jour nous a permis de faire de grosses transitions facilement en biplace.
Les thermiques étaient larges et généreux ce jour là, il n’y avait plus qu’à laisser la commande intérieure abaissée et ca enroulait tout seul !
Je recommande le Magnum 3 ou le Swift Max qui est encore mieux pour le cross en biplace.
Autres expériences de traversée de la Manche vers Chausey
– le 22 juin 2019 : Adrien Valognes et Denis Chouraqui / trace d’Adrien et trace de Denis
En savoir plus (extrait Parapente Mag)
– le 11 juillet 2022 : Denis Chouraqui ( déco / distance ) trace de Denis
Le 13 août 2022, Denis Chouraqui a tenté la traversée mais par une autre route
Il a fait le début du vol avec Léo et Amandine. Il les a quitté au niveau de Aunay sur Odon pour partir vers le Nord/Est.
Ayant déja réalisé Chausey, je désirai mettre un peu de piment. Je souhaitais rejoindre la côte Est (en crabant un peu), du côté de la baie de Vey pour ensuite profiter de la brise et voler jusqu’à Bréhal. Faire le plein et traversée sur Chausey. En gros, la côte Est Manche , puis Ouest Manche et traversée Chausey.
Photo : Denis Chouraqui