La révision et le contrôle du calage d’une aile parapente
Photo à la Une : RIP’AIR
L’importance du calage dans la procédure de révision d’une aile
Les centres de révision de matériel parapente proposent différents services qui vont du simple contrôle de l’aile (contrôle visuel, test de porosité, réparation, résistance rupture, test en vol) et, dans cette batterie de contrôle, le calage est primordial. Le contrôle est une vérification du bon fonctionnement du matériel et de son état général. Le calage est une vérification complète et de précision de l’état des suspentes et des élévateurs selon les critères du constructeur.
“Un bon calage est l’assurance d’un parapente performant, agréable à piloter et surtout un parapente sûr.”
Jean Marc Caron, sur son site Race to Goal*, exprime clairement la distinction à faire entre un simple contrôle de l’aile et l’importance du contrôle régulier du calage de l’aile pour des raisons de performances et de sécurité.
“En terme de vieillissement et d’usure, les tissus de nos parapentes ont techniquement évolué. Les premiers indices de vieillissement apparaissent vers 200 heures de vols, pour une utilisation classique, mais sont sans incidence sur le comportement de l’aéronef”. Quant aux élévateurs, “l’usure apparaît au niveau des sangles, qui sont soumises au système d’accélérateur et aux pièces métalliques. Cette usure reste négligeable au fil des heures de vols.” Avec l’évolution des ailes, la réduction des suspentes “demande toujours plus au suspentage et les contraintes de charge… et nécessite un contrôle régulier du calage. Les 4 lignes ne sont pas en reste, car il est connu depuis bien longtemps que les suspentes de la ligne des D, ligne très peu sollicitée au poids du pilote, a tendance à rétrécir… Dans tous les cas, suspentes des “A” qui s’allongent ou suspentes des “D” qui rétrécissent, nos ailes se calent cabreuses.”
Si votre voile a des comportements bizarres, départ en négatif dans le thermique, manque de vitesse, sensation d’une voile lourde au gonflage, ne cherchez plus, faites vérifier le calage de votre aile.
* La structure Race to Goal dirigée par Jean Marc Caron commercialise les produits NIVIUK et propose des prestations de stage cross et de contrôle de calage de votre aile.
Jean Marc Caron
C’est avec RIP’AIR basé à Planfait que nous avons essayé d’en savoir plus sur le contrôle et le calage d’une aile
Visite de l’atelier RIP’AIR
Rip’Air, spécialiste du calage et connu dans toute la France, existe depuis 20 ans. Issue d’une solide réputation grâce à leur savoir faire, la société Rip’Air s’étale sur deux locaux, l’un dédié à la couture pour la réparation des voiles et des sellettes ou pour la fabrication et la conception de nouveaux produits, l’autre réservé aux vérifications de matériel (voiles, sellettes, parachutes de secours) et aux opérations de calage.
Leurs clients viennent de partout en France et en Europe. Les pilotes élèves en stages, les parapentistes, tous se rendent à la petite boutique en face de la piste de l’atterrissage de Planfait à Talloires. Philippe Barnier, Responsable Technique, nous invite pour voir le déroulement d’un contrôle de calage de voile. Nous en profiterons pour lui poser quelques questions à ce sujet. Dans la grande salle, des bobines de suspentes colorées sont stockées en masse sur les étagères et des sacs étiquetés contenant voiles, sellettes et autres équipements attendent de passer entre les mains des experts.
En savoir plus sur RIP’AIR
Philippe, quelles sont les raisons qui peuvent déclencher la nécessité d’un contrôle?
Les principales raisons qui justifient la vérification régulière de son aile pour conserver ses performances et assurer sa sécurité sont :
– l’acquisition ou l’achat d’une voile occasion,
– Une aile molle ou lourde au gonflage
– Une aile qui butte dans un thermique ou qui a du mal à rentrer dedans
– Des sensations de départ en décrochage ou vrille (en virage)
– Un manque de vitesse
Pourquoi faut-il contrôler régulièrement le calage de sa voile ?
Quelles sont les raisons qui amènent au contrôle du calage?
Un parapente actuel a entre 250 et 300 m de suspentes. Paradoxalement, cette réduction signifie que chaque suspente subit plus de forces qu’autrefois. Avec la répartition de cette force sur les points d’attaches et sur la voilerie, un manque de symétrie aura des conséquences notables sur son comportement.
Si pour l’usure générale du tissu, un contrôle simple peut être effectué par des tests de porosité sur les parties de la voile les plus sollicités, la vérification et l’état du suspentage est un travail beaucoup plus complexe et demande l’expertise de techniciens qualifiés avec l’utilisation d’un équipement spécifique et adapté.
A partir de quand faut-il faire contrôler le calage de son aile?
Les voiles équipées d’un suspentage en Dyneema devraient systématiquement passer à la vérification toutes les 50 heures de vol alors que pour un suspentage en Kevlar, une vérification tous les ans est suffisante.
Quelles sont les symptômes d’une aile mal calée?
Les symptômes d’une mauvaise performance sont souvent les mêmes : gonflage difficile, aile aux sensations lourdes, une voile ne rentre pas dans le thermique ou ne tourne pas facilement ou un manque de vitesse est constatée. Ou encore la voile devient cabreuse (manque de vitesse) ou piqueuse (fermeture plus fréquente) avec un comportement bizarre.
L’évolution de nos voiles d’aujourd’hui fait qu’il y a plus de contraintes dues aux diminutions de lignes avec moins de suspentes. Ces suspentes, plus sollicitées, sont donc plus sensibles aux variations d’incidences. Par exemple, il est indispensable de vérifier une voile “2-lignes” toutes les 50 heures environ.
Comment s’effectue le contrôle du calage d’une aile?
Le calage s’effectue avec un système de rail posés sur un plateau où sont fixés les élévateurs. A l’autre extrémité, un instrument de mesure à laser fixé sur un bras coulissant permet de le positionner le long des suspentes pour effectuer la mesure de la suspente sous tension. Grâce à un programme avec une pré-configuration des données par marques et types de voile, les mesures (avec une précision au millimètre) permettent d’effectuer des tests de symétrie et de comparaison de la géométrie des deux côtés de la voile plus rapidement et sans erreurs. Les mesures de chaque suspente entrent automatiquement et informatiquement sur un tableau comparatif des données fournies par le fabricant.
Les tolérances sont-elles les mêmes pour toutes les classifications d’ailes?
Il y a des critères et des tolérances à respecter selon la catégorie et le type de voile, mais quelque soit sa catégorie, les mesures sont prises de la même façon. Cependant, il est évident qu’une voile EN-B ne sera pas calée avec autant de précision qu’une aile de compétition. Les spécificités de calage se désignent non seulement par la catégorie de la voile mais aussi par la marque. EN A et B = +-13mm et EN C,D et compétitions = +-10mm
A qui puis-je confier le contrôle et le calage?
Avant de choisir ou d’envoyer votre voile, pensez à poser des questions à celui qui va effectuer les contrôles. Quelle est la procédure et quelles sont les tests qui seront effectués car il est important de savoir que c’est facile de faire plus de mal que de bien si le travail n’est pas fait correctement. Une entreprise de calage comme RIPAIR effectue des vérifications et des calages toute l’année sur une dizaine de voiles par jour, soit 2500 à 3000 voiles par an.
Et alors, quelles sont les critères de choix?
La difficulté est de savoir comment le contrôle sera effectué. Pour garantir votre choix, lors du dépôt de votre voile, un technicien compétent doit systématiquement vous questionner sur les symptômes, le comportement de votre aile. Avant de déposer votre voile, pensez à poser des questions sur les services proposés. « Celui qui fait un bon travail en proposant des services de qualité sera enthousiaste de vous communiquer sur son expertise et sur les conditions de travail dans son atelier Le centre de calage et l’espace destiné à ce travail doit être propre, aéré et sans poussières. Cet espace est primordial car la vérification visuelle est aussi importante que la vérification technique. Elle permet au contrôleur d’avoir une vue globale sur le bord d’attaque et le bord de fuite lorsque les suspentes sont entièrement tendues.
La “préparation” parapente pour pousser les limites d’une aile
RipAir nous dévoile quelques éléments des modifications procédées sur le calage des ailes des compétiteurs en fonction des caractéristiques géographiques du lieu de l’épreuve.
Les critères de calage donnés par le fabricant sont à respecter pour que la voile puisse retrouve son comportement d’origine. Cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas faire des petites modifications pour optimiser la performance. La plupart des voiles peuvent être calées « à la carte » par des spécialistes exclusivement selon l’usage de la voile par le pilote. En effet, les conditions, les lieux de vol (plaine ou montagne) peuvent déterminer le type de calage à effectuer. Une voile peut être rendue piqueuse pour les conditions de vol en montagne et plutôt cabreuse pour les vols en plaine, tout en respectant naturellement les critères et les tolérances donnés par la marque.
Respectez votre matériel pour prolonger sa durée de vie!
Pour conserver le bon état de votre matériel :
– ne laisser pas votre parapente près d’une source de chaleur intense,
– toujours bien sécher votre parapente avant de le ranger, mais pas d’un soleil direct,
– éviter de nouer vos suspentes et de les plier,
– ne pas faire traîner votre aile sur le sol.