L’aile NERVURES Whizz 20 pour tous les terrains
Avant propos :
Laurent Soleil en quelques mots
Voilà presque 30 ans que j’essaye de jouer le fils d’Icare (février 1987). La cinquantaine approche mais je n’ai pas l’intention de lâcher la partie la plus sportive ou du moins la plus aventureuse de cette activité : vol montagne, voyage sur tous types de sol et de continents, speed riding, cross de plaine… Bien que depuis 13 ans j’ai quitté les Pyrénées pour la plaine, l’aventure est à portée de drisse, on peut la trouver partout.
J’ai connu les ailes qui se pliaient dans les housses de nos duvets et qui les remplaçaient pour des nuits inconfortables et glaciales à la belle étoile en 1988, Tozal de Guara et Salto de Roldan en Aragon en 1989, Aneto en Catalogne, Face nord du Taillon et Munia dans les Hautes Pyrénées en 1993. A l’époque, les ailes tombaient lentement du ciel mais c’était déjà du vol. Et le Mont Blanc en 2000, des biplaces depuis des volcans chiliens tutoyant les 6000 m en 2004.
Puis j’ai connu, pour les besoins de la compétition, des ailes allongées qui planent forcément très bien mais pas compactes et aisées. J’en suis revenu et je me suis intéressé à nouveau à la simplicité, à la légèreté et à la sécurité.
Plus de deux décennies après mes débuts, grâce à quelques pionniers et au foisonnement des idées de quelques concepteurs, le marché s’est ouvert vers des pratiques de plus en plus diversifiées. Je cherchais une aile capable de faire la synthèse. NERVURES est toujours à la pointe d’inventions et de marchés de niche. J’attendais avec impatience la NERVURES Whizz, petite sœur de la célèbre LOL, la première aile “hybride”.
La NERVURES Whizz 20 pour tous les terrains
La NERVURES Whizz 20 rassemblerait finalement beaucoup de fonctions en une seule aile avec un rendement aérodynamique amélioré par rapport à la LOL. J’étais pressé d’essayer ce nouveau concept 18-20-22 m². Une conversation avec Jean Marie Bernos (le patron de NERVURES) sur ce que je voulais en faire me confirme que la 20m² correspondra bien à mes besoins et à mon poids. J’ai par ailleurs mes limites propres en termes de prise de risque, de vitesse au posé, des lacunes en « envoyades » plus un âge avancé… qui m’amène à ne plus prendre des risques démesurés. Un peu comme un docteur parlant à son patient, Jean Marie fait son diagnostic calmement et me prescrit un traitement de fond en 20m², cocktail de molécules 27, 32, et 38 g/m² (le grammage du tissu !). Pour les excipients et autres secrets de fabrication voir ici.
Voilà la prophylaxie du docteur NERVURES ; de quoi guérir à priori bien des frustrations. Quand ça souffle trop fort sur son site préféré ou que ça monte trop haut ou trop raide en montagne, quand ça ne vole pas à cause d’un vent têtu et que l’on veut quand même jouer au sol. Quand madame n’est pas d’accord pour payer la plus-value du gros sac en soute et que la transaction se fait sur les bagages à main !!!
Les premières sensations
En octobre 2014, la N°2 de pré-série en 20 m² (mon poids 75 kg) m’a rapidement conquis lors d’un après-midi de test sur un petit site du Périgord. Les premières sensations : montée incroyablement facile, basses vitesses étonnantes en performance et en manœuvrabilité (je repose dans cette minuscule clairière sans problème, la première fois que j’ose), grosse sécurité passive, bon plané, très grosse plage de vitesse, compacité, légèreté. Je ne pensais pas que ça tiendrait en soaring et bien si ! Bref, séduit après 1h30 de jeu!
Mon colis est là
Commande fin novembre alors même qu’elle n’est pas officiellement commercialisée, livraison en février après le process de certification que NERVURES a entrepris en fin d’année 2014 sur les 3 surfaces 18-20-22m². Option élévateurs à drisses et trims.
Fin février, le colis est là, la NERVURES Whizz est empaquetée dans une sellette réversible Fusion qui sera aussi mon sac de voyage (5,5 kg le tout). Le nouvel assemblage d’élévateurs à drisse conçu pour l’occasion a bel allure. Les trims sur les arrières ont 12 cm de débattement, ils sont doublés d’un accélérateur classique sur les avants ce qui n’est pas bête du tout. Attention ne pas dépasser la dose prescrite : sauf dans des conditions laminaires ne pas actionner simultanément les deux systèmes pour ne pas aller chercher des incidences de fou.
Gonflage
A cette époque (février), surtout en plaine, les conditions ne sont pas là mais, qu’à cela ne tienne, test au sol avec les potes du Poitou. C’est le bonheur, on a un quasi cerf-volant de traction au bout des doigts. Tout de suite on a envie de jouer avec, la poser au sol, la reprendre en main, partir en traction « au près », faire des bons, grimper sur la voiture de treuil… Dans du 5 ou du 35 km/h, c’est pareil, on peut jouer selon les réglages des trims.
Deux jolis treuillés pour démarrer la saison et bien sentir les 3×6 engagés. Cela tourne et plonge, mais avec un cône de suspentage aussi court fini le centrifugation. On se sent bien et bon sang qu’elle est mignonne!
A l’île de Ré et à la dune du Pilat
En 3 mois, j’ai joué avec la NERVURES Whizz sur des digues de l’Ile de Ré comme un gamin par vent soutenu, j’ai fait un aller-retour de 37 km sur le cordon dunaire médocain. A la dune du Pilat, par 40 km/h de vent, ce sont les deltas qui se régalent normalement, et bien là, j’ai fait la mouette avec eux sans crainte et avec même de la marge. Ailleurs, dans des coins secrets et sablonneux, j’ai fait des waggas de rêve avec tous les réglages de trims possibles et inimaginables pour continuer à mieux la connaitre.
En Crète et en montagne
En vacances en Crète, j’ai testée la NERVURES Whizz dans des décollages si courts, si peu alimentés et si caillouteux que je n’aurais jamais osé y poser une aile de surface « normal ». Elle m’a étonnée encore par sa facilité de mise en forme à la montée, de contrôle et de prise en charge.
En haute montagne, c’est l’assurance tout risque. Je ne vois pas comment rater un décollage sauf à accrocher une suspente dans un caillou. Il me reste à plus thermiquer avec, mais franchement avec sa Vz et son virage court, j’en suis même à faire le pari que quelques points CFD seront pris en plaine. Chiche!
Bilan
Au bilan, outre sa grande polyvalence, je retiens une très grosse sécurité passive et surtout des basses vitesses très étonnantes. Les volets de freins de la NERVURES Whizz peuvent être actionnés avec un énorme débattement sans que l’extrados ne perde sa forme. Dans les réglages de trims classiques, pas de risque de décrochage. Les joncs anti-devers sont ainsi loin d’être une futilité. Ils évitent une déformation du profil très visible sur les photos en conférant une excellente portance même très freiné.
C’est génial pour reposer au déco ou lorsqu’un atterrissage improvisé se présente très court. Ou encore quand on veut jouer à la mouette face à l’océan, caresser les oyats avec les orteils, pareil pour jouer avec les chocards sur une crête ventée en montagne et ensuite cavaler un peu plus loin au relâché des commandes.
On peut lui en demander bien plus et elle vous en donnera beaucoup.
Cet été je vais la monter sur de jolis sommets pyrénéens, ce sera facile de la hisser parce qu’elle s’oublie complètement sur le dos et je partirai sans crainte même si le vent est un peu travers ou fort. Vous me direz « c’est normalement son domaine la montagne, elle est made in pyrénées », mais voilà la WHIZZ, on peut lui en demander bien plus et elle vous en donnera beaucoup.
Conclusion
Ce que le docteur Nervures m’a prescrit, ce n’est pas de la poudre de perlimpinpin, plutôt un vrai remède de cheval contre la frustration. Je n’ai même pas envie de guérir, ce traitement, je le garde à long terme. Et pour filer la métaphore équine, je dirai que ce petit Pottok robuste et tout terrain sait se muer en pur-sang anglais pour de grandes cavalcades décoiffantes ou en pur-sang arabe pour de long et usants parcours. E si vous aimez le rodéo, le Bronco n’est pas loin : il suffit de relâcher les trims et d’envoyer, bride sur le cou, les wingovers!
La NERVURES Whizz, hybride, je vous dis…
Laurent Soleil
Photos : Laurent Ph. Merle et Laurent Soleil