La technique du pumping en parapente pour réduire le risque de décrochage en PA
Photo ci-dessus : très bel atterrissage au sommet de Kārlis Jaunpetrovičs, pilote test BGD qui utilise la technique du pumping (voir vidéo à la fin de l’article)
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Analyse et conseils de Jérôme Canaud
Le pilote souhaite faire une précision d’atterrissage en parapente (sur cible), l’aérologie est calme. On a bien là une erreur de pilotage, voire deux qui se cumulent entraînant le décrochage complet de l’aile, et près du sol (15m). Cela ne pardonne pas car la voile n’a pas assez de hauteur pour reprendre son vol (après que le pilote a relâché les freins normalement…).

(analyse de la vidéo et conseils de Jérôme Canaud illustrées par des vidéos – voir ci-dessous)
Pour faire de la précision d’atterrissage en parapente en 2018 , il faut rassembler plusieurs facteurs :
– voile facile de loisirs acceptant les basses vitesses avec un débattement aux commandes important. Donc, au delà d’une voile homologuée EN B, ça devient très technique. La voile doit aussi se “parachuter” facilement (trajectoire verticale que l’on peut maintenir sans décrocher).
– le pilote doit connaître sa voile, notamment sur les basses vitesses. Pour cela il faut une bonne expérience de gonflage au sol et avoir suivi un stage de pilotage et un stage SIV (décrochage, bonne maîtrise des effets pendulaires et des basses vitesses).
– il est préférable d’avoir une sellette avec laquelle on peut se mettre debout facilement et finir de piloter et atterrir debout sans difficulté, ni inconfort.
– les voiles de parapente n’aiment pas les vitesses très lentes maintenues trop longtemps (les voiles EN A pardonneront plus longtemps). DONC il faut utiliser la technique du PUMPING, c’est à dire freiner sa voile rapidement, symétriquement sur tout le débattement puis relever complètement avant de refreiner et ainsi de suite. Cette technique va permettre d’obtenir un angle de plané très prononcé (donc “très mauvais”!) tout en restant loin du décrochage.
– il faut également avoir une aérologie calme donc peu de déclenchements thermiques, pas trop de vent (risque de gradient près du sol), un espace dégagé pour éviter d’éventuelles turbulences d’obstacles. Un terrain plat, une cible bien matérialisée et, au niveau du sol, si le sol est meuble c’est bien aussi.
Si on analyse la vidéo ci-dessus
Le pilote arrive trop haut sur la cible (bonne technique si on veut faire la cible) puis ensuite freine sa voile symétriquement. Par contre, il fait quelques mouvements très légers de pumping mais sans relever complètement les mains, donc sa voile ne fait que ralentir = 1er danger, les lumières oranges s’allument.
La 2éme erreur qui sera fatale en déclenchant le décrochage : le pilote se met debout (sort de sa sellette) avec un appui sur les freins (la voile est déjà très lente!!) , cela déclenche le décrochage complet. A cette hauteur (15m), l’impact est inévitable, seule la protection dorsale et la position du pilote limiteront les dégâts !
Au vu de cette vidéo, on peut proposer au pilote une meilleure connaissance des basses vitesses avec sa voile, apprendre le PUMPING, utiliser une sellette adaptée à la PA (précision d’atterrissage) ou bien sortir beaucoup plus tôt pour finaliser sa précision d’atterrissage en étant debout.
Jérôme Canaud – Ecole Courant d’R La Réunion

Le PUMPING en parapente permet de casser sa vitesse, de réduire la finesse de manière très importante et aussi d’empêcher d’avoir des mouvements de tangage car les actions aux freins sont très rapides.
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Un bel exemple de pumping avec Sam Sperber lors du championnat d’atterrissage de précision 2017. Ici, le pumping est déjà utilisé en altitude pour corriger la trajectoire. On remarque ses gestes amples et surtout très rapides qui suppriment le risque de décrochage.
” Pomper n’est pas tromper !”
L’ensemble des infos de mon confrère érudit Jérôme est exact et cependant j’aimerais ajouter quelques précisions “proprioceptives” et sensorielles qui me semblent compléter ses remarques éclairées. La perception du vent relatif est fondamentale pour utiliser “sereinement” cette technique, ne jamais perdre, faute de dire d’audition, au moins de vue, qu’en aucune mesure le vent relatif ne doit disparaitre DURABLEMENT et, pour le pumping, durablement avoisine les 2 secondes max! Dans 95% des cas, il devra être parfaitement symétrique… les 5% restant appartient au domaine des experts, car une parachutale peut se récupérer plus ou moins aisément selon son degré d’expertise mais surtout selon sa hauteur/sol… Mais un départ en négatif, là c’est pas la même chose ! Vous pouvez noter sur 2/3 premiers gestes, en partie haute, une légère asymétrie main droite, il s’agissait pour moi de me replacer dans l’axe de quelques degrés; je rappelle que nous étions en compétition. C’est comme pour les routes de Corse : il y a monsieur tout le monde, le chauffeur livreur du coin et Sébastien Loeb ! Enfin, la lumière rouge qui s’allume dans le cockpit crânien du pilote, c’est la sensation d’une voile qui se vide, qui s’enfonce puis qui semble vous tirer en arrière… c’est déjà presque trop tard mais il reste encore une petite marge, de l’ordre de la demi seconde et donc rentrant quasi dans la catégorie “réflexe conscientisé” en relâchant vivement les freins durant une seconde puis temporiser la seconde partie de l’abattée, la première servant à “remordre” les filets d’air d’extrados et donc absolument nécessaire. Enfin, pour les détracteurs de cette technique, je précise qu’il est toujours préférable d’être un poil trop long (et donc de savoir pomper) que trop court (et donc parfois savoir descendre de l’arbre !). Par ailleurs, posséder cette technique dans l’éventail de ses capacités permet de compléter son bagage secrétaire… et n’est-ce pas là la notion essentielle ?
Marc Sperber – A2L Parapente

Autres vidéos sur la technique du pumping en parapente
Attention, la technique du pumping en parapente, comme précisé ci-dessus, s’adresse à des pilotes expérimentés qui ont une bonne connaissance des basses vitesses de leur aile mais aussi une très bonne expérience dans le maniement (aisance en gonflage au sol, grande maîtrise en pilotage). Comme la manoeuvre de décrochage, on peut s’entraîner au pumping lors d’un stage SIV.
Pour faire une précision d’atterrissage, il est préférable d’arriver trop haut sur la cible pour casser ensuite son angle de plané. Avec les voiles de parapente, il est beaucoup plus technique (avec moins de chance de réussite) de viser la cible avec un angle plané proche de la finesse max (bras haut). A 8 de finesse, une erreur de hauteur de 50 cm (ce n’est pas beaucoup) crée une erreur de 4 m en longueur (incompatible avec une précision d’atterrissage). Donc arrivé trop haut donne plus de chances de réussir.
Chrigel Maurer, le “king” du pumping sous voile EN D pour rester en l’air près du sol afin de donner du temps aux photographes (voir à partir de 4m2s)
Autre exemple de pumping en parapente avec Johan Thierriaz, Champion de France en Précision d’Atterrissage 2017. Grâce à la technique du pumping, Lohan corrige sa trajectoire très haut. En écoutant le bruit de son aile qui flappe, on devine que ses gestes sont très rapides.
Comme quoi, la technique du pumping en parapente n’est pas donnée à tous
“Pour son utilisation dans le but d’atterrir au déco, il faut bien maîtriser la technique et avoir un bon feeling avec sa voile et son environnement, car un décro se produit à une incidence donnée. Celle-ci varie aussi selon le vent que l’on peut avoir en face, en rafale etc… donc rien à voir avec une certaine position des mains comme repère… c’est sensitif et variable à chaque fois. Jouer en approche avec les basses vitesses, risque de sous-vitesse et d’atteindre une incidence faisant sortir la voile de son domaine de vol ! Donc une histoire de feeling : je garde la voile dans son domaine de vol sachant que je me rapproche de la limite. Bien maîtrisé c’est sans souci !“
Vincent – Forum Parapente des Baronnies
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Bel atterrissage au sommet de Kārlis Jaunpetrovičs, pilote test du fabricant BGD

