Le mensonge du nombre de vues des vidéos sur Facebook
“Vincere aut Mori”, le mensonge des chiffres
Les pratiques extrêmes de sports à risque ont désormais atteints leurs limites, particulièrement quand les pratiquants ont dépassé les leurs. On ne peut que déplorer les décès trop nombreux ces deux dernières années de ces sportifs poussés à l’excès par un modèle économique qui les a transformés en gladiateurs des temps modernes : “Vincere aut Mori” (vaincre ou mourir), de numéro de cirque, ils sont passés à des numéros d’arène.
C’est pour cette raison que la dimension artistique doit prendre le pas sur l’inflation des risques dans les vidéos.
Ainsi, il parait opportun de mettre de côté les vidéos “raw” (fichier vidéo directement diffusé brut sans montage) et de se concentrer sur de vraies vidéos qui portent une esthétique et qui offrent une émotion au spectateur autre que des frissons.
Malheureusement, ce message n’est pas celui du plus gros fabricant de caméras embarquées et encore moins celui d’une marque de boisson “énergisante” (parait-il) qui non seulement a fondé sa communication sur ce type d’activité, mais a en plus créé une deuxième structure pour abriter ses activités de production d’images et de diffusion.
Le phénomène a d’ailleurs été grandement aggravé par Facebook et sa volonté de développer depuis 2014 l’hébergement de vidéos
Pour donner l’illusion que les vidéos sont plus regardées sur cette plateforme (et probablement pour des raisons de monétisation de la promotion), cette société a mis en place un comptage aussi fantaisiste que douteux du nombre de lectures des vidéos hébergées sur celle-ci
Ainsi le nombre de lectures affiché au public est pour ainsi dire le nombre de présentations de la vidéo. Tant et si bien que le ratio nombre de lectures indiqué / nombre de lectures réel est au minimum de 20, monte très vite à 50 et peut aller bien au delà avec des arborescences de partages importantes.
Comme l’explique Facebook, le simple fait d’avoir l’aperçu dans ton fil d’actualité est considéré comme une vue sans même cliquer dessus !
Une vidéo annoncée à 2 M lectures sur Facebook est très probablement à 40 K lectures en réalité
En d’autres termes, une vidéo annoncée à 2 M lectures sur Facebook est très probablement à 40 K lectures en réalité (en étant optimiste). Comble du grotesque, on voit des vidéos partagées plusieurs fois sur le même fil à quelques minutes d’intervalle pour accroître ces statistiques (puisque ce sont les présentations qui sont comptées).
En faussant ainsi la popularité des vidéos au profit des “réseaux” de diffusion les mieux organisés ou les mieux dotés, et c’est ici que cela devient problématique, elle a amené certains sportifs de l’extrême à une course à la vue illusoire et mortelle car perdue d’avance. Ne réalisant pas cette distorsion de la réalité, ces sportifs rentrent dans une spirale de prise de risques qui finit par leur être fatale, pour pensent-ils, être remarqués par des sponsors.
Le remède est simple : faire connaitre cette distorsion des chiffres aussi bien auprès des sportifs que des annonceurs et des sponsors pour mettre un terme à cette pratique qui au final s’avère meurtrière. En ne prenant plus en compte les compteurs de lectures de Facebook, vous amènerez cette société à donner des chiffres moins fantaisistes, sauverez des vies et favoriserez une promotion plus juste des sportifs méritants.