Interview avec J-B Chandelier à propos de la FLARE Moustache
INTERVIEW DE JEAN-BAPTISTE CHANDELIER
Jean-Baptiste, l’an dernier, je t’ai interviewé à propos de ton intégration dans le team des concepteurs Skywalk. Y-a-t’il un rapport étroit entre ton arrivée chez Skywalk et ce projet Flare et Moustache ?
Aucun. Je suis complètement touriste sur ce projet. La nouvelle marque FLARE provient du département Kite “Flysurfer” du groupe Skywalk. Le concept de la voile Moustache résulte de toutes les expériences acquises par le team dans le domaine du kite. C’est le designer Armin Harich qui a initié cette piste il y a une dizaine d’années. Il a fait de nombreuses expériences avec un harnais de parapente connecté à une aile de kite équipée d’élévateurs et de lignes plus courtes. Plus tard, c’est Benni Bölli, l’autre concepteur de Flysurfer, qui a décidé de concrétiser ce projet. Leur but était de réussir à concevoir une voile de parapente en reprenant le système “D-Power” qui permet, en kite, de faire perdre la puissance de l’aile en la “choquant”.
Le système Flare évoqué s’inspire donc de ce concept “D-Power” qui existe en kite ?
Oui, c’est ça. Et ce système Flare amène une véritable révolution dans le monde du vol libre puisqu’il apporte une 3ème dimension à nos mouvements dans les airs. Comme on le voit dans les vidéos, la voile FLARE Moustache réalise des manœuvres qu’aucun parapente conventionnel n’est capable de faire : on peut ajuster sa vitesse ou sa trajectoire en hauteur avec précision. Je t’invite à visionner la vidéo lorsque je croise un autre parapente de face à la même altitude que moi et que je lui passe au-dessus (voir vidéo ci-contre).
Peux-tu décrire le sytème Flare en quelques mots ?
La FLARE Moustache est la première aile parapente qui combine à la fois les fonctions de frein et d’accélérateur aux commandes. En actionnant les poignées, c’est tout le profil qui s’incline entièrement. Quand on baisse les commandes sur la Moustache, son profil ne se déforme pas, ne se creuse pas contrairement à une voile parapente où les poignées viennent tirer uniquement le bord de fuite. Comme en kite, on vient modifier l’angle d’attaque sur tout le profil de la voile.
Cette modification de l’incidence, qui donne un profil plus ou mois cabreur, sans déformation du profil, est rendu possible grâce à un mouflage qui se répartit sur plusieurs lignes. Ce système de poulies vient donc tirer aussi les élévateurs B et C (déplacement de 1/3 sur les C et de 1/6 sur B par rapport à la course du frein).
Du coup, le pilotage est-il différent de celui d’un parapente conventionnel ?
Oui, c’est un peu différent. La position dite normale n’est pas bras hauts sur la FLARE Moustache. En vol dit normal, le pilote appuie sur les freins à une certaine hauteur (un repère sur les élévateurs donne cette position – cf photo ci-contre). Et à partir de cette position “neutre”, deux options se présentent au pilote : soit il relâche complètement les freins pour plus de vitesse et plus de descente, soit il tire sur les commandes pour réduire la vitesse et gagner en portance.
Et pour le virage, le vol en thermique ?
Pour le virage, on pilote de la même manière qu’avec les parapentes normaux. Et pour le vol thermique, comme il faut toujours resté appuyé sur les commandes, c’est fatiguant sur un vol un peu long, donc pas vraiment adapté.
Pourquoi lui avoir donné un profil reflex ?
Le profil reflex de l’aile Moustache lui permet de garder une grande stabilité quelque soit l’angle d’attaque, même à un faible angle d’attaque et à pleine accélération. Comme les voiles paramoteur qui ont aussi un profil reflex, cela permet d’aller plus viteen allant chercher des angles d’incidences plus extrêmes. En 2 mots, plus de vitesse avec une stabilité importante.
En regardant les vidéos, on voit que le transfert d’énergie généré par la vitesse permet de transformer aisément la trajectoire de vol en hauteur
Les 2 caractéristiques du système FLARE (système Depower et profil reflex) permettent de conserver l’énergie cinétique et de la libérer à souhait. La particularité du pilotage consiste justement à jouer avec l’énergie cinétique emmagasinée : ou on la conserve ou on la libère. C’est le pilote qui décide quand il veut que ça monte ou non ! Du coup, voler près du sol se fait avec plus de simplicité et de sécurité puisque vous pouvez ajuster la hauteur avec précision.
Découvrez le potentiel de la FLARE Moustache 13 en vitesse et en gestion de la hauteur lors d’un ride avec l’aile de speedflying SWING Mirage RS 11.
Je devine vers quels types de pratique cette voile est destinée : vol de proximité, speedflying. Peux-tu présenter toutes les possibilités qu’elle va offrir aux pilotes en quête de sensations ?
Le vol en parapente, grosso modo évolue en deux dimensions (droite et gauche). Avec la voile FLARE Moustache, on va vraiment découvrir la troisième dimension et surtout on passe sur une aile pleine d’énergie qui offre une grande amplitude permettant d’ajuster avec précision sa finesse et sa vitesse.
Cette capacité de pouvoir gérer l’énergie cinétique de la voile, de choisir la vitesse ou le plané, c’est très intéressant pour les speedflyers : pour s’éloigner du sol, on tire sur les commandes, pour prendre de la vitesse, on lève les mains. Et plus on lève, plus on plonge !
Si la voile FLARE Moustache offre une vitesse et un piqué comparable à celles d’une voile de speedflying, elle bénéficie en plus d’une finesse semblable à celle d’un parapente. Comme vous avez un contrôle total sur votre voile, vous pouvez ajuster votre hauteur beaucoup plus facilement. Cela vous donne un aspect de sécurité supplémentaire pour vous éloigner du terrain.
La Flare va donc ouvrir de nouveaux horizons pour les pilotes de speed ?
Oui, leurs sites sont très limités en grande partie à cause de la finesse des voiles. Les lignes sont limitées à cause des difficultés de franchissement de sections de pentes plus longues et planes. La FLARE Moustache va indéniablement leur ouvrir de nouveaux espaces de jeu.
La Moustache est donc une voile idéale pour le soaring, notamment dans le vent fort
Oui, elle offre une plage de vent utilisable beaucoup plus grande et plus sûre. En raison du profil reflex et de la plage de vitesse étendue, on peut voler dans des vents beaucoup plus forts qu’en parapente. Alors que la plupart des pilotes avec des parapentes classiques atteignent les limites de leurs capacités de maniement au sol dans des vents de 30 km/h, avec la Moustache, des vitesses de vent plus élevées peuvent être maîtrisées sans aucun problème.
Donc plus en sécurité au sol pour le décollage par vent fort aussi ?
Oui, pour rester au sol, il suffit de lâcher les freins, le “depower” libère toute son énergie et le profil reflex évite de se faire emporter. Bras hauts, la voile s’oriente elle-même face au vent n’exerçant presque aucune traction sur le pilote. Le risque d’être arraché au décollage n’existe plus vraiment. Le parapente se tient simplement au-dessus de votre tête et la prise en charge ne se fait que lorsque vous commencez à appuyer sur les freins.
Quand le vent est fort, les turbulences sont aussi plus importantes. Doit-on s’attendre à des surprises même avec une voile annoncée très stable ?
Oui, il faut faire attention en fortes turbulences car, magré sa bonne stabilité, la voile n’est pas indestructible. Et on est près du sol…
Autre avantage sécurité en soaring par vent fort : on plonge facilement pour perdre rapidement de l’altitude et on peut se rendre plus rapidement vers des zones mieux protégées (mileu de pente, sortir d’une zone sous le vent).
FLARE ne signifie-t’il pas long plané à l’atterrissage?
Oui, les parapentistes sont surpris la première fois qu’ils essaientt la Moustache. On leur conseille de prévoir une grande zone d’atterrissage ! C’est difficile au début d’atterrir dans un mouchoir de poche, il faut savoir évacuer l’énergie au bon moment sinon !
Je suppose que tu as déjà bien volé avec la Moustache et dans divers endroits. Quels sont les rides que tu préfères faire avec ?
Comme je suis très joueur, j’ai adoré mes sessions en snowkite au col du Lautaret…
FLARE a décidé de vendre la voile Moustache sans passer par un réseau de revendeurs
Oui c’est vrai, on fait la demande directement sur le site. Mais la voile ne sera pas commercialisé sans l’aval d’un professionnel. Je m’occupe d’ailleurs de la mise en place en France des structures qui weron aptes à valider les ventes.