Augmentez votre sécurité dans la pratique du parapente en haute montagne
Le sommet du Mont Blanc envahi par 150 parapentistes le 26 juin 2019 – Photo Bertrand Chol – voir article “150 parapentistes ont réalisé leur rêve : atterrir au sommet du Mont Blanc“
Les intervenants :
1- Philippe Collet, guide de haute montagne (Ecole Alpwind)
– liste du matos
– compétences nécessaires à ce type de pratique
– topo sur les risques liés à l’altitude (vole, posé, déco)
– Risques et conséquences de la pratique dans un site fréquenté
2- Mathieu Verschave (médecin urgentiste)
Les effets de la haute altitude sur le comportement
3- Bertrand Doligez, instructeur SIV (Ecole Cime et Ciel) et guide de haute montagne
Préparation/déroulement d’un séjour parapente en haute montagne. Ascension, nuit, descente en parapente ou à pied.
4- Fred Souchon, secouriste montagne au PGHM
Consignes en cas d’accident en haute montagne
SOMMAIRE
1- Avez-vous toutes les aptitudes pour voler en haute montagne ? Grimper, survoler, poser ou décoller ?
- La technique
- L’analyse
- La préparation
- Le mental
2- Attention, votre pilotage en haute altitude ne sera pas pareil !
- Fonctions mentales plus lentes
- Et le froid ? L’exercice physique ?
- Le mal aigu des montagnes
3- Préparation d’un projet de vol en haute montagne
- Le projet
- Le départ
- Horaires
- Niveau de vol et techniques
4- Focus sur le matos indispensable
- Cas partculier du posé au sommet
- Check matériel
5- Quand la montagne vous a piégé
Consignes en cas d’accident en haute montagne
- Prévenir les secours
- Je suis victime
1- Avez-vous toutes les aptitudes pour voler en haute montagne ?
Philippe Collet
Guide alpinisme et moniteur parapente ALPWIND
Voler en montagne et se poser ou (re)décoller d’un sommet en altitude est un graal pour de nombreux pilotes, une aventure rare, intense et précieuse. En mélangeant deux milieux à fort caractère, on obtient une alchimie excitante, enthousiasmante mais à risques.
C’est pourquoi, comme j’ai déjà pu l’écrire et comme nous l’enseignons, ce genre d’ambition doit se construire humblement, patiemment et surtout pas dans une dynamique consumériste.
On ne se « fait » pas un sommet, on le tente. Ce petit différentiel sémantique engendre de grands écarts tant dans l’état d’esprit que dans la réalisation. Si l’on ne peut pas – ou si l’on ne souhaite pas – se faire accompagner d’un professionnel et que l’on vise une forme d’autonomie on tentera, donc, un sommet avec des bases solides en termes de technique, de préparation, d’analyse et de mental.
Faute de quoi la sanction peut s’avérer dramatique, parfois fatale.
La technique
La base : être en capacité de gérer son aile en l’air (pilotage, trajectoires…).
Pilote avec peu d’expérience = choix d’une météo et aérologie simple, décollage vaste avec du dégagement, plan de vol simple. Une attention particulière doit être portée aux compétences liées au sol et à son approche.
Reposer en sécurité en haute montagne, sur un espace court, est complexe et ne devrait s’adresser qu’à des pilotes ayant développés une technique dans des environnements type dune du Pyla ou autres collines à wagga. C’est à dire des zones où l’on peut peaufiner son approche, et sa gestuelle à foison et devenir un monstre de précision.
Pour ce qui est du décollage, il est important de se souvenir, qu’en altitude, tous les types d’efforts (actes moteurs et décisions…) sont beaucoup plus coûteux (voir chapître 2) et qu’un geste moyen à 1000m sera très médiocre à 3500m. Ainsi le face-voile ET le dos-voile doivent être maîtrisés, les points de non-retour clairement identifiés, le renoncement assimilé comme un outil et non une contrainte.
L’analyse
Se baser sur une lecture basique d’un schéma type météo-parapente ou, pire, sur les affirmations “d’experts” rencontrés au gré d’internet est loin d’être suffisant !
Même si vous décollez et pensez reposer en moyenne altitude, votre analyse doit être globale, contextualisée avec l’environnement au-dessus duquel vous vous déplacerez. En effet, ce dernier peut avoir un impact sur votre psychologie et donc vos décisions et/ou votre pilotage.
Il n’est pas possible de se soustraire aux exigences du milieu montagnard, encore moins dès lors que vous avez les pieds au sol (déco, repose, atterro)
Ainsi le pilote doit être capable de comprendre l’environnement dans lequel il se projette, de déterminer objectivement son but, les conditions qui correspondent à son niveau de pratique ainsi que ses propres limites.
Si vous partez avec vos amis en direction d’un sommet, soyez vigilant à la lecture de l’air au fur et à mesure de votre approche ou de votre vol. Faites régulièrement un “refresh” : ce que j’observe (en l’air comme au sol) correspond-il à ce que j’avais imaginé. Dès que vous commencez à « subir », sous quelque forme que ce soit (stress, peur, euphorie…) n’insistez pas, restez maitre de vos décisions et de votre engagement.
La préparation
Le parapente est un sport d’analyse et de décision. Ces deux éléments sont fortement perturbés par l’hypoxie.
En conséquence, si vous souhaitez voler en montagne, cela signifie, en amont, être en forme et avoir un minimum d’acclimatation à l’altitude. Plus on vise haut, plus il faudra prendre ce temps pour marcher un peu ou simplement dormir quelques nuits en altitude.
Vous voulez voler à 3000 ? Alors, aérez-vous vers 1500m. Voler à 4000m ? N’hésitez pas à dormir entre 2500 et3000m, etc…
Il existe un certain nombre d’ouvrages et de travaux disponibles pour comprendre le mécanisme et la mise en place d’une bonne acclimatation.
Vous n’avez jamais réalisé le sommet sur lequel vous voulez décoller – ou poser ?
Informez-vous, étudiez des photos satellite, plongez-vous dans Google Earth, faites des recherches… Quelle est la taille du décollage/posé potentiel ? Quelle est son exposition ? Quel est le degré de pente ? Sur quelle longueur ? Y-a-t-il des crevasses ? De quelle taille ? , Dans quel axe ? Est-il soumis à un régime de vent particulier ?… En haute altitude, il vous faudra plus de distance pour décoller, vos repères changent.
Et si … on ne peut pas redécoller… Connaissez-vous la/les voie(s) de descente, leur technicité, correspond-elle à vos savoir-faire ? Avez-vous le matériel approprié ?
Préparez-vous avec un ou plusieurs amis : la montagne est un univers où risque et danger se côtoient. S’y aventurer seul ne s’improvise pas et demande une solide expérience.
Le mental
Voler en montagne a pour corollaire d’accepter une forme d’engagement. On ne se situe plus dans un environnement qui peut être relativement accueillant ou rassurant (prairies, forêts, population…) mais dans un univers véritablement hostile : cailloux, neige, glacier, crevasses, froid, isolement.
L’un des premiers préceptes est donc de bien se connaître et de savoir s’écouter, surtout lorsque l’on commence à avoir des doutes.
Soyez précis dans des analyses qui vous mettent en confiance : à chaque plan A, son plan B. Envisagez différents scénarios vous permet d’avoir un mental fort.
Volez dans des conditions psychologique et physique positives : pas d’euphorie inappropriée, de surmotivation inutile, d’état de fatigue inavouée, etc…
On peut voler à plusieurs, mais la réponse à chaque situation doit être individuelle. Même à 20 mètres de distance, seul sous mon aile, MA réalité n’est pas la tienne ; MON acceptation de l’engagement n’est pas le tien.
Faites les choses pour vous, votre motivation doit être intrinsèque.
Bons vols et beaux sommets à tous – Philippe Collet – Alpwind
Comment gérer l’engagement en parapente ?
L’engagement en parapente : voici ce que Philippe remet à ses élèves s’initiant au vol de distance, des conseils à la construction collective de la sécurité – Lire l’article
2- Votre pilotage en haute altitude n’est plus pareil
Mathieu Verschave Keysers
Médecin urgentiste, Médecin des Équipes de France de deltaplane
Médecin Chercheur Laboratoire INSERM COMETE UMR 1075 Caen
Association Triple P physiologie et psychologie en parapente
Pilote-t-on pareil en altitude ? Les grandes hauteurs sont synonymes non seulement de froid et de manque d’oxygène, mais aussi d’une plus grande vivacité de notre aile. Plein de facteurs de stress à étudier en l’air… et au labo de recherche !
Fonctions mentales plus lentes
Dès 2600 mètres, les études scientifiques prouvent que les fonctions mentales conscientes sont plus lentes, mais tout de même opérationnelles. Et surtout on ne s’en rend pas compte de cette perte de facultés. Entre 2600m et 3300m, c’est la zone « orange » à risque d’accident.
Par exemple, au-dessus de la Dent de Crolles à Grenoble ou au dessus du Pic d’Aspe à Superbagnères de Luchon, lorsque la voile commence à avoir un mouvement intense d’abattée en avant (avec possibilité de fermeture), le-la pilote réagira correctement (frein), mais en retard. Dans ce cas, le freinage sera réalisé alors que l’aile, si elle n’a pas fermé, aura déjà commencé à revenir en arrière par effet pendulaire. Le risque de surpilotage est donc réel et plus marqué.
Le réel problème en altitude, c’est que notre cerveau se déconnecte peu à peu, et surtout sans s’en rendre compte ! En altitude, le déni est roi. De l’hypoxie extrême où des alpinistes ont des hallucinations, au traileur qui vous jure qu’il marche bien droit alors qu’il trébuche sans arrêt sur le sentier, il existe des situations en vol d’altitude similaires. Comme ne pas ressentir le froid par exemple, quand Antoine Girard fait une gelure à plus de 8000 mètres avec un gant sorti de sa mitaine pendant plusieurs dizaines de minutes, un peu comme votre pote bien bien alcoolisé qui veut prendre le volant quand même.
Des scientifiques ont rapporté l’histoire d’un pilote de parapente qui avait tout ou presque oublié de sa journée après un vol en altitude… à seulement 2000 mètres ! Bref, la méfiance de soi-même est une clé de notre passage éclair dans ce milieu hostile.
Prudence aussi avec les autres pilotes : ils peuvent croire en toute bonne foi voler raisonnablement loin de vous alors que, refusant la priorité, ils vous poussent la plume dans la neige, ou vous coupent tout simplement la trajectoire !
Cependant, il reste à savoir à partir de quelles altitudes cela peut devenir plus à risque…
Et c’est là que ça se gâte. Les effets de l’altitude se font sentir pour des niveaux différents selon les personnes. Pire à anticiper, pour une même personne, les altitudes seuils seront différentes d’un jour à l’autre. Les facteurs humains (froid, fatigue, l’euphorie, l’angoisse…) augmentent les risques en influençant eux aussi la sensibilité de nos cellules grises.
Expérience personnelle
Dans cette vidéo, je vous parle de l’influence du manque d’oxygène (hypoxie) lors d’un de mes vols parapente en haute altitude. La vidéo commence tout d’abord une analyse de la manière dont je pilote, puis continue vers mon ressenti là-haut. Enfin, je vous parlerai rapidement d’un résumé de plusieurs études scientifiques sur les fonctions cognitives (raisonnement complexe) selon l’altitude et la durée d’exposition. On peut considérer que, pour les tâches complexes, dès 2600 m il y a des latences à répondre correctement aux tests. Et qu’environ dès 3300 mètres, le nombre d’erreurs est augmenté.
Si l’on transpose ces analyses au pilotage en parapente, on pourrait imaginer que, du fait du temps de réaction augmenté dès 2600m, les pilotes sont à risques de surpilotage (pilotage adapté mais trop tard). Et dès 3300m, le risque d’erreur augmente. Bien entendu, toutes ces altitudes sont à prendre avec précaution, et elles peuvent être bien plus basses selon les personnes, le moment de la journée, plusieurs facteurs humains, et probablement aussi… l’âge du capitaine ! On ne connaît pas encore tout dans ce domaine, et il y a de nombreux scientifiques qui s’attachent à répondre à ces questions.
Et le froid ? L’exercice physique ?
A 1000 mètres de gain correspond à une perte de 7 à 9 degrés Celsius. Il faut rajouter l’effet Windchill du vent pour obtenir une température ressentie des fois profondément plus basse.
Il existe plusieurs études s’étant intéressées à l’influence du froid sur nos capacités de raisonnements. Et grosso modo, le froid peut être à la fois un stimulant pour être plus attentif et rapide, comme il peut nous ralentir et nous rendre maladroit. Voire nous ralentir et nous rendre plus précis aussi… Le corps humain s’adapte au froid et conserve le sang chaud vers le tronc. Les extrémités (doigts, orteils… et penilex !) sont particulièrement exposées.
L’exercice physique, lui, diminue généralement le temps de réaction. Mais là encore, cela reste très flou à savoir quels sont les effets bénéfiques et néfastes selon des critères objectifs reproductibles.
Le Mal Aigu des Montagnes … ?
Le Mal Aigu des Montagnes (ou MAM pour les intimes) est une des autres conséquences du manque d’oxygène. Souvent décelé par des maux de tête (et une multitude de signes atypiques), le MAM s’installe après plusieurs heures d’exposition à l’altitude. En plus des problèmes initiaux liés à l’hypoxie, le MAM surajoute des difficultés physiques et mentales de raisonnement. Attention donc, ce n’est pas parce que l’on n’a pas mal à la tête que l’on n’est pas en manque d’oxygène et à risque de surpilotage ou d’erreurs de pilotage !
3- Préparation d’un projet de vol en haute montagne
Bertrand Doligez
Guide de haute montagne et instructeur SIV
Avant propos : nous avons solicicité Bertrand Doligez car il emmène fréquemment des personnes pour leur faire vivre une expérience de paralpinisme. Et quand la personne n’est pas parapentiste, le retour se fait en biplace.
Le projet
Avant de partir, la préparation du projet est primordiale.
Choix du projet : c’est comme en alpinisme, je choisis mon itinéraire en fonction de mes capacités techniques, de mon entrainement, de mes envies et de mes capacités en vol.
– Avec quelle météo je peux partir, vent tendance N ou S, quelle vitesse en fonction de l’altitude ?
– Je regarde la carte 1/25.000è pour voir les différentes options de vol depuis le sommet, les finesses pour les atterrissages possibles, les pièges aérologiques (foehn).
J’adapte mon choix en fonction de ces différents critères.
Ex : Début juillet j’avais un projet Mont Rose. Le vent en altitude était trop fort en NO. Du coup je change de projet et nous avons fait le Pigne d’Arolla avec décollage en NO avec 25 km/h de face. J’avais deux pilotes autonomes capables de gérer leur vol après le décollage.
Le départ
Une fois parti, je valide l’évolution des conditions. L’erreur serait de s’enfermer dans les prévisions et de ne pas voir venir un changement de temps. Si vous ne voulez pas descendre à pied, l’anticipation est assez importante sans pour autant avoir la psychose du vent (voir encadré ci-contre).
Horaires
Le choix de l’horaire dans un projet parapente en montagne est important. C’est toujours le conflit entre la neige en bonne condition et l’horaire idéal pour le vol.
Le vent en altitude a tendance à baisser avec la chaleur de la journée. Bien gérer ses horaires, c’est souvent assurer son vol alors que d’autres attendent dans le froid du petit matin. Mais ce n’est pas sans risque si la météo s’est plantée….
Le choix du matériel
En fonction de la technicité de la course, le choix du matériel est aussi important.
Quelle voile, sellette et vêtements choisir ? Sans oublier la radio et autres équipements (voir chapître suivant).
Secours ou pas ?
Personnellement, je n’ai jamais de secours en haute montagne car j’ai déjà assez lourd sur le dos. Par contre, en fin de vol, je ne vais pas dans la grappe.
Niveau de vol et technique
En fonction du niveau des participants, le choix du décollage est important. Devoir décoller au dessus d’une falaise ou d’un couloir à 50° n’est pas possible si la technique de décollage n’est pas parfaite. Attention aux excès de confiance. C’est le choix du premier de cordée ou du meilleur pilote qui doit gérer le groupe. Autant dire que le meilleur alpiniste volant décolle en dernier. Pour nous guides, c’est une évidence mais pas pour tout le monde. Pour exemple : un pilote non alpiniste s’est fait embarqué par une cordée au Mont Blanc, il n’a pas réussi à décoller et le PGHM l’a secouru de nuit en octobre…
Le choix des conditions aérologiques est à surveiller. Ce n’est pas parce que je vois une voile en l’air que je peux voler. Surveiller la taille des voiles et le niveau du pilote qui est dessous.
En vol, en fonction de la neige, vous pouvez avoir les crampons aux pieds. Pensez à les enlever en l’air et d’avoir de quoi les accrocher. Poser dans l’herbe avec les crampons c’est à coup sûr de se faire une cheville.
4- L’équipement indispensable pour un vol en haute montagne
Ce chapître est consacré principalement au matériel autre que le parapente, tout ce qu’il est important d’avoir quand on pratique le paralpinisme, c’est-à-dire, de monter à pied et redescendre en volant ou à pied si les conditions au sommet ne sont pas au rendez-vous.
Le cas particulier du posé au sommet en haute altitude
Pour atterrir à un sommet en haute altitude, il faut être conscient des risques !
Si vous projetez, pour le fun, d’atterrir en haute altitude, pensez avant le vol à tout l’équipement indispensable pour redescendre à pied en cas de départ impossible. Si vous n’êtes pas équipé, renoncez !
En effet, poser en haute altitude n’est pas à prendre à la légère. Déjà, il faut savoir poser correctement sur une pente qui peut être raide. Et être capable d’apprécier les risques d’un atterrissage dans la neige (molle, glacée…). Seuls, les expérimentés peuvent apprécier et en mesurer les risques.
Et une fois posé, si les conditions ne permettent pas de redécoller, le retour ne peut se faire qu’à pied, d’où l’obligation d’être équipé (chaussures de montagne, vêtements chauds, couverture de survie, eau, barres énergétiques….).
Nous vous invitons à lire ce article qui décrit la journée où 150 parapentistes ont atterri au Mont Blanc
Check matériel
Philippe Collet
Guide alpinisme et moniteur parapente ALPWIND
En l’air : crème solaire en prévention, masque de ski plutôt que lunettes (se préserver de l’irritation oculaire), protection du visage et notamment du nez ( buff, protection néoprène), casque, peut être un bonnet ou une cagoule pour éviter la déperdition de chaleur, gants système multicouche (gants puis surmoufle).
A portée de main : moyen(s) de communication, cordelette, broche à glace (ces éléments ne servent plus à rien s’ils ne sont pas rapidement et facilement accessibles, ne les placez pas dans le dos de la sellette), hydratation & snacks, appareil photo.
Tenue vestimentaire : doudoune, veste et pantalon weatherproof, chaussures adaptées (chaussures montagne, semi-cramponnables).
Matériel montagne minimum : crampons légers, baudrier léger, 3 mousquetons à vis en forme de poire, 1 sangle de 120cm, piolet léger, 20m de corde, 2 autobloquants mécaniques, bâton 3 brins – et surtout savoir utiliser cet attirail !
Secours : pharmacie d’urgence
Si vous posez en montagne et n’êtes pas capable de redécoller pour une raison X ou Y, n’imaginez pas que le secours aéroporté arrivera systématiquement et rapidement. Pour des raisons d’urgence ou de conditions aérologiques, il peut être retardé. Il vous faudra alors être en capacité – à minima- d’organiser une position d’attente et de sécurité. Peut-être devrez-vous entamer une descente par vos propres moyens. Cela nécessite des compétences.
Aux pieds
Vous allez survoler de nombreux glaciers, ou zones enneigées au cours de votre vol. Pensez qu’en cas d’atterrissage forcé, les basquets ne nous serons d’aucune utilité et vous interdirons toute tentative de remontée ou descente à pieds, pour peu que le redécollage soit impossible. Je vous conseille d’être équipé à minima de chaussures de randonnée, voire, pourquoi pas d’une paire de crampons légers (de nombreux modèles existent et pèsent moins de 500g pour un encombrement minimum et une comptabilité avec de nombreux modèles de chaussures).
5- Quand la montagne vous a piégé…
Consignes en cas d’accident en haute montagne
Fred Souchon
Guide et secouriste en haute montagne PGHM
La pratique du vol en haute montagne procure bien des plaisirs à plusieurs égards : altitude, glaciers, sommets… Aussi majestueuse qu’impressionnante, la haute montagne peut, en cas de problème, se transformer en véritable piège. Voici quelques conseils pour s’en prémunir, et parfois, aussi, faire face au pire…
Combo en parapente à l’Aiguille du Moine (3412m). Après un décollage en face nord à l’Aiguille du Midi à 10h40, posé au pied de l’Aiguille du Moine pour rejoindre le sommet à 13h. Retour sur Chamonix par les airs après avoir décollé au pied de la voie.
En cas d’accident
Prévenir les secours
Voici quelques éléments importants à avoir en tête pour gagner du temps sur les phases de déclenchement puis de recherche lors d’une opération de secours.
Le 112 est le numéro Européen d’appel gratuit pour les services d’urgence. Il couvre l’ensemble des zones survolées dans le massif du Mont Blanc, y compris en Suisse et en Italie, pour peu qu’il y ait du réseau, ce qui est quasiment toujours le cas en l’air dans le massif du Mont-Blanc, contrairement à certains glaciers, sommets lorsque l’on s’y déplace au sol.
Tout d’abord je prépare brièvement mais méthodiquement mon message d’alerte pour que le secouriste au bout du fil ou de la radio comprenne bien dans quelle situation je suis et la nature de l’accident. Dites vous qu’une bonne alerte, c’est 50 % du travail d’accompli.
Mais parfois, se sécuriser en montagne, consistera aussi (en fonction de son état) à s’éloigner d’une zone dangereuse. En montagne, nous penserons à nous écarter des potentielles chutes de pierres dans un couloir ou encore de se mettre à l’abri de chutes de séracs (blocs de glace).
En cas de pose imprévue (par exemple suite à l’ouverture de son secours sur un glacier), et en dehors des cas de dangers objectifs pré-cités, la sécurité sera surtout de ne pas se déplacer ! Et de résister à l’envie de marcher sur une centaine de mètres pour rejoindre un îlot rocheux… Un glacier peut paraître lisse et uniforme en surface mais cacher de nombreuses et profondes crevasses (plus de 40m parfois) pouvant céder sous votre passage… Là encore, plusieurs cas viennent nous le rappeler chaque année.
Avant l’arrivée des secours
Une fois le secours déclenché et la sécurisation effectuée, il reste à préparer l’arrivée de l’hélico et des secouristes. En fonction de votre position (victime ou témoin) et de votre état, quelques actions, que vous seuls pourrez effectuer, participeront encore à renforcer la sécurité et l’efficacité du secouristes :
– Arrêter les décollages / atterrissages (prévenir ou faire prévenir les autres pilotes si possible)
– Se signaler avec les 2 bras en l’air en forme de « Y »
– Si liaison radio : guidage de la machine (avant de l’hélico = 12h). Par exemple : « Je suis à tes 3h, 200m au dessus ».
Beaucoup de personnes sont surprises à l’arrivée de l’hélico, car le souffle rotor généré est vraiment très important. Pensez à vous accroupir (à minima) et veiller à ce que rien ne s’envole autour de vous (couverture de survie, casquettes, sacs…). Le souffle peut projeter des objets de plus de 20 kg à plusieurs mètres…
Vous l’aurez compris, le vol en haute montagne ne s’improvise pas, et pour qu’il reste ce moment magique que chacun vient toucher du bout de son aile, informez vous et formez vous !
Je suis victime
– Se sécuriser : C’est la priorité numéro. Dans un arbre cette opération semble assez évidente, mais en haute montagne l’affaire peut être plus compliquée qu’il n’y paraît. Si vous êtes sur une zone glaciaire il faudra peut être avoir recours à une broche à glace (100g) pour se sécuriser, à laquelle vous vous attacherez avec une longe (30g) reliée à un baudrier (98g) (quid de l’équipement) pour se sécuriser sur la glace.
Source photos : PGHM Chamonix
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