Conseil sécurité n°6 : apprendre à renoncer
Conseils de Jean Marc Galan pour augmenter votre capital sécurité
Voici la 6è fiche conseil sécurité rédigée par Jean Marc Galan qui fait partie d'une série d'une trentaine de fiches qui seront publiées chaque semaine sur le site. Comme la sécurité en vol est un sujet complexe et que personne ne détient la Vérité, n'hésitez pas à faire part de vos observations, il se fera un grand plaisir d’échanger avec vous.
* Jean Marc Galan est aussi membre de la commission technique et sécurité de la FFVL
6 / Apprendre à renoncer
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Tout pilote pourrait maîtriser l’infinity tumbling ou devenir hyper compétent en analyse aérologique, ce n’est qu’une question d’entraînement et d’investissement intellectuel. A l’inverse, malgré une pratique régulière, de très nombreux pilotes ont beaucoup de mal à renoncer quand les conditions sont trop fortes pour eux. Pourquoi est-ce si difficile? …
Les raisons varient d’un pilote à l’autre. Forte envie de voler, émulation du groupe (“Y’a des voiles en l’air, pourquoi pas moi??”), esprit de compétition, envie de progresser en testant ses limites… Une fois en l’air, 99 fois sur 100, cela va bien se terminer. Vous aurez subi quelques situations incomprises (“Pourquoi ma voile fait cela??!”), peut-être quelques fermetures ou fait un hors terrain mais vous êtes entier.
Le piège du parapente
Le coeur du problème est là : le parapente pardonne énormément. Du coup, votre cerveau qui est foncièrement optimiste retient de ces vols limites : « Cela passe!». La prochaine fois, dans ce type de conditions limites, vous vous remettrez en l’air puisque « Cela passe!». La fois suivante aussi… et ainsi de suite jusqu’à l’accident. Le piège est bien connu dans le milieu sous l’appellation “la conscience statistique” (Cf ici).
Vos pires erreurs sont celles dont vous ne vous apercevez pas
– Soyez exigeant avec votre sécurité en vol. Rappelez vous de la pyramide de l’accidentalité : un accident n’est qu’une situation incomprise qui dégénère en incident puis en accident. Situations incomprises et incidents de vol doivent être des signaux d’alarme forts! Mettez tout en oeuvre pour comprendre ce qui vous est arrivé. Demandez à des pilotes plus expérimentés, à des témoins de la scène, à un moniteur qui connaît bien le site… Si malgré vos efforts, vous ne comprenez pas, alors ne vous mettez plus en l’air dans des conditions similaires. N’attendez pas l’accident pour vous remettre en question.
– Au final, c’est toujours un choix individuel de se mettre en l’air mais le collectif peut vous aider. Si vous avez du mal à renoncer, imposez-vous un temps de réflexion supplémentaire avant de décoller, pendant ce temps, demandez des avis extérieurs. Inversement, si vous voyez un pilote se préparer à décoller dans des conditions qui vous semblent trop fortes, allez vers lui, demandez lui s’il est sûr de son analyse. Si un de vos copains renonce, valorisez sa décision.
Renoncer c’est progresser
– Pour reprendre les termes de Christophe Dubois « … en arrivant sur un site, avec des cumulus ou des pilotes en l’air, notre cerveau rétrécit à la taille d’une noisette ». Il faut le savoir pour l’anticiper. Si vous renoncez à décoller après une analyse de vos compétences, de votre état mental/physique du jour et des conditions aérologiques vous aurez progressé. Renoncer est un signe de maturité, pas une marque de faiblesse.
Combien de fois avez-vous regretté de vous être mis en l’air? Racontez nous…
RÉSUMÉ
Après un vol en conditions limites qui se termine bien, notre cerveau a tendance à ne retenir que la fin heureuse, à voir le verre à moitié plein. Ne vous laissez pas piéger, soyez exigeant, analysez les risques encourus a posteriori. Cela vous aidera à progresser et, le cas échéant, à renoncer à vous mettre en l’air une prochaine fois.
N’hésitez pas à poster vos commentaires en bas de page ou si vous avez des questions, adressez un mail à info(at)rocktheoutdoor.com