Développer ses acquis pilotage et mental pour aborder sereinement le vol de durée
Développer ses acquis en pilotage, en analyse et en mental pour aborder sereinement le vol de durée.
Nicolas, on voit apparaître depuis peu quelques écoles qui intègrent un véritable programme de préparation mentale dans leur formation, certaines même en font un stage entièrement axé sur ce sujet avec des spécialistes compétents. Est-ce une demande des pilotes ou une réponse à un constat des encadrants qui veulent apporter une réponse plus complète aux stages ‘Voler mieux” ?
Ce n’est pas trop tôt ! Il y a encore une vingtaine d’années, toutes les questions sur le mental, la gestion du stress, de ses peurs étaient mises en arrière-plan. Et tout évolue : la société, le matériel, les notions mêmes de loisir-plaisir… Pour ma part, il ne s’agit pas de tendre vers une « mouvance » mais bel et bien d’améliorer la pratique sécuritaire de notre activité. Nous devons rééquilibrer les 2 pôles Mental et Technique de la pratique.
Les offres de stages “Préparation mentale” étant peu nombreuses, on peut supposer que les pilotes ne sont pas très vraiment sensibles à cette approche d’enseignement. Il semblerait que les pilotes axent surtout leur progression sur l’amélioration du pilotage en faisant un stage SIV par exemple ?
Oui, ces stages sont surtout axés sur de la technique pure, donc peu de sensibilisation sur le mental (à part quelques écoles SIV qui l’intègrent de plus en plus dans leur programme). Les exercices SIV se font dans des conditions ultra-sécuritaires, rien à voir avec de “vrais vols”… Mais c’est vrai que le SIV amène les pilotes à réfléchir sur leur préparation mentale.
En tant qu’enseignant et observateur, comment expliques-tu le manque de sensibilisation des pilotes sur cette volonté de développer leur acquis pour voler serein et “secure” malgré les nombreux accidents constatés ?
Les pilotes qui n’osent ou n’osaient pas « parler » de leurs craintes ou de leurs ressentis, peuvent le faire aujourd’hui grâce aux structures qui développent de vrais stages sur la préparation mentale. Pour travailler la gestion du stress, c’est encore mieux avec des intervenants qualifiés dans le domaine. Pour les moins « sensibilisés », c’est sans doute un manque de remise en question sur lequel aucune structure d’enseignement ne pourra leur apporter de réponses.
Ce manque de “responsabilisation” n’est-il pas dû au fait que le parapente semble très accessible ? Cet accès facile n’a-t-il pas tendance à faire croire que la pratique du vol libre ne présente pas de risques majeurs ? Les professionnels sensibilisent-ils leurs élèves suffisamment tôt ? Que se passe-t-il donc dans la tête des pratiquants lorsqu’ils sont lachés dans la nature ?
On pourrait écrire un livre sur le sujet. Ca en ferait un de plus et il y en a déjà assez, et de très bons (cf le livre de Jean Marc Galan “Gérer les risques en Parapente” que tu proposes dans ta boutique par exemple). Ce qui me choque aujourd’hui, c’est la même chose qu’il y a trente ans, le manque de responsabilisation… que l’ensemble du milieu a, en fait, fabriqué.
Pour comprendre, imaginez-vous avec l’envie de voler en parapente. Vous êtes débrouillard, un peu autodidacte…Pas de brevet obligatoire. Aujourd’hui, on trouve facilement du matériel d’occasion ou du matériel à prix cassés en vente libre. Se perfectionner en école ? Pourquoi puisqu’on trouve des tutos sur internet. Et les sites ? Gratuits. La vie est belle… et BANZAI ! Autrefois, les pilotes passaient par une école pour acheter du matériel. On faisait de la vente conseil, on évaluait les compétences. On avait encore la possibilité de sensibiliser pour accompagner leur progression.
C’est génial d’avoir conservé cet aspect libre pour notre activité mais le revers de la médaille est parfois cinglant. Nous devons regarder les choses en face car tous les acteurs du milieu sont responsables de l’accidentologie aujourd’hui. C’est un constat, absolument pas un reproche. Même si j’exagère, on a beau dire : le manque d’encadrement obligatoire implique des circonstances accidentogènes inévitables.
Ce qu’il faut comprendre, c’est l’essence même de l’activité : l’homme est fait pour marcher, courir, grimper, nager… mais pas pour voler. C’est certainement ce qui rend la chose addictive. Vous pouvez avoir 50 ans d’expériences, il faut toujours se considérer comme au premier jour. Pour nous les pros, c’est un travail de chaque minute, qui doit devenir un réflexe quasi Pavlovien… Pour les pilotes chevronnés aussi. Et pour tous les autres. Les pilotes jeunes, vieux, non expérimentés ou chevronnés, enfin tous les gens qui volent en parapente, devraient se sentir concernés par cet adage. C’est ce filin d’humilité qui devient gros cordage avec l’expérience et les années qui nous fait progresser en sécurité.C’est le message que je tente de faire passer depuis toutes ces années comme de nombreuses écoles d’ailleurs.
Bref, ce sujet pourrait faire l’objet d’un vaste débat…
Voler SAFE, ça n’existe pas, on fait du parapente avec tout ce que cela comporte en terme de risques. Chaque seconde, c’est une décision. Chaque décision en induit une autre, etc… Le parapente, c’est un bout de tissu avec des « ficelles ». Tant qu’on ne commencera pas à enseigner cela, il y aura des accidents. Mes propos sont certainement anti-commerciaux et anti « usine à plaisir », mais c’est exactement comme si tu apprends à faire du cheval et qu’on t’explique que c’est rare de tomber et pas dangereux…c’est faux.
Quel format de stage et quels outils proposes-tu ?
Pour moi, c’est la même philosophie dans tous mes stages : le rapprochement avec l’individu. Le parapente a cet avantage que beaucoup prennent pour un inconvénient : on a le temps de parler avec les soucis aérologiques et la météo qui nous empêche parfois de voler. Avec le temps, j’ai développé plein d’outils qui permettent de trouver des solutions. Ici rien n’est tabou ! Les peurs et les craintes sont disséquées, analysées et solutionnées si possible. On cible les objectifs de pratique des pilotes, leur région de vol, avec tous les renseignements qu’ils veulent bien nous donner, à tous les niveaux, et on respecte leur façon de progresser.
Quels sont les atouts des sites de Laragne pour assurer cette formation ?
L’avantage des sites thermiques à haut rendement comme les nôtres permettent d’aborder les vols en turbulence gentille (ou moins), avec tout le mental que cela implique. Il y a de la théorie un peu « poussée » sur l’aérologie. Les bonnes journées, le stage place, bien sûr, le vol en priorité avec, le soir, les debriefings qui permettent de placer de nombreux sujets Nous avons un programme détaillé sur lequel on insiste sur le côté psychologique et mental du parapente. Attention : toujours dans la bonne humeur et la déconne… En fait, on ne se la pète pas et on avance !
Le truc plus, c’est aussi le support pédagogique vidéo: je les filme au décollage et aussi en l’air en volant avec eux. J’ai intégré aussi le mode “selfie” : chaque stagiaire a aussi une caméra embarquée (pour voir leur pilotage et leur visage)… et on apprend beaucoup parfois ! Le truc primordial pour moi, c’est que le pilote ait appris de nouvelles choses ou solutionné un ou des problèmes qu’il vit. On aiguille aussi pas mal sur la progression. Il m’arrive de voir parfois des pilotes qui se « brident », alors qu’ils pourraient voler mieux.
Et le plus, plus, plus, c’est l’axe « partage », avec souvent une mixité d’expériences, y compris la mienne !
“Stage préparation au vol de durée” proposé par l’école Full Ble Sky
L’encadrement et la formation personnalisée sont et resteront les bases d’une pratique sécuritaire. L’école FULL BLUE SKY propose des sessions de 4 jours pour VOLER ET PROGRESSER en mode partage et analyse d’expériences : remise en question face à soi même, aux éléments, à ses objectifs, parler de ses craintes, trouver des solutions. Conserver cette profonde humilité qui nous fait avancer, progresser…
Au programme
– Gestion mentale des décollages, du vol.
– OUTILS DE CONTRÔLE SÉCURITÉ
– Approche du vol thermique, pilotage
– Gestion mentale d’évolution dans les masses d’air thermiques
– Rentabilité de son pilotage
– Ballade tranquille, on sort un peu du bocal…
– Cours théoriques, en salle et sur le terrain…
– Vol du matin, après midi, soir…
– Approche des décollages par vent soutenu…
– Visite sur d’autres sites
Pré-requis : Brevet pilote souhaité, autonomie totale a l’atterrissage.
Au choix, tarifs stage ou à la journée : 120€/jour, ou stage 4 jours, 420€
Peut être utile à la validation des Pré-requis BPC
Prochain stage : du 30 mai au 2 juin 2019 – Autres dates à la demande
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