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Méthode 3P3, pour progresser avec plaisir et en sécurité en parapente

Méthode 3P3, pour progresser avec plaisir et en sécurité en parapente

Covid-19. Confinement. Les responsables d’école ne peuvent pas prendre l’air et assurer leur mission pédagogique. Sébastien Blesses de l’école parapente Carpe Diem (à Doussard) a choisi d’utiliser son temps “libre” pour présenter aux pilotes en progression la méthodologie des 3P3, une méthode simple pour évaluer les risques avant de décider de voler (voir aussi articles  de Jean Marc Galan : “SIGR, Stratégie Individuelle de Gestion des Risques” et “Apprendre à renoncer“).

Ce dossier comprendra 3 parties : Les 3 Paramètres – Les 3 Piliers – Les 3 Phases

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Pourquoi cette méthodologie ?

Très souvent, le pilote, débutant ou confirmé, à tout moment de sa progression, est un peu perdu quant au chemin qu’il doit suivre : comment continuer à progresser, de manière autonome et sécure ?

Or, il existe autant de progressions que de pilotes. Chacun aura la sienne en fonction de ce qui lui donne du plaisir en l’air, de son lieu de pratique, du temps consacré, du budget, de ses facultés personnelles, de sa sensibilité.

Cette méthodologie, appelée 3P3, donne un nouveau point de vue sur la pratique du vol libre et la manière de l’envisager. Et par conséquent, sur la manière de conduire sa propre progression.

Le but est donc de vous apporter là une méthode qui vous permette de :

– optimiser le temps consacré à l’activité,
– gagner en efficacité,
– augmenter la sécurité,
– atteindre des objectifs,
– conserver le PLAISIR par dessus tout !

POURQUOI 3Px3 ?

Notre discipline repose sur 3 Principes :
– Les 3 Paramètres,
Les 3 Piliers,
Les 3 Phases,
Chacun de ces principes contient également 3 Parties. Découvrons les ensemble…

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1- Les 3 paramètres

Lorsque nous pratiquons le vol libre, 3 Paramètres entrent en interaction:
– L’Aérologie,
– Le niveau du Pilote,
– Le matériel.

On peut se représenter tout cela sous forme d’un triangle (voir ci-contre).

Lorsque tout est congruent, alors la sécurité est maximale.

Premier cas

Si je vole dans une Aérologie calme, que je suis sous une aile école avec une sellette mousse-bag en bon état et que j’ai 100 vols sur les 2 dernières années, je suis en cohérence. Le triangle a cette forme.

On note que la surface du triangle reste raisonnable et que 2 branches viennent compenser la plus faible.

Autre cas

je suis dans une aérologie calme, j’ai toujours 100 vols sur les 2 dernières années, mais j’ai emprunté une aile En D à un pote, pour voir la différence avec mon aile école: dans ce cas le triangle est encore réduit ! Si le pilote ne vient pas chercher les limites de son pilotage, cela pourra bien se passer… ou pas !

Dernier cas

Je suis dans une aérologie turbulente en montagne, j’ai 50 vols sur les 3 dernières années en bord de mer, et je découvre ma dernière acquisition, une B+ : on est là dans une situation qui ne laisse rien augurer de bon… le triangle est largement réduit.

Nous ne sommes pas dans une situation d’avenir !

Ces 3 paramètres ne sont pas figés !

En effet, ils évoluent sans cesse, contrairement à ce que l’on pourrait penser pour certains…

L’Aérologie

Bien évidemment, c’est le paramètre qui évolue le plus facilement. Chacun devine aisément qu’il est très variable, parfois même à quelques minutes d’intervalle.
Pour évoluer dans une aérologie qui correspond à son niveau, il faut être capable de l’évaluer. Et c’est, peut être, la plus grande difficulté du jeune pilote autonome. Il arrive même aux meilleurs, de se faire surprendre, parfois dans un sens (l’aérologie est plus “pourrie” que prévue), parfois dans l’autre (c’est étonnamment doux dans le ciel). Il est donc important d’éviter les analyses hâtives, les copier-coller (ce sera comme hier à la même heure !), de se donner un peu de marge en plus du temps de réflexion, et de se doter d’outils permettant de faire des analyses efficaces.

L’objectivité sera votre meilleure alliée

On trouve ce que l’on cherche ! Aussi ne regardez pas que ce qui vous arrange au cours de votre analyse, sinon elle sera biaisée…

Important
L’aérologie étant un paramètre très “mouvant”, son analyse doit être quasi permanente une fois le sol quitté, surtout dès que les vols durent un peu.

Les facultés du Pilote

Cela vous surprendra peut-être mais c’est un paramètre variable. Qui peut changer très rapidement, qui plus est !
En effet, et nous y reviendrons plus longuement lorsque nous aborderons les Piliers, le niveau du pilote repose sur plusieurs domaines faisant appels à différentes capacités. Ces dernières peuvent, sous le coup d’un stress puissant, s’altérer en quelques secondes. Cependant, cette situation se produit si l’on vit un événement non anticipé (incident le plus souvent).

Le niveau peut également varier d’un jour à l’autre, ce qui peut être problématique si on n’en a pas pris conscience.
Le plus grand danger vient surtout du niveau qui s’émousse peu à peu. Telle la voiture dont les roues se dégonflent très lentement, ce n’est que le jour où nous refaisons la pression que nous nous rendons compte de combien nous avions perdu, et du confort et de la sécurité qui s’était échappés petit à petit. En parapente c’est exactement la même chose.

Par exemple, plus on fait durer les vols, et moins on en fait. Donc, on fait moins de décollages et moins d’atterrissages. On passe aussi moins de temps à travailler au sol car plus nos capacités augmentent et plus on a de créneaux où aérologie et niveau technique sont cohérents. La conséquence, bien souvent, est qu’on régresse en gonflage.

Immédiatement, je pense à ces 2 pilotes qui se sont tués à 2h00 d’intervalle, sur un déco un peu raide et alimenté l’été dernier : les 2 ont mal maîtrisé leur décollage face voile et ont quitté le sol twistés. Un retour à la pente à 60 km/h leur a été fatal. Je ne connais pas leur cursus de pilote mais il y a fort à parier qu’ils n’avaient pas travaillé le gonflage par vent soutenu récemment.

Cette lente dégradation du niveau de pilotage touche toutes les phases du vol. Et je pense qu’elle est une des explications au fait que la majorité des pilotes décédés au cours des 10 dernières années soient des pilotes expérimentés, de plus de 55 ans, sous des ailes En C et plus. Mais cet avis n’engage que moi !

Le Matériel

Ce paramètre, qui peut sembler très stable, ne l’est pas tout à fait. En effet, pour un pilote qui possède plusieurs ailes ou plusieurs sellettes, il conviendra de bien prendre en compte les spécificités de chacune d’entre elles. Un biplace ne tourne pas comme une aile d’acro par exemple.

Autre raison de la variabilité de ce paramètre, beaucoup moins flagrante mais qui rejoint les pneus de la voiture qui se dégonflent très lentement : le calage de votre aile. Avec le temps, il bouge et le comportement de l’aile, peu à peu, change. Souvent pour devenir plus fainéante, et vous rapprochant millimètre par millimètre, de l’incidence de décrochage.

Rien de plus simple que de faire contrôler régulièrement son matériel, et d’y jeter également un oeil pour vérifier toutes les liaisons par exemple (maillons des élévateurs, liaison secours/sellette, état du bord d’attaque…).

Vous l’aurez compris, de ces 3 paramètres, celui qui est le plus difficile à cerner à l’instant T et qui a une grosse influence sur la sécurité en vol, est sans nul doute l’aérologie. Or nous volons avec un aéronef qui offre un énorme paradoxe : celui d’être le plus facile et simple à mettre en oeuvre tout en étant le plus sensible à l’aérologie.

Il est donc indispensable de devenir rapidement capables de positionner le curseur Aérologie de manière assez fiable sur votre triangle !

Sébastien Blesses – Ecole Carpe Diem – Doussard

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ROCK THE OUTDOOR, la culture parapente

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