Florian termine 2è à la compet des 2 Amants avec une aile EN-B
Florian Hashold est ingénieur en aéronautique. Pratiquant le parapente depuis 15 ans, il participe à la conception et la mise au point des ailes Flying Planet, notamment pour les mini-voiles et les ailes de speedring depuis les débuts. Président du club des Gaz'ailes, c'est un "jeune compétiteur". Voici son récit lors de la compétition des 2 Amants, le 1er mai 2016, jour du record de France battu par Martin Morlet 411 km), où il termine 2è de la compétition sous une FLYING PLANET Whisper 4...
Podium en compétition sport sous une aile EN B
J’ai bien failli ne pas participer du tout à cette compétition organisée par le club Eurenciel. N’étant pas certain de ma disponibilité, je n’avais pas envoyé mon chèque d’inscription. C’est le message de Nicolas, le président d’Eurenciel, qui réveille mon envie de grand vol : il propose aux pilotes non inscrits de participer par tirage au sort.
Mais comme la manche est prévue de se dérouler au treuil, je n’ai pas la garantie de voler si je ne suis pas retenu. Je décide donc d’abandonner la compète et pense à une autre option pour le week-end : peut être du biplace sur une autre base de treuil, peut-être de mon coté sur un site naturel. Mon analyse météo converge doucement vers le site des 2 Amants qui promet au moins du beau vol en local.
La veille de la manche, je reçois le message qui fixe le rendez vous de la compétition : ce sera finalement sur le site des 2 Amants. Les organisateurs se sont adaptés aux dernières prévisions météo. Je charge les balises dans ma kobo et décide de me présenter au rdv pour tenter ma chance.
Les meilleurs pilotes du coin avec des ailes performantes faire des tas
Sur place, mon inscription est rapidement acceptée. Les organisateurs proposent une manche de 60 km presque en ligne droite et bien axée dans la dérive du vent. Pendant le briefing, nous voyons arriver les crosseurs locaux à la recherche de distance : Guido, John, Martin. Cela nous conforte dans le choix du site.
Nous les voyons monter vite pendant notre préparation, l’excitation monte. Mais quand vient notre tour, le décollage est moins alimenté que prévu et le thermique est très cyclique. Les premiers pilotes luttent pour monter et la plupart est posé très vite? Certains ne rejoignent même pas l’atterrissage. Je vois parmi les meilleurs pilotes du coin avec des ailes performantes faire des tas.
Le ciel s’allume et les nuages sont prometteurs
Les autres pilotes qui attendent au déco pensent sûrement comme moi : on se détache complètement et on patiente en attendant un créneau plus intéressant. Sans la motivation des organisateurs, on aurait pu passer le reste de la journée en parawaiting assis tranquillement dans l’herbe.
Je décolle dans un bon cycle et prends assez facilement 400 mètres. Je suis rejoint par quelques pilotes et on monte ensemble en décalant derrière. Là, mon ami Johann continue de décaler et décide de partir avec quelques pilotes. Je n’ai pas son expérience et me trouve trop bas pour partir : il faut en effet traverser le lac puis éventuellement la ville de Val de Reuil derrière. Je tente plutôt de revenir vers le décollage pour essayer de prendre un deuxième thermique qui me monterai plus haut. Le ciel s’allume et les nuages sont prometteurs.
Je lutte pour garder mon altitude mais rien n’y fait
Mon option n’est pas la bonne : je perds beaucoup d’altitude face au vent. Les beaux nuages que j’ai visé ne marchent pas du tout. Je me retrouve en soaring devant le déco avec d’autres ailes qui viennent de décoller. Après quelques minutes en mode survie, je lâche l’affaire et je vais me poser sur l’attéro officiel en sécurité. Je suis déjà content d’avoir fait un beau plaf un jour où je n’étais pas certain de voler! La navette vient me chercher et voyant l’heure, je me dépêche de me présenter au décollage : j’ai droit à un deuxième essai et je n’ai plus que 5 minutes pour décoller dans la fenêtre.
Je monte vite au dessus du plateau mais ensuite je ne trouve rien d’intéressant. Seulement des bullettes désorganisées très difficiles à exploiter. Je lutte pour garder mon altitude mais rien n’y fait, je descends doucement dans cette aérologie turbulente. Je décide de me rapprocher de l’atterrissage et, presque en approche, je sens une bulle plus forte que les autres. Celle-ci, je ne la lâche pas! Je pars directement en 360 et je noyaute au maximum. Bien vu : la magie du parapente opère une fois de plus, l’ascenseur invisible me monte jusqu’au plafond. Je m’estime maintenant bien placé pour partir.
Tout seul en plaine, il sera difficile de trouver les ascendances
Je prends les infos sur Xcsoar : altitude, direction de la prochaine balise, direction et force du vent, c’est parti pour l’inconnu. Je trouve ce deuxième départ plus en sécurité que le premier vol, mais tout seul en plaine, il sera difficile de trouver les ascendances.
Ma stratégie est simple : rester en l’air et prendre la bonne trajectoire. Je n’ai comme limite de temps que la fin de la manche. Je laisse la course au temps aux compétiteurs plus expérimentés et avec les machines plus rapides. Je serai déjà très heureux de boucler la manche.
Le vent est travers droit, je devrai donc m’orienter vers la droite de mon but dès que possible pour compenser la dérive que je suis obligé d’accepter pour monter dans les thermiques.
Je commence donc à voyager en enroulant tout ce qui semble bon puis en me replaçant au mieux en direction de la balise.
Après environ à 20 km, je glisse depuis un moment sans trouver de thermique. A ce rythme je serai posé dans 5 minutes. Pas de nuage, pas de village important qui me donnerait des signes, jusqu’à ce que je vois un élargissement de l’autoroute et une zone industrielle juste derrière. Si j’arrive à planer jusque là, je parie que ça va monter. Par chance, il y a des terrains accueillants à coté de l’autoroute, je pars donc en chasse du thermique de l’A13. D’abord hachée, je rentre dans l’ascendance et ne la quitte pas jusqu’au plaf. Je n’avais jamais été aussi heureux de voir un péage d’autoroute!
Je sens avec émotion l’air devenir plus frais et le sol s’éloigner
Je continue ensuite ma balade aidée par les nuages. Je survole les champs, les villages, la piste de la base aérienne 105 qui nous a autorisé de voler dans cet espace le temps de la compète (merci à eux!).
Au km 50, je suis de nouveau très bas, j’ai laissé des nuages intéressants pour me recentrer sur le goal. Je vois bien une autre aile mais derrière moi et qui ne monte pas. Cette fois, je pense sérieusement à terminer le vol en sécurité. J’ai battu mon record de distance en plaine, et même si je ne suis pas encore fatigué, je suis content d’être arrivé jusque là.
Sorti de nulle part, mon vario m’indique que je zérote. J’optimise mon virage pour rester dans cette masse d’air favorable. Patiemment, je me laisse dériver. Je monte doucement maintenant, et, concentré sur le bip du vario, je cherche la meilleure ascendance. L’autre aile m’a rejoint et on monte vite ensemble en direction du nuage. Je sens avec émotion l’air devenir plus frais et le sol s’éloigner.
La pompe du péage de l’autoroute
Je vois que c’est gagné!
Je vois que c’est gagné : je peux maintenant planer tout droit jusqu’au goal et boucler la manche. Mais j’enroule encore par gourmandise. Cette altitude en plus ne me servira à rien puisque je dois dériver pour monter, mais je n’ai pas envie de poser. Je suis encore en forme et très bien placé pour continuer le voyage. Pourquoi ne pas quitter la compétition et tenter une distance libre? Non ce ne serait pas raisonnable : je n’ai pas préparé de plan de vol et je sais que les espaces aériens sont très contraignants ici. Je laisse mon compagnon de thermique partir avec le nuage et me dirige vers la balise du goal. Evidemment, quand on veut poser ça monte partout. Je suis obligé de faire des 36 et les oreilles pour enfin rejoindre des pilotes arrivés avant moi.
Je suis très heureux de boucler ma 1ère manche de compétition
Je suis très heureux de boucler ma 1ère manche de compétition ici au départ d’un site ou j’ai progressé. Les résultats de la manche sont encore plus réjouissants : je réalise le 2e temps en classe sport, juste derrière mon ami Johann et devant Roland avec qui j’ai un beau projet autour du parapente.
Pendant ce temps, les crosseurs repoussent les limites avec plusieurs vols à plus de 200 km et le nouveau record de France de distance par Martin Morlet à 411 km.
Ma FLYING PLANET Whisper 4 s’est montrée très efficace sur ce parcours face aux ailes plusieurs catégories au dessus. C’est une très belle place pour cette machine mise au point par Flying Planet, notre petite marque française.
Florian Hashold