Record distance Basse-Normandie réalisé par Adrien (272 km)

Record distance Basse-Normandie réalisé par Adrien (272 km)

Le récit* du record du 27 avril d’Adrien Valognes au départ de Saint Marc d’Ouilly

“Fraîchement rentré d’une saison de biplace à la montagne, me revoilà en Normandie avec du temps et une soif intense de vols de plaine. Je regarde la météo au moins une fois par jour pour repérer les bonnes journées”.

* récit illustré par les vidéos des 2 compères qui ont volé avec lui ce jour-là (Martin Morlet et Régis Fouret)
photo à droite : Adrien Valognes (à gauche) avec Martin Morlet (à droite) dans le TGV de Poitiers-Paris

Photo : Adrien Valognes

Photo : Adrien Valognes

Adrien repère cette journée 4 jours à l’avance avec des scénarios très changeants d’une journée à l’autre.

“Partant d’abord sur une dérive ouest-nord-ouest en fin de semaine, les prévisions s’affinent durant le week-end pour s’arrêter le dimanche sur du vent de nord-nord-est le matin, tournant nord-nord-ouest dans l’après-midi. Les émagrammes sont plus que bons avec des plafonds entre 1500 et 1700 mètres. La seule incertitude demeure sur l’intensité du vent. Il est annoncé fort le matin avec une moyenne à plus de 25km/h hors cycles thermiques… Toutefois une baisse est annoncée à partir de midi, 13h.
De plus, la dernière actualisation des modèles météo en fin de journée annonce même une légère baisse du vent moyen. Un fort potentiel se dégage donc pour cette journée du lundi 27 avril! Ce sera donc un départ du site de Saint-Marc-d’Ouilly avec, comme premier objectif, de passer les 200 km et, comme second, de battre le record du site et plus si affinité.

Rendez-vous avec Martin et Régis

Le matin même, je vais à la gare de Caen pour chercher Martin Morlet et Régis Fouret, en provenance de Paris et nous nous rendons tous les trois sur le site. Sur la route, le ciel s’allume tranquillement.
Lorsque nous arrivons sur le décollage à 10h, les arbres bougent dans tous les sens et le vent est bien marqué! Il y a toute fois, de temps en temps, des creux permettant le décollage. Rien ne presse, il n’est que 10h30, le ciel commence à peine à se réveiller. Il faut lui laisser le temps d’émerger de sa nuit plutôt humide, avant de nous accueillir en toute sérénité.

La préparation du matériel terminé, nous observons les nuages et d’autres pilotes nous rejoignent!

Avec Régis, nous décidons de décoller sur les coups de 11h30! Les conditions sont plutôt toniques mais cela reste acceptable. Martin et Nicolas décollent à leurs tour. Rapidement, Régis et moi commençons à décaler dans un bon +2 mais, malheureusement pour nous, il ne suit pas jusqu’au plaf! Nous nous retrouvons en apnée, la tête entre deux eaux à 300m/sol, à essayer de garder la minuscule ascendance qu’il nous reste!
En vain, l’histoire se termine dans un champ à cinq kilomètres du décollage! Mer.…!!

La trace d’Adrien Valognes

A partir de maintenant, va se jouer le dénouement de la journée!

Soit nous arrivons à rentrer rapidement et tout sera encore jouable. Soit nous ne trouvons personne pour nous reconduire au décollage et tous mes espoirs d’atteindre les objectifs seront réduits à néant.
Surtout, ne pas baisser les bras et garder espoir! Je me dépêche de replier la voile pour rejoindre Régis qui s’est posé dans un champ voisin!  Là, le miracle se produit. Régis m’appelle en me disant qu’une petite dame est prête à nous ramener jusqu’au décollage! YIHAAA! En fait il s’agit de la propriétaire du champ dans lequel a atterri Régis! Mille mercis à elle!

A 12h30, nous sommes de nouveau dans les starting blocks.

Le vent n’a toujours pas faibli, voire pire, augmenté! Lorsque j’essaye de décoller, une rafale me recule sur 20 ou 30 m et je repose! J’attends un creux et redécolle. Très vite nous retrouvons un bon thermique qui nous décale assez rapidement!
A 400m, rebelote! L’intensité du thermique faiblit de nouveau et nous nous retrouvons en situation précaire! Cette fois, il n’est pas question que l’on pose! Nous nous accrochons comme nous pouvons et, au bout d’un certain temps, bingo, le thermique regagne en vigueur et nous monte à plus de 1300 m!
Après un début laborieux, nous partons enfin pour exploiter au maximum les conditions du jour!

Le ciel est plutôt lisible et les premiers kilomètre assez faciles!

Juste avec la forêt des Andennes, une zone d’ombre nous oblige à faire un contournement par l’est pour ne pas se faire piéger! Régis trouve le thermique le premier et je me jette dessous! Ce thermique nous permet ainsi de passer la forêt. Régis, plus haut que moi et sans doute arrivé en haut du thermique, part seul en transition pour recoller l‘alignement de nuages initial!
Pour ma part, je prends mon temps et exploite le thermique tant que possible! Voyant Régis en transition continue, je décide de prendre l’alignement plus à gauche, à l’est., et au dessus d’une longue zone ensoleillée! Ce choix s’avère payant et je me retrouve à 1600 m au kilomètre 50! Malheureusement pour Régis, l’aventure s’arrêtera là. Je le vois posé dans un champ depuis mon nuage.

Je trace donc ma route seul!

Mon alignement de nuages marche bien et ma vitesse sol oscille entre 65 et 70 km/h en transition. Les kilomètres défilent et la campagne, vue d’en haut, est vraiment magnifique.  Chose étonnante, aux alentours du kilomètre 95, je rencontre des barres nuageuses perpendiculaires au vent! Plutôt bizarre, vu la force du vent!  Je me dirige vers la zone de la barre qui me semble la plus active , la plus noire, et cela marche plutôt bien. En tout, je rencontrerais trois barres nuageuses successives comme celle-ci. Elles me permettront entre autre, de pouvoir craber légèrement vers l’ouest sans trop prendre de risque afin de pouvoir éviter la TMA d’Angers. Zone aérienne se situant dans l’axe plein sud à 140km de mon point de départ.

Je reçois un appel radio de Martin me disant qu’il est au km 166!

Sachant qu’il avait environ 45 minutes d’avance sur moi, je suis vraiment surpris et lui dit : « Quoi 166 déjà? ». Il me répond : « Non 66 ». En fait la première extraction de Martin et Nicolas avait elle aussi avortée prématurément. Je me retrouve donc en tête de la journée avec Martin à mes trousses!

En arrivant à l’ouest d’Angers, un nuage ne donne rien, ou du moins je ne trouve pas l’ascendance! Au lieu de continuer sous le nuage et sa zone d’ombre au sol, je décide de me jeter sur une zone d’habitations et industrielle au soleil. En arrivant sur la zone, je descends toujours et commence à me poser des questions, vu le nombre restreint de zones vachables dans le secteur! Et en plus de l’inhospitalité du lieu, je vois en bas, les arbres brossés par le vent et des risées sur un lac bien prononcées. Je n’ai vraiment pas envie de poser par ici, dans cette lessiveuse! Heureusement pour moi, la chance me sourit et je tombe sur un petit thermique qui me monte tranquillement et me permet de passer la Loire en toute sécurité! Ce sera le seul point dur du vol!

Le vol du 27 avril de Martin MORLET

Vidéo du vol de Martin Morlet resté dans la course et qui a réalisé une distance de 264 km ce jour-là.

La suite ne présente pas trop de difficultés, je retrouve une rue de nuages peu après le passage de la Loire.

Pour me placer au mieux sous cette rue, je veille à bien regarder l’ombre projetée au sol! Cela permet en plus d’anticiper la suite et de voir la longueur de la rue. Lorsque je passe les 200 kilomètres, il est environ 17h30 et l’euphorie laisse place rapidement à la concentration. Je ne perds pas de vu mon deuxième objectif.
Avec cette dérive, je n’ai plus qu’à bien me placer et enrouler tout ce que je trouve pour battre le record du site! Le vent est maintenant nord-nord-ouest depuis Angers. Cette dérive m’emmène  droit vers la CTR de Poitiers et vers une vaste zone d’ombre à cause des étalements des nuages.
J’opte alors pour une option un peu risquée, je mets les gaz plus à l’ouest en espérant raccrocher une rue avec moins d’étalement et donc plus de soleil au sol. Après une longue transition dans un air plutôt porteur, j’arrive sous le nuage à 900 m/sol et je retrouve un faible thermique. Peu importe, je prends mon temps pour l’exploiter et me laisse porter par le vent. J’arrive au dessus de Parthenay , puis arrive au bout de cette ascendance. Derrière il n’y a plus de soleil et l’ombre a envahie l’horizon.

Je suis alors au kilomètre 250, à 1400m, le record du site viens de tomber!

Prochaine étape, le record de Basse-Normandie, 260km, détenue par Franck Arnaud depuis août 2010.
Vu ma hauteur et la force du vent, c’est quasiment gagné! Je me laisse donc glisser tranquillement dans l’ombre et j’observe le paysage, plus rien n’a d’importance. Je ne cherche même pas à me positionner près d’une route ou d’un village. Je veux juste aller le plus loin possible poussé par le vent!
Après un dernier glide qui n’en finit plus, ma course s’arrête dans un champ avec des vaches, à Saint-Georges-de-Noisné, dans le département des Deux-Sévres, au kilomètre 267.

Le record de Basse-Normandie est battu mais rien n’est joué car Martin est encore l’air.

Je prends ma voile en bouchon et j’aperçois le troupeau de vaches foncer sur moi! Là, je tape un sprint jusqu’à la barrière du champ. Ouf, j’ai bien fait car il y a avait un énorme taureau parmi ces dames. En repliant la voile au bord d’une petite route, une voiture s’arrête. Un couple me demande si tout va bien, étonné de me voir ici, perdu en pleine brousse!
Nous discutons un petit peu, je leur raconte mon épopée, et le monsieur propose gentiment ne me déposer à une gare toute proche, celle de Saint-Maixent. Super la chance est encore de mon côté, de là je pourrai prendre un TER pour Poitiers.
Dans le train, je reçois un appel de Martin. Il vient de poser au bord de la CTR de Poitiers au km 260.

Eh Bingo, le record de Basse-Normandie reste dans ma poche! Quel bonheur!

Martin me retrouve à la Gare de Poitiers et après une rapide collation, nous prenons un TGV en direction de Paris. Trop tard pour prendre une autre correspondance en arrivant à Paris, Franck Arnaud me propose de m’héberger dans l’appartement familial à Montparnasse. Je passe donc la nuit dans un appartement très spacieux pour moi tout seul. Merci encore à lui, c’était très sympa!
Le lendemain, je reprends un train pour Caen et rentre jusqu’au camion en stop. La boucle est bouclée! Bravo à Martin qui effectue le deuxième plus grand vol du site!”

Adrien Valognes

Photo à la une extraite de la vidéo de Martin Morlet

Le vol du 27 avril de Régis Fouret

La vidéo du vol de Régis Fouret qui n’a pas réussi à faire plus de 50 km. Après le premier posé avec Adrien, ils ont la chance de se faire récupérer tout de suite par la propriétaire du champ dans lequel il s’est posé, ce qui a permis à Adrien de réaliser son exploit.

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