Record parapente Nouvelle Calédonie par Xavier Girin : 175 km
Xavier Girin, moniteur à Parapente NC, débarque chaque été en métropole pour faire la saison et participer au Championnat de France.
Journée historique
Ce lundi 3 décembre en Nouvelle Calédonie, la météo est annoncée excellente pour le vol de distance. C’est grâce au parapente que nous allons profiter de ces belles conditions.
Déjà mercredi dernier, les plafonds étaient exceptionnellement hauts pour la Nouvelle Calédonie : autour de 2500m. Ces conditions fumantes avaient déjà permis d’améliorer le record de distance en aller/retour (triangle plat) à 110 km. Et en triangle FAI (triangle équilatéral) à 100 km. Mais la Nouvelle Calédonie, avec sa forme allongée, sa chaine centrale sauvage et son flux d’alizé régulier se prête rarement à ce type de vol. D’ailleurs, le précédent record en A/R (triangle plat) reviendrait à Ali Gali qui visitait la Nouvelle Calédonie il y a… plus de 15 ans !
Difficile d’avoir les conditions pour faire de la distance
Pour ce qui est de la plus grande distance libre, le dernier record parapente Nouvelle Calédonie (165 km), il faut remonter au 16 novembre 2013 pour retrouver des conditions permettant ce type de vol. Depuis 5 ans, et ce n’est pas faute de guetter les créneaux, les conditions se font attendre (à noter que la Nouvelle Calédonie est sur le fuseau horaire UTC+11). Ce qui veut dire que tous les vols avec un décollage avant 11h local sont enregistrés par les GPS et les serveurs OLC « on-line contest » en temps universel, donc la veille.
C’est parti derrière le déco du Dzum (le petit point blanc en bas à gauche).
Le vol du record parapente Nouvelle Calédonie du 3 décembre 2018
Au décollage du Dzumac
Nous voici une poignée de pilotes au décollage du Dzumac en ce début de semaine. Il y a avec nous Titouan Galéa qui débute le parapente, le vrai héros de l’histoire. Le parapente est tout neuf pour lui. Il doit avoir fait une vingtaine de vols solo au milieu de 400h de planeur et autant d’heures en avion. Déjà, pour son 2ème vol en ascendances thermiques, il s’était posé la veille vers Thio, soit environ 70 km.
En savoir plus sur ce nouveau pilote qui promet dans l’encadré à droite
On décolle vers 10h15, dans un cycle thermique généreux, les faces Est sont déjà bien chauffées. Titou me rejoint rapidement au-dessus des crêtes.
Départ avec Titou
– Km 2 : Les conditions paraissent déjà bien généreuses avec des thermiques bleus puissants. Je parais suréquipé avec mon OZONE Zeno, ma sellette cocon et mon cockpit.
Titou est à côté sans gant, avec son casque de kite et sa sellette qui flape au vent. Et sa vaillante NERVURES Valluna au-dessus de la tête. Hmmm, j’espère qu’il ne va pas se mettre en danger en essayant de suivre.
– Km 10 : Vers 1800m derrière le Mont Mou, tiens Titou est toujours là, il transite étonnamment bien….
– Km 30 : Au-dessus de Montagnat, un léger flux d’Est est sensible et le placement n’est pas vraiment habituel.
Je continue d’observer Titou qui est toujours exactement au bon endroit. Je me dis que je me fais peut-être du souci pour rien.
Le jeune pilote Titouan Galéa qui a fini derrière Xavier (10 km de moins)
Je suis vraiment heureux d’avoir partagé ça avec toi Xavier, et aussi content de ce vol optimisé jusqu’au bout de la journée. En plus dans un cadre sublime entre montagnes et lagon, dommage que ces conditions n’apparaissent pas plus souvent – Titouan
Kite surfer pro
Né il y a 21 ans à Koumac au nord du Caillou, Titouan Galea a la particularité d’être tombé depuis tout petit à la fois dans le lagon et dans le ciel calédonien. C’est un vrai passionné hyperactif qui a déjà cumulé des milliers d’heures de pratique sur l’eau et dans l’air (catamaran, kitesurf, aéromodélisme, vol à voile, etc), à très haut niveau. Il est actuellement dans le top 10 mondial en kite-foil, et en visite sur l’île entre deux étapes des « world tour ». Il aimerait être pilote de ligne un jour.
Le parapente est tout neuf pour lui
Il doit avoir fait une quinzaine de vols en solo dont 3 en thermique au gré de ses visites des deux dernières années, au milieu de 400 h de planeur et aussi d’heures en avion. Déjà, pour son 2ème vol en ascendances thermiques, il s’était posé la veille vers Thio, soit environ 70 km, la meilleure performance du jour !
Le plus surprenant, c’est la voile utilisée. Nous avons l’habitude de croire que seule les voiles de compétition sont capables de faire des records. Et là, c’est avec une ancienne voile débutant (Nervure Valluna, merci Gael Million, tu vois elle a une belle seconde vie ton aile !) et une veille sellette Supair Evo (merci Brice Noumea Paramoteur), un vario bip-bip et un vieux téléphone qui enregistre les traces GPS quand il en a envie. Difficile à croire pour n’importe quel pilote !
Point bas
– Km 50 : Vers Nassirah, je fais la transition classique et il y a très peu de brise à cet endroit pourtant habituellement toujours ventilé par la baie de Saint-Vincent. Je fais un point bas qui m’oblige presque à atterrir.
Titou, tel le bourdon qui ne devrait pas voler si bien (d’après les experts aérodynamiciens), passe 1000 m au-dessus de moi avec son petit vélo. Il s’est idéalement placé à l’Est des reliefs (bonne analyse), où personne ne vole d’habitude. La plaisanterie commence à être moins drôle, je m’imagine déjà manger mon cockpit de dépit, posé dans le champ en-dessous en le regardant continuer.
– Km 70 : Après s’être bien refait et avoir utilisé une belle rue de nuages jusqu’au-dessus du Mont Do, on transite vers La Foa. La conflu s’organise entre un flux météo léger de Nord-Est et la brise marine de secteur Sud. Pile-poil comme prévu. La moyenne n’est pas très bonne et je ne pense pas qu’un record soit possible même si le ciel est prometteur. Du coup, j’accélère peu, je n’ai pas envie de refaire une erreur de placement.
Le Titou s’accroche toujours, il n’est pas loin dans le rétro…
Titou rebondit
– Km 90 : On passe Farino et le Parc des Grandes Fougères avec du gaz, un confort inhabituel à cet endroit ! Titou finit quelques transitions un peu bas, mais il rebondit toujours dans le thermique suivant. A ce stade, je ne me fais plus de souci pour lui. J’essaie juste de le devancer.
– Km 120 : Après Bourail, on raccroche la Barre-en-Deux, j’ai assuré la transition, ce qui m’a valu d’être contré par du vent de Nord-Nord-Est.
Titou est plus bas à la ramasse mais il s’accroche. Il progresse assez vite grâce à une composante de vent arrière présente dans les basses couches.
– Km 150 : Traversée de la plaine de Poya en étant un peu contré en haut, puis poussé plus bas. Ouf, ça raccroche de l’autre côté, je ne vois plus Titou. Je l’appellerai tout à l’heure, il n’a pas de radio.
La chronologie du record parapente Nouvelle Calédonie en photos
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Plané final
– Km 165 : Record battu ! Le soleil couchant est brumeux, la fin est proche. C’est le plané final, avec la certitude que Koné (200 km) sera accessible une autre fois avec une meilleure moyenne de vitesse.
Posé au bord de la route vers Népoui autour de 17h à 175 km du Dzumac après 6h40 de vol, super content. Et Titou ? Au tél, il est dans son plané final, il posera 10 km derrière, incroyable. Si les loups ne le mangent pas, il fera d’autres exploits, c’est sûr !
Le retour
L’aventure du retour commence, avec le défi du stop, les gros sacs et la nuit qui tombe. Merci aux copains qui ont redescendu la voiture depuis le décollage, on la récupèrera demain. Retour à la case vers minuit après de belles rencontres, ça c’est une journée comme on les aime !
Xavier
Le record parapente Nouvelle Calédonie (2018)
Le vol du 27 novembre 2018
