Le vol de Mathis Ruhl et de Benoît Outters de Gréolières à Passy
Le 5 mai, Mathis Ruhl (BGD Cure) et Benoit Outters (Icepeak 7) décident de profiter d'un flux Sud Est pour tenter un vol jusqu'à Chamonix. Au programme : 12h : Dormillouse / 15h : Chamrousse / 18h : Chamonix. Partant du site Fourneuby dans les Alpes Maritîmes, Mathis achève son vol au fond d'une "vallée inconnue" (270 km). Quant à Benoît, il a atterri à Passy (285 km).
Le récit de Benoît
La distance libre reste pour moi la discipline ultime du parapente et cette longue remontée des Alpes m’a longtemps fait rêver. J’ai eu la chance de profiter du bon créneau météo et réaliser ce vol au départ de Gréolières-les-Neige (06) pour finir posé au pied du Mont-Blanc après 10h de vol. Toujours pas remis, je prends bien le temps de savourer ce vol…
Sorti de garde à 07h00, je file chercher ma voile, pas le temps de prendre un petit déj et je retrouve Mathis à Gréolières. Il y a une petite marche de 20 minutes pour accéder au décollage de Fourneuby, on en profite pour discuter des différentes options du jour. Une fois au décollage, j’annonce, “dans 3h Dormillouse, 6h Grenoble et 9h Chamonix”. L’objectif est fixé! Déjà 15-20 km/h d’ESE, pas de doute, on va partir tôt.
9h20, on se met en l’air, le plafond est bas et il est difficile de faire un vrai plein sur la crête de Bleyne, les thermiques sont couchés par le vent et je commence le vol par un bon point bas en me jetant sur la première transition. Heureusement, sur les Lattes, c’est bien allumé et je parviens enfin à m’extraire. Mathis est déjà loin…
La suite s’enchaîne sans difficultés jusqu’à Saint-André. En passant je devine les premières voiles sur la face Sud du Chalvet.
Arrivée au Tromas, là ça devient costaud! Le flux de Sud est bien marqué et le vario s’affole. Avec un peu plus de gaz, sur l’autoroute de la Blanche, le vol redevient plus confortable.
Au Morgon, le plaf pourrait me permettre de traverser directement sur les Aiguilles de Chabrières mais, par expérience, je préfère assurer en passant par le Mont Guillaume. Dans le thermique, je retrouve enfin Mathis. Moins de 4 heures de vol, les kilomètres s’enchaînent et le ciel bien allumé sur la suite du parcours m’encourage. C’est parti pour les Ecrins!
La remontée à l’Ouest du massif est atomique, vent fort et gros thermiques au programme. C’est même rassurant de croiser quelques ailes et partager quelques thermiques.
Après 6 heures de vol, toujours dans le timing. On quitte les Ecrins pour rejoindre la station de Chamrousse et le massif de Belledone.
En remontant Belledone, l’aérologie se calme et ce n’est pas pour me déplaire, j’ai laissé pas mal d’énergie sur la dernière partie du vol. Les basses couches ont l’air bien stables et je prends le temps de rester haut. J’en profite pour contempler les sommets encore bien enneigés.
Il est un peu plus de 18h00 quand j’arrive sur la Roche-Pourrie, ça remonte encore bien et je quitte le nuage à 2900 m direction le Signal de Bisanne.
Une fois dans la vallée d’Arve, un vent d’Est dégouline des faces Ouest, c’est en speed riding que je parviens à rejoindre Flumet. J’arrive bas mais la brise m’apporte l’énergie suffisante pour poursuivre le vol. J’apercois un pilote en train d’enrouler au moins 500 m au dessus. Ca me remotive et j’enroule patiemment tout ce qui traîne pour remonter la vallée.
Il est un peu plus de 19h00, le jour décline, et la vue sur le Mont-Blanc est incroyable. Presque 10 heures de vol, je prends vraiment le temps de savourer ce moment, il n’y a que le parapente qui procure cette sensation de plénitude. Une fois posé, je téléphone à Mathis, il est à moins de 10 km à vol d’oiseau mais dans une autre vallée. On partage notre joie, quel vol!
Après quelques coups de fil, j’ai le droit à une récup 4 étoiles. C’est Stéphane Boulanger qui vient me chercher et m’offre le gite et le couvert pour cette nuit. Une super soirée, encore Merci à lui est sa femme pour l’accueil !
Le vol de Mathis et de Benoît
Benoît quelques secondes avant le décollage
Après l’Oisan, le Taillefer, volià Chamrousse : 15h30, le pari tient toujours
Le récit de Mathis
Fourneuby, Jeudi 5 mai 2016
Une belle circulation d’air en sens horaire autour de l’arc alpin occidental ouvre la porte à ce vol façon X-Alps-le-retour. La veille au soir, un SMS de Benoît Outters annonce la couleur : “Tu voles demain?” Malgré la concision du message, il faut savoir lire entre les lignes et sachant que demain c’est jeudi férié avec un joli pont, le point d’interrogation en dit plus long qu’il n’y paraît… Sur le papier c’est jouable : le vent est à la limite du raisonnable et les émagrammes promettent de belles sensations.
Lire la suite du récit et des photos
Photos : Mathis Ruhl