Vols au départ d’Égreville avec Martin Morlet qui fait 230 km
Décollages treuillés “quixadesques” à Egreville puis vol de Régis Fouret
Récit du vol de Martin Morlet au départ d’Égreville – 230 km
La première journée de 2017 avec un potentiel de plus de 200 km
Un vent d’enthousiasme anime les discussions avec Guido et Fred depuis quelques jours. Contre vents et marées, nous pourrions enfin tenir la première journée de 2017 avec un potentiel de plus de 200 km. Légère inquiétude, la brise pourrait s’établir au-delà du raisonnable. Rapidement, je prends le parti d’un départ au treuil dans la zone la plus favorable aérologiquement. Jusqu’au dernier moment, nos compagnons de vol s’égrènent aux quatre coins de l’Ile de France, certains préférant par exemple Jeufosse à notre choix de filer avec le courant.
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Piste de treuil d’Égreville : nous nous préparons à la tempête
Photos : Propulsion
Sur place, vers 10h30, le vent est déjà semé, nous nous préparons donc à la tempête. Elle ne tarde pas à arriver sur nous quand il s’agit d’établir l’ordre de passage. En effet, on distingue déjà à l’horizon un tapis gris et uniforme qui ne donne qu’envie de partir au plus vite. Au cœur de la précipitation, les accalmies à 20km/h laissent place à de belles bourrasques proches des 40km/h.
Guido ouvre le bal de la trimballe, Régis manque de peu un décrochage dynamique, le treuil et le treuilleur se font secouer au gré des rafales, bref, ça tangue et ça roule. Profitant des derniers rayons de soleil, Guido et Régis (Fouret) navigueront grand largue en avant de la bâche, pendant que Fred et moi devront composer avec ce qu’il reste. Ayant oublié son cockpit, il se fera arracher son téléphone au largage, minant tout espoir de s’en sortir avec le reste des instruments de fortune que nous avons pu lui prêter. A la faveur d’une trouée, je me relance sur la verte mer agitée des blés qui mûrissent.
Plafond à 1500m, air peu agité à 40kmh, le vent arrière n’a jamais été aussi porteur au pays des chasseurs. Il y a d’ailleurs d’autres chasseurs dont je ferais bien de me préoccuper, car les zones d’Avord approchent. L’accord donné le matin suppose une veille en radio aéronautique. Vu le brouhaha sur la fréquence, je prends la peine de m’annoncer par sécurité. Grand bien m’en a pris, car le contrôle me prend aussitôt en charge, au milieu des India Bravo et autres Papa Charlie. L’autorisation est confirmée, et je continue sereinement vers la grande bleue, qui ne fait plus apparaître que quelques rares taches blanches.
Peu à peu, les coups de boutoir deviennent des coups de museau, le BlueFly descend d’un ton vers les +1. Je profite du spectacle en longeant les côtes de la Brenne, souvenir nostalgique des 400. Puis, comme calmé après avoir joué Borée, le flot me dépose doucement dans l’alizée poitevine. Le réchauffement est saisissant, et les ascendances n’y résisteront pas. Je jette l’ancre à Saint Pierre de Maillé, après 230 km à plus de 46 kmh de moyenne.
Enfin tous en l’air
Il s’agit d’abord d’assurer la flottaison, collé à la crasse à 1200m, rebondissant à coup de clapot thermique. Puis le ciel s’ouvre un peu, et chaque passage dans les rayons du soleil s’accompagne alors d’une giclée à +3, ce qui n’est pas pour déplaire à mon envie de rester proche des embruns de barbules. J’aperçois déjà la Loire quand le gris laisse place à un panaché blanc bleu.
Dans un sursaut de capitainerie, je reprends conscience de l’axe, de la moyenne, du vent au sol, de l’organisation de la masse d’air, et oriente ma fidèle Enzo sur un bel alignement en direction de la prochaine péripétie : la Sologne. Je m’attends à passer d’un air agité à fort, mais il n’en est rien. En regardant en bas, les bœufs ne sont pas décornés, tout va bien ! Même Régis, qui annonce en radio rafale à 50kmh sur les metars, ne m’ôte pas du sentiment quelque peu jouissif de voir défiler l’horizon à bord de ma frêle embarcation.
Encore merci à Eric, de Propulsion, qui nous a évité l’écueil au treuil, et à Julien, pour l’organisation à l’embarquement.
Récit du vol de Régis Fouret au départ d’Égreville – 71,50 km
Un jeudi sous surveillance, la journée très prometteuse se transforme petit à petit en une journée pas évidente.
Un flux de NE généralisé sera là mais la question de la nébulosité pose problème, le ciel pourrait être bien couvert voire bien trop mais l’instabilité et le vent seront là, ça se tente!
Les runs du mercredi s’affinent, la nébulosité est persistante mais je pense que ça sera bien plus sec qu’annoncé, le run AROME du soir me donne un peu raison.
Je m’oriente plus pour Jeufosse mais un coup de fil à un recordman de France me fait hésiter, le vent prévu pour le treuil chez Éric Guillon (école Propulsion) est juste le vent des grands jours, laissant espérer des vitesses moyennes de vol aux alentours des 50 km/h.
L’orientation est parfaite au départ d’Égreville pour pouvoir passer les zones d’Avord facilement sous la R20B4 au km 100 (plancher 1372m) et atteindre les zones de Cognac au km 250 (plancher 1006m, 914m pour les secteurs), ce qui pourrait être assez embêtant si les plafonds sont plus généreux qu’annoncés.
Je laisse finalement tomber l’option Jeufosse afin de tenter l’option Égreville bien plus inédite, est-il possible de s’extraire tôt au treuil en plaine française début avril avec tant de vent ? Si oui, et si l’instabilité est au rendez-vous avec une nébulosité correcte, alors le record d’avril pourrait tomber “facilement”.
Cela n’est pas sans risques notamment au point de vue de la nébulosité, on dispose d’un créneau d’1h30 pour s’extraire avant que le ciel ne se couvre trop.
L’image sat de 12h UTC soit 14h local, assez originale pour une grosse distance, c’est tout bâché sur Egreville !
Le matin, la fraîcheur est au rendez-vous, le ciel est d’un beau bleu bien lavé
Sur place, le vent est NE déjà bien établi, la piste est axée Nord, ça ira. Guido ouvrira le bal des treuillés, déco face voile avec prétension dans des rafales qui commencent à être consistantes : on revient vite voile dans le dos dès que ça gonfle.
Déco pêchu pour ma part avec un vent un peu trop travers, il me faudra bien redresser la voile sur la gauche car ça verrouillait un peu, merci Julien Burnod pour le start. Je fais entièrement confiance à Éric pour le treuillage tout se passe très bien. “Tu ne monteras pas vraiment plus haut” me dit Éric, il est temps de larguer à 430 m/sol.
Le ciel ne me plaît guère et je vais lutter pas mal pour ne pas plouffer. Un petit coup d’enroulade express au-dessus d’une ligne THT obligé ou je coulais, ouf je me refais à 650 m/sol. Le prochain thermique n’aura rien à voir, plus de 5 m/s en pointe et très large, plaf à plus de 1300m vers 12h local, plus généreux qu’annoncé en effet!
Le vent en l’air est bien celui annoncé par contre, 30 km/h un peu plus par moments. Je profite d’une belle rue jusqu’à la forêt d’Orléans puis arrivé sur la Loire je suis un peu beaucoup dans le doute, j’ai quelques beaux cums à l’Ouest mais je n’ai pas trop envie de me rapprocher des zones d’Orléans… D’autres cums à l’Est, ça paraît moins organisé mais l’idéal serait de raccrocher par là, me dis-je. Je tente cette option, pour ne faire au final qu’une lente chute ^^.
Je finis par trouver du débris mais j’arrive sur la mer de forêt : la Sologne. J’ai un alignement de beaux champs pour poser, dois-je enrouler et me laisser dériver sur la forêt ? Je tente 2 tours et je me dis que c’est trop risqué surtout dans mon état, quelques heures seulement de sommeil sur les deux dernières nuits, pas envie de faire un arbrissage.
Je sais pourtant qu’il ne faut pas se fier à cette apparence de mer de forêt que donne la Sologne lorsqu’on est bas, que la forêt est “gruyèrée” de petits étangs et champs et qu’on les voit dès qu’on prend un peu de hauteur mais ce n’est pas évident, le vent paraît limite pour ce jeu de pose dans la Sologne. Peu après avoir posé une méga rafale me dit que j’ai bien fait de ne pas trop insister!
J’envoie d’ailleurs un sms d’avertissement aux présents du jour, pour leur annoncer les rafales mesurées à Avord, 55 km/h, il faut faire attention pour ne pas arbrisser dans la Sologne!
Peu de temps après Martin vient me passer verticale 1000m et une magnifique rue se forme devant lui…
Un coup d’oeil au ciel et je me dis que j’ai quand même dû faire un gros foirage
Peu de temps après Martin vient me passer verticale 1000m et une magnifique rue se forme devant lui… Du coup, j’arrive tout de même à avoir un peu les boules, les 300km sont faisables.
Les images sats viennent confirmer la nébulosité sur Égreville, cependant c’était assez actif sous cette bâche de cumulus. Malheureusement, dans la dérive, la masse d’air se réchauffe et devient vite très bleue. Cognac ne sera pas atteint au final mais Martin sort un très beau +200km, Guido un 175 km avec une vitesse moyenne de vol impressionnante.
Une journée inédite au treuil en plaine française il me semble, le treuil dispose d’atouts considérables dans ces conditions, il rend possible le décollage alors que sur un site à relief les conditions seraient ingérables avec le venturi, il nous permet de prendre de l’altitude très rapidement et donc de limiter les risques près du sol, enfin il nous donne accès à suffisamment de hauteur pour pouvoir espérer attraper des thermiques exploitables.
6 treuillés lors de cette journée, 3 extractions ce n’est pas si mal, démonstration est faite qu’il est possible de profiter tôt d’une journée de ce type en début de saison au treuil! On peut espérer mieux encore, plus de plaf disons 2000m avec du vent vers 40 km/h à cette altitude, 30 km/h vers 1000m et soyons fou un vent suffisamment limité au sol pour voler sur un site à relief 😉 Peut-être un jour, en tout cas il ne faut pas trop se louper sur ce genre de journée.
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