Test NOVA Xénon : premières impressions de Frédéric, pilote “lambda”

Nova Xenon 17 : un mini gun pour les poids plumes

Francis, qui représente Nova en Alsace (novalsace.com), me confie avec sa gentillesse habituelle que la NOVA Xenon, sortie en 2021, mérite vraiment d’être mieux connue.

Revival d’un modèle mythique de 1995 – « l’une des ailes de compétition les plus abouties de l’époque » selon Toni Bender (1) – la nouvelle NOVA Xenon détonne dans la gamme : 2 lignes, 6.77 d’allongement, 3,175 kg.
Elle se positionne d’emblée dans ce groupe d’ailes de haute-couture dédiées au marche et vole : Niviuk Klimber 2, Advance OXA 3, Skywalk X-Alps 5, Phi Scala, Ozone Zeolite GT (Sup’Air et Little Cloud avaient montré la voie avec la Wild et la Gyps)…

Merci à NOVA de permettre aux maigrichons-nes de goûter aux délices de la performance : rares sont les constructeurs qui proposent leurs ailes D light aux gabarits légers : Niviuk et Skywalk sont aussi des exceptions avec des PTV max à 78 et 77 kg pour leurs plus petites tailles.

1- Toni Bender est l’un des fondateurs de Nova, avec Hermann Habe et Hannes Papesh, qui a créé Phi en 2017.

Par ailleurs, l’essai certifié “pilote lambda” peut sembler paradoxal : qu’est-ce qu’un pilote ordinaire viendrait faire sous cette aile de course (2) ? Mes références vacillent : j’ai bien volé avec des U-Sport 1 et 2, la Mini Mario de Little Cloud et deux Klimber 1, mais ça remonte à la nuit des temps.

Comment vais-je réagir avec ce gun autrichien ? Le surpilotage me guette ! Francis Nova n’aurait jamais dû me prêter cette machine de guerre ! Que vais-je devenir ? Shame on you pilote lambda, retourne dans ta B+ (3) !

2- Théo de Blic court la X-Alps sous la Xenon.
3- Je vole actuellement avec ce que j’appelle mon hyper B, la Rook Light 3 (777), vraiment ce qui se fait de mieux, à mon avis, dans cette catégorie.

Test de la NOVA Xenon 17m² par Fred Dradua –  (20,24 m² / PTV : 65-80 kg)

Les éléments techniques remarquables sont, dans l’ordre : immenses joncs Nitinol sur toute la corde, 65 cellules, élévateurs en sangles Kevlar de 8 mm, des barrettes de pilotage aux B en carbone dont la hauteur est réglable (astucieux !), un profil de requin, des renvois partout : c’est une aile innovante, notamment en ce qui concerne le système de freinage qui diminue marginalement l’envergure… Et c’est une deux lignes, Rhaaaa !

Alors, t’arrives au moins à la décoller cette NOVA Xenon ?

Après un après-midi au Ballon d’Alsace (reposé quand même au déco : « oui, mais c’est un gun, c’est normal »), ça s’ouvre au Treh (4) le jour suivant : léger ouest et petites bouffes.
Il est à peine midi, j’ai fait l’impasse sur l’apéro et j’aimerais bien avoir mon pote Jérôme à mes côtés sous son aile de géant, une Artik 6 en 27. Difficile à doubler, c’est une référence en matière de vitesse, le Speedy Gonzales du massif, bien que, physiquement, il n’ait rien à voir avec une souris à sombrero.

Conforme aux critères de la catégorie, il faut de l’énergie et de la précision pour lever la NOVA Xenon : autorité, recentrage immédiat, et c’est tout bon.
Je me retourne, charge la ventrale, bien penché en avant, et galope dans la pente : pas vraiment de prise en charge ni de sensation aux commandes, mais j’ai l’impression que ça suit tout là-haut, 7 m 22 au dessus de mon cerveau en ébullition.

Je m’allonge dans le hamac propice à la sieste signé Skywalk et une première chose me surprend : ça fonce tout en roulant pas mal. Rapide bras hauts – je suis à 40 et c’est une petite taille – mais avec beaucoup de roulis. Il faut dire que ça crépite de partout : thermiques hachés (+ 4 m/s) et confluences désorganisées. Je note indéniablement un très bon retour d’infos : l’aile communique précisément sur la dynamique de la masse d’air.

4- Le Treh est la Mecque du parapente dans le Grand-Est (Montmin au pays des Fleischsnackas).

De fait, la NOVA Xenon montre rapidement ses qualités de virage et de relance : je file sur la crête de droite et, arrivé au bout, commence à cercler. Le roulis s’est fait oublier, l’aile vire à plat, naturellement, avec une puissance de pur-sang !

La sensation aux commandes est particulière : de la progressivité, un chouïa d’inertie (5) et, en définitive, une bonne précision dans le placement. Beaucoup de garde aussi, mais ça me va, réglant toujours mes freins au plus long.

5- il s’agit pourtant d’une aile légère, mais cette impression de retard est peut-être due aux renvois du bord de fuite.

On accélère et ça dépote !!!

J’atteinds le plafond du jour (autour de 1 700 m), c’est le moment de bouger. Je pousse le premier barreau tout en posant les doigts sur les magnifiques barrettes en carbone qui ornent les arrières. L’aile bondit littéralement en avant, sans piquer : le pur-sang se transforme en léopard (6) ! L’écran affiche entre 45 et 48 km/h, je ne perds rien et survole le déco sud à 1 600 m QNH.

C’est parti pour une mini ballade : Treh Sud, village du Markstein, retour vers la ferme-auberge du Steinlebach, le Hahnenbrunnen en ligne de mire. Je suis toujours mi-accéléré, le premier barreau est hyper confortable, je n’ai fait qu’un seul virage aux arrières au dessus du parking, et je flirte encore avec le plafond.

Conséquence de mon statut de pilote lambda, un petit incident* m’oblige à reposer au déco; une formalité si l’on prend bien garde au flare monstrueux.

Je revolerai encore pour le fun, profitant jusqu’au bout de l’une des rares journées ensoleillées de ce début d’année.

6- aucune allusion à un modèle existant, qui ne joue d’ailleurs pas dans la même catégorie

Transition de fin

J’aurai passé 3 heures sous la NOVA Xenon dans des conditions un peu marginales qui ne m’auront pas permis d’exploiter tout son potentiel, mais celui-ci ne demande qu’à s’exprimer.

Il s’agit vraiment pour moi d’une aile de course, faite pour les très longs cross (c’est ma première deux lignes, et je suis bluffé à la fois par les performances et la facilité de pilotage). Le vol accéléré dégrade très peu et j’ai l’impression de pouvoir aller le plus loin possible (ça me rappelle beaucoup les sensations éprouvées sous l’Aircross Usport, l’effet paquebot en moins !).

On peut dès lors rendre hommage aux concepteurs de Nova qui ont inventé
de toutes pièces leur première deux lignes : grâce à eux, j’ai déjà un pied dans ce haut niveau devenu presque accessible au pilote lambda !

Fred Dradua, mars 2023

Pourquoi, en tant que “pilote lambda”, as-tu eu l’idée saugrenue d’essayer la NOVA Xenon ?

Pas si saugrenue… Je suis un pilote lambda avec une très longue expérience, j’ai fait mon premier stage chez Bouilloux en 1990 (avec Damien Bertrand et Laurent Souphanor). Sans cette expérience de la diversité des ailes, je ne me risquerais pas à essayer ce type de machine. Aussi parce que j’aime découvrir. Je suis sensible à l’innovation, un tantinet geek parapentesque. De ce point de vue, la NOVA Xenon se pose là !

J’ai une progression vraiment heurtée, je fais exprès de passer d’ailes faciles (type Masala 2), à des machines plus singulières (P-Light), voire plus extrêmes (Mini Mario, Klimber), quoique l’on puisse relativiser : la Klimber était bien sage, à part quelques cravates.

Mais il faut noter que je me fixe des limites : je n’irai pas me mettre sous une aile plus radicale comme la Peak 5 ou 6, la Gin Leopard, l’Ozone Zeno ou la 777 Gambit, je pense savoir où sont mes limites.

D’ailleurs, si ma prochaine aile en essai est la Skywalk X-Alps 5, c’est parce qu’on lui trouve une grande facilité et un pilotage on ne peut plus reposant (d’après ce qu’on dit, bien sûr, c’est à vérifier).

Données techniques

Matériaux

En savoir plus sur la NOVA Xenon sur le site du fabricant

Sources photos : NOVA et Fred Dradua