Saut à 8000 m, l’expérience exceptionnelle de Fabien Duperrier
Cela faisait deux ans que le parachutiste et parapentiste Fabien DUPERRIER pensait faire un saut hors norme : à 8000 m, l’altitude à laquelle les avions de ligne moyens courriers volent en croisière… Découvrez le récit de Xavier qui a partagé cette aventure exceptionnelle avec Fabien, Eric et Olivier.
Fabien Duperrier volant régulièrement dans la région de Samoens >
Fort de son expérience dans différents domaines (compétiteur vol relatif et free fly, recordman vol relatif, initiateur vol relatif), il réunit trois parachutistes désireux de toucher les cieux avec lui :
– Eric RENAULT, pompier à l’aéroport de Genève (1000 sauts)
– Olivier BOBLET, moniteur tamdem et gérant de Parachutisme 74 (4500 sauts)
– Xavier LABICHE, moniteur de ski à Megève (500 sauts)
Soutenu par ses sponsors (Cyprès 2, Dolycam…), il cherche une équipe avec le savoir-faire et l’expérience nécessaire à l’organisation de ce type de saut. Il se tourne alors vers Swissboogie, basée à l’aérodrome de Biel-Kappelen, entre Bienne et Neûchatel en Suisse allemande.
A la tête de cette entreprise familiale, Henri Schürch a été l’un des premiers à organiser des sauts à haute altitude au Népal. Secondé par le reste de sa famille, notamment par son petit-fils, Marc KRAUSE, Henri nous accueille et nous explique les spécificités de ce saut pas comme les autres.
“Tout d’abord, les autorisations aériennes pour ce type de saut est normalement réservé à l’armée. Ce jour-là, ce ne sera pas avant 18h. Ensuite, vient la vérification de notre matériel : les casques, masques de skis qui remplaceront nos lunettes habituelles et masques à oxygène avec bouteille.
L’ensemble de la panoplie comporte :
• la bouteille d’oxygène relativement compacte, d’un volume de 1L pressurisée à 200 bars comme en plongée
• le détendeur délivrant l’oxygène à différents débits (pour nous, 15L/min)
• le mélangeur qui nous permet de respirer l’air ambiant enrichi en oxygène
• le tout relié au masque à oxygène, fixé au casque via un système à
cliquets (type snowboard), afin qu’il soit bien plaqué au visage.
Nous découvrons les premières surprises. Les masques à oxygène qui nous font ressembler à Dark Vador, tant dans l’apparat que dans la voix, gênent la vue. Nous ne pouvons voir nos poignées de libération et de secours. Si un problème survient durant le saut, tout se fera à tâtons.
L’encombrement est notable ; on s’en rend compte à plusieurs moments :
• au sol avec le poids (+ 5 kg),
• dans l’avion, lorsqu’on se met en place ; on a vraiment l’impression d’aller faire de la plongée mais en l’air,
• en l’air, à plat surtout lorsqu’on effectue une dérive, cela freine significativement ; en freefly, le flux d’air est changé et nous force à corriger en permanence,
• sous voile, par le poids, on arrive plus vite au sol que d’habitude, et enfin par le manque de visibilité dû au masque à oxygène qui nous oblige à être vigilant à l’atterrissage.
La formule comporte trois sauts. Un saut fun à 4000 m, histoire de se réveiller un peu. Un saut de répétition à 4000 m pour lequel tout est mis en place
comme si on faisait le vrai ; cela permet de s’adapter au matériel. Et enfin, le grand saut.
Nous équipons nos casques en caméra pour l’occasion afin de ne pas perdre une miette de l’évènement. Il est 18h40 lorsqu’on nous donne l’ordre de nous équiper. La bouteille d’oxygène en premier, puis le parachute, le mélangeur, le casque, et pour finir le masque à oxygène fixé au casque.
C’est un spécialiste de l’encadrement pour ce type de saut, habitué à accompagner les parachutistes de l’Armée Suisse dans ses opérations, Bruno LANZ, qui vient nous équiper. Son sérieux et sa bonne humeur nous encourage à nous détendre un peu.
C’est lui qui nous accompagne tout au long de la montée pour s’assurer que le système fonctionne et que tout le monde réagit bien au fur et à mesure que nous montons, y compris le pilote.
Il nous installe un par un dans l’avion et nous connecte à l’oxygène à bord via des tubes flexibles, afin d’économiser la bouteille pendant la montée. Il viendra à plusieurs reprises durant la montée pour vérifier que tout va bien, tant le système que les hommes.
Notre avion est là ; il s’agit d’un Pilatus PC6T, spécialement équipé pour l’oxygène embarqué. L’option sur ce type d’avion coûte 170 000 euros.
Nous décollons, nous sommes calmes. Arrivés assez vite à l’altitude où nous sautons habituellement, la tension monte d’un cran. Le ciel est dégagé, quelques cumulus aus alentours. Nous passons les 5000 m, la montée se ralentit, on sent la diminution de pression, on respire plus vite, l’avion a plus de mal.
Passés les 6000 m, les altimètres analogiques atteignent leur limite. Les digitaux bloqueront à 7000 m. 8000 m Enjoy!”
Xavier Labiche
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