Impressions de Jean Vincent Ducrocq sur l’aile OZONE Enzo 2
Après avoir partagé ses impressions en essayant la NIVIUK Icepeak 8 en janvier, Jean Vincent a souhaité essayer l'OZONE Enzo 2 afin de pouvoir faire une comparaison entre ces 2 modèles d'ailes de compétition. Voici ses premières impressions...
Jean Vincent Ducrocq, 42 ans, architecte de profession est moniteur dans son école SPIRIT PARAPENTE et gérant de sa boutique. Ancien compétiteur, il a très vite arrêté pour s’occuper de sa famille et son boulot. C’est un pilote passionné par le matériel, par “les belles voiles comme un collectionneur de belle voiture. J’aime les voiles, pas pour faire des records, mais pour me laisser glisser dessous, que pour le plaisir!”. Il s’est inscrit cette année à la compétition marche et vol Bornes To fly.
Voilà la nouvelle voile qui est arrivée plus vite que prévue! Super je vais pouvoir comparer mes sensations entre les machines sans interruption! Je ne vais pas parler de performance pure, ce n’est pas le sujet, le but c’est de savoir si c’est du tout bon!!
L’OZONE Enzo 2 au sol
Premières impressions de l’OZONE Enzo 2 XS
C’est Ozone! Je n’en doute pas une seconde, rien ne me surprend, c’est tout de suite reconnaissable! A un détail!
Description
Les élévateurs, une nouvelle particularité pour les versions CCC… la poignée des arrières est devenue une barre en bois, et c’est génial!
– 1 ça donne un côté “montagne nature”…
– 2 ça marche carrément mieux que les seringues rouges!!!
Le limitateur (le truc que si tu pousses comme un âne, tu peux pas aller plus vite) me fait faire 2 remarques : au départ on ne voit que cela, ensuite, on s’y habitue et du coup on l’utilise pour voir rapidement où on en est sur le barreau… S’il est tendu, c’est pas la peine de pousser plus.
Une autre particularité, la hauteur des poulies.
C’est plus bas que d’habitude, c’est normal, c’est pour l’histoire du limitateur pour pouvoir piloter aux arrières. Donc, une chose à faire en premier, réduire de 8 cm votre réglage de base, sinon au premier vol… vous allez avoir la drisse molle, très molle.
Les poignées sont toujours les mêmes, bonnes tailles pour les gros gants, plus grandes que les Niviuk, parfaites.
La voile, à l’inverse de la NIVIUK Icepeak 8, c’est du jonc et rien que du jonc nylon, pas de nithynol, et on sent la différence de suite. Quand on déplie la voile, elle semble plus lourde sur l’ensemble alors que sa concurrente ne semblait lourde que du bord d’attaque. Pourtant sur la balance, l’OZONE Enzo 2 reste plus légère de pas grand-chose. La voile en XS est.. petite… c’est sûr… Déjà au sol, cela est remarquable.
Les suspentes de frein hautes sont en Dyneema pour gagner en solidité, on ne va pas regretter ce choix. Pour la partie des détails du bord de fuite, NIVIUK avait misé sur un anneau métal avec une grosse drisse dyneema assez propre, là, c’est un rappel dans un anneau en téflon massif avec sangle nylon, moins classieux, mais bon, l’idée c’est de faire le travail, et cela le fait très correctement, le bord de fuite freiné est très propre.
Le coussin de pliage de la voile est assez handicapant avec une sellette cocon light (je vole avec la lightness2 actuellement), mais pratique, multi-usage, par exemple pour poser ces genoux dessus au sol pour le pliage ou dormir! Une astuce, prendre une feuille de mousse type matelas camping ou gym, en faire un tube et y planquer une bouteille souple pleine (de rosé?), c’est devenu un thermos!
Encore la même remarque : pourquoi une voile de ce prix-là n’était-elle pas fournie avec un saucisse, et à sa taille (et j’ajouterais du coup à ces couleurs!!)? Surtout pour y caler le coussin (un truc bête mettre le coussin après le saucisse et non avant, c’est con mais je l’avais fait).
Le gonflage
Du zozone…. si l’on vient d’OZONE, c’est tout pareil… Leur style à 100%, peut-être moins de shoot qu’avant mais cela reste leur type de gonflage particulier ou parfois c’est génial et parfois c’est l’enfer… On ne sait pas pourquoi la voile se met en papier de cigarette (se plie en 2 par les B), le fait d’avoir un jonc sur toute la corde est un peu embêtant, quand la voile prend l’air (une bulle rampante), c’est une grosse plaque qui se retourne et qui ne reviendra pas sans une intervention humaine ou l’aide d’une superbe moquette pour pouvoir faire le bourrin (impossible dans les Alp’Sud!)
Bref, une voile qui demande l’habitude avec ces machines pour la gonfler, mais sans surprise, une meilleure sensation de la pression des bouts d’ailes que sur une R11 ou autre NH de la marque (ou Enzo 1). Elle monte avec moins d’énergie demandée que la NIVIUK Icepeak 8 vu que le poids reste mieux réparti sur la voile et non sur le bord d’attaque.
Prise en charge remarquable… enfin, bon, comment arriver à trouver un défaut avec une machine pareille! Une fois au-dessus de la tête, ça plane dès le premier mètre, mais je n’ai pas essayé de le faire sans tempo non plus
L’OZONE Enzo 2 en l’air
Le virage
On retrouve OZONE. Je m’attendais à une machine plus rigide, plus raide, quand je regardais les OZONE Enzo 2 et ma OZONE R11, j’aimais le mouvement de serpent de ma R11, et trouvais visuellement l’Enzo plus comme “une planche à repasser”… et bien pas du tout, ça vie juste ce qu’il faut, ce n’est pas du tout une poutre!
Une voile vivante mais sans trop l’effet parasite d’élasticité et avec a un rendu assez agressif (n’oublions pas que c’est une XS en 20.3m² pour PTV 93!!) de la masse d’air.
Le virage se remet à plat plus rapidement, il y rentre aussi avec plus de roulis, bref, la voûte est là! La relance avec le frein extérieur est très rapide, on est plus sur un pilotage avec du rappel donc virage dynamique qu’avec la NIVIUK Icepeak 8 qui était très neutre et plus lisse (plus plate). On retrouve les choix de conception sur la forme dans le pilotage.
Le thermique
L’aile ne mord pas du tout comme sur la NIVIUK Icepeak 8 sur le thermique, il est mordant dans une demi-aile, mais l’autre restant solidaire (pas d’effet de cassure entre les 2), ça mord un peu “en lacet”. Il n’y a pas cette même particularité de “mordre en montant” que j’avais trouvée chez l’IP8, mais après avoir repris mes repères (j’étais à la rue au premier vol où c’était particulièrement “spécial” dans le jargon du club très policé), ça monte super bien. Il faut un peut plus travailler avec le contrôle de l’aile extérieure (mais Maître Luc m’a donné son conseil qui pour moi a été une révélation. Merci! Heuu… je le garde au fait) pour stabiliser son axe de roulis quand on se fait taper dessus.
Pour les premiers vols (sauf le premier…) je suis séduit, l’aile est vraiment plus stable qu’une R11 en montée, on ressent très bien la masse d’air et ses différences de pression. Facile à conduire!
L’accélérateur
Une formalité.. Une fois à la bonne longueur, c’est super… Je vole à 65 km/h (sonde Pitot Flymaster: TAS) environ sous la machine avec un plané carrément bon. La machine se pousse sans difficulté très vite, une prise en main très rapide, le travail de changement de hauteur des poulies permet un travail aux arrières très efficace.
Un vrai plaisir de la pousser, nulle doute la plus agréable dans ce domaine que j’ai eu le plaisir de piloter, elle est particulièrement très agréable entre 1/2 et 2/3 (en fait 2/3..). Je crois que je n’ai pas volé avec en ligne droite en dessous de moitié de la course maxi!). Mon accélérateur est assez court du coup et je pousse allègrement tout de suite à ½. En cas de masse d’air turbulente… on pousse et hop, la voile se fige, ne bouge plus et se met à planer… planer…
Pas physique, on peut le maintenir, voire même oublier de le lâcher. La voile glisse littéralement, et quand on lâche le barreau, une jolie ressource!
Face à une autre OZONE Enzo 2 d’une taille supérieure, la différence est très faible mais il semble rester une différence, difficile à dire, dès que l’on décroche du même filet d’air, la moindre turbulence en plus ou en moins efface toute velléité de vouloir comparer sur un grand glide.
Descente rapide
Mais pourquoi descendre!!! Rien de spécial non plus sur cette voile, elle tourne très facilement sur son axe de roulis donc la mise en œuvre d’une descente rapide est facile, ne pas y aller trop fort non plus, ça tourne vite! Le rappel pendulaire est un peu plus marqué que sur une R11 mais assez évidente à gérer. Personnellement, j’utilise la sortie ¼ de tour extérieur pour une dissipation rapide sans la prise de traînée, il faut y croire pour la sortie chandelle mais ça marche très bien avec ce type de voile (et les autres aussi).
Les oreilles
Ben… il faut lire le manuel: C’est possible! Mais c’est pas bien.. mais c’est possible! Mais… bon, on passe..
Le posé
Avec la OZONE Enzo 2 XS à fond de charge… ça flaire! Il faut être prêt à faire un effort sur ses marges pour être précis mais ça marche super bien. Je n’ai pas essayé les trop basses vitesses mais au caractère assez “OZONE”, je ne serais pas étonné de trouver une voile très proche des autres Ozones. On peut pomper, déjà, c’est efficace (mais je trouve ça moche le pompage).
Le bilan
Ok, j’avoue…. J’ai adoré la machine même si je suis passé complétement à côté d’un superbe vol tellement j’étais bien sous la machine, en oubliant qu’il faut quand même faire le plein. Sous la NIVIUK Iceapeak 8, je trouvais le thermique plus fluide, moins en relance, là il faut trouver sa position pour tenir son bout d’aile extérieure qui a furieusement envie d’accélérer, mais une fois trouvée sa position, ça tient bien l’axe et l’information est très fine, très précise.
Mais voilà, la montée en thermique semble aussi exemplaire avec juste 20.3m² que les 22m², la voile joueuse, le plané et la tenue de la voile accélérée excellente…
Maitre Luc m’a dit “fait gaffe ça ferme quand même!”… et c’est vrai que sur mon dernier vol, j’ai dû me forcer à ne pas pousser à plus des 2/3 alors à 50m sol pour me sortir un plat arboré de sapin. La vitesse maxi est complétement exploitable, voire, on a envie d’y être tout le temps, on ne perd pas (trop) d’informations sur la masse d’air mais il faut être très à l’écoute car rater un thermique à 65km/h c’est très facile!
Ouf, le coussin de pliage n’est pas obligatoire (après un autre conseil de MC.luc) si on ne garde pas la voile en plein soleil ou à la chaleur, en gros l’hiver ce n’est pas important, les joncs ne se déforment qu’avec la chaleur.