Partir en voyage avec un sac léger : SUP’AIR Eiko et Radical 3
La SUP’AIR Eiko est conçue sur la même base que la voile d’entrée de gamme EN A Eona, mais elle est plus tendue, en matériaux plus légers et de surface moindre. Elle est homologuée EN B et se décline en 2 tailles 20 m² et 23 m² avec des PTV respectivement de 50 à 80 kg et de 65 à 100 kg. Avec 2,45 kg pour la taille 20 m² et 2,75 kg pour la 23 m², la SUPAIR Eiko offre l’un des meilleurs rapport poids/efficacité du marché vol rando. SUP’AIR recommande d’utiliser en sellette l’Everest 3 ou la Radical 3 (630 g) sellette à cuissardes à laquelle on peut ajouter un sac airbag réversible (960 g en option).
Taille utilisée : 23 m² – PTV : 80 kg environ
Sellettes : SUP’AIR Radical 3 – Kortel Kuik 2 cocon
Sites : Sopélana et Zarautz (pays basque espagnol), Douelle (Lot), Rosnoen (Finistère), côte Bretagne Sud
Petite vidéo de 3 mn des vols à Douelle et en Bretagne Sud
Préparation au sol
Arriver sur un déco avec un sac aussi léger et peu encombrant surprend à chaque fois les pilotes aux alentours. Nombreux sont ceux qui viennent palper le tissu de l’intrados très fin (27 g) donnant une impression de grande fragilité, de “papier de cigarette”. L’extrados est en tissu Porcher Skytex 27g et le bord d’attaque en 32 g. Les suspentes hautes et intermédiaires sont en liros et, chose étonnante, n’ont pas tendance à s’emmêler comme sur mon aile light habituelle (en elderid). Les supentes basses quant à elles sont gainées et en elderid. Les élévateurs lights sont en dynema. Grâce à ces matériaux, l’Eiko affiche un poids extraordinaire de 2,75 kg pour la taille 23 !
Sur mon modèle, j’avais l’option avec les élévateurs en dynema et les connections suspentes-élévateurs en maillons souples “soft link”. Les premières fois, j’ai rencontré quelques difficultés pour connecter correctement les élévateurs dans le bon sens sur le mousqueton de la sellette. En effet, ils sont souples donc plus difficiles à repérer (habitué aux élévateurs classiques épais, plats et facilement identifiables par les couleurs). C’est un des systèmes d’élévateurs le plus simple que j’ai vu. De même, j’ai rencontré des difficultés au début pour connecter correctement les crocs fendus de l’accélérateur.
Cliquez sur les photos pour visionner le diaporama >
Le gonflage et le décollage
C’est certainement un des points forts de cette voile. En effet, j’ai pu la tester dans de nombreuses conditions. Sans vent, elle s’élève sans aucune difficulté. Avec une petite brise, c’est un jeu d’enfant. J’ai surtout apprécié son comportement très sain par vent fort : elle est étonnante, ne présentant aucune tendance à l’arrachement.
J’ai pu la tester par vent fort à Sopelana (pays basque espagnol). Lorsque je suis arrivé au décollage, il n’y avait aucune aile solo, seulement des pilotes à enchaîner des baptêmes. La brise était régulière mais plutôt forte. Les biplaceurs gonflaient en cobra et certains avec assistance. Au déco, je n’étais pas très fier avec mon aile au sol avec les plumes se rebiffant de part et d’autre. Pas encore très doué avec la technique du cobra, je l’ai levé avec un seul élévateur. Après un bref contrôle de la voile, sans être arraché, je me suis retourné, bien penché en avant, en appui sur la ventrale, les bras en arrière (technique du Chicken run) essayant tant bien que mal de m’éloigner du relief. Sa bonne pénétration dans l’air est un bon atout pour décoller par vent fort.
Aucune tendance au dépassement, au contraire, il faut même la contrôler pour la garder au-dessus de la tête à tel point qu’en face voile, il faut bien s’incliner en arrière pendant le retournement.
Le site de Rosnoën surplombe l’Aulne. En arrière plan, le Menez Hom, LE site breton par excellence.
En l’air
J’ai volé sur plusieurs sites en soaring à Zarautz et à Sopelana (Espagne), sur la côte en Bretagne Sud. En thermique, c’était à Douelle (Lot) et à Rosnoën (Finistère). Ces plusieurs vols m’ont donné l’occasion d’apprécier le comportement du matériel en air calme ou en air un peu turbulent.
En soaring
Ayant volé avec d’autres pilotes sur plusieurs sites en bord de mer, la SUP’AIR Eiko ne figurait pas parmi les ailes au meilleur plané. Normal, cette aile, version de l’aile EN A, n’est pas conçue pour rivaliser avec des ailes intermédiaires présentant une meilleure finesse. Toutefois, on prend beaucoup de plaisir à envoyer des virages. Sur le site bien alimenté de Sopelana, je me suis amusé pendant une heure entre les biplaces à faire des virages engagés et des petits 360. La voile est très saine avec un pilotage qui devient plus précis en milieu de course. En effet, le virage est peu engagé au début de la course aux commandes, mais dès qu’on dépasse la dizaine de centimètres, l’aile envoie tout de suite (surprenant au début). Du fait de sa fabrication en tissu léger, l’aile est très amortie sans devoir faire de véritables corrections en tangage ou roulis.
En soaring sur la côte sauvage en Bretagne Sud
En thermique
J’ai effectué 2 vols à Douelle en plein après-midi du mois d’août avec des pilotes locaux habitués du site et volant avec des ailes EN B, C ou D. Mon premier vol a été un bide, étant incapable d’enrouler correctement les premiers thermiques. Ayant plutôt gardé les mêmes habitudes de pilotage que sur mon aile actuelle, je me suis fait sortir plusieurs fois des premiers thermiques de la journée. En effet, je suis plutôt du genre à me pencher mais à privilégier le virage à plat aux commandes pour optimiser (l’habitude des petits varios de Bretagne).
Une fois au sol, après avoir replié mon aile, aucune opportunité de navette, donc contraint de remonter à pied sous le soleil avec plus de 30°C en température ambiante (1 demie heure de marche). J’ai, du coup, bien apprécié d’avoir un sac qui ne dépassait pas les 7 kg avec secours, casque, radio et une grande bouteille d’eau.
Pour le 2è vol, plus un pet de vent au déco. Dur pour un breton peu habitué à ces conditions sans vent et qui ne sait plus décoller dos voile. J’ai attendu, attendu une petite brise mais rien. Concentré dans ma quête à la petite brise, j’en avais oublié que cette aile était un as du gonflage sans vent ! Face voile et hop en l’air. Cette fois, j’ai adapté mon pilotage avec des virages plus engagés pour rester au plus près du noyau du thermique et ça a marché.
Il est important de freiner l’aile extérieure afin d’optimiser le taux de chute en virage sinon elle a tendance à glisser dans le virage. De plus, tenir le côté extérieur permet de garder une marge d’accélération. Si on manque de vitesse de rotation, on relève temporairement la main. Une fois la technique trouvée, j’ai enroulé, restant jusqu’au plus haut des thermiques. Mon vol s’est déroulé le plus souvent en voyant les extrados des autres ailes en l’air. J’ai été surpris plusieurs fois en attendant mon aile ” flapper” sans réussir à voir ce qui pouvait “clapoter”. J’ai fini par comprendre que l’aile construite en tissu léger a une petite tendance à claquer un peu dans les passages un peu turbulents.
Ne cherchant pas à m’éloigner du site (impératif familial), je me suis amusé à revenir devant le déco à la chasse aux nouveaux thermiques. L’aile communique plutôt bien pour une aile de début de catégorie B. Il est facile de repérer d’où vient le thermique et d’engager un virage en enfonçant bien la commande et avec un bon appui sellette. La sellette, tiens parlons-en…
La combinaison aile Eiko et sellette Radical 3
J’ai effectué tous mes vols avec la sellette Radical sauf un. Ce qui m’a permis de prendre conscience de l’importance de l’association entre une aile et une sellette. En effet, sur le site de Rosnoen, j’ai pu comparer enchaînant 2 vols successifs avec ma sellette cocon Kortel Kuik, le premier avec une OZONE Swift 4 puis l’autre avec la SUP’AIR Eiko. Le premier vol avec la Swift m’a emmené tout de suite au plaf après quelques thermiques attrapés au passage, voguant le plus souvent aux dessus des autres ailes en l’air dans une masse d’air un peu agité sans plus. A peine atterri, j’ai aussitôt connecté la Kuik à l’Eiko. Un gonflage et décollage parfait (pas gagné sur ce site au déco très vertical qui voit très souvent des sketches) mais, très vite, j’ai senti une instabilité sans comprendre réellement pourquoi. J’ai, par confort, resserré ma ventrale, ce qui n’a rien arrangé pour visser les thermiques. La Kuik ayant les points d’attaches plus bas, j’avais du mal à comprendre cette différence de comportement. Je ne l’explique toujours pas d’ailleurs (aérologie différente, PTV plus lourd,…).
En bref, après plusieurs vols réalisé en soaring et en thermique, la combinaison Eiko et Radical 3 s’accorde parfaitement pour le pilotage en air calme ou turbulent.
Cliquez sur les photos pour visionner le diaporama
Performances
Sur le site de Rosnoen, j’ai pu comparer sa vitesse et son plané avec une aile intermédiaire perf EN B+ (OZONE Swift 4). Volant côte à côte pendant plusieurs minutes, l’Eiko perdait progressivement un peu de hauteur mais elle s’est maintenu quasiment au même niveau en distance.
Sur les sites en soaring, il était difficile pour moi de naviguer au dessus des autres. L’Eiko, voile montagne, version light déclinée de l’Eona, s’en sort pas trop mal en terme de performances.
Les oreilles et l’atterrissage
J’ai utilisé 2 fois les oreilles pour terminer mon vol. La première fois à Sopelana pour atterrir au déco à cause de la brise devenue trop forte pour continuer de voler avec plaisir mais aussi par anticipation avant de partir en arrière à cause du vent devenant de plus en plus fort (interdiction d’atterrir sur la plage). L’autre fois parce que la masse d’air près du sol me semblait turbulente*. A chaque fois, j’ai relâché les oreilles à quelques mètres du sol ; elles se sont rouvertes sans délai et sans autre geste particulier. Sa bonne vitesse permet de faire des atterrissages parfaits en prenant soin de bien enfoncer les commandes le moment venu.
* Pour réduire le risque de fermeture en zone très turbulente, on m’a appris qu’il était conseillé de faire les oreilles pour stabiliser la voile
Passage des sangles pour le secours et fixation de l’air bag