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Rejoindre en kite le cratère du Nunavik pour le survoler en parapente (Québec)

Rejoindre en kite le cratère du Nunavik pour le survoler en parapente (Québec)

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Survoler l’œil de cristal du Nunavik en parapente, un vieux rêve de Benoît de plus de 20 ans

Benoît Tremblay, 62 ans, responsable de Concept Air Kite, revient d’une grande aventure en solitaire dans le Nord du Québec, ayant parcouru 350 km en ski-kite pour rejoindre et survoler en parapente « l’œil de cristal du Nunavik », un cratère météorotique vieux de 1,4 million d’années.

Ce cratère unique au monde, avec une eau limpide, situé dans le parc national de Pingaluit, Benoît l’avait découvert en photo 20 ans auparavant dans une revue genre National Géographic. Il ne connaissait pas son existence à l’époque. Il se trouve dans à l’extrême Nord dans un coin très isolé à 120 km d’un village Inuit nommé Kangiqsujuaq. Après de nombreuses expéditions autour de grands lacs dans les années qui ont suivi, ce projet, toujours dans un coin de sa tête, lui est apparu enfin réalisable… Mais une fois arrivé sur place, les conditions de vol ont été scabreuses. Heureusement, le dernier jour, il a pu réaliser de beaux petits vols…

Benoît Tremblay

Voler au cratère des Pingualuit, un vieux rêve de 20 ans que Benoît Tremblay réalise enfin

Lorsqu’il a découvert le cratère dans une revue il y a 20 ans ((3,44 km de diamètre et 163m à son point le plus haut), il n’avait encore jamais fait de bivouac : “Je n’avais jamais fait de camping mais je m’y suis mis. J’ai fait plusieurs expéditions dont quelques unes assez particulières comme celle avec ma femme (bonne rideuse d’hiver) et notre fille qui avait 6 mois  (nourrie au sein – pratique !). On a fait une ride de 10 jours de 300 km en 2005 sur le grand Lac Mistassinni (160 Km de long). Par la suite, nous avons fait avec mon garçon à peu près le même séjour sur un autre site intéressant le cratère “Manic 5”, un tour de 300 km. Arnaud avait 1 an et demi et Émilie 3 ans et demi, 10 jours incroyables à rider au rythme des enfants. Et on en a fait d’autres ensuite avec eux l’été ou l’hiver pendant des années”.

Toutes ces expéditions le rapprochaient du cratère lointain qui sommeillait dans sa tête. Une photo sur son écran et une autre sur le frigo le lui rappelaient tous les jours : “Cette année, le glas a sonné, il faut y aller, le sablier coule et je sens que ce sera plus dur si j’attends encore”. Avant de programmer son expédition, Benoit s’est entrainé sur 3 expéditions à des froids assez denses (-31°) sur le Fjord du Saguenay : “des vents violents et tout ce qui faut pour tester la chose”. Il programme son expédition pour le vendredi 13 avril avec un retour pour le 25 : “Un peu trop court, trop confiant de ma ride sur le Manic 5, je me suis dit en 3 jours max, je serai au cratère et j’y passerai 5 à 6 jours. Mais cela a en fait pris plus de jours pour m’y rendre”.

Ce fut très physique mais belles intensités

Après plusieurs heures passées dans un avion “Air INUIT” qui fait tous les petits villages du Nord du parc du Nunavik, il arrive au village Inuit nommé Kangiqsujuaq, son point de départ. “Ils ont créé un parc dans lequel ils amènent des touristes en motoneige pour faire ski de rando, raquette ou autres d’activités (pêche sur la glace, kite, observation de la faune et boire l’eau la plus pure de la planète)”.

Il ridait de 6 h à 17h mais était en action jusqu’a 20h pour monter le campement et faire le repas : “Ce fut très physique mais belles intensités, de belles rencontres avec le peuple Inuit”. Une fois arrivé sur place, comme pour tout grand rêve qui se réalise, c’est la grande joie : “c’est encore plus beau que je ne l’avais imaginé“.
Rapidement, il a tenté de voler sur le cratère du côté où il avait installé son campement prêt pour le retour : “Les vents sont favorables NO à SO. Pour aller de l’autre coté, il aurait fallu amener mon barda pour des raisons de sécurité. Les vents sont restés NO et soufflaient trop fort. Le lendemain, pas de vent jusqu’au soir. A 20h, j’ai réussi à faire un premier petit vol qui s’est avéré un long slide (je n’avais pas décollé au bon endroit). Le lendemain, le vent était trop fort . A voir passer les nuages (100m au dessus du décollage, 30 à 40 km/h au déco), cela donnait la trouille et, tout seul, ce n’était surtout pas le moment qu’il m’arrive quelque chose.

Les conditions pour voler sont difficiles

Il a décidé de poursuivre l’exploration sur les crêtes avec son badin pour analyser le vent : “Comme je ne pensais plus, j’ai quitté le point central du vent. Il avait tendance à tourner et à se placer le long du relief. Je suis donc revenu au centre, j’ai attendu un peu et j’ai tenté un décollage quand le vent a faibli un peu. J’ai tout de suite collé au plafond, le nuage ne cessait de me vouloir avec lui. Je me suis éloigné du relief, allant très loin devant. Ma caméra était morte de froid. Je suis revenu me poser après une belle heure à taquiner le nuage qui s’est mis à me descendre dessus. J’y ai fait 5 ou 6 vols dont le dernier avec le nuage devenu agressif et je n’avais pas tant de vitesse. Je me suis fait aspirer et j’ai rapidement fait les oreilles + accélérateur. Il était urgent d’atterrir. Je me suis posé, et 10 minutes après, le nuage s’est écrasé sur la planète. Je suis retourné à la tente dans la poisse. Heureusement, je n’avais qu’à suivre le rebord extérieur du cratère pour retrouver mon campement”.

Dernier jour, enfin de bonnes conditions mais il faut partir

Le dernier jour, il devait partir vers 11h. Il s’est levé  tôt pour se rendre une dernière fois sur le spot : “Le vent était léger mais pas si mal pour faire 4 ou 5 vols de 5 à 15 minutes en me reposant sur la crête entre deux monticules de roches. Les conditions sont devenues très bonnes vers midi mais là j’avais une heure de retard sur mon programme. C’était mon dernier vol. Quand je suis passé au dessus de la crête, gros soleil, ça montait et je sentais, avec le coeur brisé, que ce serait bien de continuer mais trop tard, je devais partir. J’ai longé ainsi la crête pour marcher le moins possible. J’ai atterri près d’un groupe de touristes un peu ébahis par ma présence en ce lieu isolé”.

Le retour

Le retour s’est fait en 2 jours et demi avec des vents presque toujours portants, parfois très puissants : “Je devais affaler mon kite car les vents montaient parfois jusqu’a 50 noeuds. Une marche de 8km le dernier jour pour me refaire et un 25 km avec un vent de face“.

Au final, cette expédition a été une très belle expérience mais Benoît précise qu’il n’y avait pas trop de place à l’erreur : “J’étais toujours à l’affut de l’erreur qui te guette : le terrain, le vent, le blizzard et les ours polaires. Le premier soir, j’étais à 25 Km du village en train de monter mon campement. Un Inuit est arrivé en motoneige armé de sa carabine en bandoulière me demandant si j’avais un gun. Je lui ai répondu que non. Il m’a dit qu’il y avait un ours polaire ici hier et il est reparti en me souhaitant  bonne nuit !  Je me sentais un peu seul dans cette univers tout blanc ! Ah, Ah !”.

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Le portrait de Benoit : vol libre, voilerie et kite

Benoît a commencé le delta dans le début des années 80 : “J‘étais instructeur au premier jour puisque j’étais le seul des trois copains qui avait un livre sur le vol libre en delta et on venait d’acheter 3 vieilles ailes d’un shop qui fermait ses portes. Ah, ah on a cassé du bois !”

Il a commencé le parapente en 1988 avec Michel Jardin à Samoens : “Je suis resté quelques mois en France, en Haute-Savoie et un mois en Alsace où j’ai bien connu Heniu Dyduch (et qui est encore un bon copain) qui avait l’Atelier de la glisse (ADG) à Strasbourg et qui est devenu boss chez ITV, jusqu’à dernièrement“.

Il est devenu “Atelier de la glisse” à Québec et revendeur pour ADG, puis par la suite pour Nova et importateur Gradient au Canada : “A cette époque, j’avais ouvert une école en autodidacte. Pendant 10 ans, j’ai formé pas mal de monde. Chaque année, je revenais au Grand Bornand en automne avec des élèves ou des jeunes pilotes pour les guider sur les sites de vol et le soir dans les auberges. Mais l’hiver est long et on n’arrivait pas à survivre avec notre école, alors, avec un copain, on a acheté une petite voilerie (réparation et entretien de voiles pour bateau, planche à voile , parapente et delta).

Il a commencé à fabriquer des kites avec une corde au début qu’il accrochait à sa ceinture pour descendre dans le fjord du Saguenay en ski de fond en hiver sur la glace puis 2 cordes et 4 cordes : “Je n’ai jamais cessé d’innover depuis ! En l’an 2000, nous étions 14 à l’atelier et avons produit 1200 kites que l’on vendait dans 23 pays !

Il a continué à réparer toutes sortes de voiles ayant parfois des projets spéciaux : “En 1997, nous étions une des premières compagnies au monde à offrir des kites a caissons fermés pour le kitesurf”.

Benoit a volé quelques années en ULM et en paramoteur mais il n’a jamais cessé le vol libre, pratiquant sur un petit site près de sa maison avec même un décollage derrière l’atelier pour les vérifications pré-vol des voiles qui ont subi un grave traumatisme : ” J’ai gagné quelques championnats mondiaux de voile sur glace avec mes voiles, la Wissa Race, une des plus vieilles courses de voiles sur glace au monde qui a encore lieu chaque année pour le parapente“.

La passion kite me fait vibrer à fond. J’adore créer de nouveaux jouets. Le foil a redonné de l’essor aux voiles à caissons.

“J’adore toutes les types d’activités du parapente mais j’ai peu l’occasion de faire des vols  en thermique et de la distance. Ici, on vit dans la forêt. On a des dunes à Tadoussac à 1 heure de route et plusieurs petits sites de vols. Le seul coin montagne a un dénivelé de 580m où j’ai fait quelques cross “engagés” faisant une vingtaine de kilomètres et me posant souvent en cata sur une route forestière”.

ROCK THE OUTDOOR, la culture parapente

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