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Conseils de Nicolas pour préparer sa saison de compétition

Conseils de Nicolas pour préparer sa saison de compétition

Nicolas Rovira (47è CFD) est un parapentiste passionné qui pratique le parapente depuis 1992. Il est instructeur montagne et parapente à l'école militaire de haute montagne. Compétiteur depuis 2008, il est également passionné de montagne (il rentre dans un cursus dejeps). Avec son cursus plutôt orienté sur l'entraînement et la performance, l'article qu'il nous propose ici marque le début d'une démarche de démocratisation des outils de la performance*.
Ces conseils apparaissent aussi sur le site web volibrement.wix.com/paragliding-training

Préparer sa saison de compétition

(Distance, cross, marche et vol, voltige)

La saison des cross et des compétitions est terminée et déjà les suspentes nous démangent. On regarde avec envie le calendrier des compétitions qui s’étoffe en se disant qu’en 2016, on fera mieux. Alors comment aborder la nouvelle saison, que faire pendant les quelques mois qui nous séparent de la première épreuve pour ne pas perdre son temps et être performant dès le début de saison.
Voici donc quelques pistes de travail et quelques outils, assez facilement utilisables par nous “pilotes de compet amateurs” pour être un peu plus performant.
Retrouvez en fin d’article une proposition d’outils (livres, tests, documents, logiciels…) qui permettront de l’approfondir ou de l’exploiter.

Définir des objectifs

Comme on devrait le faire pour chaque vol réalisé (plouf, cross ou manche de compétition), il est important de définir et de formuler des objectifs à court, moyens et long terme, les premiers pouvant être des objectifs intermédiaires à la réalisation de ceux à long terme.

Selon les critères de psychologie, il existe 3 types d’objectifs :

Les objectifs de résultats

Exemple : “ je veux terminer 1er à la manche”.
Ces objectifs pointent vers un résultat ayant rapport aux autres, qui ne dépend donc pas directement du pilote mais d’un ensemble de facteurs dont la concurrence.

Les objectifs de performance

Exemple : “ je veux boucler toutes mes manches”
Ce type d’objectif dépend directement de nous, sans tenir compte des autres et sa réalisation est mesurable objectivement (dans cet exemple, on peut facilement dire si on a bouclé ou pas la manche).

Les objectifs de processus

Exemple : “ je veux améliorer mon relâchement”
Les objectifs de processus sont des attitudes ou des comportements à atteindre. Ces objectifs pointent plus vers des sensations, du ressenti, du mental ou ayant rapport avec la personnalité.

Voici maintenant quelques règles en ce qui concerne les objectifs que l’on se fixe.
Tout d’abord, ces objectifs doivent être formulés de manière positive. Ne jamais utiliser la négation dans leur formulation.
Ils doivent être mêlés, c’est à dire formulés conjointement systématiquement. En effet, en cas d’échec d’un objectifs,on parviendra à faire ressortir du positif sur un autre objectif et ainsi augmenter sa confiance et sa motivation.

Ainsi, il faudrait toujours formuler un objectif, même pour un vol balistique et si l’objectif est trop vaste, définir au moins un micro-objectifs pour le vol plouf que l’on va faire.

Quelques exemples (non exhaustifs bien sûr)

Obj. de résultat Obj. de performance Obj. de processus
Court terme -Terminer Xème à la manche.
-Toujours être le plus haut.
-Voler à X km/h la manche.
-Boucler la manche.
-Toujours voler avec un groupe.
-Travailler le relâchement, l’attention…
Moyen terme -Finir la compétition dans le top 5,10,20… -Utiliser le 3ème barreau.
-Boucler toutes mes manches.
-M’améliorer en thermique.
-Travailler mes déco face voile.
-Piloter aux B en transition.
Long terme -Rentrer dans le top 100 au classement permanent ou à la CFD.
-Atteindre le top 10 au classement régional…
-Obtenir une qualif PWCA
-Participer à la X-alps.
-Passer le BPJEPS.
-Battre le record du monde sur triangle de 200Km
-Acquérir les savoir-faire pour voler sous une CCC.

Attention: les objectifs de résultats doivent être pris avec le plus grand détachement et pourraient être secondaires. Y attacher une trop grande importance constituera une très forte frustration en cas d’échec.

Définir un calendrier

Prendre part à des compétitions est la raison d’être du compétiteur. Cependant, il est primordial que le calendrier adopté réponde aux contraintes, aux motivations et aux objectifs du pilote. Aussi voici quelques indications pour définir son calendrier.

Le calendrier doit :
– Tenir compte des contraintes du pilote (emploi du temps professionnel, emploi du temps familial, contraintes financières, classement et sélection…)
– Être en rapport avec les objectifs (on peut pas être champion du monde si on ne court pas en coupe du monde…).
– Faire ressortir des échéances et permettre ainsi de définir de nouveaux objectifs en vue de ces échéances. (“Je vais participer aux Natural Games ; je dois donc travailler le vol en thermique, l’optimisation des mes cheminements.”. “Je veux boucler l’AirTour, je dois donc connaître les massifs, les cheminements, les transitions, les brises et les points de raccrochage.”)

Comment procéder ?

1-Prendre un planning annuel
2-Faire apparaître les contraintes professionnelles
3-Faire apparaître l’emploi du temps familial.
A partir de là, les plages blanches devraient ressortir.
4-Faire apparaître les compétitions auxquelles vous voudriez participer.
5-Écarter les compétitions qui se chevauchent et celles qui risquent de générer trop de contraintes (emploi du temps trop serré, trop cher…).

Les points famille… 😉

Le parapente est une activité très consommatrice de temps (chronophage) et demande souvent d’importantes concessions. Il est donc primordial que le choix du calendrier soit fait en adéquation avec les contraintes familiales et élaboré avec “l’accord” de l’entourage. Il faut donc être honnête sur le temps que cela va prendre, et faire le choix de la famille quand cela est opportun. Cet aspect peut très vite devenir un critère de la contre-performance s’il a été mal géré en amont. Ex : Après avoir fait attendre la famille 4h ce matin au déco, je dois me dépêcher pour passer du temps avec eux en fin d’après midi.

S’entraîner

Pour progresser, le pilote devra travailler 4 domaines distincts. La technique, la tactique, l’analyse et le mental.
Afin de définir les axes de travail, la première étape consiste à identifier ses carences. Pour cela, le pilote devra se remémorer ses manches passées, les vols effectués, relire ses compte-rendu et rejouer les manches pour comprendre pourquoi il a été moins performant. D’où l’importance du débriefing personnel qui permettra d’orienter ses futurs entraînements.

La technique

C’est l’ensemble des savoir-faire du pilote. Ils sont variés et très nombreux. On travaillera bien sûr en premier les fondamentaux avant de travailler les détails.
Du plus important vers le détail, voici quelques pistes d’entraînement en technique :
– Réglage sellette et accélérateur
– Gestion du parachute de secours (révision, montage, poignée témoin)
– Contrôle de la voile sur les 3 axes (tangage, lacet, roulis)
– Efficacité en thermique
– Descente rapide
– Cheminement le long du relief
– Vol accéléré
– Vol maintenu accéléré dans les cheminements avec contrôle aux arrière et à l’accélérateur
Pour certains de ces fondamentaux, une session de pilotage en milieu aseptisé (stage SIV) est la meilleure solution d’entraînement.
Parallèlement, et qui rentre dans le domaine de la technique, on pourra également citer :
– Charger les balises dans le GPS
– Rentrer un parcours dans son GPS
– Décharger sa trace et pouvoir la visualiser
– S’orienter lire une carte, se repérer, visualiser le relief

La tactique

C’est la façon dont le pilote va gérer toutes les composantes de la course pour performer, de la préparation du matériel jusqu’au posé. Pour définir les axes de travail, on peut dérouler la chronologie du vol.
– Préparation matérielle : avec la mise en place d’une “routine” immuable qui va permettre de rentrer dans sa bulle (préparation de la voile, de la sellette, vérification des instruments et de la radio, boire-manger-pipi…).
– Briefing : formuler ses objectifs du jour, retenir l’essentiel, écrire les points clés du parcours…
– Ouverture de la fenêtre : faire un beau déco, prendre le premier thermique, sentir la qualité de la masse d’air et les changements en fonction de l’altitude….
– Start : visualiser le cylindre de start pendant la phase d’attente, prendre des repères sur le terrain, rester avec le groupe et s’efforcer de prendre la maximum de hauteur pour contrôler le groupe…
– Passage de balise : visualiser les cylindres pendant les briefing, anticiper la position du cylindre, optimiser le parcours…
– Transition : voir la meilleure ligne (en comparant son plané aux autres), visualiser les points de raccrochage et les options, identifier les zones favorables…
– Plané final : décrypter ses instruments, visualiser le goal, optimiser son régime de vol (il vaut mieux boucler avec 2 min de retard que de se poser 200m avant la ligne)…

Le parcours étalonné est un bon moyen de travailler technique et tactique et de mesurer les progrès. Sur son site favori, il faudra déterminer un parcours d’une vingtaine de kilomètres (25 km parait être la bonne distance) comprenant thermiques, cheminements, et transitions. Rentrez les balises dans votre GPS, et réalisez le parcours. Vous pourrez ainsi déterminer un temps de référence, et ainsi mesurer vos progrès sur les prochains vols avec le même parcours. Comme les conditions ne seront jamais les mêmes, en réduisant les incertitudes (connaissance du parcours, des thermiques, des altitudes…) vous pourrez vous concentrer sur l’essentiel et les jours où c’est fumant votre objectif sera de battre votre temps de référence. Partez du principe qu’à plus de 30km/h de moyenne sur votre parcours, vous êtes performants. Vos progrès dépendront alors de votre capacité en priorité à monter vite et ensuite à exploiter votre voile à 100% (accélérateur).

L’analyse

Le vol libre est une activité à forte dimension cérébrale (intellectuelle et psychologique). Le pilote perçoit des informations, les analyses et prend des décisions. La partie analyse est primordiale puisqu’elle conditionne nos décisions de course.

– Analyse du parcours : quel problème le directeur d’épreuve soumet aux coureurs ? Faire ressortir les différentes phases, le type de parcours
– Analyse météo : visualiser les brises, les écoulements, les thermiques. Comprendre le découpage de la masse d’air et voler dans la bonne tranche…
– Analyse stratégique : où se placer par rapport aux autres, contrôler ou attaquer, identifier les changements de rythme, sélectionner les meilleurs taux de montée, adapter son régime de vol…

Le mental

Ce thème aborde la dimension psychologique. Le thème est aussi vaste que ceux de la technique et de la tactique réunis. Autant dire que c’est un versant primordial dans la réalisation de la performance et qu’il est important de le prendre en compte dans l’entraînement.

Voici donc quelques domaines qu’il conviendra d’aborder et sur lesquels il faudra se documenter.
– Motivation
– Gestion du risque : à ce sujet, voici une présentation filmée assez intéressante (ci-contre)
– Contrôle attentionnel et émotionnel
– Fixation de buts
– Imagerie mentale
Etc…

Concernant la gestion du stress, voici une des explications sur ses causes qui permettra de comprendre son importance. Cela concerne l’aptitude du pilote à relever un défi (comme la compétition).
Le stress est une réponse de l’organisme face à une demande extérieure. Il est modulé par les ressources dont nous disposons (savoir-faire, personnalité, capacités émotionnelles…).
Ainsi, comme nous pouvons le voir sur l’image suivante, si la demande (complexité de la tâche à réaliser) est trop forte par rapport aux ressources du pilote, alors il rentre dans une situation de sur-pression (zone de panique en rouge sur l’image). Par contre, si les ressources sont bien supérieures à la demande, le pilote évolue en zone de routine (en bleu) où le défi est absent. Pour être performant, la demande et les ressources devront être bien réparties afin que le pilote évolue entre la zone de défi et la zone de maîtrise, là où son stress est orienté. C’est la zone de performance (en vert).
On comprendra aussi, grâce à cette image l’importance d’un objectif savamment dosé, ni trop dur ni trop facile, afin que le pilote évolue dans cette zone de performance voire de défi mais pas en zone de panique (tâche trop dure à réaliser, perte de motivation et de confiance, mise en danger) ni en zone de routine (pas de motivation à réaliser ce qui est demandé).

Pour aller plus loin (et aussi sources d’informations pour cet article)

Les logiciels de visualisation de trace :

– Google earth (gratuit)
– FFVL CFD (gratuit)
– XContest (gratuit)
– Doarama (gratuit. Application de visualisation en mode caméra suiveuse)
– CompeGPS Air (payant)
– Seeyou (payant)

Logiciel et serveur de préparation de parcours:
– XCplaner (gratuit)

Psycho-tests
– Test d’aptitude au défi
– Test de stratégie de la performance

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