DECONFINEMENT : “Le jour d’après”
DOSSIER SPECIAL : REPRISE DES VOLS APRES LE CONFINEMENT
PLUS BELLE LA VOILE – Episode 1
MENTAL – GESTION DES RISQUES
Nous l’avons tous lu, entendu : il est probable que le 11 Mai nous puissions reprendre les activités extérieures. Le Parapente en faisant partie, peut-être serons-nous autorisés à voler ? Le caractère “à risques” de notre activité nous invite cependant à entretenir un doute sur cette autorisation au vol libre.
Peu importe, chaque jour qui passe nous rapproche de la reprise et nous pouvons prendre un peu de temps pour la préparer, pour notre PLAISIR et pour notre SÉCURITÉ !
En effet, nombreux sont ceux que le démarrage en trombe “inquiète”, et j’en fais partie. Le contexte particulier de cette saison peut conduire à une bascule en mode “OFF-ON” à tous points de vue : nous passerons d’un état “végétatif” à un état de pilote hyper concentré, très actif car l’aérologie à cette période l’exige. Or nous savons tous que nous ne fonctionnons pas comme ça, que nous avons des facultés d’adaptation très développées certes, mais demandant malgré tout un minimum de temps d’adaptation.
Quelques minutes pour plusieurs heures
Penchons-nous quelques minutes sur la manière de gérer cette reprise. Car quelques minutes conditionneront, souhaitons-le, de nombreuses heures !
Gardons bien cela en tête : nos premières minutes de vol nous donnerons le ton d’une grosse partie de ce que sera le reste de la saison.
En effet, une reprise (manquée) fortement marquée par le stress, par une peur rationnelle ou irrationnelle, par un incident voire un accident viendra marquer à l’encre indélébile notre pratique pour les mois, voire les années à venir. Et comme les conditions ont une grosse probabilité d’être toniques, notre manque de pratique risque de conduire quelques-uns d’entre nous vers cette impasse.
Prenons donc le temps de mener 2 ou 3 réflexions sur notre manière d’aborder cette reprise.
La responsabilité individuelle et collective
On peut faire le parallèle avec cette étrange période que nous traversons : le confinement est une histoire de responsabilité individuelle et collective. Nos actions individuelles conditionnent l’avenir collectif. Il en est de même en Parapente !
Si, à la reprise, on déplore un grand nombre d’accidents, que se passera-t-il ? L’activité sera de nouveau interdite car il est évident que les services de santé réagiront immédiatement : hors de question de voire des interventions chirurgicales en nombre dans les hôpitaux.
La différence avec le confinement est pourtant importante : nous étions encadrés par des lois (discutables, certes…) ne laissant aucune place au jugement personnel, ce qui a eu pour effet d’en frustrer plus d’un !
En effet, de nombreuses personnes ont été verbalisées alors qu’elles ne présentaient aucun risque de contamination. Mais si tout avait reposé sur le seul bon sens des uns et des autres, le confinement aurait-il été aussi efficace ?
Là réside une différence fondamentale avec le déconfinement, et donc notre reprise du Parapente : c’est désormais à chacun d’entre nous de faire preuve de bon sens.
Prendre le temps…
Nous passerons d’un état où l’on nous dictait ce qu’il était possible de faire de manière très encadrée, à un état où il y a peu de limites et il s’agira de nous en imposer nous même si on ne veut pas vivre un retour en arrière.
Faisons donc en sorte que tout ceci de passe du mieux possible.
Pour que le plaisir de TOUS ne soit pas rapidement éteint par l’égoïsme de QUELQUES-UNS.
La sécurité INDIVIDUELLE est aussi une histoire de responsabilité COLLECTIVE.
Je vous renvoie au très bon livre de J.M GALAN sur la Gestion du Risque en Parapente. Un chapitre est dédié à ce sujet.
En résumé, il n’y aura pas de policier ou gendarme en l’air pour nous empêcher de faire des conneries. Nous ou notre voisin. Nous serons Libres de tout faire ou presque. Tout et n’importe quoi. Evitons le n’importe quoi, tant qu’à faire !
SIGR, Stratégie Individuelle de Gestion des Risques
Ayez une stratégie de gestion des risques (article conseil de Jean Marc Galan)
Un rapide état des lieux s’impose
Nous l’avons vu, au travers de la méthode 3P3, les compétences du pilote reposent sur 3 piliers : La Technique, le Mental, l’Analyse.
Faisons un rapide état des lieux
Avec le confinement, le pilier Technique s’est affaibli. Impossible de voler, très compliqué de faire du gonflage… Tel un muscle après une immobilisation forcée d’un membre, il s’est atrophié. La bonne nouvelle, c’est que c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas. Mais il va falloir quand même prendre le temps de réveiller tout ça, de retrouver quelques repères et réactiver quelques réflexes. Et ce sera valable pour chacun d’entre nous, quel que soit le niveau !
En revanche, pour le pilier Analyse, nous en sommes tous à un point différent. Certains auront profité de cette “pause” forcée pour étudier, réviser, approfondir. D’autres en revanche auront préféré se consacrer à autre chose, qui pour éviter la frustration, qui par manque de temps… Il est assez facile pour chacun de savoir ce qu’il a fait, pas fait, de jauger son niveau.
Pour le 3ème pilier, le Mental, c’est une toute autre affaire.
En effet, bien malin est celui qui est capable là tout de suite, de dire précisément quels sont ses sentiments à l’idée de la reprise des vols : impatience, excitation, frustration, crainte, joie, peur, etc… Or le mental va jouer un rôle essentiel lors de cette reprise.
Le mental, c’est primordial
En effet, il va conditionner les 2 autres, plus encore qu’habituellement. Notre pilier technique étant affaibli et notre pilier analyse étant ce qu’il est (on ne va pas le doubler d’ici la reprise sauf à se jeter de manière effrénée sur les ouvrages de parapente ou les cours en ligne), nous allons devoir faire avec les moyens du bord. Et qui plus est, le triangle des 3 Paramètres sera réduit : Aérologie forte, Niveau du pilote réduit.
Or un mental déficient, c’est un risque de mauvaise décision : mauvaise analyse, mauvaise action de pilotage.
Il est donc essentiel de prendre le temps de se poser, se regarder en face, de se poser quelques questions fondamentales et surtout d’y répondre avec la plus grande honnêteté possible :
– dans quel état d’esprit suis-je en général par rapport à ma vie quotidienne ? (famille, boulot, amis, loisirs, économie…)
– dans quel état d’esprit suis-je par rapport au parapente ?
– quels sont les différents sentiments qui germent en moi à l’idée de la reprise ?
– quelles sont mes envies, mes objectifs ?
– quelles sont mes appréhensions ?
– où se trouve mon plaisir dans le parapente ?
– quel est mon environnement pour cette reprise ? (suis-je seul, entouré de 2 ou 3 pilotes, faisant partie d’un club…)
– quelle est l’énergie qui se dégage de cet environnement ? Comment influe-t-elle sur moi ?
Le temps raisonnable que nous consacrerons à ces questions est un investissement pour les jours, les semaines, les mois à venir. Cette saison s’annonce courte, alors faisons en sorte qu’elle soit encore plus agréable.
Plus votre constat sera objectif, et plus vous serez dans le VRAI et le JUSTE au moment de reprendre. Vous serez donc plus en SÉCURITÉ et surtout, dans un réel plaisir, VOTRE PLAISIR.
Et le parapente n’étant pas la chose la plus importante dans la vie, pourquoi ne pas en profiter pour se poser ses questions d’une manière plus générale sur notre existence ? Ce que la nature nous impose de vivre mérite que nous y réfléchissions…
Nous nous retrouverons ici prochainement pour voir comment aborder de manière pratique et concrète cette reprise, vos “introspections” ayant été profitables !
D’ici là, portez vous bien, prenez bien soin de vous et des autres.
Seb – Ecole CARPE DIEM
La méthodologie 3P3P présentée par Sébastien Blesses
Très souvent, le pilote, débutant ou confirmé, à tout moment de sa progression, est un peu perdu quant au chemin qu’il doit suivre : comment continuer à progresser, de manière autonome et sécure ?
Or, il existe autant de progressions que de pilotes. Chacun aura la sienne en fonction de ce qui lui donne du plaisir en l’air, de son lieu de pratique, du temps consacré, du budget, de ses facultés personnelles, de sa sensibilité.
Cette méthodologie, appelée 3P3, donne un nouveau point de vue sur la pratique du vol libre et la manière de l’envisager. Et par conséquent, sur la manière de conduire sa propre progression.