Conseil sécurité n°5 : reconnaître et contrôler les effets de l’adrénaline
Conseils de Jean Marc Galan pour augmenter votre capital sécurité
Voici la 5è fiche conseil sécurité rédigée par Jean Marc Galan qui fait partie d'une série d'une trentaine de fiches qui seront publiées chaque vendredi sur le site. Comme la sécurité en vol est un sujet complexe et que personne ne détient la Vérité, n'hésitez pas à faire part de vos observations, il se fera un grand plaisir d’échanger avec vous.
* Jean Marc Galan est aussi membre de la commission technique et sécurité de la FFVL
5 / reconnaître et contrôler les effets de l’adrénaline
Le terrain est petit et l’approche est délicate aujourd’hui : le vent change de direction sans cesse. Marc est tendu et très concentré, il soigne son approche, il ne veut pas risquer le hors terrain et se poser dans les rochers qui bordent l’atterro…
… arrivé à 30m/sol, force est de constater que Marc est trop long aujourd’hui : il se posera dans les rochers. A la surprise générale, il ne fait pas d’arrondis et tape fort sur un gros rocher.
Que s’est t-il passé dans la tête de Marc? Une fois son objectif initial non atteint (se poser dans le terrain), Marc s’est senti comme « tétanisé » et il n’a pas assuré les gestes de bases qui lui aurait permis de se poser sans trop de bobo. Gestes qu’il maîtrise parfaitement en temps normal. Certains parlent de « viscosité mentale » pour désigner ce phénomène. L’expression est explicite : sous l’effet d’une dose massive d’adrénaline, vous vous transformez temporairement, mais au bien mauvais moment, en sac de patates sans volonté suspendu sous votre aile.
Bienvenu au pays de l’adrénaline!
L’adrénaline est une réponse au stress qui provoque un accroissement des capacités motrices, vous pouvez courir très vite pour échapper au tigre à dents de sabre. Super! Par contre, en même temps, vos capacités sensorielles fines sont fortement altérées, la vision périphérique se trouble (l’effet tunnel), l’ouïe devient très sélective. Bref, c’est le crash assuré.
Comment limiter les effets négatifs de l’adrénaline?
– Apprivoisez la sensation de peur. C’est un signal d’optimisation de votre organisme qui doit vous permettre de vous défendre plus efficacement. Ne laissez pas cette sensation vous figer et interprétez-là de manière positive (“je suis prêt”). Parlez vous à haute voix, encouragez-vous, respirez profondément.
– Entraînez-vous, simulez des situations critiques. Par exemple, lors d’un stage SIV, entraînez vous à sortir d’une autorotation. Pas juste une fois! Autant de fois que possible! Premier effet bénéfique: vous allez automatiser les gestes pour en sortir. 2è effet bénéfique : comme vous l’aurez déjà vécu plusieurs fois, le jour où cela arrivera, vous serez moins impressionné et moins d’adrénaline coulera dans vos veines.
Avez-vous déjà été victime de viscosité mentale lors d’une situation critique en parapente? Avez-vous des méthodes pour y échapper? Racontez nous…
L’EFFET TUNNEL : photos “assombries” extraites de la vidéo de l’atterrissage catastrophe de Mihhail Lebedko pris dans un goulet. Ce pilote danois débutant a certainement vécu une situation de stress extrême avec un rétrécissement du champ de vision. Cet incident a été analysée par Jérôme Canaud dans cet article que nous vous recommandons “Pris dans un goulet, il atterrit à 50 km/h vent arrière“
RÉSUMÉ
La différence entre un incident sans conséquence et un grave accident se joue souvent à très peu de chose : une trajectoire infléchie au dernier moment pour éviter un obstacle, le choix de l’arbre accueillant pour arbrisser… Bref, quand cela va mal dites vous que cela peut-être pire ou mieux en fonction de vos réactions. Augmentez votre capital sécurité en apprenant à reconnaître et à contrôler les effets de l’adrénaline qui coule dans vos veines.
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