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Test parapente : description de toutes les étapes par Greg Hamerton

Test parapente : description de toutes les étapes par Greg Hamerton

Il n’existe pas un pilote anglophone ne connaissant pas le site de l’école anglaise FlybubbLe. De grands sujets sur le parapente y sont traités régulièrement avec un professionnalisme hors pair grâce à une équipe très compétente (conseils sur la pratique, la sécurité, tests de matériel). ROCK THE OUTDOOR est encore loin d’arriver à leur niveau de conseil (un jour peut-être !).

Greg Hamerton qui fait partie de leur team, a décidé de présenter, après 20 ans d’expérience, le « off» d’un test parapente tel qu’il le fait aujourd’hui pour dégager les caractéristiques d’un nouveau parapente (en gros, tout ce que fait un pilote testeur digne de ce nom).

Je n’irai pas jusqu’à dévoiler la méthodologie utilisée par certains afin qu’aucune étape n’échappe au testeur avant de passer à la rédaction. Mais vous découvrirez ici l’essentiel des étapes dont certaines que vous pourrez appliquer vous-même lors de vos essais personnels, excepté les tests hors domaine de vol qui sont réservés aux pilotes expérimentés.

Enfin, en guise de conclusion, je vous invite à découvrir aussi les articles qui vous apportent des recomandations sur le choix de votre aile : Choisissez une voile correspondant à votre niveau de pilotageSavez-vous vraiment bien décoller avant de choisir une voile EN B+ ?

Voici ci-dessous la traduction de l’article que vous pouvez retrouver ici

Greg Hamerton – Flybubble

Les étapes d’un test parapente

1. Inspection du bord d’attaque

Tout test parapente commence par des observations de la voile au sol. La forme du bord d’attaque peut donner des indices intéressants sur le comportement de la voile. – Y-a-t’il une grande cambrure du profil aérodynamique (le top pour produire une bonne portance à faible vitesse) ?
– Les ouvertures des cellules sont-elles vraiment petites (moins de traînée mais réouverture plus lente) ?
– Y-a-t’il des renforts avec des tiges qui vont loin dans le profil ? Cela va généralement de pair avec les suspentes ‘A’ en retrait, ce qui produit une aile avec un ressenti plus solide mais qui peut être plus dynamique dans les grosses fermetures.
Un rapide coup d’œil dans les cellules vous donnera une idée de la complexité des structures internes qui aident à garder la forme de l’aile et prolonge sa longévité.

2. Inspection des élévateurs et suspentes

Vous pouvez aussi vous faire une idée de la qualité de la fabrication en observant les élévateurs. Quel niveau de finition ? Les élévateurs sont-ils identifiés par des couleurs ? Les freins sont-ils fixés avec un aimant (plus luxueux) ou des pressions (moins cher) ? Comment les suspentes sont-elles sécurisées ? Aimez-vous la prise des poignées de frein dans vos mains avec vos gants ?

3. Tests de gonflage et de « kiting »

Le test parapente se poursuit par des observations du comportement de la voile par des manipulations au sol. Bien que de nombreux pilotes ne font pas de gonflage ou n’ont pas de lieu pour le faire, Greg, quant à lui, a la possibilité de le faire facilement sur des sols herbeux. Cela lui permet d’analyser le gonflage en détail, notamment pour voir comment l’aile réagit dans les angles extrêmes, ce qui peut révéler certaines informations sur son comportement.

Vous pouvez consulter aussi cet article qui détaille l’exercice de recherche et de sensation du point de décrochage : Maniement parapente au sol : 10 exercices progressifs pour vous améliorer

4. Test du point de décrochage

Est-ce que le point de décrochage survient soudainement ? La pression aux commandes augmente-t-elle considérablement vous avertissant du danger ? Ceci est une information utile que vous pourrez utiliser pour atterrir au sommet dans une masse d’air épouvantable ou sur une aire étroite.

5. Apprécier le pilotage et le comportement

Le test parapente se poursuit ensuite par différentes observations et exercices en vol. Pendant les premières minutes de vol, Greg essaie de ressentir les réactions de la voile. Il fait beaucoup de virages, essayant de resserrer les poches d’ascendances et de voir comment l’aile réagit aux changements de rayon de virage, aux changements de direction, aux inversions de virages et aux transferts de poids. Ces tests sont probablement les seuls que de nombreux pilotes vont faire et qui vont leur donner une appréciation globale avant de voler avec pendant des années.

Nombreux ceux qui aiment avoir une aile réactive mais tout le monde ne peut pas gérer le même niveau de réactivité, alors Greg essaie de juger et de décrire le comportement de la voile par rapport à la catégorie de pilotes concernée par la voile testée.

6. Test de l’accélérateur

Avec de bonnes conditions réunies (bonne altitude, vent constant, peu de thermiques), Greg fait des mesures grossières de vitesse en utilisant le GPS entre le neutre et l’accélérateur poussé au maximum. Le plus souvent, les vitesses confirment les normes d’homologation (A = + 8km / h, B = +11, C = +14, D = +17, CCC = +20). Ce qui l’intéresse le plus, ce sont les perceptions sur l’accélérateur : « si mon ventre est contracté, cel signifie que l’aile est au niveau critique et qu’elle est sur le point « d’exploser ». L’aile est-elle solide ? Puis-je encore sentir la masse d’air ou l’aile est-elle trop rigide ? »

7. Pousser au delà des limites

Une partie de son approche consiste aussi à expérimenter la voile hors domaine de vol pour en savoir plus sur son comportement. Il essaie d’engager des virages agressifs et de voir si l’aile se comporte bien ou a tendance à résister. Cela dépend de la catégorie de la voile. Dans les classes supérieures, une aile doit faire ce que le pilote veut faire. Dans les classes inférieures, l’aile doit empêcher le pilote de produire des incidents. Si il teste une aile EN B, il tirera sur le frein pour voir si l’aile ne part pas pas en vrille, alors que sur une EN D, il essaiera de voir si il peut forcer l’aile à tourner et à la maintenir.

8. Sentir le « feedback »

Lorsque l’aile traverse les turbulences, elle peut, selon la construction de l’aile, transmettre des informations au pilote ou en absorber une partie grâce à sa structure à croisillons. Certaines ailes ont beaucoup de mouvements de roulis, d’autres bougent plus aux plumes et d’autres parviennent à transmettre l’information de façon plus subtile.

Greg aime quand une aile communique, mais pas trop quand même. Une aile trop calme peut être trompeuse, et même si elle est susceptible d’être peu dangereuse, elle vous empêche de sentir ce qui se passe devant vous.

9. Test du comportement en vrille

La vrille peut surprendre le pilote lorsqu’il essaie d’enrouler un thermique dans des conditions sous le vent ou dans des situations avec des transitions rapides entre des noyaux étroites.

Greg teste cela en entrant dans un thermique pour avoir un ressenti plus franc. Il le fait en amorcant un demi tour, puis en relachant, puis en tournant encore quand l’aile est à l’horizontale, c’est un bon procédé pour se mettre en vrille. Il veut qu’elle soit évidente, avec un côté de l’aile qui part vers l’arrière de manière progressive et avec une récupération instantanée une fois relâchée. Certaines ailes vont cacher cette tendance au décrochage du côté de l’aile en arrière et rentrer en spirale (dangereux). D’autres auront tendance à vous entrainer en virage accéléré, vous protégeant ainsi de la spirale (bonne réaction). Attention, cette manoeuvre est réservée aux pilotes très expérimentés !

10. Test du point de décrochage

Cela ayant déjà été fait en gonflage, le ressenti en l’air peut être différent. Greg cherche la bonne résistance au décrochage sans aucun comportement bizarre en entrée ou sortie. Il ne fait pas forcément un décrochage complet mais cherche à s’approcher du point de décrochage et à relâcher dès que la voile commence à décrocher. Cela aide à définir la plage de freinage. Idem, cette manoeuvre est réservée aux pilotes expérimentés.

11. Test des grandes oreilles

Greg pense que c’est une manœuvre essentielle à faire afin de gagner en confiance sous sa voile. La manœuvre des grandes oreilles est la seule manœuvre de descente qui maintient votre progression vers l’avant, donc cette technique peut être utilisée par exemple pour un atterrissage au sommet, pour éviter les nuages ​​près des montagnes, pour éviter de traverser un espace aérien et continuer son vol de distance ou tout simplement pour descendre sans avoir à subir des G élevés en virage 3-6 engagés, surtout si vous commencez par être fatigué.

Greg n’aime pas les oreilles qui claquent ou encore quand il faut se battre pour les enlever. Il préfère les oreilles qui restent bien en place mais aussi qui ne ralentissent pas trop la voile. Il teste souvent l’effet de traînée en faisant quelques wingovers avec les oreilles. Les grandes oreilles doivent être infaillibles car, lorsque vous les utilisez, c’est souvent dans des conditions extrêmes.

12. Fermeture asymétrique

Comme les pilotes tests l’ont déjà fait pour l’homologation, il n’est pas utile de le refaire au cours d’un test mais il lui arrive d’en faire juste pour s’amuser. Cela lui donne une idée de la pression exercée sur le bord d’attaque, ce qui permet de voir la résistance de la voile à la fermeture et de mettre en évidence toutes les réactions agressives inattendues. Idem, test à réaliser par des pilotes expérimentés en milieu sécurisé.

13. Contrôle du tangage

Le degré de contrôle d’une aile dans l’axe du tangage est généralement directement lié à la catégorie. Les ailes A ont un bon amortissement, l’aile absorbant une grande partie de l’énergie. Les ailes EN D ont souvent une plus grande amplitude en tangage mais elle a des conséquences sur le vol : en effet, si vous n’êtes pas assez rapide en pilotage, vous allez perdre tous les avantages de performance à cause de l’effet « balançoire ». Si vous le contrôlez bien, vous obtiendrez plus de sensibilité pour analyser la masse d’air et plus d’énergie à convertir dans vos virages en thermique.

En engageant quelques cycles de tangage, on peut sentir si l’aile tire rapidement vers l’avant et absorbe l’énergie ou si elle continue jusqu’à la fermeture. Idem, l’exercice de tangage extrême est réservé aux pilotes expérimentés et avec des marges de sécurité.

14. Dégager les caractéristiques de la voile

C’est souvent difficile de trouver les mots pour dégager l’essence de la voile afin que tout le monde interprète bien les propos du testeur. Greg essaie toujours de faire cela en référence à la catégorie : « Donc, si je dis que c’est « solide » et que nous parlons d’une EN D, cela signifie qu’elle est considérée solide pour un pilote qui a probablement 500 heures de vol, plusieurs SIV et des centaines de kilomètres de vol distance au compteur. Par contre, si vous avez appris à voler récemment et que vous avez décidé de passer de sous une aile non adaptée (que vous empruntez à votre ami par exemple), vous allez vous sentir «baladé». Les mots utilisés s’adressent donc à chaque fois à une cible de pilotes.

15. Le résumé du test parapente

Greg essaie de faire un résumé pour répondre à la question: « Pour qui est cette voile ? »
Certains pilotes lui ont déjà ont demandé de classer les ailes les unes par rapport aux autres, mais il ne le fait parce qu’il pense que cela n’est pas juste. Il n’y a pas de meilleure aile dans chaque classe, juste l’aile qui vous convient le mieux.

Chaque aile fait les choses différemment, certaines ont un bon mélange de tous les aspects, d’autres ne conviennent pas en raison de leur gamme de poids. Comme c’est un gros investissement, il préfère passer du temps avec les pilotes pour leur en apprendre davantage sur leurs objectifs de vol et leur expérience avant de recommander la voile idéale pour le pilote.

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ROCK THE OUTDOOR, la culture parapente