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Test de la Gracchio, une voile qui neutralise la légende LITTLE CLOUD

Test de la Gracchio, une voile qui neutralise la légende LITTLE CLOUD

Qui a dit que LITTLE CLOUD n'était qu'un fabricant de mini-voiles ? Que celui qui le pense essaie la Gracchio avant !

Parce que je fais partie des pilotes sachant que les voiles LITTLE CLOUD ne sont pas que des mini-voiles, que Tom Bourdeau développe depuis quelques années de véritables “parapentes” dédiés à un usage dit “classique” (soaring, thermique, distance…).

Parce que je sais justement que la dernière née, la Gracchio, est un véritable “parapente” capable de se mesurer à toutes les meilleures voiles EN B+ (Rush, Step, Iota 2, Rise 3 pour ne citer que les voiles que je connais – voir test ROCK THE OUTDOOR sur la Gracchio).

Parce que la Gracchio passe presque inaperçue en France mais, étonnament, pas ailleurs… On imagine LITTLE CLOUD se rebiffer contre cette étiquette de “mini-voiles” (normal, cette marque a énormément séduit des pilotes à la recherche de voiles ludiques pour voler dans le vent), quand on sait que le reste de la gamme qui s’est bien étoffée ces dernières années (Goose, Gyps et Gracchio depuis peu) ne recueille pas tous les mérites qu’il se doit.

Mon activité m’amène à suivre virtuellement des centaines de pilotes dont le pilote britannique Martin Harris (2 articles déjà réalisés avec lui). Depuis une dizaine d’années, il a volé avec toutes sortes de voiles (NIVIUK IP6, OZONE ENZO, ADVANCE Omega X-Alps,…), mais depuis, il les a toutes revendues ne gardant que ses LITTLE CLOUD !  Je l’ai donc contacté pour recueillir son avis sur la Gracchio qu’il possède depuis quelques semaines…

Martin Harris, un ambassadeur qui doit être très apprécié par Tom Bourdeau de LITTLE CLOUD

Le vent très léger était un peu travers pente mais exploitable. Personne n’a voulu essayer mais je l’ai fait. Bien que surchargée sur la LITTLE CLOUD Gracchio, je l’ai emmenée pour une douce ballade. Malheureusement, la dérive nous amenait dans la zone dangereuse de la plaine de Salisbury. Je n’arrive pas à croire à quel point ce parapentiste est facile à voler … extraordinaire !

Avant propos

Martin m’a répondu avec plaisir pour me transmettre ses impressions à propos de la LITTLE CLOUD Gracchio qui sont à découvrir en 2ème partie.

Et il a même fait plus en relatant sa petite histoire “littlecloudienne”, une invitation à faire changer d’avis ceux qui n’ont pas des idées trop arrêtées… Comme moi, osez un essai de la Gracchio car elle stupéfait ceux qui aiment les belles surprises. Un outil idéal pour ceux qui recherchent une voile racée, polyvalente, ludique. Très rapide, elle excelle en bord de mer et son excellent amorti en tangage rassurera les pilotes qui n’aiment pas être trop balancés en thermique.

Petit portrait de Martin Harris

Martin a commencé le parapente en 2004, pratiquant 50 heures par an jusqu’en 2008. Puis il a commencé à pratiquer plus sérieusement en volant en moyenne plus de 120 heures par an. Il vole dès qu’il le peut, heureux de voler sur les crêtes ou dans les plaines anglaises. Il vole avec beaucoup d’ailes différentes ailes en fonction des conditions du jour : « Je crois que je suis un pilote assez compétent. Le vol de distance n’est pas mon but en soi. Je ne suis pas compétitif et je n’ai rien à prouver à personne, simplement la passion pour le vol. Je ne me considère pas comme un excellent pilote, mais j’ai une bonne expérience sur le matériel (ailes, sellettes) et des conditions de vol différentes.

1- La petite histoire LITTLE CLOUD de Martin Harris

Je suis un pilote dont le but principal est de profiter de l’air dans lequel je me trouve. J’ai découvert assez tôt que le XC n’est pas mon intérêt principal, car pour voler au Royaume-Uni vous devez être très conscient des énormes contraintes imposées par les restrictions de l’espace aérien et des tracas pour la récup. Voler avec mon regard fixé sur les instruments ou les récups sont en conflit avec ce que j’aime faire.

Mon record personnel est 185 km avec la LITTLE CLOUD Gyps 24… mais ce n’était pas au Royaume-Uni! Mes préférences, je pense, sont des allers/retours et des triangles, mais tout en haut de ma liste des plaisirs, c’est de trouver et de se régaler de TOUT type d’ascension, que ce soit tonique ou en douceur. Planer est un « mal nécessaire » pour trouver ces ascensions magiques. Je pilote exclusivement des planeurs EN D (Niviuk, Advance et Ozone) depuis 9 ans.

LITTLE CLOUD ZunZun 21

Mon premier contact avec une aile LITTLE CLOUD a eu lieu en 2011, un ZunZun 21 commercialisé par Bertie chez Axess que j’avais acheté principalement pour le soaring dans le vent fort. Je pense que c’était l’équivalent de la LC GT à l’époque, mais il se peut que je me trompe.
J’ai ensuite eu une LC Goose MK1 XL et je volais à l’époque avec un PTV de 112 kg (ptv), une voile bien plus performante que le ZunZun avec des freins ultra-légers. Elle était super douce au sol, au décollage et en vol, mais, avec mon PTV, elle avait besoin de conditions très fortes pour rester l’air. Elle ne m’a donc pas beaucoup servie, même si elle m’a procurée plus de plaisir et de rires que toute autre aile à cette époque.

La Goose Mk2, une voile qui ressemble plus à un parapente

Lorsque la LITTLE CLOUD Goose Mk2 est arrivée sur le marché, j’ai pris la 22 m² (PTV 105 kg). La Mk2 ressemblait plus à un parapente dans le sens où je pouvais rester en l’air dans les mêmes conditions qu’une voile de taille normale, bien que plus bas en raison de la charge des ailes. Cette aile représentait à certains égards une grande amélioration par rapport à la MK1 car il était plus facile de se sentir à l’aise dans les conditions britanniques et tout à fait fantastique dans les Dolomites et les Alpes lorsque tout cela devenait un peu trop fort pour mon Omega XAlps ou IP6. Après 60 ou 70 heures sur la Goose MK2, j’ai commencé à me demander pourquoi j’avais mes autres ailes (IP6, Peak 2, Omega X Alps, Enzo 1) que j’ai beaucoup appréciées mais qui étaient un peu trop « sérieuses » et engageantes pour moi (je n’ai tout simplement pas la tête à rester «à la pointe» tout le temps et quelques-unes de ces ailes sus-mentionnées demandent beaucoup cela).

La Gyps, la meilleure machine volante amusante polyvalente du marché

Puis la Gyps est arrivée. J’ai pris une magnifique 24 m² rouge avec un PTV de +/- 108 kg. Je suis tombé sous le charme dès le premier vol. Elle était celle que je recherchais depuis toujours : une véritable «super Goose», une maniabilité bien connue, une belle sensation légèrement «souple» et des freins légers comme la Goose MK1, mais avec un bon plané en consitions légères et tout aussi « bénigne » en vol réel.
C’est alors que j’ai commencé à me débarrasser de mes autres voiles. J’avais enfin trouvé un fabricant qui produisait le type d’aile que je voulais piloter, à tout moment, n’importe où.
La Gyps est une perle avec une mise en garde toutefois : lors des atterrissages, mon PTV la rendait très rapide, car la “fenêtre” entre flare et décrochage était assez petite. Cause maladie, j’ai perdu beaucoup de poids et je vole maintenant à +/- 90 kg mais je n’ai pas l’impression d’avoir perdu quoi que ce soit dans le comportement, probablement un peu de vitesse, mais le plus gros avantage est que la fenêtre “flare” éclairante est maintenant énorme.
À mon avis, la Gyps était à l’époque la meilleure machine volante amusante polyvalente du marché. Vous pouvez l’emporter en toute confiance et voler avec la conviction que vous rentrerez chez vous avec un large sourire.

La Goose Mk3, pas une Gyps mais une voile qui tient même en vent léger

Lorsque la Mk3 est sortie, j’ai pensé me l’acheter mais malheureusement, trop en retard, je n’ai pas pû car la production avait cessé. J’ai été très déçu de ne pas pouvoir m’en procurer une. J’ai cherché autour de moi pour la trouver d’occasion mais je n’ai rien trouvé ou il était trop tard quand j’ai commencé les recherches.

Quand Tom (Bourdeau responsable de LITTLE CLOUD) m’a dit que la Gracchio était la nouvelle voile qui faisait tout ou tout aussi bien ou mieux que la Gyps… pour être tout à fait honnête, j’avais du mal à y croire… comment est-ce possible de faire mieux ? Il avait une dernière Goose Mk3 25 en stock et me l’a offerte à un prix que je ne pouvais pas refuser… Fabuleux avec un PTV de+/- 91kg , certes, ce n’est pas une Gyps mais c’est une super Goose qui restera en place même dans les vents les plus légers ainsi que les Gyps mais sa maniabilité reste spécifique aux Goose.

2- Martin décide d’acheter une LITTLE CLOUD Gracchio

Pourquoi voulais-je une Gracchio alors que j’ai des Goose 22 et 25 m² ? Eh bien, ce sont deux extrêmes pour moi, une petite et une grande et je voulais une autre voile entre les deux, c’est tout.

Quoi qu’il en soit, j’étais toujours intrigué par la Gracchio et, après de nombreuses altercations avec ma vieille dame, j’ai finalement réussi à trouver de l’argent pour acheter une 23 m² en vert (c’était ça ou rose). J’aurais bien aimé un rouge ou violet, mais ne voulait pas attendre. Quand l’aile est arrivée, je suis retombée malade, maigrissant encore plus, volant maintenant entre 88 et 90 kg de ptv.

Mon premier test de la LITTLE CLOUD Gracchio : les réglages

Mon premier vol a été bref : je me sentais comme sous la Goose mais avec des freins plus lourds et beaucoup de puissance pour le falre d’atterrissage… plaisant, juste tout comme la Goose 25 m². Mon deuxième vol, équipé de la nouvelle sellette (Skywalk X Alps2) s’est fait dans des conditions très légères (10 à 14 km/h). Lors de mon premier vol, j’ai trouvé les freins trop courts à mon goût ; je les ai donc rallongés de 60 mm. J’ai redécollé et gratté avec des ailes plus grandes que la mienne pendant les prochaines heures, essayant de m’habituer à ma nouvelle sellette et ma nouvelle aile. L’aile était agréable, mais j’avais besoin de mettre la sellette en place un peu mieux.
Après avoir atterri, un copain parapentiste l’a prise pour faire un tour (PTV +/- 75 kg). Avec sa maniabilité au décollage, il l’a très vite adorée vite, rapide et porteuse avec un comportement qui l’a bluffé. Il en aurait achetée une instantanément s’il avait l’argent (son aile normale est une Sigma 8).

Vol avec beaucoup de vent : contrôle parfait et très détendu

Mon prochain vol, le lendemain, s’est fait dans des conditions complètement différentes vent : entre 30 et 35 km/h au décollage et plus en l’air. J’ai décidé de voler avec ma vieille sellette bien connue Advance Lightness 1, afin de pouvoir me concentrer sur l’aile et ses sensations. Personne d’autre n’a jugé qu’il était acceptable de voler sous leur voile de taille normale, à l’exception d’un compagnon de vol très expérimenté sur une Sigma 10 surchargée… même s’il n’a pas longtemps séjourné dans l’air en « ébullition ». WOW, j’ai trébuché sur mon premier décollage tombant sur le dos : l’aile avait une fermeture asymétrique de 50% que j’ai réussi à contrôler tout en restant sur le dos, je me suis levé du sol avec une cravate à 30% qui s’est enlevé facilement et j’ai pris mon envol. Cela soufflait fort, c’était turbulent, le vent brisait les thermiques et passait travers pente, mais je me sentais parfaitement en contrôle et très détendu.

Premières impressions de Martin sur la LITTLE CLOUD Gracchio

Pour répondre à tes questions, René, voici ce que j’ai appris pendant ces 2 premières heures avec la LITTLE CLOUD Gracchio.
Premièrement, la LITTLE Gracchio est constituée de 2 ailes différentes en une. Voler avec les freins est aussi dynamique que vous le souhaitez, une fois que vous avez l’angle d’inclinaison souhaité, vous devez lâcher le frein intérieur rapidement, sinon vous aurez tendance piquer et à accumuler beaucoup d’énergie qui pouvait être transformé en portance une fois relâché.

L’air était très agité et, parfois, je reculais et rebondissais, mais je me sentais toujours détendu et diverti. Je n’avais pas d’autre choix que d’utiliser l’accélérateur au 3/4 pour pénétrer, mais l’aile est restée solide et la commande des suspentes arrières inspire une telle confiance que j’ai arrêté de me servir des freins et j’ai piloté à l’assiette, juste au niveau des élévateurs arrières.
C’est à ce moment que j’ai vraiment remarqué que l’aile avait une sensation complètement différente, soudain, tout devient doux, rapide, génial. Combiné au transfert de poids, virer était un délice et je trouvais que l’aile grimpait mieux aussi… extraordinaire ! C’est une voile super contrôlable sur les freins qui pourrait donner lieu à des «POI» (oscillations induites par le pilote), mais voler sur les élévateurs arrières et donner l’impression d’une lame très tranchante et lisse, fantastique, presque comme une 2 lignes ! La pression à l’accélérateur était bonne, pas lourde et très douce, l’augmentation de la vitesse à un demi-barreau était de +/- 12 km/h avec éventuellement une légère dégradation du plané, mais les conditions ne permettaient pas de porter un jugement. L’accélérateur à 3/4, la vitesse augmente. +/- 17 km/h, mais je suis presque certain que le plané se dégradait. La configuration de mon accélérateur sur ma sellette ne m’a pas permis pas de faire full barreau.

7 minutes d’ascension avec la Gracchio 23m² (ptv +/- 92 kg)  dans des conditions thermiques britanniques légères. Vous pourrez tirer vos propres conclusions en regardant la vidéo et en écoutant le vario. Après avoir survolé une pente extrêmement légère ( conditions très difficiles avec 10-15 k /h), j’ai apprécié l’essayer lors de ce vol thermique léger. Pour moi, c’est la meilleure aile polyvalente que je n’ai jamais pilotée, très décontractée et assez “entraînante”, je suis vraiment impressionnée. Ce n’est pas une “Gyps” mais elle la un succède avec dignité à mon avis.

Essai de la Gracchio par un autre pilote

Après avoir atterri, j’ai demandé à mon pote (qui vole avec une Sigma 10), de l’emmener faire un tour. Les conditions avaient légèrement diminué (25 à 30 km/h). Son ptv faisait +/- 96 kg. Il a été surpris par la vitesse et la maniabilité. À l’atterrissage, je lui ai dis de revoler mais, cette fois-ci, en pilotant aux arrières, pas sur les freins et il a confirmé ce que j’ai ressenti.
Il partageait l’air en même temps qu’un autre copain volant une Goose3 23,5 (PTV +/- 85 kg) et il était très évident de voir qu’il a eu le vol le plmus doux : la Gracchio était visiblement plus rapide et moins saccadée mais je pense qu’il s’agit de la charge des ailes 😉

En guise de conclusion, quelles sont mes réserves sur la Gracchio ?

Pour le moment, absolument aucune et en raison des conditions complètement différentes que j’ai rencontrées jusqu’à présent, je pense que rien ne pourra me faire changer d’avis. Tout ce que Tom (Bourdeau) a dit à propos de cette aile est vrai. A mon avis, quelle excellente aile polyvalente, un bon équilibre entre sérieux et amusement, performance et sécurité.

Voilà en quelques mots
Martin Harris

Traduction Dan Hawkins

ROCK THE OUTDOOR, la culture parapente

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