Homologation parapente : le déroulement des tests en charge
A découvrir la vidéo des tests en charge en bas de la page
Les “Load Tests” commencent tôt, à 6h du matin, pour une masse d’air sans vent et peu de fréquentation sur l’aérodrome. Ils se décomposent en deux parties : le Shock test et le Strenght test
1- Le Shock test
Dans ce premier test, la voile est maintenue à bout de bras par des pilotes présents. Elle est rattachée aux élévateurs par une sangle de 150 mètres à un camion puissant au moteur V8.
Cette sangle comporte un fusible métallique (spécifique pour chaque voile testée) qui doit céder sous le choc avant que la voile ne se déchire.
Le fusible a une résistance de 1.000 DaN pour les voiles de PTV maxi inférieure à 108 kg et de 1.200 DaN pour celles de PTV maxi supérieure à 108 kg. Le camion part pied au plancher et, quand il arrive à pleine vitesse en bout de sangle, la voile reçoit un choc violent auquel elle doit résister. C’est le fusible qui doit céder.
Si ça marche, la voile passe avec succès ce premier test. Si ça échoue, si elle se déchire ou si ses suspentes cassent, tout ça à la place du fusible, la voile est recalée et devra revenir une autre fois en étant mieux conçue, plus solide, plus homogène.
2 – Le Strenght test
Si la voile a réussi le premier test, elle doit confronter le deuxième, toujours avec le camion, mais, cette fois, c’est la configuration de vol qui sera mise à l’épreuve.
La voile est tractée par le camion qui démarre doucement, le pilote testeur effectue le gonflage aux commandes et contrôle le “vol” durant toute la distance sur la piste. Une fois la voile en vol stabilisé, le camion accélère pied au plancher : la vitesse monte très rapidement à 40 km/h, 60 km/h, 80 km/h, 100 km/h et même au-delà. Durant cette épreuve terrible, la voile doit conserver sa structure intacte jusqu’à dépasser en résistance huit fois son PTV maximum.
Un capteur transmet la tension exercée sur la voile via la sangle d’attache à un ordinateur de bord qui atteste les données. Le chauffeur contrôle le résultat en direct et peut le communiquer par radio au pilote testeur. Les résultats sont rapidement donnés au constructeur souvent présent pour ces tests.
En général, une fois franchi ce stade de 8 x PTV max, le pilote, prévenu par radio, relâche la voile qui a réussi son examen. Pas la peine de prolonger la pression qui pourrait déchirer la voile inutilement.
Vidéo des tests en charge pour la LITLLE CLOUD Gyps
Voilà donc un petit clip qui illustre cette journée de tests avec Air Turquoise où la LittleCloud GYPS 24m a brillamment réussi et donc obtenu son homologation définitive EN-D pour PTV 85-105 kg.
Tous les tests sont filmés par trois caméras (une sur le casque du pilote testeur, une sur le capot du camion, une sur trépied dans le champ près de la piste). Ce qui permet de vérifier au ralenti ce qui a cassé en premier car en cas d’échec, la voile est très endommagée. A cause de nombreux dégâts qui se sont produits en cascade à partir du premier point qui a cédé, il est difficile de savoir, sans la vidéo, par où les ruptures ont commencé.
On voit, sur la vidéo, une voile revenir au point de départ toujours en vol, il s’agit d’un biplace qui a un PTV maxi de 300 kg et dont les paramètres de tests sont différents.
Ce qui fait généralement échouer le test, c’est lorsqu’une partie de la structure cède (ligne, patte d’attache…) : une réaction en chaîne se produit et elle explose en une fraction de seconde. C’est alors l’échec, la voile est recalée et elle devra revenir pour un prochain test en charge en étant mieux conçue, plus solide, plus homogène.
Pascal Boulgakoff