Test de la voile AIR DESIGN Vivo par Philippe Collet (EN B)

Test de la voile AIR DESIGN Vivo par Philippe Collet (EN B)

AIR DESIGN Vivo, une "B intermédiaire", universelle, à haute sécurité passive

Il y a les tests de voiles planifiées et les tests saisis au gré des rencontres ou échanges. Les planifiés ne sont pas toujours les meilleurs (en terme de conditions de tests) car la voile étant disponible sur une période donnée, il n’est pas toujours facile de tester la voile à 100% (thermique, turbulences, sessions vent fort, comparaison en vol…). Quand on saisit un pilote professionnel (école Alpwind) qui va voler pendant une quinzaine de jours, on a plus de certitudes qu’il pourra faire le tour de la machine. C’est le cas de Philippe Collet qui est parti en Inde avec la nouvelle EN B du fabricant AIR DESIGN : la Vivo. De plus, comme cette voile “EN B Mid” est annoncée “freeride” par le fabricant, Philippe a joué à l’acrobate avec sa SUPAIR Acro 4 !

Test bonus : Etant accompagné de Kevin Gourgues (guide alpiniste) pendant le voyage, nous bénéficions aussi de ses retours, plutôt objectifs puisque, à la recherche d’une voile EN B, il en a essayé 5 avant son départ…

Découvrons à travers ces 2 témoignages si la voile AIR DESIGN Vivo “prétend être la seule aile dont vous aurez besoin.

Philippe Collet
Taille S (PTV 72/92 kg)
Sellette Kortel Kolibri (PTV 85 kg) et Acro 3 (PTV 90 kg)

Test de la voile AIR DESIGN Vivo par Philippe Collet en différentes conditions

Présentation de la voile AIR DESIGN Vivo

La Vivo, dénommée par le fabricant “freeride” est la nouvelle aile de progression “Mid B” de chez Air Design avec un allongement à plat de 5,48 et un poids de 4,3 kg entaille S. Les tissus sont en Skytex 27 g/m² double enduction en intrados et en Dodko D20 35 g/mé en extrados, un mélange de matériaux durables assurant une aile semi-légère pour du vol rando.

Il existe des Mini-ribs en bord de fuite. Le bord d’attaque est bien tendu par un shark nose présent sans être trop important. Comme la plupart des ailes AIR DESIGN, on trouve des winglets en bout d’aile pour améliorer performance et roulis.

Le suspentage est fin mais entièrement gainé, ce qui rend le démêlage aisé. Les élévateurs sont en 3 ½ branches : A, A’ dédié, B, C avec le système C-Control pour pilotage aux arrières. Les poignées ergonomiques se fixent à pression par bouton simple et efficace.

On voit là toute la qualité et le souci du détail qui font la réputation du fabricant.

Au sol

Elévation de la voile

La taille S a une surface à plat de 24,5 m² et dispose de 49 cellules. La Vivo est très douce au gonflage sans shoot intempestif. Elle monte progressivement, sans tendance à dépasser y compris par conditions alimentées. En brise ou vent marqué, il faudra bien entendu être prêt à une temporisation dosée.

Comportement dans le vent

La Vivo est simple et très intuitive à prendre en main. Elle pénètre plutôt bien dans la masse d’air. Que ce soit par vent faible, fort, ou turbulent, elle se contrôle très facilement au sol.

Commandes

Les commandes, progressives, sont d’un abord souple avant de se raffermir sur une course suffisamment grande pour voir arriver tranquillement un point de décrochage immanquable. C’est en cohérence avec la catégorie EN B. L’accélérateur est efficace, il est assez peu physique. L’aile pénètre bien dans la masse d’air en dégradant très peu la finesse, bien entendu en fin d’accélération une diminution de performance se fera sentir. Le ressenti de vitesse est excellent. Tant accélérée que bras hauts, elle semble au moins au niveau des meilleures ailes de la catégorie.

En l’air

Roulis, tangage

La Vivo est vraiment bien amortie en tangage ainsi qu’en roulis. Est-ce un effet réel des winglets tel que l’affirme Stefan Siegler, le concepteur ? En tout cas, la cohérence roulis/tangage/lacet permet de réaliser des wings qui se réalisent en douceur. Le profil est plutôt solide et bien tendu.

Maniabilité – thermique – distance

Sa maniabilité est surprenante, tout en ayant des réactions douces et proportionnelles.
Il me semble qu’on ne peut pas la qualifier de vive, ce qui est rassurant pour un pilote en progression.

Dans les ascendances, elle est efficace, simple à placer. Au cœur des thermiques d’été dans les Alpes et d’automne à Bir (en Inde), j’ai joué dans du petit comme du puissant, ce qui me permet de témoigner de sa très bonne capacité à « renifler » le thermique ainsi qu’à monter.

Les bouts d’ailles tirent dans l’ascendance (mais le pilote n’est pas saturé par une information excessive). Avec l’habitude, je réussissais à faire jeu égal avec des ailes de catégorie supérieure (disons des B+). Toutefois, il faudra faire attention à ne pas avoir la main intérieure trop lourde sous peine de dégrader le virage.

En transition, l’aile a de bonnes performances. Elle se place dans le haut de la catégorie Mid B, ce qui en fait une machine intéressante pour faire ses premiers beaux cross l’esprit tranquille. Si on gagne en cohérence et finesse au premier tiers de barreau les derniers 50% dégraderont le plané. En une quinzaine d’heures de pratique en air (très) actif, je n’ai eu qu’une fermeture significative sans changement d’angle marqué. L’aile est solide.

Descentes rapides/oreilles

En 360 engagé, l’aile aura une belle puissance et un taux de chute efficace, une sortie dissipée se réalise tranquillement, une sortie active avec contre ne surprendra pas le pilote en terme de shoot, la voile étant remarquablement amortie sur cet axe. Les oreilles se réalisent facilement, il faudra peut-être accompagner la réouverture avec un pumping clair et franc.

BONUS FREESTYLE

Nicolas Cochet (responsable commercial France) et Martin Gostner (responsable) m’ayant dit que c’était une voile « all-rounder », j’ai voulu aller voir un peu plus loin pour rire un peu…

Basses Vitesses
Elles sont claires à identifier, on peut bien utiliser le pumping pour la repose au déco. Un vrai petit régal en soaring et jeux de dune.
Wings/over
Les Wing-over se réalisent aisément, la coordination sur les différents axes permet de prendre de l’amplitude assez aisément, l’aile reste tendue.
Décrochage
Le point de décrochage doit aller se chercher dans la profondeur, il parait difficile de percer par inadvertance. Sans doute, faudra-t-il faire un tour de frein (ce fut mon cas) à moins d’avoir de grands bras ? Une fois percé, la marche arrière est vite identifiable en relevant progressivement les mains, l’aile se stabilise bien dans cette position. Le shoot de sortie ne va pas chercher très loin. Merci l’amortissement !
Vrilles
La vrille à plat est propre et la reconstruction progressive.
360 asym
la Vivo a des watts, donc les 360 assym et autres inversions s’enchaînent joyeusement.
Sat
La Vivo accepte bien la Sat. Il ne faut pas chercher à la brusquer lors de l’entrée et là aussi sans doute faudra-t-il un tour de frein.
Misty
Dans la suite logique des vrilles, le Misty passe bien, d’autant mieux si l’on engage un peu à la sellette durant la ressource.
Heli :
La Vivo est sympa pour les Hélicos, avec sa parachutale claire, le start est bien aisé à trouver.

En conclusion

Il me semble que la voile AIR DESIGN Vivo convient clairement à un pilote en progression (pas un débutant) qui souhaite se faire plaisir en thermique, réaliser ses premiers cross et sans doute faire un peu de freestyle. Si l’aile est sage dans l’ensemble, avec de belles perfs, elle est néanmoins capable de restituer une bonne énergie si on se donne le mal d’aller la chercher. En cela, elle permettra de passer des paliers dans plusieurs domaines sans se sentir dépassé.

Phillippe Collet – Ecole Alpwind

NB : pour être transparent, je fais partie du team Air Design France, toutefois le ressenti que je livre ici se veut le plus neutre possible.

A découvrir ci dessous les impressions de Kevin Courgues

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Impressions de Kevin Gourgues sur la Vivo

Kevin vole depuis septembre 2017 sous une mono-surface puis il est passé depuis 1 an sous une AIR DESIGN Vita 2 superlight. Avant de découvrir ses impressions, une petite présentation de son expérience en parapente…

Guide alpiniste, Kévin a été séduit par le fait de “pouvoir descendre de la montagne en volant avec une voile légère et compactée dans le sac“. Rester en l’air ne l’intéressait pas vraiment. Il a fait un stage mono-surface encadré par Philippe Collet et Fabien Blanco : “J’ai été complètement séduit par les possibilités que cette discipline pouvait m’offrir au vu de ma pratique alpinistique. Escalade/fly, alpi/fly, ski/fly, déco mont Blanc, je n’ai cessé d’assouvir mes envies !

“Toujours attiré par la découverte de nouveaux horizons, je suis parti, UFO sous le bras, suivre des potes dans un trip parapente en Andalousie. C’est à ce moment là, après 1 ans sous ma mono-surface, que le virus de rester en l’air m’a pris. Un an plus tard, j’ai décidé de passer sous une voile classique, une Vita 2 superlight. A présent que ce soit dans le bocal, à la maison dans les Alpes, en trip voyage ou aujourd’hui en Inde, du plouf aux longs vols en passant par du SIV, je cumule les heures sans aucune modération.”

Qu’est ce que tu as pensé de la Vivo ?

– C’est avant tout une voile ultra rassurante, solide au comportement monobloc. La finition est irréprochable… L’ADN Air Design est bien là !
Légère, compacte, claire et facile à démêler, elle m’a de suite facilité la tâche lors des longs portages et déco montagne compliqués. Le gonflage est très facile et intuitif.
J’ai volé la S, 3 kg sous le PTV puis en mode bivouac, 3 kg au dessus avec une Kolibri. Je dirais qu’à 90 kg, elle est le plus efficace et qu’à 95 kg elle avance très vite et reste bien solide au-dessus de la tête ! Le pilotage à la sellette est très efficace et permet de garder l’aile à plat. Les commandes sont précises mais sont à bien doser pour éviter de donner trop d’angle à l’aile ! J’ai apprécié, contrairement à beaucoup d’autres voiles, le fait qu’elle ne cherche pas à revenir à plat dans les thermiques.

Comment l’as-tu trouvée en thermique, en virage ?

La précision du virage m’a étonné dès le premier vol et n’a cessé de m’amuser par la suite !
L’efficacité dans le thermique, à plat ou serré, est bien là et la Vivo n’a aucun complexe à avoir face à des ailes de catégorie B/B+ avec lesquelles j’ai eu l’occasion de jouer pendant des heures… (une trentaine en 13 jours).

Durant une journée très nuageuse où ça montait fort, j’ai dû m’échapper parfois rapidement d’ascendances puissantes au milieu des cum, d’abord par les oreilles accélérées qui se sont révélées ultra efficaces et stables (même si elles demandent une réouverture à l’aide de quelques coups de frein). La descente en 360° est très efficace et l’inertie reste très supportable… Je me suis centrifugé sur une dizaine de tours face planète sans ressentir aucun problème et en gardant tous mes repères.

La pénétration dans la masse d’air est bonne et le glide dans les transitions est plus qu’honorable pour une aile de cette catégorie.
Pour conclure et pour la petite histoire, j’étais, avant ce trip, en recherche d’une nouvelle aile EN B et j’en avais essayées cinq ou six avant de partir.

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