Test de la NIVIUK Ikuma P par Laurent Van Hille (EN B+)
La vidéo de test, ce sera pour une autre fois, les essais ayant été faits pendant les vacances et en famille !
La marque et l’équipe NIVIUK
Dominique Cizeau
Olivier Nef
Michael Georges
La marque NIVIUK a été créé en 2005. Le siège est situé en Catalogne, en Espagne. Dès ses débuts, elle s’est imposée parmi les leaders du marché. Le directeur, Dominique Cizeau, depuis très longtemps dans le parapente, revendait auparavant les parapentes Edel en Andore.
Olivier Nef est chef designer, recherche et développement et pilote test. Avant d’entrer chez Niviuk (dès les débuts de la marque), il a fait une longue carrière chez Advance.
Michael Georges est le responsable NIVIUK France. C’est par lui que toutes les écoles françaises passent pour toute question ou commande NIVIUK. Il s’occupe aussi des Salons et des nombreuses journées test Niviuk : “La philosophie NIVIUK, c’est d’être présent sur l’ensemble de l’activité parapente avec des solutions innovantes, accessibles, performantes avec un haut niveau de qualité de production et de service. NIVIUK décline et transfère les technologies et innovations travaillées à haut niveau en compétition sur l’ensemble de la gamme“
Conception et fabrication de la NIVIUK Ikuma P
Comme d’habitude chez NIVIUK, la conception est très soignée. Peu, voire pas de plis, un bord d’attaque bien tendu, un bord de fuite linéaire. Bref, on voit qu’il y a beaucoup d’expériences et un gros travail de finition.
Mais rentrons un peu plus dans les détails. On trouve au bord d’attaque un “shark nose” maintenu par des joncs en Nitinol. Un grand avantage pour le pliage et bien sûr pour le poids.
La voile NIVIUK Ikama P est en tissu Porcher Skytex 27 gr/m² et du Skytex 36 gr/m² au bord d’attaque (en extrados et en intrados).
Le bord de fuite est très travaillé aussi. Chaque point d’ancrage pince la voile, rendant le bord de fuite extrêmement propre (linéaire et sans plis). Il est aussi équipé de mini-ribs (ou mini-nervures) qui empêchent le phénomène de “boudinage” en bord de fuite. Il est ainsi plus lisse lors du freinage.
Une seule bande de renfort traverse l’aile d’un stabilo à l’autre au niveau des ancrages des suspentes B. Cette bande améliore l’homogénéité de la voile.
Les élévateurs de la NIVIUK Ikuma P sont assez complexes. Ils sont en sangle Dyneema assez souple. Mais on prend vite ses repères et ça devient aussi facile que les élévateurs classiques. On voit sur l’élévateur C une poignée de pilotage aux arrières. C’est uniquement pour les transitions. On ne pilote pas réellement aux arrières. Ou des corrections de cap ou on stoppe les abattées lors des transitions.
Les poulies de l’accélérateur sont plus grosses que celles qu’on voit habituellement. C’est troublant au début. Mais ce n’est pas pour rien. Il est particulièrement doux (peu physique) et efficace.
L’attache d’accélérateur est faite à l’aide d’un nœud coulant en Dyneema. C’est bien de regarder la manière avec laquelle vous allez attacher l’accélérateur avant d’aller voler. Rien de complexe. Je trouve le système vraiment TOP. Il peut s’attacher sur n’importe quelle sellette.
Les suspentes sont attachées aux élévateurs par une boucle Dyneema. Le système est appelé IKS. Il a une résistance de 1300 kgs, contre 800 pour un maillon. Et il pèse 0,2 gr.
Vol du matin avec la NIVIUK Ikuma P
Le gonflage de l’aile est une formalité. Les voiles light montent en général bien mieux que les voiles plus lourdes. C’est vraiment le cas de l’Ikuma P. Elle monte très bien, mais ne nécessite quasiment pas de temporisation.
Côté performances, j’ai des mesures, mais malheureusement je n’ai jamais eu de conditions vraiment calme. Donc j’ai interprété en faisant les mesures dans les 4 directions et en faisant des moyennes. Mais je pense que ça colle avec la voile d’après quelques comparatifs avec d’autres ailes. Des performances surprenantes pour une EN B. Comme avec la plupart des ailes aujourd’hui, la meilleure finesse se situe avec une légère accélération, je dirais 10 cm d’accélérateur.
J’en profite pour préciser que la course de l’accélérateur de la NIVIUK Ikuma P est assez longue. De ce fait, avec un accélérateur deux barreaux, au premier barreau, on est pas sur la finesse max, mais légèrement moins. Idéalement, il faudrait un accélérateur 3 barreaux. Le premier barreau serait alors pile sur la finesse max. A part ce petit détail, l’accélérateur est particulièrement efficace. L’aile reste solide lorsqu’on pousse le barreau. Même à fond. Sur les élévateurs arrière, NIVIUK a placé deux petites poignées pour le pilotage accéléré.
Le débattement aux commandes de la NIVIUK Ikuma P est particulièrement important. Le freinage est doux, progressif et précis. Quand on baisse jusqu’aux côtes, les commandes deviennent franchement plus physiques. Un peu en dessous les hanches, on arrive à un point dur. Deux ou trois secondes après, on est en parachutale. En baissant encore, l’aile décroche par les bouts d’ailes.
En virage, dès qu’on appuie un peu sur les commandes et qu’on aide à la sellette, on met vite la NIVIUK Ikuma P “sur le toit”. Elle est très joueuse et facile à contrôler.
La mise en 360° est un peu longue si on ne part pas sur un petit wing. Il faut un peu plus d’un demi tour pour qu’elle accélère. La sortie se fait très tranquillement si on dissipe l’énergie sur un tour. Si on sort en chandelle, le shooting est important, mais tout à fait gérable aux freins.
La NIVIUK Ikuma P n’a que deux suspentes sur les avants. Ca fait donc de grandes oreilles. Elle sont un peu physique à fermer. Mais une fois rabattues, elle se tiennent facilement. Elles se rouvrent lentement, mais sans intervention du pilote. Avec un petit coup de frein elles s’ouvrent très rapidement.
Le décrochage aux B peut se faire. Mais c’est franchement physique au début de la traction, puis elle se casse après environ 15 à 20 cm de traction… Elle est décrochée. Le taux de chute est proche de –8m/s. Ellle bouge pas mal au en bouts d’ailes. La sortie est rapide et franche. Sans grosse abattée.
Enfin en fermeture asymétrique 50 %, si on se laisse aller, elle tourne d’un peu plus d’un quart de tour. Si on contre à la sellette ou au frein, elle se rouvre instantanément et quasiment sans tourner.
Vol thermique avec la NIVIUK Ikuma P
Là encore, on est dans la facilité et la performance. NIVIUK a fait une véritable voile « cross country ». Taillée pour le thermique et le cross.
La NIVIUK Ikuma P pénètre étonnamment bien dans les thermiques. Elle ne “butte pas dessus”, mais avance dedans. Comme les voiles de la catégorie C.
Elle tourne sans aucune inertie (probablement grâce au côté light). Elle indique où est le thermique, mais sans secouer le pilote. C’est vraiment une aile qui permet une grosse progression sans risques et avec un grand confort.
De temps en temps, quand on laisse le côté extérieur sans frein, elle ferme un bout d’aile. Mais sa réouverture est quasi instantanée et cela n’a aucune influence sur le pilotage. Comme son débattement est important, je pilotais en thermique avec un tour de freins; c’est moins physique et on est plus précis.
En virage, on peut très facilement accentuer le l’inclinaison ou la diminuer juste à la commande intérieure. Elle est vraiment facile et très amortie en tangage.
Mais c’est en transition qu’elle est vraiment efficace pour une EN B+. Elle flotte admirablement bien. En dehors des exploitations thermiques, j’ai toujours volé au premier barreau. Au deuxième contre le vent. Elle est extrêmement performante et efficace. J’ai vraiment été bluffé par sa finesse et sa vitesse.
Lorsqu’on est contré par le vent, on peut pousser l’accélérateur à fond, poulie contre poulie. L’accélérateur n’est pas très physique. L’aile reste solide et mono bloc. Je n’ai pas pris le moindre bout d’aile accéléré.
Les poignées des C sont physiques, mais efficaces. Il faut les utiliser sans lâcher les freins. Lorsque les mains sont au niveau des poignées de C, même avec les commandes en dragonne, on ne tire pas sur le bord de fuite. Et avec un peu d’habitude, si on tire légèrement sur les C (juste pour être en tension), on sent tout ce qui se passe dans la voile. Un peu comme avec les freins, mais il faut être d’avantage à l’écoute.
Analyse des tests d’homologation
L’Ikuma P a quelques B. Mais vous allez voir que ce n’est franchement pas une aile sournoise, bien au contraire.
Elle a un B en haut de fourchette au décollage. L’aile demande l’intervention du pilote. Mais franchement, j’ai gonflé l’aile dans beaucoup de vent, sans vent, sur du plat, dans de la pente et je veux bien croire qu’une petite tempo soit nécessaire, mais guère plus.
En frontale 50 % de la corde non accélérée et accélérée, un B pour le temps de réouverture, la réouverture spontanée prenant de 3 à 5 secondes. Et ce en haut et en bas de fourchette.
Grande fermeture asymétrique (75 %) accélérée et non accélérée. L’aile tourne entre 90° et 180° avant réouverture.
Et c’est tout ! Tout le reste est en A !
Là encore, c’est assez incroyable d’avoir une aile avec tant de performance, un allongement plutôt important pour une B et un test d’homologation aussi peu chargé en B. Remarquez, je ne suis pas du tout étonné. J’ai vraiment trouvé l’aile accessible.
Voir le manuel PDF de la NIVIUK Ikuma P
La voile « Cross country » par excellence ! La NIVIUK Ikuma P est une EN B+. NIVIUK annonce la couleur dans ses données techniques. Et c’est très bien ! Personnellement, nous avons trouvé la NIVIUK Ikuma P très accessible, très performante, très joueuse. Bref une aile de progression idéale.
Avec une finesse max un peu supérieure à 10 et un très bon compromis maniabilité-amortissement, la NIVIUK Ikuma P est à la fois une des plus performantes de la catégorie B, sans exiger le pilotage d’un « gun de course ». Et puis il y a le côté « P ». L’aile light est particulièrement légère.
De plus son encombrement est relativement faible. Avantageux pour la randonnée, mais aussi pour les voyages. Il est rare d’avoir une aussi légère alliant performance et accessibilité. Pour autant c’est une aile qui a 5,7 d’allongement. Donc, c’est une aile qui peut se montrer vive en sortie de domaine de vol. Raison pour laquelle NIVIUK annonce clairement la NIVIUK Ikuma P comme une aile B+. Donc plutôt comme 3ème voile ou en deuxième voile pour pilote très doué.
Laurent Van Hille – Ecole Les Choucas
- L’accessibilité
- Les performances en transition
- La facilité et solidité en thermique
- Poids et encombrement de la voile pliée
- La qualité de la finition
- Facilité du démêlage des suspentes non gainées
- Les élévateurs Dyneema un peu compliqués
- Oreilles un peu physiques à faire
Infos essais
- Tests réalisés en Andalousie (Espagne)
- Pilotes : Guénaëlle Bellégo et Laurent Van Hille
- Sellettes : Delight II et Radical 3
- GPS : Syride Sys Nav V3 et Leonardo Pro avec sonde déportée
Coordonnées NIVIUK
NIVIUK Gliders
Carrer del Ter 6 – nave D – 17165 La Cellera de Ter – Girona – España – 34 972 422 878
NIVIUK France
Michaël Georges : 06 08 17 68 48
Caractéristiques de la NIVIUK Ikuma P
21 | 23 | 25 | 27 | |||
alvéole | nombre | 57 | 57 | 57 | 57 | |
fermé | 12 | 12 | 12 | 12 | ||
caissons | 21 | 21 | 21 | 21 | ||
à plat | surface | m2 | 21 | 23 | 24,5 | 26,5 |
envergure | m | 10,94 | 11,45 | 11,82 | 12,29 | |
allongement | 5,7 | 5,7 | 5,7 | 5,7 | ||
projetée | surface | m2 | 17,83 | 19,53 | 20,75 | 22,44 |
envergure | m | 8,72 | 9,13 | 9,42 | 9,8 | |
allongement | 4,26 | 4,26 | 4,26 | 4,26 | ||
aplatissement | % | 15 | 15 | 15 | 15 | |
corde | maximum | m | 2,33 | 2,44 | 2,52 | 2,62 |
minimum | m | 0,54 | 0,56 | 0,58 | 0,61 | |
moyenne | m | 1,92 | 2,01 | 2,07 | 2,16 | |
suspentes | metres totaux | m | 220 | 230 | 238 | 247 |
hauter | m | 6,67 | 6,98 | 7,21 | 7,49 | |
nombre | 165 | 165 | 165 | 165 | ||
principales | 2/1+1/3 | 2/1+1/3 | 2/1+1/3 | 2/1+1/3 | ||
élévateurs | nombre | 3 | A/B’+B/C | A/B’+B/C | A/B’+B/C | A/B’+B/C |
afficheurs | m/m | NO | NO | NO | NO | |
accélérateur | m/m | 120 | 120 | 120 | 120 | |
poid total | minimum | kg | 55 | 65 | 80 | 95 |
en vol | maximum | kg | 75 | 85 | 100 | 115 |
poids de l’aile | kg | 3,3 | 3,5 | 3,7 | 3,9 | |
homologation | EN/LTF | B+ | B+ | B+ | B+ |