“La montagne ça se mérite, voler c’est tricher” de Laurent
Candidat au CONCOURS ROCK THE OUTDOOR
Concours du plus bel article de vol rando ou montagne
Fin-octobre, le froid arriva dans les Pyrénées. Ce fut la dernière grosse fiesta avec les copains du coin : Prat, Albis, Dalou et consorts. Traucadou rapporta même des psilocybes de son cru, c’était la saison autant que la tradition pour l’orgie précédant la longue nuit. Après avoir festoyé jusqu’à plus soif, je m’endormis pour l’hiver.
«A l’année prochaine les amis, on se retrouve au printemps».
Mais il me fut impossible de trouver ce sommeil profond pourtant tant mérité. La météo était anormalement clémente, l’automne tardait à s’installer. Il faisait encore chaud et le lendemain ce fut avec une gueule de bois des enfers que je me réveillai. Ce fut alors que je me rendis compte de quelque-chose dont je ne me serais pas douté une seule seconde : l’été s’en était allé avec ses hordes de touristes, casquettes vissées sur la tête et sandwichs au pâté de porc Hénaff. L’automne avait rendu à mes forêts et mes alpages leur quiétude printanière. Pourtant je découvris que des hommes foulaient encore mes terres. Me croyant endormie, c’était sans vergogne qu’ils pavanaient, n’hésitant pas à me voler champignons et châtaignes. Ils partirent de Ganac en direction du Picou. Une plaisante randonnée somme toute assez banale mais magnifique à cette saison. Relativement abordable, 1000 m de dénivelé.
« Qu’ils osent revenir en été ; en plein cagnard ces 3 rigolos feraient clairement moins les malins. En plus, ils ont le pas lourd avec leurs énormes paquetages. Ça n’arrange rien à mon mal de crâne ! »
Alors qu’ils déplièrent d’immenses draps sur le haut de mon crâne, je ne compris pas tout de suite le subterfuge. L’un des hommes s’élança droit dans la pente traînant derrière lui son chiffon :
« Qu’il aille se rompre les os au bas de la pente, ça lui apprendra. » Soudain, il prit son envol. Je mis quelques secondes avant de réagir. Ce bout de tissus était en fait une aile qui allait lui permettre de retourner en quelques poignées de secondes à Ganac. Non, cela ne serait pas ! Ces deux compagnons s’apprêtaient à faire de même. Hors de question !
« S’ils pensent qu’ils vont esquiver la descente et épargner leurs genoux, ils se fourrent le doigt dans l’œil. »
Hop. Un petit pet de brise et voilà leur chiffon dans les cailloux. Mes nouveaux amis n’eurent alors d’autre choix que de redescendre à pied. Pensant avoir réglé la question de ce binôme, je me remis à la besogne pour barrer la route à l’échappé volant. Il me suffit de lever l’épaule pour lui barrer la route et le forcer à retrouver le plancher des vaches. Pris de panique, c’est justement entre deux bouses au milieu des ruminants qu’il atterrit. Ses deux compères avaient certes réussi à décoller à leur tour, mais apercevant leur ami au sol, ils n’eurent d’autre choix que de le rejoindre.
Le laisser seul aux griffes de la montagne manifestement en colère n’eut pas été prudent. Ganac n’était alors plus en vue. Marcher, suer et râler allait être la conclusion de leur aventure. C’est en tout cas ce que je croyais alors que le plus téméraire d’entre eux réussit à nouveau à décoller malgré la pente très faible. Requinqués par l’audace de leur ami, les deux compères suivirent le premier. Ils contournèrent mon épaule. Ganac leur sembla bien loin mais ils parvinrent tout de même à rallier leur objectif.
« L’année prochaine je ne me ferai pas avoir et je veillerai jusqu’à l’hiver pour m’assurer que de tels rigolos ne tentent plus de se jouer de moi. La montagne ça se mérite. Descendre en volant, c’est tricher ! »
Laurent Rougerie
Description du vol rando du Picou en quelques mots
Le Picou, c’est le vol rando dont tous les Toulousains rêvent. Le meilleur rapport qualité/distance ! A une heure de route de Toulouse, part de Ganac un joli sentier balisé. 1000 m de dénivelé vous séparent alors du sommet. Là-haut, ça décolle idéalement en N-O ; une belle pente herbeuse. Si ça tient, il est possible de rejoindre le site voisin du Prat d’Albis. Si ça plouf, on peut tout de même rejoindre l’atterro officiel de Ganac, même en faisant le vol en deux étapes…
Un site génial pour les adeptes du vol rando dans les Pyrénées où vous trouverez quelques infos sur le Picou : http://volrando.free.fr/index.htm
Vous trouverez aussi la revanche d’Olivier au Picou dans le récit posté sur ce même site : « Petit Picou, grande aventure, rando vol d’Olivier »
Vous aussi, participez au CONCOURS ROCK THE OUTDOOR!
Utilisez votre plus belle plume et votre talent de photographe pour partager votre belle aventure de rando vol. Le concours doit présenter un récit (6 points) avec une description du parcours et du décollage (5 points) avec si possible des liens vers des sites d’information sur le circuit et le décollage, des photos ou une vidéo de l’ascension et du vol (6 points) accompagné d’un récit.
Les 5 meilleurs articles seront récompensés. Afin que l’article présenté soit une véritable création de l’année, les images doivent faire apparaître le logo ROCK THE OUTDOOR* (3 points).