A la découverte de sites parapente en Algérie avec Bilel

Depuis plusieurs années, des pilotes du club Les Milans du Crêt d'eau organisent un séjour au Maroc. Karim qui a un ami parapentiste en Algérie a proposé au club d'organiser un séjour en Algérie pour changer de destination. Gérard (l'auteur), Karim et Carlos ont été intéressés par cette proposition. Ils sont donc partis une semaine du 13 au 20 mars à la découverte de sites autour de Béjaia

Cette année, nous avons décidé de « bouder » le Maroc pour nous tourner vers l’Algérie, est-ce une bonne idée? J’avoue avoir eu quelques appréhensions vue la conjoncture actuelle. Malgré tout, c’est décidé, nous prenons les visas, les dés sont jetés.

A la découverte des sites parapente en Algérie (autour de Bejaia)

Départ le vendredi 13 de Lyon et retour le dimanche 20, ça nous laisse le temps de voler un peu; 1h30 pour rejoindre Béjaia sur les côtes algériennes.
Arrivés à Béjaia sous des trombes d’eau, nous apprenons que l’hiver a été très chaud et sec, maintenant le ciel a décidé de se défouler, pluie, inondation, froid et neige en montagne, pas très réjouissant tout çà.
Heureusement, l’accueil est très très chaleureux, on oublie momentanément la météo devant un superbe couscous cuisiné par Lyes qui sera notre cuisinier pour la semaine.

Village d’Amalou. Le gîte est près de la mosquée : réveil assuré tous les matins à 5h00.

Samedi

Lever tard, pluie et froid sont au rendez-vous, difficile de sortir de sous la couette. Journée au gîte où des invités de Rachid (chez qui nous logeons) passeront nous rendre visite en continu. On discute, on échange,
on raconte, on découvre la vie algérienne. En fin de journée petit coup de chauffe au hammam local : source d’eau chaude (45°environ), un grand moment avec la population locale.

Rachid à gauche et Bilal au fond notre guide tout au long du périple.

Dimanche

Les prévisions annoncent une amélioration à partir de dimanche après midi. Le matin, le ciel est encore très chargé mais la pluie a cessé. Nous passerons la matinée à Seddouk pour nous enregistrer auprès de la police locale.

Retour par la montagne où Bilal, notre gentil accompagnateur, nous fait découvrir un tas de décos possibles. Nous apercevons des vautours percnoptères et voudrions déjà être à leur place. A 14h00, nous sommes au déco au dessus du village où nous logeons( Amalou), ciel très chargé Carlos et Karim décollent, je loupe trois décos à cause des brindilles qui accrochent le suspentage haut de la Sigma. Je ne pourrais décoller qu’en fin de journée (grosse couverture nuageuse) pour un petit soaring au col Ighil-n’Tala.

Déco nord-ouest, nord , nord-est au dessus d’Amalou

Lundi

C’est LA journée à ne pas manquer, peu de vent et grand soleil. Nous montons au déco (exposé nord-ouest à nord-est). Vers 12h00, ça rentre par le col. Il faudra attendre 14h00 pour sentir les premières bouffées de face.

Nous sommes tous en l’air et il va falloir monter devant pour passer au dessus de la crête et aller chercher les faces sud qui ont déjà bien chauffées. Carlos choisit la plaine comme d’hab, je suis déjà de l’autre coté de l’arête au vent et au soleil, les plafs ne sont pas énormes ( 2000m) mais largement suffisants pour se familiariser avec l’environnement. Carlos n’arrive pas à raccrocher et va se poser avec Karim. Ils remontent après une pause thé. Pendant ce temps, je profite des paysages kabyles et décident de passer l’après-midi en l’air (on ne sait pas ce que nous réserve le reste de la semaine).

Le col avec le déco au milieu et la crête par-dessus laquelle il fallait passer.

Mardi

Matinée de prospection et de découverte de sites. Nous déplions sur un tout petit déco après un bref pique-nique. Malheureusement le vent forcit et nous sommes contraints de replier à l’abri des buissons.Nous retournons sur le site d’Amalou et décollons vers 17h00 : Karim décolle le dernier avec une clé sur les freins et décide de reposer à flanc de montagne, Aïe, Aïe,Aïe ! Bilan : un bel hématome sous le talon et quelques égratignures, la voile n’a pas de mal mais il ne pourra pas revoler de la semaine.

Loin derrière la crête

Mercredi

Il a plu cette nuit, la masse d’air s’assèche mais le fort vent de sud-ouest n’annonce rien de bon. Nous partons vers Béjaia et arrivons sous des trombes d’eau (orage), décidément cette ville est le pot de chambre de la Kabylie. Bilal nous fait découvrir un magnifique déco avec vue à 360°, mer devant et montagnes enneigées derrière. Il est déjà tard et la brise descendante se fait sentir, les voiles ne sortiront pas du sac aujourd’hui, quel dommage.

Jeudi

Il a de nouveau plu, le vent est encore très marqué nous partons pour Iguersafène de l’autre coté de la vallée (massif du Djujura), encore beaucoup de neige à cette époque au passage d’un col, nous sommes au cœur de la Grande Kabylie, les paysages changent, les femmes portent encore les costumes traditionnels. Nous allons
rendre visite à Rafik et Fahim rencontrés lors d’une soirée chez Rachid. Très impliqués dans la vie associative, ils nous font visiter leur village, exemple de propreté pour l’Algérie. Nous rentrons à Amalou dans l’espoir de faire encore un vol du soir. Nous décollons (Bilal, Carlos et moi) pour un vol balistique, une petite surprise nous attend en bas : il va falloir s’appliquer pour poser avec 35-40 km/h de vent de vallée. Je prends repère et
m’aligne accéléré à la hauteur d’une grande antenne, je pose 200 m en arrière toujours accéléré, heureusement l’autoroute en construction sur lequel nous posons s’étend sur plusieurs km. Carlos et Bilal (sans accélérateur) posent dans les mêmes conditions. Séance photo avec les gamins du village qui nous prennent pour des extraterrestres.

La magnifique vue du déco de Bejaia

Au déco de Bejaia avec la mer devant et les sommets enneigés derrière

Rafik et Bilal au premier plan, les gardes du corps au second

L’artiste Fahim devant son œuvre

Vendredi

Nous décidons de partir tôt pour aller voler à Bouira, déco au sud du massif du Djudjura. Bilal nous dit qu’il faut 1h30 pour y aller, finalement nous mettrons le double : jour de souk dans tous les villages. Nous contournons le massif et déjà les plans de retour en vol s’échafaudent dans ma tête ; environ 60 km à vol d’oiseau, vent de cul, c’est plus que jouable, d’autant qu’il n’y a pas besoin de s’enfoncer dans les reliefs.
Au déco, déjà beaucoup de monde, certains font du gonflage avec des voiles d’un autre âge, mais personne en l’air. Nous nous préparons à l’abri du vent, un bon 25, quelques minutes plus tard, le vent montera jusqu’à 50 et nous obligera à replier (photo de couverture). Retour à la case départ où nous ferons un petit vol du soir pour poser au cœur d’Amalou à la grande joie des petits et grands.

Samedi

Dernier jour, les prévisions sont plutôt bonnes. Nous montons au déco vers 11h00, le sud ouest rentre par le col il va falloir être patient. Nous profitons de cette attente pour nettoyer le déco. Vers 13h30 quelques bouffées montantes nous interpellent ; motivation, concentration, préparation, je pars le premier et me fait appuyer sur la
tête en sortie de déco, j’entrevois déjà un posé très rapide. Je m’écarte et décide d’enrouler tout ce qui passe.
Pendant plus d’1/2 heure, je fais le yoyo jusqu’au moment où un thermique plus consistant me fait basculer pardessus la crête, bingo! C’est gagné et parti pour 3h30 de vol, Carlos et Bilal ne réussissent pas à passer malheureusement, je vais donc devoir crosser tout seul à mon grand regret. Le paysage défile et j’en profite pour mitrailler, nous ne reviendrons peut-être pas de si tôt. Les plafs ne sont pas mirobolants mais les thermiques bleus réguliers me permettent de cheminer tranquillement. Le retour vent arrière sera une formalité.
Carlos entre-temps aura redécollé. L’effervescence et les cris dans le village nous laissent entrevoir une arrivée en fanfare. Pour éviter les créneaux en marche arrière sur l’autoroute tout en bas, nous posons au cœur du village entre les maisons et les lignes électriques, une seule approche possible où la précision est de rigueur : grand moment de joie avec les habitants d’Amalou.

Entretien du site en attendant les conditions

L’extrémité sud de la crête avec la ville d’Akbou au fond

Retenue d’eau derrière le déco

Un immense déco sur la pointe enneigée à gauche vers le nord, capable d’accueillir une compète.

Après une dernière soirée passée chez Rachid, il est temps de refaire les sacs et penser au retour. Nous partons tôt le dimanche espérant faire un peu de tourisme dans Béjaia, il n’en sera rien car une manif nous oblige à faire un grand détour par la montagne. Une autre surprise nous attend à l’aéroport en passant le portique ; du matériel sensible (radio) est détecté dans le sac de Carlos ainsi que celui Karim. Difficile de comprendre les 8 douaniers présents, mais y’a certainement quelque chose qui ne leur plaît pas. Après une bonne heure de discussion, ils nous laissent repartir en expliquant que ce genre de matériel est interdit ou soumis à autorisation sur le territoire. Ouf!
Malgré tout ce temps perdu, pas de panique puisque notre avion n’est toujours pas là, il faudra d’ailleurs attendre 3 heures avant d’embarquer pour cause de grève des contrôleurs aériens français. No comment.

L’heure est au bilan

Un grand merci Karim pour l’organisation de la semaine, c’était top. Nous aurions pu
voler plus, nous aurions pu voler moins, la météo reste toujours maîtresse des cieux, il faut savoir l’accepter.
Dans tous les cas, nous avons fait de sympathiques rencontres et profité de la gentillesse Kabyle. Les médias et le gouvernement se chargent bien de canaliser les touristes vers telles ou telles destinations. En aucun cas, nous nous sommes sentis en insécurité, bien au contraire, les Kabyles peuvent nous donner des leçons d’hospitalité.
Celle-ci fait partie de leur quotidien, le sens de l’accueil est une notion primordiale chez eux. A refaire, il y a un énorme potentiel pour la pratique du parapente, ce serait dommage de gâcher.

Gérard Launay

Carlos, avec le masque sur la tête / Karim: avec les lunettes sur la tête / Bilel: avec le bonnet sur la tête / Gérard avec encore des cheveux sur la tête