Debriefing / Amerrissage en parapente : je l’ai testé pour vous !
Les 10 à 20 minutes nécessaires pour lire ce dossier vous permettront de gagner de 10 à 20 secondes précieuses en cas d’amerrissage.
SOMMAIRE
Pour se mettre dans le “bain”
Cette petite bande son d’une simulation en eau très froide a été faite à partir de sons mp3 différents collectés sur le net (vagues, mouettes, plongeon, pierre jetée dans l’eau, cris, respiration)
1- Mon amerrissage en parapente
- Mes erreurs avant le plouf
- Surprises et erreurs dans l’eau
- Débarquement de la voile et mauvaise surprise
2- Vol en bord de mer : recommandations
- Choix du site
- Sécurité
- Equipement
3- Tout ce que vous devez savoir sur l’amerrissage en parapente
Sauver sa peau
-Avant le plouf
-Dans l’eau
Sauver son parapente
– Le sortir de l’eau
– Le remettre en état
4- Questions réponses auprès d’un instructeur SIV : Fabien Blanco
Mon amerrissage en parapente
Volant depuis 15 ans en bord de mer, je suis plutôt un pilote qui accepte de renoncer plutôt que de me mettre en situation de vol à risque. Comme quoi, ce genre de mésaventure peut arriver aussi à un pilote dit “raisonnable”. Ce week-end là, j’avais organisé avec mon club, un week-end “essais de voiles” avec un fabricant. Le deuxième jour, le vent tardait à se lever. Une petite brise a fini par apparaître en début d’après-midi et j’ai décidé de prendre ma voile (perso) en m’équipant light pour ouvrir le bal…
Pour ce week-end “essais de voile” avec le club Penn Ar Bed Vol libre, les prévisions annonçaient des variations d’orientations de vent qui allaient nous offrir le luxe de pouvoir essayer plusieurs sites dans la baie de Douarnenez, peut-être même l’opportunité de combiner le même jour vol en bord de mer (Kervigen en Sud et Tréfeuntec en Ouest) et vol thermique au Menez Hom. Avec toutefois un petit bémol, du vent un peu petit faible…
La première journée se passe à merveille sur le site de Tréfeuntec. C’est vol à gogo dans une brise sympathique. Jacques, représentant Scorpio (distributeur FLOW et SKY COUNTRY) est là pour nous faire essayer les derniers modèles dont la fameuse XCRacer (EN D). Sessions gonflages, reposes au sommet, le bonheur…
Pour le deuxième jour, les précisions météo annoncent 20 km/h en début d’après-midi. Des pilotes des Côtes d’Armor sont là pour les essais. Un voile nuageux empêche la brise de s’installer. Les regards se portent au loin à l’horizon pour observer éclaircissement et risée. En attendant, c’est dégustation de moules pêchées en bas par un pilote costarmoricain. Il y a du muscadet et je m’oblige à ne boire qu’un seul verre.
Les nuages se dispersent peu à peu sur le continent : la brise devrait s’installer. Les plus affamés rejoignent le décollage pour préparer leur voile et faire du gonflage en attendant. J’en fais partie. Equipé light, je suis prêt à partir dès le début de la brise qui, on le sait, ne sera pas très forte aujourd’hui. Le vent, léger travers droit, se redresse quand les premières vagues de brise passent. Un jeune pilote est très tenté de faire sa première expérience sur le site mais il ne sait pas atterrir au sommet. En tant que pilote habitué en vol en bord de mer, je lui conseille de ne pas voler aujourd’hui car vent pas très fort. Je lui parle même de l’atterro secours sur la plage (sic) situé à gauche du site (pas visible du décollage).
Mes erreurs avant le plouf
Voile au dessus de la tête, j’appuie dans mon harnais baudrier pour apprécier la charge de la voile. Petite course, je suis sustenté et je constate que le vent a une tendance travers droit (facteur sous estimé). J’attends encore 2 petites minutes puis je m’élance. Je vire sur la droite, constate des faiblissements mais ça tient. J’hésite une seconde pour me poser mais repars dans l’idée de me refaire en choisissant une zone plus prometteuse (deuxième erreur). Le vent légèrement travers (donc plutôt vent de cul), je ne gagne rien et je me retrouve très vite au ras de la crête, tentant désespérément de gratter quelques mètres pour pouvoir me poser safe. La brise semble s’être stoppée. Je décide donc de rejoindre l’atterro secours et, à ma grande surprise, je constate que la marée est vraiment très haute. At c’est trop tard pour atterrir au sommet ! Voici ma troisième erreur, celle de ne pas avoir tenu compte de la marée et de son coéfficient, compte tenu de la faiblesse de la brise.
Aucune option pour atterrir en bas à marée haute (photo du paramotoriste Philippe Devanne – allez voir son site de photos aériennes : airstockphotos.fr !)
Mes autres erreurs dans l’eau
Je constate rapidement que je n’aurai pas assez de finesse pour rejoindre la petite bande de plage restante pour poser au sec. Mon objectif : atterrir au plus près du bord (encore une erreur). J’ai une poignée de secondes pour dérouler dans ma tête la check list “actions en cas d’amerrissage” : 1- ne pas freiner, 2 – retirer mes gants (j’en ai pas, cool !), 3- me déconnecter.
Plouf. L’eau est bonne. Je suis à une quinzaine de mètres du bord. Equipé d’une sellette harnais avec airbag, je déconnecte les mousquetons sans trop de problème (sur une sellette classique, on se détache complètement). J’arrive à maintenir la position debout (ce n’est pas toujours le cas, tendance en général à piquer la tête sous l’eau à cause de la protection qui flotte). Un petit test du pied de la profondeur : j’ai pied. Oui, mais pas du tout quand la vague me passe au dessus de la tête. Quelques brasses et j’ai tout juste pied. La voile est devant moi (encore une erreur). Rassuré, pensant me trouver en “sécurité”, je décide de m’approcher d’elle pour la ramener (nouvelle erreur). Une vague passe et au reflux me la renvoie en pleine tête. Je me retrouve la tête hors de l’eau mais… sous la voile. Petit plongeon et elle repart en direction de la plage. Ouf !
L’eau m’arrive à la ceinture. Un baigneur se propose de m’aider, ce que j’accepte avec beaucoup de plaisir ! La voile commence à ne plus avoir d’air dans les caissons et elle devient difficile à tracter. Chacun la tire de son côté (encore une erreur) pour la ramener sur la plage.
Fin du débarquement de la voile et mauvaise surprise
La voile est enfin neutralisée sur la plage. Je constate à ce moment que des suspentes sont enroulées autour d’une de mes chevilles : obligé de délacer ma chaussure de randonnée pour les dégager (encore une erreur : avec des chaussures sport, il m’aurait simplement fallu appuyer sur le talon pour les ôter rapidement).
Un autre baigneur nous rejoint pour nous aider à vider la voile. Voile en corolle, bien lourde, je remonte et longe le sentier, retraçant en même temps toutes les étapes de ce bain forcé. Plus je revois les images et plus je me dis que ce bain “anodin” aurait pû prendre une tournure tragique. Je retourne au déco et, contrairement aux applaudissements narquois attendus, je recueille la surprise de mes parapotes qui pensaient que j’avais réussi à faire un atterro de fortune au sommet. Et non…
Restent encore les longues étapes de rinçage, nettoyage et séchage de la voile, beaucoup plus faciles quand le soleil est de la partie (voir plus loin).
Quelques recommandations pour voler en bord de mer
En conditions
normales
Choix du site
– Si vous n’avez jamais volé en bord de mer et pas l’habitude de voler près du relief, entraînez-vous sur un site facile avec un atterrissage officiel sur la plage. En effet, contrairement au vol montagne où on doit s’écarter du relief, en soaring bord de mer, l’ascendance est très proche du relief.
– Si vous ne maîtrisez pas la pose au somment, choisissez des sites avec un atterrissage possible sur la plage. Se renseigner sur les horaires de marées et les issues pour remonter.
– Se renseigner aussi pour connaître tous les atterros secours potentiels lors de la progression de votre vol le long de la côte.
Sécurité
– Ne pas voler seul ou voler sur un site où il y a du passage (promeneurs). Prévenez vos proches de votre projet de vol.
– Si vous doutez de la vitesse du vent et n’êtes pas sûr de tenir en l’air, attendez que des pilotes expérimentés vous donnent le signal pour décoller.
-Si il n’y a pas de vache possible en bas, ne voler que si le vent est suffisamment fort et anticiper si ça faiblit, en posant avant d’être trop bas.
– Avoir consulté les prévisions météo pour connaître l’évolution probable de la force du vent
– Toujours avoir un accélérateur connecté (en cas de vent forcissant)
Equipement
– Evitez les sellettes harnais avec airbag, quasi impossible à enlever dans l’eau. Attention à l’accélérateur qui n’est pas toujours facile à déconnecter (surtout si vous êtes dans la houle). Préférez la sellette classique qui vous permet de vous séparer de la voile plus facilement.
– Oubliez les chaussures de randonnée et portez des chaussures de sport basses faciles à enlever.
– Ne portez pas forcément de gants quand la brise est annoncée douce. En effet, les gants servent surtout pour protéger les doigts quand on fait les oreilles. Si la brise est annoncée plus forte, vous pouvez les porter, le risque d’amerrissage étant moindre et les options oreilles possibles.
– Pas utile de prendre d’instruments sur soi pour du vol en soaring.
– Vous pouvez vous équiper d’un coupe-suspentes accessible en l’installant sur une sangle de votre sellette.
– Utilisez une pochette téléphone portable étanche
2- Tout ce que vous devez savoir en cas d’amerrissage en parapente
A- Sauver sa peau
Objectif unique : rejoindre le bord au plus vite sans se préoccuper du parapente
Se défaire au plus vite de la sellette, se donner toutes les chances de rejoindre la rive en oubliant son parapente (un gros problème de moins à gérer pour sortir de l’eau). Prendre soin de s’écarter de la voile afin de ne pas se trouver emmêlé. Garder son calme (observer les conditions, la houle, les personnes sur la plage…). Rejoindre la rive comme vous le faites pendant vos vacances à la mer mais avec quelques petits désagréments en plus (vêtements, chaussures, froid, houle…).
Avant le plouf
– Relativisez. Facile à dire. En effet, vous n’aviez pas prévu ce bain tout habillé et avec votre parapente de surcroit. Pourtant, vous avez besoin d’être bien oxygéné alors il faut à tout prix essayer de garder son calme. Tomber dans l’eau n’est pas si dramatique que ça… si vous êtes un bon nageur.
– Déroulez dans votre tête les premières actions que vous allez faire. Commencez à faire le film des premiers gestes que vous devrez réaliser juste après votre premier contact dans l’eau : ne pas freiner pour laisser la voile partir devant afin que le bord d’attaque se remplisse le plus tard possible, retirer ses gants, se détacher en toute vitesse puis s’écarter rapidement du parapente.
– Repérer l’endroit idéal du contact avec la mer. Ne prenez pas pour cible l’endroit que vous souhaiteriez atteindre avec une finesse de rêve mais plutôt la zone la plus réaliste du plouf : faites une projection de votre trajectoire avec votre finesse. Pensez aussi au gradient de vent, beaucoup moins fort en bas que sur la crête. Regarder bien l’endroit avant de tomber dans l’eau afin de bien vous situer géographiquement.
– Si vous espérez pouvoir rejoindre le bord, ne freinez pas trop en l’air pour avoir une meilleure finesse qui vous permettra ainsi d’aller plus loin et éventuellement de poser plus safe.
En cas de grosses vagues ou rouleaux
– Si cette zone se situe dans les rouleaux, choisissez d’atterrir avant (voir illustration) pour avoir un maximum de “confort” au moment de vous séparer de votre parapente, mais aussi pour vous habituer au contact de l’eau tout habillé, reprendre votre sang-froid pour prendre de bonnes décisions… Cette zone correspond en général à la zone d’attente des surfeurs (pour ceux qui connaissent). C’est certes assez loin de la plage mais vous écartez tous risques d’un sketche dans les rouleaux.
– Votre finale doit être parallèle à la houle. Pourquoi ? Parce que si votre voile se trouve dans le même axe que le courant, vous risquez de vous la prendre sur la tête une fois dans l’eau. Et ce n’est pas bon du tout !
Les conseils de Jérôme Canaud
Quand on est sûr d’aller dans l’eau, autant le préparer par des petites actions
Bien qu’il soit risqué d’enlever les cuissardes, il est possible et peut-être conseiller de n’enlever qu’une cuissarde, de desserrer la 2ème, de desserrer sa ventrale à fond, d’enlever le clip rassemblant les bretelles, de défaire son accélérateur avant de toucher l’eau (de le couper avec un coupe sangle), de sortir de son cocon, de raccrocher les freins (pilotage aux arrières possibles) et donc de lacher les commandes, d’enlever son casque intégral ou son casque classique, enlever ses lunettes…. Que des petits trucs qui vont devenir pénible une fois dans l’eau
Le coupe-sangles, indispensable pour les pilotes de bord de mer
En bord de mer, un coupe-suspente sur la bretelle de la sellette semble être un outil indispensable qui coute 5 euros ! J’insisterai là-dessus ayant vécu des arrivées dans l’eau enchevetré dans les suspentes. Le temps est très long et on ne peut rien faire sans une aide extérieure !
Pilotage et position du pilote avant le plouf
– Ne pas freiner avant l’impact dans l’eau
Bras hauts, votre voile va partir loin devant vous. Et en laissant le bord d’attaque frapper la surface de l’eau, votre voile ne se remplira pas d’eau tout de suite par les ouvertures du bord d’attaque. En effet, de cette manière, l’air à l’intérieur de la voile se trouve emprisonné pendant un petit moment. Si vous freinez, elle passera derrière et se remplira d’eau plus rapidement ou pire elle vous tombera dessus.
– Position pilote ? Debout, assis dans la sellette ?
Je n’ai pas testé les 2 cas de figures ! De toute façon, avec la vitesse et le contact des pieds en premier, votre corps s’inclinera vers l’avant. Sans doute que la position debout est préférable à la position assise. En effet, amerrir sur les fesses peut vous faire basculer en arrière avec un plus grand risque d’emmêlage dans les suspentes.
Dans l’eau
Se séparer vite du parapente
L’urgence : vous détacher pour vous éloigner du parapente
Il vous faudra peut-être faire un peu d’apnée pendant cette étape car il est très difficile de se trouver sur le dos avec une sellette avec protection. Certains préconisent de le faire avant même d’arriver dans l’eau.
– Ventrale ou cuissardes d’abord ? Le club Istres Alpilles propose de garder la ventrale pour profiter de la flottabilité de la sellette pendant toute l’étape de désharnachement. Beaucoup conseille de ne pas défaireles boucles cuissardes et ventrale car il est difficile, au dessus de l’eau, d’avoir une référence de hauteur et une chute de trop haut peut être dangereuse si il y a peu de profondeur.
– Si la voile vous recouvre, ne paniquez pas. Comme la voile flotte un bon moment, vous pouvez respirer dessous. Suivez les coutures en faisant le moins de battements de pieds possible pour retrouver l’air frais.
– Evitez de faire trop de mouvements et serrez les jambes pour réduire le risque de vous emmêler dans les suspentes. Utilisez la flottabilité de la sellette pour vous mettre sur le côté pour reprendre votre respiration. En battant des jambes, vous multipliez le risque que vos pieds se prennent dans les suspentes. Et tel est le cas, défaire les suspentes rapidement avant qu’elles ne resserrent ! Les chaussures peuvent empêcher de dégager les boucles. Il vous faudra alors enlever vos chaussures pour les dégager !
– Retirer vos gants pour être plus efficace dans les manipulations sous-marines pour enlever d’un côté croc de l’accélérateur et mousqueton puis les boucles des sangles.
– Se déconnecter
Pour connaitre tous les bons gestes pour la déconnexion de la voile, suivez les conseils donnés dans l’excellente vidéo pédagogique du Club Les Alpilles (à droite ).
Le club Istres Alpilles Vol Libre a été récompensé aux “Icares de la sécurité”pour leur vidéo sur la simulation d’amerrissage en parapente (séance organisée en piscine).
Dans la vidéo, il préconise de commencer par se séparer d’un élévateur d’un côté (croc fendu et mousqueton du même côté) et de le lancer loin avant de se détacher complètement (moins de risque de suspentes dans les pieds pendant la phase de déconnexion des sangles, la sellette qui sert de flotteur pendant cette phase est moins encombrée). Tout le monde ne semble pas du même avis (pas forcément facile d’enlever le croc). A chacun de voir la méthode qui lui convient le mieux (techniquement et psychologiquement).
Rejoindre le bord
– Ecartez-vous vite du parapente pour ne pas vous trouver dans les suspentes puis prenez le temps d’analyser la situation avant de vouloir rejoindre la plage (distance à parcourir, personnes sur la plage ayant assisté à l’amerrissage, force des vagues ou rouleaux, courant…).
– N’accompagnez pas votre voile ! Le parapente flotte et va se déplacer vers l’avant et l’arrière avec la houle. Vous risquez de vous trouver emmêlé dans les suspentes et la voile. Pensez uniquement à rejoindre la plage en vous éloignant de la trajectoire du parapente poussée par la houle.
– Progressez sans vous précipiter vers la plage tout en restant concentré sur votre progession et ne vous souciez à aucun moment de votre parapente. Si le courant ralentit votre progression, ne vous acharnez pas à rejoindre la plage. Faites une pause et essayez de trouver une zone où le courant sera moins fort.
En résumé
Choisir une zone sans risques > Finale parallèle à la houle > Ne pas freiner > Enlever ses gants > Prendre sa respiration sur le côté > Se détacher > Abandonner le parapente et rejoindre le bord
3- Sauver le parapente
Ouf, sorti de l’eau ! Mais attention, récupérer le parapente n’est pas une mince affaire et le nettoyage est laborieux !
Vous êtes assis ou debout sur la plage. Premier objectif réalisé : vous avez sauvé votre peau. Reste désormais celui de récupérer la voile. Hors de question de vous remettre en danger pendant cette étape. Vous pensez avoir vécu le pire mais ramener une voile est loin d’être une mince affaire…
A- Le débarquement
Portable mouillé et vous êtes peut-être seul sur la plage… Réfléchissez bien.
Une fois arrivé au bord, non sans mal, je suppose, reprenez vos esprits et analysez la situation pour récupérer le parapente. Observez son déplacement et cherchez la solution la plus sûre pour le récupérer.
Si la mer est très calme, vous pouvez tenter de le rapprocher du bord avec l’aide de personnes volontaires et avec beaucoup de précautions.
Si la mer est houleuse, avec des rouleaux. Le plus souvent, il se rapprochera du rivage et vous pourrez vous faire aider pour le sortir. S’il reste dans la zone d’attente, il faudra opter pour une solution bateau.
Le parapente est proche du rivage
Vous pouvez commencer par neutraliser la sellette en la rapprochant du bord. Celle-ci peut être maintenue par une personne. Pour retirer la voile de l’eau, il est préférable de le faire en tirant sur une plume (l’eau a moins de prise dans les vagues dans ce sens) en la tenant par le bord de fuite au niveau du galon (plus résistant). Utilisez le flux montant pour l’avancer et maintenez-la pendant le flux descendant. Facile à dire !
Cet exemple d’amerrissage en parapente est intéressant parce qu’il montre la difficulté pour extraire une aile de la mer. Le volume d’un parapente dépasse les 3000 litres ! Heureusement que les vagues ne sont pas fortes…
B- Le nettoyage
Très laborieux ! Voici la méthode que j’ai utilisée. Au total, plus de 6 heures de travail et à cogiter sur ma mésaventure…
Rinçage, nettoyage et séchage
– Rincage grossier immédiat à grande eau pour retirer le sel. Plongez les élévateurs dans une grande bassine d’eau et changez l’eau plusieurs fois. Vous pouvez les laisser plusieurs heures et les laisser s’égoutter.
– Rinçage minutieux après avoir suspendu la voile sur toute sa largeur. Il n’est pas facile de trouver un endroit. Penser à un mur, un escalier extérieur ou une cloture à condition de ne pas abimer le tissu. Le rinçage peut aussi se faire par quartier. Cette étape vous permettra aussi de constater si votre voile n’a pas subi quelques dommages.
Pour suspendre la voile correctement (à 2 mètres du sol), nouez avec de la ficelle (ou des suspentes usagées) passant par les petites boucles tissu de fixation des drisses de frein. Rincez la voile à l’extérieur et à l’intérieur des caissons. Retirez le sable en retournant les ouvertures du bord d’attaque.
– Séchage. Plus ou moins long en fonction du temps. Utilisez un sèche cheveu pour sécher les parties en inox (mousquetons, poulies, maillons élévateurs) et graissez-les avec de l’huile minérale. La voile une fois sèche, utilisez l’aspirateur pour sécher les coutures et galons et enlever complètement le sable fin resté prisonnier dans ces petits endroits.
Ne jamais considérer le vol en bord de mer comme un vol banal !
Perdant de l’altitude, il poursuit son vol alors qu’il se trouve hors des marges de sécurité, dans l’espoir de trouver une ascendance salutaire pourtant peu probable. Découvrez le choix du pilote : amerrissage en parapente ou atterro dans les rochers ?
4- Questions réponses auprès d’un instructeur SIV : Fabien Blanco
Même si atterrir dans un lac en milieu encadré est loin des conditions d’un amerrisssage, les instructeurs en SIV possèdent une grande expérience, notamment sur les premiers gestes à faire dans l’eau. C’est pourquoi j’ai interrogé notre conseiller SIV, Fabien Blanco de l’école Flyeo à Annecy.
Dans le cadre d’un SIV, c’est bien différent d’un cas où tu tomberais dans la mer ou une rivière. La première chose que nous faisons est celle de vérifier le fonctionnement du gilet de flottaison. Nous expliquons aussi son placement par rapport à la sellette (faire attention à la ceinture de torse qui doit être placée sous le gilet).
Quand les élèves vont poser dans l’eau, il n’y aura pas, comme cité dans cet article, de maîtrise de trajectoire et de placement par rapport au vent, donc la consigne est, une fois dans l’eau, il faut rester sur le dos afin d’éviter de faire le sous marin et de boire la tasse, tirer par le secours en pression (si il y a du vent).
Se mettre sur le dos est relativement simple
Il faut d’une main appuyer sur le mousse bag ou l’air bag en le poussant dans l’eau et retourner la tortue (effet tortue). Une fois dans cette position, nous leur demandons d’attendre le bateau sans rien toucher.
Si la voile tombe dessus le pilote ?
Par expérience sur le lac, je n’ai vu qu’une seule fois un pilote recouvert de sa voile dans l’eau. Le pilote avait ramené son aile proche de lui après extraction du secours et celle ci l’emballait avant de toucher l’eau. Il est vrai que, dans cette situation, il ne pouvait plus bouger dans l’eau et pouvait suffoquer.
Dans tous les autres cas, la voile et le secours sont extérieurs au pilote. Si la voile recouvre le pilote, ne pas paniquer et suivre les coutures pour retrouver l’air frais ! La voile met beaucoup de temps à couler comme le parachute.
Si le pilote est emmêlé dans les suspentes ?
Paniquer et battre des jambes favorise les noeuds dans les pieds avec les suspentes omniprésentes dans l’eau. Le conseil est de défaire les suspentes des pieds avant qu’elles ne resserrent ! Souvent, il faut enlever les chaussures !
Dois-je défaire mes boucles de sellette avant de toucher le sol ?
Je ne conseille pas de défaire boucles cuissardes et ventrale avant d’être dans l’eau (dans le cas du siv), car ayant déja vu (au Népal) un cas où le pilote a sauté de son parapente trop haut et s’est brisé. La distance est faussée au dessus de l’eau (lac ou mer), nous n’avons pas ou très peu de référence de hauteur.
Ce qu’il faut faire dans tout les cas :
– du calme
– pouvoir respirer
– avoir du temps pour bricoler (se défaire de son matériel une fois dans l’eau).
C’est bien dans le cas du siv, mais j’imagine que dans une configuration différente en bord de mer ou dans une rivière, la priorité est de se désolidariser du matériel au plus vite car il fait ancre !
Remerciements : Jean-Marc Galan, Pierre Le Gall, Eric Langelé et Eric Bonhomme pour leur lecture et leurs remarques avant publication
COMMENTAIRES
Je souhaitais apporter une réaction/contribution à votre (très bon) article “Amerrissage en parapente : je l’ai testé pour vous !” :
C’est un sujet qui me tient à coeur pour plusieurs raisons. Déjà je vis et je vole actuellement en Nouvelle Calédonie et donc jamais très loin de la mer (certes turquoise mais tout aussi dangereuse). Ensuite dans le cadre de mon métier de pilote d’hélico militaire, je suis sensibilisé et entrainé à l’évacuation d’un aéronef après un amerrissage d’urgence, je sais donc à quel point ce n’est pas quelque chose d’anodin…
Bref, votre article est très intéressant et complet sur le sujet, ce qui est assez rare ! Un point retient mon attention : Le fait de disposer d’un coupe sangle accessible dans sa sellette.
En effet, sur certaine sellette light (comme ma NEO StayUp) les boucles de verrouillage automatiques ont été remplacées par des boucles alu manuelles plus légères. Avec l’habitude, c’est assez facile à utiliser au quotidien mais en cas d’amerrissage cela va ajouter une difficulté non négligeable dans un moment déjà critique !
Dans ce cas, la fixation d’un coupe sangle à portée de main me parait vitale. La Stay-Up ne disposant pas de cette fonctionnalité, j’ai ajouté moi même cet outil que j’ai fixé sur la sangle d’épaule gauche afin de pouvoir le saisir d’un seul geste en cas de besoin.
Le coupe sangle est le “hook knife” de NEO (très simple, 45g) et le montage est réalisé avec un petit bandeau élastique et 2 petits morceaux de velcro cousu :
(J’ai d’ailleurs écrit à NEO pour leur suggérer l’ajout de cette option sur la Stay Up)
Pour conclure, comme le plus grand risque de ce type de situation (comme beaucoup d’autres) est la panique du pilote, il est indispensable d’après moi d’y réfléchir bien avant de sentir les embruns qui se rapprochent !
Encore merci pour cet article, le récit excellent et les conseils avisés des pro comme Jérôme Canaud !
(à quand un chapitre bonus Wingmaster : arbrissage/amerrissage, comment s’en sortir)
Florebo Quocumque Ferar