
Choisissez une voile parapente correspondant à votre niveau de pilotage
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Les homologations parapente servent à classer le comportement des voiles et sont là pour aider aider à faire un choix en fonction du niveau du pilote, notamment face aux incidents de vol
Les catégories d’homologation parapente (normes DHV et CEN) ont été créées à l’origine pour structurer notamment l’offre du marché et écarter les ailes dangereuses. Outre les informations objectives et comparatives des produits testés, la normalisation a comme objectif majeur de prévenir sur la sécurité, avec des “warnings” pour connaître notamment les facultés d’une voile à sortir d’une situation hors domaine de vol en pilotage passif ou actif.
La classification de la norme EN 926-2 (de A à D pour la norme EN) porte donc sur une échelle graduelle des compétences du pilote en commençant, pour la première catégorie A, par un comportement passif du pilote jusqu’à, pour la catégorie D, par un comportement actif en conditions turbulentes avec maîtrise des techniques de sortie de domaine de vol. En résumé, les ailes classées en EN A et B se destinent donc aux pilotes dits en “apprentissage” alors que les catégories EN C et D sont réservées aux pilotes qui ont accumulés de l’expérience, qui sont déjà bien entraînés en SIV et qui acceptent de rencontrer et d’intervenir dans des configurations hors domaine de vol.
Pour rentrer un peu plus dans le détail, les tests d’homologation sont assurés par des structures agréées (comme le Labo FFVL Aérotest ou la structure suisse Air Turquoise), avec des ailes de pré-série du constructeur qui vont subir toute une batterie d’épreuves. Une première partie portera sur leur résistance (norme EN 926-1 – voir article “Déroulement des tests en charge“) et une autre partie sera consacrée aux réactions de l’aile dans des manoeuvres précises, la plupart dans des configurations hors domaine de vol (norme EN 926-2 – voir encadré à droite – voir aussi modèle de fiche test). Une ou plusieurs manoeuvres peuvent la “pénaliser”, la faisant entrer systématiquement dans une catégorie supérieure (voir article et vidéos : Comment se passe un test d’homologation ?).
La course à la performance au sein d’une même catégorie
Conscients des critères de choix traditionnels des pilotes en fonction des catégories, les fabricants sont capables aujourd’hui, dès la conception, de segmenter leur gamme en intervenant sur des paramètres comme l’allongement, la courbure de la voûte, le profil, le suspentage…
Le degré de sécurité des ailes ayant énormément évolué ces dernières années, les constructeurs sont soumis à une nouvelle pression : de nombreux pilotes veulent aussi du matériel de plus en plus performant dans la catégorie qui correspond ” à leurs aptitudes de pilotage”. Une pression de la demande qui pousse les constructeurs à concevoir des produits ultra-performants frisant “les limites de la catégorie” (voir encadré ci-dessous à droite de Jérôme Canaud). On assiste par conséquent aujourd’hui à une course technologique et concurrentielle des fabricants dans le développement de matériel capable de concilier un nouveau ratio : celui de la performance par rapport à la catégorie.
La Norme du parapente EN 926
Les tests sont réalisés en haut et bas de fourchette. Le pilote testeur provoque tout une série d’incidents et va juger la capacité de la voile à sortir de ces situations hors domaine de vol. La réaction de la voile va être mesurée selon un barème précis et notée de A à D. Le résultat général de notation de l’aile prendra la note la plus “pénalisante” de toutes les manœuvres réalisées en tests d’homologation. Au final, le pilote qui consultera la fiche de test sera informé des « warnings » de l’aile testée et du niveau d’exigence requis.
Description des catégories de parapentes selon la norme
Catégorie | Description des caractéristiques de vol | Description des niveaux de pilotage requis |
A | Parapente avec sécurité passive maximale et caractéristiques de vol extrêmement tolérantes. Forte résistance aux sorties du domaine de vol normal. | Pour tous pilotes y compris en phase d’apprentissage. |
B | Parapente avec bonne sécurité passive et caractéristiques de vol tolérantes. Résistance moyenne aux sorties du domaine de vol normal | Pour tous pilotes y compris en phase d’apprentissage. |
C | Parapente avec sécurité passive modérée et réactions potentiellement vives à la turbulence et aux erreurs de pilotage. Le retour au vol normal peut nécessiter un pilotage précis. | Pour pilotes entraînés aux techniques de sortie du domaine de vol, au pilotage actif, qui volent de manière régulière, et comprennent toutes les implications d’un parapente ayant une sécurité passive réduite. |
D | Parapente aux caractéristiques de vol exigeantes, avec réactions potentiellement violentes à la turbulence et aux erreurs de pilotage. Le retour au vol normal exige un pilotage précis. | Pour pilotes très entraînés aux techniques de sortie du domaine de vol, au pilotage très actif, ayant une forte expérience du vol en conditions turbulentes, qui comprennent et acceptent toutes les implications d’un tel parapente |
Source FFVL
Attention, derrière une aile EN B peut se cacher une “fausse C” dans certaines situations !
En effet, si des ailes passent favorablement les tests d’homologation pour la catégorie visée par les constructeurs, certains modèles typés “perf” exigent parfois un mental et un pilotage actif correspondant à ceux des ailes de la catégorie supérieure. Cette nouvelle tendance apparaît dans les catégories EN B et C mais elle tend carrément à se généraliser dans la catégorie B. Effectivement, il n’est pas rare aujourd’hui de trouver de nombreuses marques proposer 2 voire 3 modèles dans cette catégorie.
Si ces voiles respectent le “cahier des charges EN B”, il est fort probable que certaines nécessiteront une plus grande exigence de pilotage en conditions turbulentes mais aussi en situation d’incident pour éviter tout risque de sur-pilotage.
Comme le précise Jérôme Canaud : “dès que l’on met une norme, il est normal d’aller y voir les limites. Je ne trouve pas malsain que les constructeurs proposent 2 EN B dans leur catalogue. C’est plutôt responsable. S’il n’y avait qu’un modèle, le risque serait justement la course à la performance dans la catégorie, là il y a 2 modèles, 2 comportements, donc c’est plus facile de choisir”.
La nouvelle préoccupation des professionnels et des testeurs magazine : alerter le pilote tenté par une aile “Haut de catégorie”
Lors de tests de voiles typées “Haut de catégorie” (souvent qualifiées B+ ou C+), on voit de plus en plus fréquemment des mises en garde énoncées par les testeurs souhaitant rester le plus objectifs possible. Nous avons également pris conscience de cette nouvelle problématique avec les pilotes testeurs ROCK THE OUTDOOR. Responsables d’école côtoyant très souvent des pilotes sur leurs sites, ils constatent trop souvent de voir des pilotes voler avec du matériel bien au delà de leur niveau. Il suffit aussi de lire les petites annonces pour se rendre compte des ailes qui ont fait peur aux pilotes parce que trop vives et exigeantes…
Pour ces ailes aux “performances surprenantes” dans leur catégorie, le testeur, pour rester le plus objectif possible, ne peut pas faire autrement lors de la rédaction du test, d’apporter des mises en garde qui sont malheureusement interprétées comme des “connotations négatives”, parfois dérangeantes pour le fabricant même si l’avis du testeur est plutôt positif sur la voile. Se pose en effet, pour ces ailes “Haut de catégorie”, un sérieux dilemme car la classification “catégorie” n’est vraiment plus un critère de choix suffisant sauf si le pilote fait la démarche de consulter les résultats des tests d’homologation tout en s’assurant de ses réelles capacités en pilotage.
Il devient donc indispensable de sensibiliser et d’éduquer les pilotes sur leur façon de choisir une aile en basant leurs critères de choix sur leurs réelles compétences (donc accepter de faire une évaluation objective), leur périmètre d’évolution (habitudes, situation géographique…) et leurs objectifs de progression.
Principales manoeuvres en test d’homologation
1 Gonflage/décollage
2 Atterrissage
3 Vitesses en vol droit
4 Débattement/effort aux commandes
5 Stabilité en tangage en sortie de vol accéléré
6 Stabilité en tangage lors d’une action aux commandes en vol accéléré
7 Stabilité et amortissement du roulis
8 Stabilité en virage modéré
9 Comportement lors d’une mise en virage en 360° engagé rapide
10 Fermeture frontale symétrique (bras haut et accélérée)
11 Sortie de phase parachutale
12 Sortie de passage aux grands angles d’incidence
13 Sortie d’un décrochage stabilisé maintenu
14 Fermeture asymétrique (45 et 75%, bras haut et accélérée)
15 Contrôle de trajectoire avec fermeture asymétrique maintenue
16 Tendance à la vrille bras hauts
17 Essai de tendance à la vrille à. basse vitesse
18 Sortie d’une vrille développée
19 Décrochage aux B
20 Grandes oreilles
21 Grandes oreilles en vol accéléré
22 Comportement en sortie de spirale engagée
23 Commandes de direction alternatives
Source FFVL
Alors, comment choisir ? En restant honnête avec soi-même et en se posant les bonnes questions
On pourrait résumer cet article par une phrase de Christophe Waller de l’école K2 Parapente: “Les incidents proviennent du sur pilotage. Donc la bonne question est : cette voile correspond-elle à mon niveau ?” (cf article “Norme EN, mode d’emploi”). Tout pilote, quelque soit son niveau, est apte à essayer et à choisir une nouvelle voile parapente à condition qu’il soit capable d’évaluer ses aptitudes et de se poser les bonnes questions sur ce qu’il souhaite faire réellement avec et de bien prendre connaissance des résultats des tests d’homologation.
Jérôme Canaud précise que “le revendeur a une grande responsabilité là-dedans. Il doit connaitre le pilote pour lui proposer la bonne voile en fonction de critères très subjectifs qui sont toujours les mêmes (combien d’heures par an, quels types de vol, à quel endroit, niveau de mental). C”est simple comme ça, et ça devient compliqué car l’égo du pilote entre en jeu ainsi que la course au prix bas. Le pilote n’est pas toujours honnête avec lui même sur sa pratique. Le marketing est aussi là pour vendre du “perfo et facile” sans connaître le pilote, d’où une grande responsabilité du revendeur. C’est bien que le revendeur connaisse et vole avec le matériel afin d’ajuster son conseil“.
En guise de conclusion et pour ne pas vous laisser sur une fin sans réponse, je vous invite à découvrir l’avis de Nicolas Garcin ci-dessous et les conseils de Jérôme Canaud sur la méthode pour choisir une aile : Comment essayer et choisir une nouvelle voile parapente ?

L’avis de Nicolas Garcin, testeur ROCK THE OUTDOOR
Soyez bien conscient de vos capacités, de votre niveau, de vos ambitions de pratique et de votre géographie de pratique quand vous choisissez une voile
Nicolas, en tant que responsable d’une école et testeur ROCK THE OUTDOOR, peux-tu nous dire pourquoi la catégorie de l’homologation EN ne suffit plus pour choisir une aile ?
Oui, c’est vrai, les catégories ne suffisent plus. Actuellement, il est indéniable que nous assistons à la création officieuse de plusieurs (sous) catégories d’ailes à l’intérieur d’une même catégorie d’homologation, les EN B et les EN C étant les plus touchées.
Dans le segment des ailes intermédiaires, particulièrement les « EN B », on constate que chaque constructeur se lance dans une course poursuite à la performance tentant le meilleur compromis entre performance, stabilité/sécurité, en conservant cette catégorie d’homologation, digne des ailes correspondant à une sécurité passive et encore de grandes tolérances lors de la sortie du domaine de vol. On voit se développer officieusement 2 catégories pour ces ailes EN B : B et B+, (ou B sport, B high level…). Cela signifie pour nous, pilotes, une différence de comportement, et à fortiori une adaptation différente aux niveaux de chacun. En clair, il y a les bonnes B solides et les B proches des C.
En fait, j’ai parfois l’impression de revenir à de nombreuses années en arrière où les homologations n’existaient pas encore… On trouvait de tout pour tous les goûts…à la différence près, et c’est tant mieux, que les ailes dangereuses ont bel et bien disparues !!
Donc aujourd’hui, il faut savoir bien évaluer son niveau de pilotage avant de choisir une aile au sein d’une même catégorie ?
Oui, il faut être bien conscient de votre niveau avant de choisir votre aile. En effet, certaines pardonneront parfois plus que d’autres dans la même catégorie. Un parapente reste un parapente et certaines ailes actuelles ne supportent pas ou moins le sur-pilotage et peuvent, le cas échéant, engendrer des sur-incidents. Même une C « tranquille », comme je l’entends dire parfois, reste une EN C. Dans les EN B, c’est la même chose. Soyez toujours conscient de vos capacités, de votre niveau, de vos ambitions de pratique et de votre géographie de pratique.
Alors comment bien faire son choix ? Comment savoir si son niveau de pilotage est adapté ?
Les professionnels sont là pour ça ! Résidant dans les Alpes du sud, c’est vrai que nous voyons souvent des pilotes qui, malheureusement, volent avec des ailes souvent non adaptées à leur niveau… Les essais réalisés par les testeurs magazines vous permettront de connaître les caractéristiques des ailes proposées sur le marché mais encore faut-il savoir évaluer son niveau de pilotage.
Si vous doutez , n’hésitez pas à vous faire aider par un professionnel qui connaît bien le matériel qu’il propose et qui vous connait.
On dit que pour progresser, il faut accepter de décaler un peu le curseur “mise en danger”. Et si un pilote est tenté par une aile un peu plus exigeante en vue de progresser, quels conseils peux-tu lui donner ?
Quel que soit votre niveau, si vous craquez pour une aile un peu au-dessus pour progresser, je ne saurai trop vous conseiller de changer pendant une période hivernale, afin de vous habituer de manière progressive, de travailler au sol plus qu’il n’en faut et d’agrémenter tout cela par une ou deux journées de SIV afin de vous débarrasser de bons nombres d’appréhensions et de continuer à faire de votre loisir un vrai plaisir !!
Nicolas Garcin – Ecole FULL BLUE SKY