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Mauvaises observation et décision, c’est la collision en finale

Mauvaises observation et décision, c’est la collision en finale

La perte de vue de l’aéronef et les temps de prise de décision alors que nous étions à une altitude proche a mené à un accident qui aurait été facilement évitable“.

Michel se prépare pour atterrir. Il a bien conscience qu’un autre pilote vole à la même altitude que lui. Focalisé sur son atterrissage, il perd de vue l’autre parapente. Sa caméra étant sur son casque, on remarque bien qu’il ne cherche plus du regard à quel endroit se situe l’autre pilote. Il finit par le retrouver devant lui et cherche une solution afin qu’ils ne se gênent pas pour la finale. Il décide de faire demi-tour mais réagissant trop tard et étant trop près du sol, il poursuit son approche.

* voir cette vidéo de secuparapente.fr du pilote qui fixe l’obstacle à éviter et qui finit par le prendre

Surpris par la trajectoire du pilote (plus bas) qui a fait un dernier virage pour se mettre dans l’axe de l’atterrissage, le regard de Michel se dirige vers le pilote (l’obstacle à éviter*), éliminant du coup son intention de faire un virage pour lui laisser de la place (un arbre l’empêche d’utiliser la partie gauche du terrain). La collision devient inévitable. Heureusement cet incident près du sol n’a été sans conséquences graves (déplacement dans la cheville, bas du dos un peu tassé et toutes les cervicales qui ont bougé lors de l’impact avec le sol – 10 séances de chiro et d’ostéo sur 6 mois – et pour l’autre pilote, entorses cervicale et à la cheville).

Le contexte

Aérologie calme, peu de vent sur l’atterrissage.

1- les voiles se posent dans 1 sens

2 – Voiles en fin de vol et approche à la même altitude, jusqu’à l’abordage à 15m sol, qui finit bien pour les 2 pilotes.

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L’analyse et les conseils de Jérôme Canaud

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Le pilote analyse bien ce qui se passe en temps réel mais pas assez en anticipation.

Les questions que l’on peut et doit se poser

Les conseils dans ce cas précis

– Y a-t-il sur ce terrain une approche réglementaire, par exemple PTU main droite. Ou les approches sont-elles au choix des pilotes qui doivent s’adapter au monde, à l’aérologie et à la forme du terrain ?
– Comment peut-on anticiper ce genre d’accident dans les mêmes conditions, comment le pilote qui filme peut-il éviter cela la prochaine fois dans le même contexte ?

La PTU main droite semble l’approche la plus adaptée à ce terrain en longueur.

On remarque que l’aérologie est calme car la 1ère voile pose dans l’autre sens, on en déduit qu’il n’y a pas ou très peu de vent.
Pouvant poser dans les 2 sens, la première règle serait de tenir compte des potentiels autres pilotes pouvant poser en même temps : dans ce cas, il sera préférable de tous poser dans le même sens pour faciliter l’approche à plusieurs et éviter des trajectoires convergentes (face à face ) en fin d’approche.

Le terrain étant bordé d’arbres, sans dégagements latéraux , une approche à plusieurs à la même hauteur peut devenir assez technique en se retrouvant à la même altitude :

– donc, on a intérêt en fin de vol à vérifier les autres ailes alentours et faire une action pour s’étager (oreilles, 360°), simplement pour limiter les risques et rendre l’approche confortable.

– Si on repère un autre pilote à la même hauteur, ne pas le perdre des yeux pour s’adapter à ce qu’il fait et ce qu’il pourrait faire, sans être surpris. On peut aussi en étant proches se parler pour mettre en place quelque chose : par exemple, se diviser le terrain en 2 longueurs droite et gauche.

– On peut aussi surveiller l’autre aile pour se placer par rapport à elle et tenir compte de ses trajectoires présentes et à venir.

Le pilote décide de faire un demi tour à droite pour se metttre en finale, il entame ce virage et quand il voit l’autre pilote SA MAIN DROITE REMONTE entrainant une trajectoire convergente vers l’autre aile. En gardant son regard à droite, il aurait pu finaliser son posé sans encombres. On remarque aussi pendant toute la vidéo que le pilote regarde beaucoup devant lui, il n’ouvre que très rarement son champ de vision pour prendre des informations autour de lui. Il bouge très peu sa tête.

– Je pense que notre pilote (au vu du peu de vent) est trop collé au terrain : avoir plus de distance permet d’avoir un meilleur visuel sur l’autre pilote, de faire moins de virages, d’avoir plus de recul, d’avoir plus de temps et donc de pouvoir anticiper plus facilement. Trop collé au terrain, il n’a pas assez de recul (vu le peu de vent), il tourne autour du terrain .

– Notre pilote perd de vue l’autre aile pour se polariser sur le terrain.

– Sur la partie finale (dernier virage), il y a 2 possibilités : croiser le pilote et aligner la partie gauche du terrain (amont) OU tourner plus tôt, quitte à être plus long et rester sur la partie droite (aval) comme ce qui était prévu au départ (là, le pilote se focalise visuellement sur l’autre aile et ne termine pas son demi tour droite !).

NB : Au niveau des priorités, je pense que celles-ci changent pendant cette approche. Au début de la vidéo, l’autre aile est plus haute donc restera prioritaire si rien ne change, par contre en fin d’approche, l’autre aile se retrouve plus basse (moins perf, aérologie, virages plus appuyés?) donc devient prioritaire car plus près du sol.

Conclusion

Je pense que l’on voit ici les limites des régles de priorité et que la sécurité revient sur la capacité des pilotes à anticiper (surveiller les autres, s’étager) et à s’adapter au fur et à mesure. Il ne faut pas hésiter à remettre en cause son choix de départ si celui ci n’est plus adapté ou judicieux. Attention quand on est tendu, on a tendance à s’enfermer dans une action, une solution consiste à ouvrir son champ de vision pour voir d’autres possibilités (et aussi de penser bien en amont à différentes possibilités: autres terrains, autres approches,…).

Jérôme Canaud – Ecole Courant d’R

ROCK THE OUTDOOR, la culture parapente

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