Parachute de secours parapente : ce qu’il faut savoir pour bien le lancer
AVANT PROPOS : acquérir le geste réflexe d’ouverture du secours
Nous savons tous qu’il est indispensable de faire l’exercice de la poignée témoin mais qui fait cet entrainement en vol régulièrement ?
Pour notre sécurité, nous nous efforçons d’améliorer nos connaisssances et compétences en aérologie, météo, manipulation au sol, pilotage…. Mais, qu’en est-il du “savoir-faire secours” ?
En avion, avant le décollage, le personnel de bord présente les consignes de secours, une démonstration qui a pour effet d’accentuer le sentiment d’insécurité du vol en avion, alors que c’est le moyen de transport le plus sûr ! Le fait de “penser au secours” provoque-t’il le même effet dans notre inconscient ? Un bon nombre de pilotes se protège dans le “déni-secours”, se persuadant que “le déploiement du secours, c’est plutôt aux autres que ça arrive“. Pourtant, ce n’est pas faute de connaître des exemples autour de nous.
Le parachute de secours parapente, un équipement secondaire ?
Non, c’est une affaire très sérieuse puisqu’il en va de notre vie. Les professionnels sont là pour nous conseiller (secours adapté, pliage, installation, gestuelle) et pour nous rappeller que l’exercice de la poignée témoin est capital. Quand vous faites du tennis, ne répétez-vous pas vos mouvements afin qu’ils soient parfaits et deviennent automatiques. La balle arrive très vite, un geste imprécis et elle part dans le filet…
Si nous avons le sentiment de bien maîtriser le seul geste technique de notre sport, ne serions-nous pas plus en confiance en vol ? Alors, intégrons le secours comme un élément primordial pour notre sécurité. Prenons de bonnes résolutions en participant à des sessions spécifiques en école ou en club (siv, pilotage, tyrolienne, journée pliage). Et commençons déjà en parcourant avec attention ces recommandations d’Hervé Gabet.
René
En guise d’introduction, une vidéo de Plaine Altitude sur divers scénarios d’ouverture du secours et de neutralisation de la voile.
40 ouvertures de parachute de secours parapente en milieu sécurisé
SOMMAIRE
A) Quand ouvrir son parachute de secours ?
B) L’extraction du parachute de secours
- Attrapper la poignée
- Dégrapher la poignée
- Ouvrir le container
- Extraire le parachute
- Lancer le parachute
C) Le parachute de secours, une fois ouvert
- Neutraliser la voile
- Atterrir le mieux possible
D) Comment neutraliser le parachute de secours au sol ?
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A- Quand ouvrir son parachute de secours parapente ?
La prise de décision doit être rapide et justifiée donc avec grande lucidité en fonction de tous les éléments extérieurs.
Voici les principales raisons qui vous amèneront à prendre cette décision :
– une collision ou un accrochage avec un autre parapente,
– une rupture de matériel (suspentes en général),
– un incident de vol irréversible (tours de twists, autorotation par exemple),
– une rotation près du sol difficile à résorber,
– ou… quand on ne comprend plus ce qu’il se passe, d’où cette expression “contractée” lancée par la FFVL : “plus d’un tour, secours” qu’on peut élargir “si c’est parti fort et que, au bout d’un tour, je ne sais toujours pas quoi faire et ne comprends pas bien ce qu’il se passe, je tire le secours” – dixit Hervé Gabet de Plaine Altitude.
B- L’extraction du parachute de secours parapente
Chaque sellette étant différente, il est primordial de connaître parfaitement le fonctionnement de votre parchute de secours parapente.
Lisez le manuel de votre sellette, observez le sens d’extraction logique de la poignée et entrainez-vous chez vous ou au portique pour bien comprendre la gestuelle à adopter.
Laurent Van Hille de l’école Les Choucas a collecté l’ensemble des manuels ici
Les 3 types d’emplacements connus de la poche secours et la position habituelle de la poignée.
Illustration extraite du Manuel FFVL “Le parachute de secours en vol libre” réalisé par PP Menegoz
Etre sûr de l’extraction du parachute de secours parapente
Découvrez la vidéo traitant les sujets :
– Choisir un secours en adéquation avec sa sellette et son aile
– Etre sûr à 100% que son secours va fonctionner
– S’entraîner à l’extraction de votre secours sur tyrolienne !
– Faire réviser ou aérer son secours une fois par an
1- Attraper la poignée
Attraper (et non trouver) la poignée… le temps pour “trouver” la poignée est souvent trop long. En travaillant le geste technique pour qu’il devienne réflexe, vous gagnerez un temps précieux pour attraper votre poignée.
Comme faire secours se fait parfois dans des positions inconfortables, entraînez-vous à la “poignée témoin” (gestuelle vers la poignée) dès que des occasions en vol se présentent : lâchez votre commande et faîtes cheminer votre main en logeant le corps jusqu’à rejoindre la poignée et répétez ce geste pour l’inscrire dans votre mémoire. En longeant la main le long du corps, vous serez d’autre part moins sujet à la force d’accélération en cas de rotation accélérée.
2- Dégrafer la poignée
Toutes les sellettes ont une ergonomie différente et l’emplacement de la poignée varie selon le modèle (dorsal, sous-cutal ou ventral). Lisez votre manuel et observez avec attention votre système pour bien comprendre le fonctionnement, ce qui vous permettra de construire un geste précis pour un dégrafage optimal.
Attention aux velcros qui deviennent résistants si ils sont restés trop longtemps en place.
3- Ouverture du container
Le container est maintenu fermé par une ou deux aiguilles ou joncs. Pour l’ouvrir, il faut exercer une traction dans une direction bien précise. En général, c’est dans la même direction que celle pour dégrafer la poignée. C’est plutôt après avoir sorti le secours que la direction peut être différente.
4- Extraire le parachute
La gestuelle n’est pas la même en fonction de la sellette (poche sous-cutale, dorsale ou ventrale). Il convient de se référer à la notice de chaque sellette.
Pour les sellettes avec secours en sous-cutal (poche “tiroir” sous l’asssise), l’extraction à la poignée se fait plutôt vers le haut et vers l’extérieur (la poignée est fixée sur le POD pour qu’une traction vers le haut expulse le pod sur le côté).
Quand il est placé en dorsal (au dos de la sellette), le container s’ouvre en pétales. Pour cette configuration, c’est un mouvement avec plus d’ampleur qui est nécessaire (la distance poignée/pod est longue), il faut donc tirer plutôt vers l’avant et l’extérieur.
Pour la position en ventrale, la sortie du pod et le lancer peuvent se faire en 1 même geste . Dans le cas où les élévateurs du secours ventral sont fixés au niveau des maillons principaux, ce geste peut se faire soit à droite soit à gauche.
Il est important de maîtriser parfaitement ces 4 étapes et, comme chaque sellette est différente, d’adapter son geste en respectant les consignes indiquées par le constructeur.
5- Lancer le secours
Le plus important est que le parachute puisse s’éloigner du pilote et de la voile principale. Donc suivant les configurations (type d’incidents), le pilote lance le secours vers un espace libre.
En outre, dans une configuration de rotation, c’est à dire avec beaucoup de vitesse, lâcher le secours peut être suffisant, il ira dans la bonne direction. C’est lors d’un SIV que vous pourrez apprendre comment le jeter en fonction du type de rotation (spirale ou autorotation).
C- Le parachute de secours une fois ouvert
Comparatif de différents comportements et taux de chute d’un parachute de secours parapente en fonction de la charge alaire et de l’intervention du pilote
Neutraliser la voile
Aussitôt le secours déployé, il faut neutraliser la voile au plus vite pour éviter l’effet miroir – voir vidéo). Plus on agit vite et plus c’est facile !
Plusieurs méthodes existent. En voici 2 :
– Tirer symétriquement sur les élévateurs B, C, ou D selon la voile. Cette technique sera efficace si vous êtes précis, bien symétrique et que vous avez des gestes de bonne amplitude. Les D ne fonctionnent pas toujours et demandent beaucoup de contrôle (technique aisé pour ceux qui ont l’habitude comme les pilotes acros).
– Faire des tours de freins rapides (entre 7 et 10 tours) puis en ramener les mains à la poitrine. Cette technique proposée par des instructeurs SIV aux pilotes non avertis marche à tous les coups.
Atterrir le mieux possible
– Dans un champ
Debout, pieds joints, genoux serrés mais très légèrement fléchis, mains à la poitrine, coudes serrés et préparez-vous à atterrir comme si vous sautiez d’un mur de 2 mètres. Votre protection sous-cutale sera certainement utile.
– Dans les arbres
Position de sécurité, pieds joints, genoux serrés légèrement fléchis, les bras croisés avec les mains sous les aisselles (pour la protection des artères selon expérience des parachutistes militaires).
– Dans l’eau
En SIV, rien à faire, attendre le bateau de récupération. Si, à cause votre sellette, vous avez la tête sous l’eau, essayez de vous placer de côté pour respirer. En mer ou en rivière, il faut se sépaer de la sellette très rapidement (voir article ammerrissage).
D- Comment neutraliser le parachute de secours parapente au sol ?
Découvrez en images la méthode qui consiste à attraper le plus rapidement possible la ligne centrale (appelée pull down apex) qui rejoint l’apex (trou central de la coupole) et à la tirer franchement vers soi. Cette action sur l’apex creuse le centre de la voile et la dégonfle rapidement.
Cette technique est efficace mais tirer l’APEX est assez physique comparé à tirer une seule suspente, celle la plus près du sol. Dans les 2 cas, le pilote devra tirer d’abord sur les élévateurs pour atteindre les suspentes.
Sources
rédaction : libre adaptation inspirée d’une publication d’Hervé Gabet “Parachute de secours, mieux comprendre” – Conseil rédaction : Jérôme Canaud – Vidéos : Plaine Altitude
LIENS INTERESSANTS SUR LE PARACHUTE DE SECOURS PARAPENTE
Mauvais montage
Vers une extraction du secours adaptée aux réflexes de tous
Le parachute de secours, c’est le dernier recours, la fin d’un enchaînement d’événements stressants. Lorsqu’on arrive à cette étape, les secondes comptent ! D’où l’importance que le lancer du secours soit le plus efficace possible. L’étude de Matt Wilkes révèle des faiblesses sur le matériel mais aussi sur l’aspect humain !
Il s’acharne à défaire une cravate en restant en autorotation
En autorotation, le pilote ne fait absolument rien d’efficace pendant 3 minutes alors qu’il aurait dû ouvrir son secours depuis belle lurette. Heureusement pour lui qu’il avait du gaz pour se sortir de cette situation.