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Focaliser sur un incident annexe peut altérer bonnes décisions et pilotage

Focaliser sur un incident annexe peut altérer bonnes décisions et pilotage

Quand l'habitude altère le sens de l'analyse et des décisions à prendre

Après avoir visionné la vidéo de la péripétie de Paul, j’ai lu son récit qu’il avait fait à chaud peu de temps après son incident. Comme je n’ai pas identifié les mêmes causes que lui à propos de son incident, j’ai regardé de nouveau sa vidéo pour observer tous les paramètres (aérologie, déformation de la voile à cause de la clé, vitesse du parapente…). Bien que je n’étais pas sur place, ni à sa place, mon analyse s’avérait bel et bien différente de la sienne…

Ce vol présentant de multiples sources de sujets, j’ai demandé à Paul si il était d’accord que Jérôme Canaud décortique son vol et apporte son analyse en proposant aussi des pistes de comportements que Paul aurait pu avoir si il avait évalué la situation autrement. En effet, la manche à air à gauche du terrain étant souvent travers droit même quand les conditions sont bonnes, il n’a pas jugé utile d’aller plus loin dans l’analyse aérologique. L’habitude… Et il a jugé que le problème était principalement lié à la clé.

Je vous propose d’ailleurs un exercice : celui de regarder la vidéo de Paul, de lire ensuite son “récit à chaud”, puis de faire votre propre opinion sur ce vol avant de découvrir l’analyse de Jérôme…

Paul a le mérite d’avoir fait sa propre analyse de la situation et de la partager. Et il est très intéressant de s’apercevoir qu’il y a parfois une différence entre ce que l’on pense vivre et ce qui se passe réellement, et que la gestion des priorités est très variable en fonction de la perception des risques…

La cause évoquée par Paul : “C’est la clé à gauche qui a été la raison principale

A Cagnourine, les conditions aérologiques au décollage peuvent être fortes, même à 16h. Il est possible de partir sur d’autres sites mais on est habitué à cette brise de vallée qui alimente le décollage.

La vitesse de l’aile est parfois limite pour décoller et il faut sortir le barreau mais, là, les conditions n’étaient pas aussi fortes. C’est la clé à gauche qui a été la raison principale et responsable de ce déplacement de l’aile en crabe et en reculant.

Je me suis fait surprendre parce que c’est une première pour moi de m’être fait avoir, d’où l’importance de bien vérifier son cône de suspentage avant de se donner le top départ, surtout quand les conditions de décollage sont limites, limites… Une fois avancé, tout va bien mais la pente du relief accélère la brise de vallée au contact du sol et il faut un parfait profil pour avancer droit, parfois avec l’accélo pour s’en dégager mais, mais avec une clef, c’est la sanction qui aurait pu se terminer sur une ligne électrique à +/-70m derrière mon posé.

Paul

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Le récit de Paul à chaud

Une clef et ça peut être un vrai bordel…

Je vous raconte : c’est le 17 juillet 2015 à Cagnourine (Tende – Alpes Maritimes)
Après une journée de travail qui a débuté par un réveil à 5h15 et qui s’est terminée à 13h30, je récupère dare-dare mon 4×4 et je glisse sur Tende avec la ferme intention de décoller en vol du soir. Il est à peu près 16h00 quand j’arrive au déco de Cagnourine. Henri est là ; nous allons pouvoir partager le ciel “Tendasque”. Je me prépare et décolle le premier. L’aérologie est tonique mais je ne me fais pas arracher comme ça le fait généralement. Il est vrai que plus ça va et plus je maîtrise cette aile (Golden 4) au décollage mais, ce coup-là, avec la force de la brise, je suis étonné de ce qui m’arrive.

Henri me dit “elle est belle” et, sans inquiétud,e j’essaie d’avancer…. Oh que c’est dur pour avancer ! Pendant que je lutte pour avancer en mettant le max de poids à la ventrale, je me sens déporté en crabe par la gauche. Punaise… mince !!! Je me penche bien en avant pour mettre un max de poids à l’aile (le poids, c’est le moteur de l’aile) et je me fais soulever tout en reculant. Mince de mince de chez mince …, elle est si costaud que cela cette brise ??? Je sors l’accélo et j’enfonce le barreau mais je n’avance toujours pas bien au contraire, j’ai l’impression que, quand j’accélère, l’aile à un taux de chute plus prononcé mais j’insiste tout de même car là, je recule grave….

Lire la suite du récit de Paul

Chose qui m’interroge et m’inquiète sans pour autant perdre le nord, je reste calme, serein pour garder mes capacités d’analyse et ne pas faire n’importe quoi (idée de limiter la casse). Je lève les yeux vers mon aile et que vois-je ? Une sacrée clef en bout d’aile gauche, pas si grosse que cela mais elle me fout le bordel en empêchant l’aile d’avancer.

Ayant vu qu’avec mes capacités de pilote et ne trouvant aucun moyen pour avancer, je me dis qu’il ne me reste plus qu’à gérer cet état de fait ainsi que l’aile pour trouver un point de “chute” sans trop de dégâts car la clé ne saute pas malgré mes actions au frein. Je recule, je recule … je recule … tout en pilotant mon aile (elle tend à virer à gauche) en mettant à droite du poids à la sellette et du frein pour contrer afin de rester près de la pente et attendre l’aubaine d’une planche parmi les sapins, pins et aux arbres qui font le décor du lieu que je survole bien malgré moi ce coup-ci.

Je vois une belle planche qui est dans ma trajectoire, j’essaye de me rapprocher d’elle pour poser mais je ne fais que la survoler en reculant. Je regarde à droite, à gauche pour repérer un grand espace type planche herbeuse. Il y en a mais elles ne sont pas forcément à proximité. Mon idée est de rester tout de même près du relief.

Je survole les arbres en reculant et, dans mon esprit, je refuse de poser sur un arbre car c’est trop galère après pour récupérer l’aile sans trop l’abîmer. En vallée de la Pia, je vois le terrain dit de “foot” mais là, c’est pas la même histoire que la semaine dernière où j’avais pu poser. En cet après-midi, je vois bien les feuillages d’arbres qui sont bel et bien agités et je n’ai pas trop envie d’y laisser ma vie ou autres problèmes musculo-moteurs. Je reste donc sur ma première idée de rester près du relief en attendant le bon moment et la bonne planche qui veut bien m’accueillir (ça, c’est dans le meilleur des cas). Tout arrive à celui qui sait attendre. Au sol, je vois bien branches et feuillus se faire remuer par une aérologie tonique. Je me retrouve forcément sous le vent de talus et arbres alors je suis très attentif à tout mouvement de l’aile même si j’en ai pas la totale maîtrise (sinon je n’en serai pas là). Je vire mon aile par la gauche (il ne faut pas la contrarier) pour être vent de cul dans un but de choisir un lieu autre que celui où je me trouve.

Le lieu choisi atteint, je vire pour me retrouver face au vent, je gère tant bien que mal mes basses vitesses et quand je me retrouve dans le bon alignement, en début de planche, le fait d’enfoncer un peu plus les commandes, mon aile plonge en avant je ne sais trop comment, me voila à taper du cul le sol. Aïe aïe … que ça fait mal pour mon pauvre dos déjà bien tassé par les années de labeur à soulever mes patients.

Question : la clé aurait-elle sautée ou bien ai-je été victime d’une zone rouleau derrière obstacle ? Bref… calmement, je me relève, je plie l’aile et me voilà à devoir crapahuter tout en ne se sachant pas vraiment où je me trouve précisément. Je dois me tracer un chemin. Je pars l’aile sous le bras et la sellette sur mon dos (j’avais laissé mon sac de portage sur la planche). Avec cette charge, je me dis qu’il est idiot d’avancer de la sorte d’autant que j’avance en traversant planches et sous bois.

Finalement, je mets à l’abri mon matériel et je m’en repars beaucoup plus léger et moins encombré pendant que mon ami Henri, parti avec son véhicule, me cherche. Tout est bien qui finit bien, matériel récupéré, nous voila enfin repartis à voler pour deux autres vols dont un que je mène jusqu’à la pyramide. Voila … il n’y aura pas eu que du négatif mais maintenant je me trimbale un mal au dos plus accentué …. grrrrrrrrr

Paul

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L’analyse et les conseils de Jérôme Canaud



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