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Interview de Maxime Pinot, Champion du Monde PWC 2014

Interview réalisée par René HASLE, administrateur du site ROCK THE OUTDOOR
 

Alors, Maxime Pinot, Champion du Monde PWC 2014, ça te fait quoi?

Champion du Monde PWC, c’est un rêve de gosse qui se réalise. C’est aussi l’accomplissement d’années de passion, de pratique et d’entraînement. Ce titre, à 22 ans, c’est du bonheur…

Avant d’y aller, y croyais-tu vraiment ?

Oui j’y croyais ! C’est forcément dans un coin de la tête. Je me suis libéré l’esprit avant cette compétition. Les finales PWC, cela reste les plus belles compétitions auxquelles j’ai pu participer. Alors cette compète me tenait à coeur !

Pour t’avoir suivi depuis Chamousset (sur les décos et à travers le blog), tu as eu des hauts et des bas pendant cette saison. Qu’est-ce qui t’a poussé à continuer jusqu’au bout? 

La passion, tout simplement ! Voler, c’est une part importante de ma vie. Ainsi que la compétition, pour de nombreux aspects, et pas seulement le résultat. Il est vrai qu’après un championnat d’Europe catastrophique, le moral a pris une grande claque. Mais grâce à mes parents, mes sœurettes, mes amis, j’ai réussi à dépasser ces moments difficiles. C’est en prenant ces claques qu’on peut avancer ensuite, même si sur le coup c’est douloureux. Et ma sensibilité exacerbe ces moments… Mais je me soigne !

Depuis 1 mois, tu as décidé de changer ton approche de la course. Quelle a été ton mental pendant cette Super Finale de la Coupe du Monde PWC 2014? 

Oui, il fallait tout changer avant de repartir ! C’était une nécessité. Je me suis donc replongé dans mes comptes rendus de compétition, j’ai recherché des sensations positives dans les souvenirs des moments de réussite. J’ai recherché ce qu’il m’avait manqué, finalement, durant tout ce milieu de saison. Et je me suis rendu sur les championnats de France sans aucun objectif sportif, mais seulement des objectifs de manière. L’idée était de retrouver mes sensations.
Je crois que cela m’a libéré l’esprit. Totalement. J’ai retrouvé toutes mes sensations dès la journée d’entraînement. J’ai senti que j’étais en forme, calme et détendu. Au naturel, en quelqus sorte.

Tu fais partie des pilotes qui ont du mal à rester dans la grappe, à ne pas se laisser influencer par d’autres pilotes meneurs (prises de risques). Penses-tu que ce soit ce mental qui t’a conduit au succès d’aujourd’hui? 

Je n’aime pas beaucoup faire de la suivie. Ce n’est absolument pas mon style de vol. Je préfère toujours être en avant du groupe, pouvoir l’emmener. En gros, amener “ma pierre à l’édifice”. J’ai envie d’avancer. C’est comme cela que je me sens le plus efficace. Parce que c’est ma propre conception. Et elle marche pour mon profil. Mais elle n’est en aucun cas universelle.

J’ai lu dans ton blog que, en vol, tu te sers parfois des autres non pas pour les suivre mais plutôt pour les “duper”. Peux-tu me dire comment tu construis ta route en vol du point de vue mental? As-tu une stratégie globale que tu appliques à chaque fois ou te fies-tu plutôt à ton instinct (bref tes secrets quoi!)? 

Construire sa route en vol, en situation de compétition, je pense que c’est une balance entre sa propre perception des conditions et la perception qu’en a le groupe (avec tous les phénomènes qui peuvent y être associés). Plutôt de nature incisive, attaquante, j’aime avoir ma propre vision des conditions. Je vais donc chercher des indices objectifs pour construire une route potentiellement efficace: on est là sur de la pure analyse typée cross country.
Mais il faut bien sûr prendre en compte la puissance du groupe et sa capacité à “ratisser large” et prendre en compte les pilotes qui le composent. Il faut donc savoir à qui on a à faire, connaître les points forts et faibles des concurrents. Il faut mieux un petit groupe de très bons pilotes, qu’un gros groupe de pilotes moyens.
Et troisième chose, je me repose sur mes sensations pour ajuster mes lignes de vol. Le placement dans la masse d’air est très important si l’on veut performer.
Concernant ta question sur l’instinctif ou l’analytique, je suis quelqu’un qui est à la base assez instinctif. Mais à partir d’un certain niveau, l’un ou l’autre ne suffit plus. Le pilote instinctif doit apprendre à poser des éléments objectifs sur ses décisions, et le pilote analytique doit apprendre à lâcher prise pour réussir à se concentrer sur ses sensations (nous faisons un sport où le côté kinesthésique est important).

Chaque pilote a un ressenti, une perception des éléments : quelles sont selon toi, les particularités qui te distinguent de la majorité des pilotes de compétition? 

Ce qui peut me différencier des autres pilotes ? Je ne sais pas. Mais comme tout le monde, j’ai des points forts et faibles.
Parmi mes points forts, il y a la montée en thermique. J’aime beaucoup prospecter pour trouver le meilleur noyau et j’arrive facilement à me fier à mes sensations dans cette phase de vol. Cela me permet de me replacer efficacement dans le groupe.

Es-tu plutôt du genre à optimiser en faisant les plafs ou à filer direct dès que tu devines une opportunité ou un peu des deux en fonction des conditions? 

Cette question est un peu trop caricaturale. Tout dépend de la masse d’air dans laquelle tu évolues, des tranches de vol favorables au déplacement. L’efficacité, c’est une question de rythme et de placement dans la masse d’air. Il y a des journées où faire le plafond n’est pas forcément nécessaire. D’autres où si tu ne le fais pas, tu poseras rapidement. Il faut être en accord avec la journée.

Tu as été plutôt brillant sur cette Super Finale de la Coupe du Monde PWC 2014 en Turquie (comme dans ton élément) alors que les premières manches étaient particulièrement difficiles. Quelles sont les conditions dans lesquelles tu te sens à l’aise pour te démarquer des autres? 

Mes conditions favorites ? Je deviens petit à petit de plus en plus polyvalent. J’avoue préférer les masses d’air puissantes et matérialisées qui permettent de voler vite. Mais lors de cette finale, nous avons beaucoup de conditions différentes. Changeantes aussi. Et ça ne m’a pas desservi. Je viens de la plaine et les petites conditions ne me font pas peur. Le plus dur pour moi, c’est plutôt de réussir à être assez calme pour ne pas prendre feu. Là aussi, je me soigne !

Peux-tu me décrire quelques situations de bonheur pendant ces vols de la Super Finale? 

Il y a deux moments vraiment très forts pendant cette compétition. Le premier, c’est lorsque nous arrivons au goal, Antoine et moi, après un vol en cavaliers seuls. C’était aussi ma première victoire sur une manche de PWC (après avoir fait trois fois deuxième, il était temps !).
Mais plus que tout, c’est les dernières trente minutes de la dernière manche. Je ressors au milieu de la plaine, alors que le soleil décline sur l’horizon. Un oiseau m’aide à centrer le thermique pour le dernier plafond de la journée. Au sommet de la colonne, je sais que je vais gagner la manche et la superfinale. Je suis le dernier en l’air, seul au monde… L’émotion me submerge tout à coup. Je verse une larme ou deux et pars sur le glide final dans la lumière rose du soir. Et je me paye le luxe d’envoyer quelques sms pour partager ma joie. Magnifique…

Champion du monde : quelles sont tes ambitions pour 2015? 

En 2015, se dérouleront les championnats du Monde à Roldanillo, en Colombie. Un site magnifique ! Avec ce résultat à la finale, je sais que je suis potentiellement sélectionnable. Mais nous verrons bien le moment venu.
Sinon je repars sur le circuit Coupe du Monde. J’ai encore beaucoup de chose à apprendre des meilleurs et les meilleurs pilotes sont en PWC.
Sinon, la plus importante de toutes mes ambitions: continuer avec autant de plaisir !

As-tu observé si le changement de matériel t’a permis de te sentir plus à égalité par rapport aux autres pilotes? 

Equipés d’Enzo 2? Etre à armes égales avec les autres, c’est indispensable pour performer à ce niveau. Sans cela, le mental en prend un coup, et en l’air, c’est difficile de rivaliser. Alors c’est tout à l’honneur de Niviuk et Abac de nous avoir permis d’effectuer cette compétition avec l’aile du moment. Mais dans quatre jours je serai à la Réunion pour la Pré-PWC annuelle, et ce sera avec la nouvelle Icepeak 8 !

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DECOUVRIR

Maxime a conté son dernier vol de la Super Finale sur son blog : Rêve de dingue, rêve de gosse… Champion du monde PWCA

Revoir la Super Finale jour après jour la Super Finale Coupe du Monde Parapente 2014

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