Test de la voile AirDesign Rise 4 par Jérôme Compoint (EN B+)
Jérôme Compoint
PTV : 82 kg
Rise 4 taille S (72-92 kg)
Introduction
“J’ai eu la chance de pouvoir longuement tester la nouvelle Rise 4 de chez Air Design lors d’un séjour au Maroc et d’une journée de soaring au Grand Bornand. J’ai pu voler dans diverses conditions – thermique, dynamique et thermodynamique – des plus faibles au plus fortes, et mon ressenti global est très positif.
”
Air Design est revenu sur le devant de la scène depuis quelques années grâce à des ailes qui font parler d’elles, comme la Susi 3 par exemple, une aile montagne très performante et ultra accessible même dans les petites tailles.
Description de la voile AirDesign Rise 4
La première et agréable surprise en découvrant cette Rise 4, c’est son poids et son volume pliée, pour à peine plus de 4.2 kg pour la S en 24 m². On est dans des poids très honorables, sans aller dans l’ultra light. Livrée avec un grand sac de transport de 130 L et la mini chaussette 50/50 pratique et légère, cette Rise 4 se glisse très facilement dans les sellettes réversibles et sacs de randonnée pour les voyageurs et les amateurs de marche et vol.
Une version « superlight » fait même son apparition sous le nom de “Soar”, qui promet d’être l’arme ultime du vol rando bivouac et autres aventures.
Les poignées en néoprène sont très confortables et fixées pas un bouton pression qui évite tout détachement intempestif de la commande.
On regrette un peu l’absence d’une petite boule ou poignée de préhension sur les C, qui sont fort agréables à utiliser même sans voler accéléré (vous pouvez vous en équiper ici).
Air Design préconise un pilotage dans la fourche des B et des C, qui permet d’agir sur l’ensemble du profil et d’optimiser le plané. Accéléré, cette technique s’avère particulièrement efficace bien qu’assez physique. Mais sans accélérer, je trouve personnellement que de légères corrections aux C sont très efficaces et agréables.
Le suspentage de la voile AirDesign Rise 4 est très épuré et entièrement dégainé. Il demande donc un peu d’attention lors de la préparation mais le démêlage reste simple et rapide.
Côté fabrication de la voile, un extrados en Dominico D20 35g/m2 et un intrados en Skytex 27 Classic II double enduction : un habile compromis entre poids, volume et robustesse, qui offre un profil tendu et propre sans déformation dans le temps.
Sharknose et mini-ribs ne sont pas là pour rien, le bord d’attaque comme le bord de fuite sont très soignés et se déforment peu.
L’allongement, qui avoisine les 6, peut paraître impressionnant pour une aile de cette catégorie, mais il n’en est rien. En effet, l’aile est très “monobloc”, et les déformations dues à l’allongement sont très contenues, voire inexistantes. En gros, si on ne sait pas que cette Rise 4 fait 5.9 d’allongement à plat, ce n’est pas son comportement qui nous l’indiquera.
Seule une légère tendance à la cravate des bouts d’ailes lors de fermetures massives ou d’un gonflage mal préparé peut révéler cette caractéristique, et les joncs, comme sur la plupart des ailes, n’aident pas au démêlage facile des ces cravates.
La présence d’une suspente de stabilo (plume) de couleur différente est très appréciable dans ce genre de cas, et Air Design y a pensé !
On notera la présence de très petites tailles (PTV à partir de 50 kg) comme souvent chez Air Design, et qui est fort appréciable pour les petits gabarits. De plus, ces petites tailles restent rapides et performantes grâce aux évolutions de profil apportées, notamment sur la Susi 3.
La vitesse et la performance étant souvent les points noirs des petites surfaces.
Gonflage, décollage
Le gonflage sans vent est exemplaire, l’aile écope bien et se construit rapidement pour prendre son profil, qu’on sent vite parfaitement tendu et prêt à voler.
Dans le vent fort, l’aile se structure tout aussi rapidement et a même tendance à monter de manière un peu vive, surtout sur la fin de la montée, ce qui peut surprendre certains pilotes non aguerris au gonflage par vent fort.
Le profil de l’aile AirDesign Rise 4 se construisant très bien, on peut facilement utiliser la méthode de gonflage A dans une main et B ou C dans l’autre, une légère traction sur les B lorsque la voile « arrache » permet en effet de casser momentanément la portance et facilite une montée de l’aile en douceur.
Attention aussi aux cravates dues à une préparation en bouchon trop hâtive. La facilité de prise en main de cette Rise 4 en fait vite oublier son allongement.
En vol
Une fois en l’air, on ressent de suite une bonne glisse et une vitesse élevée pour une aile de cette catégorie. J’ai volé la taille S (72-92) à environ 82 kg de PTV, soit en plein milieu de fourchette. Ayant l’habitude de voler une C chargée à presque 10 kg au-dessus du PTV, j’aime la vitesse et redoute les ailes lentes et peu manœuvrables. La voile AirDesign Rise 4 m’a donc agréablement surpris par sa maniabilité et sa vitesse, et n’a pas grand chose à envier à certaines EN C.
Les commandes sont directes, fermes et précises ; pas physiques mais presque. Pour son comportement, on peut observer que l’aile est réactive et le virage précis, même en milieu de fourchette. L’appui sellette a son importance et rend le pilotage efficace, surtout dans les petites conditions où l’on va pouvoir facilement optimiser le virage à plat.
La AirDesign Rise 4 est plutôt « filtrée » et elle ne transmet pas plus que nécessaire.
Les pilotes qui n’aiment pas se faire « brasser » en l’air seront ravis.
Malgré son allongement, la pression interne limite grandement les déformations sur l’envergure, conservant ainsi le ressenti d’une aile en B. Ayant l’habitude de voler sous une C, j’ai trouvé cette Rise 4 un peu “poutre”, mais elle transmet tout de même par demi-aile et le retour d’info est d’autant plus compréhensible qu’il est épuré.
La version légère de cette Rise 4, la Soar, devrait transmettre plus du fait d’une construction plus light.
L’ensemble donne une sensation générale de confiance et de facilité, ce qui permet une exploitation très efficace des thermiques les plus timides aux plus teigneux, offrant un rendement global très intéressant.
Le gros point fort de la AirDesign Rise 4 est sa tolérance aux basses vitesses
Bien que l’aile réagisse dès les premiers centimètres de commande, le débattement est long et le point dur avant décrochage est rédhibitoire. Il est presque impossible d’atteindre le point de parachutale par inadvertance. Ce qui rend l’aile très rassurante lors de virages insistés en thermique couché par le vent, ou pour les reposes au déco avec la méthode dite de « pompage ».
Cette importante pression interne rend aussi la Rise 4 très robuste aux diverses fermetures et le ressenti global est encore une fois une grande sécurité passive.
Lors de fermetures asymétriques provoquées, les changements de cap étaient presque inexistants et les frontales, même massives, se sont rouvertes immédiatement sans tendance à coller et sans accélération des bouts d’ailes.
Lors de décrochages provoqués, on sent que la voile veut revoler et sa tendance au shoot est assez importante, tandis que lors de 360 sortie chandelle ou tout simplement en thermique, le shoot est très faible !
Même s’il est difficile de donner des chiffres sur le plané global, en volant aux côtés d’autres pilotes et d’autres ailes de catégories supérieures, la Rise 4 n’a pas à rougir… loin de là.
Sa pénétration globale dans la masse d’air et sa vitesse offrent une sensation de glisse très agréable, et sa finesse rivalise aisément avec certaines EN C même récentes.
L’accélérateur est souple et très efficace, il s’utilise sans modération sur la première moitié du débattement. Le gain en vitesse est flagrant, et accompagné d’un pilotage aux B + C, bien qu’assez physique, le plané reste excellent.
Sur la deuxième moitié du débattement, la vitesse est grisante mais la finesse en prend un coup et on sent qu’on atteint les limites de la catégorie.
Conclusion
Le mot qui m’est le plus souvent revenu en tête en volant avec la voile AirDesign Rise 4 est « facilité ». Facilité de prise en main, de compréhension du pilotage et de la masse d’air.
Confiance et sérénité alliées à des performances qui promettent de bons petits cross, et une polyvalence qui en fait une bonne aile à tout faire.
Je ne suis pas un grand fan des ailes de la catégorie dite « B+ » qui pour moi veut tout et rien dire à la fois, et qui peut contenir les meilleurs compromis comme les pires. Mais après avoir volé plus de 12h dans toutes sortes de conditions avec cette Rise 4, je dois bien avouer qu’elle correspond parfaitement à ce qu’on attend d’une aile de cette catégorie, à savoir un excellent compromis performance / accessibilité pour des pilotes occasionnels ou réguliers qui cherchent à voler longtemps avec un maximum de sécurité.
Jérôme Compoint
Spécifications de la voile AirDesign Rise 4
Taille | XXS | XS | S | M | L |
Surface à plat (m²) | 18,77 | 21,34 | 23,83 | 25,91 | 28,08 |
Surface projetée (m²) | 15,97 | 18,16 | 20,27 | 22,04 | 23,89 |
Envergure à plat (m) | 10,54 | 11,24 | 11,88 | 12,39 | 12,89 |
Envergure projetée (m) | 8,47 | 9,03 | 9,54 | 9,95 | 10,35 |
Allongement à plat | 5,92 | ||||
Allongement projeté | 4,49 | ||||
Nombre de cellules | 53 | ||||
Poids (kg) | 3,59 | 3,90 | 4,25 | 4,52 | 4,75 |
Catégorie LTF/EN | B | B | B | B | B |
Poids de départ (kg) | 50-65-72 | 60-78 | 72-92 | 85-105 | 100-125 |
*50-65kg est le Poids Total Volant standard, 65-72kg le Poids Total Volant étendu (les 2 EN B). |
En savoir plus sur le site AirDesign
Matériaux
Voile
Extrados : Dominico DOKDO-20DMF(WR) 35 gr / Intrados : Porcher Skytex 27 classic II (double enduction) / Cloisons : Dominico DOKDO-204432FM
Suspentes
Hautes : Edelrid 8000/U-070, 090 / moyennes : Edelrid 8000/U-130, 190 / basses : Edelrid 8000/U-190, 230, 280
Elévateurs : 13mm Aramid – Maillons : 4.3mm JOO-TECH/Corée