Test de la voile light AirDesign Soar XXS par Pierre Chesne (EN B+)
Taille de la Soar utilisée par Pierre : XXS, PTV de 62 kg (PTV recommandé : 50-65-72 kg / 65-72 kg correspondant à un PTV étendu)
Sellette utilisée : Supair, Delight 1
Description de la voile AirDesign Soar
Au premier abord, on remarque un savant mélange de technologies différentes avec des joncs en Nitinol sur le bord d’attaque, mais aussi du Mylar et des joncs en plastique plus épais sur les bouts d’aile.
La voile AirDesign Soar est minimaliste pour gagner en poids mais d’apparence confortable. Les tissus intrados et extrados sont intégralement en Porcher 27g, classic II (double enduction, mieux pour la durabilité). Les cloisons sont aussi en Porcher, mais en 27g Hard. C’est une 3 lignes avec des élévateurs en Dyneema, des suspentes non gainées en Aramide (Edelrid 8001-U) identifiées par des couleurs différentes.
La connexion entre les suspentes et les élévateurs se fait par des maillons à vis ovales alors que, pour ces catégories de voiles, toutes les autres marques utilisent de petits connects en Dyneema. Cette solution permet de changer des suspentes beaucoup plus facilement et simplifie aussi la prévol puisqu’il est beaucoup plus simple de vérifier visuellement la bonne fermeture. La perte de poids, pour ce type d’utilisation, est tout à fait négligeable (environ 50g).
Maniement au sol
Le gonflage est évident, l’aile écope de façon symétrique, ce qui facilite bien le pilotage au moment de la réception de la voile. Il est aussi très facile par vent nul.
Aux environs de 12-15 km/h au décollage, la voile AirDesign Soar a une belle tendance à accélérer en fin de course si le pilote n’avance pas vers elle pour dissiper son énergie. Il faut donc être réactif et l’anticiper un peu mais c’est, à mon avis, une généralité pour les ailes de cette catégorie.
Au sol, le pilotage de la AirDesign Soar est très vite intuitif. Le débattement n’est pas grand (20-30 cm) et aucun point dur ne se fait sentir, hormis juste avant le décrochage. Elle est à la fois précise et joueuse pour de belles séances de jeux en statique dans le vent.
Décollage et premiers tests en vol
La prise en charge est excellente et l’on ressent tout de suite qu’il s’agit d’une aile avec une excellente glisse. Le plané de la Soar est d’après moi le meilleur des ailes de cette catégorie.
Au test de l’accélérateur, le premier tiers est utilisable très facilement pour gagner en performance en transition. L’aile gagne plus de 5 km/h en vitesse horizontale alors que la vitesse verticale n’est presque pas dégradée. Accélérée à fond, la vitesse est remarquable. Ce sera très utile pour s’écarter d’une zone inconfortable et pour avoir une belle marge de sécurité face au vent. L’aile perd en plané et c’est exactement ce que l’on apprécie pour une aile de cette catégorie. Accélérée à fond, l’aile est bien sûr plus sensible, mais, tant que l’on reste dans une aérologie saine, elle ne semble pas proche des fermetures.
Le pilotage aux arrières est aussi très agréable. Une sangle confortable est placée entre les élévateurs B et arrières pour poser la main. Les actions sont précises et sans effort.
En vol thermique
Selon moi, un de ses énormes points forts, c’est le virage. Comparé aux autres ailes de sa catégorie, le débattement est un peu moins grand rendant la voile beaucoup plus précise. J’apprécie beaucoup sa performance en virage : la voile AirDesign Soar tourne très bien à plat, que l’on pilote avec la commande intérieure pour visser un thermique puissant ou que l’on décide de relever la main extérieure pour voler en petites conditions.
Le roulis, très amorti, permet de gagner à la fois en confort et en performance en vol thermique mais aussi en plaisir de pilotage dans toutes conditions. L’amortissement sur l’axe du tangage est très bien dosé : en air calme, loin du relief, il est possible de jouer sur de très grandes amplitudes sans voir un seul frémissement du bord d’attaque. En thermique, le bout d’aile extérieure a tendance à clignoter s’il n’est pas tenu au frein. On ne peut la laisser faire toute seule, il est nécessaire de voler au moins au contact.
Tests en descente rapide et hors domaine de vol
Que l’on fasse les petites ou les grandes oreilles, le tissu plié flappe sur les côtés. Elles se rouvrent sans action du pilote. On n’est pas secoué dans la sellette et le taux de chute est remarquable. Cette facilité d’utilisation rend l’aile très polyvalente, par exemple, pour s’étager en perte d’altitude.
Les 360 sont efficaces en taux de chute mais il s’agit quand même d’une aile avec un peu d’allongement et il n’est facile de les maintenir longtemps. La technique d’une oreille fermée du côté extérieur à la rotation est à la fois confortable et très efficace. Elle sollicite beaucoup l’aile mais peut être utilisée de temps en temps pour descendre rapidement et simplement.
La précision de pilotage de la voile AIR DESIGN Soar rend les basses vitesses assez intuitives. Un véritable point dur se fait sentir avant la phase parachutale. Les reposes au décollage ou en altitude pour le vol bivouac en sont largement facilitées !
Les fermetures asymétriques provoquées en air calme jusqu’à la moitié de l’aile, peuvent être pilotées aisément à la sellette pour maintenir le cap. Il n’est pas nécessaire de rajouter de la commande mais une action franche du pilote à la sellette est utile.
Atterrissage
La précision de pilotage remarquable de la voile AirDesign Soar en fait une bonne voile pour poser en douceur et précision. En jouant sur les régimes de vol, il est possible de se placer très précisément en finale. Le freinage final est une évidence et il me semble difficile d’être surpris par un manque de dissipation d’énergie ou par un freinage trop tôt.
Conclusion
C’est, d’après moi, une aile qui fait un grand bond en avant dans cette catégorie. Elle a de nombreuses qualités : compacte, légère, performante en thermique et en cross, polyvalente. Mais c’est aussi le véritable plaisir à la piloter qui donne envie de voler avec une voile AirDesign Soar (vitesse, précision aux commandes et côté joueur) !
Le bon niveau de sécurité passive (B uniquement sur les grandes oreilles accélérées et fermeture asymétriques à 50% au Ptv max – voir encadré) ne doit malgré tout pas tromper les pilotes en début de progression en cross.
Elle a été utilisée sur plusieurs longues traversées en vol-bivouac dans les Alpes en 2020 et c’est à mon avis l’un de ses meilleurs programmes !
* Les Winglets en bout d’aile sur les voiles AIrDesign sont “inspirés par la nature et par l’industrie aéronautique moderne“. Ils augmentent artificiellement l’allongement projeté, améliorerait la performance en réduisant la traînée des stabilos et en permettant une meilleure stabilité directionnelle.
Caractéristiques de la voile AIR DESIGN Soar
TAILLE | XXS | XS | S | M | L |
---|---|---|---|---|---|
SURFACE A PLAT (m2) | 18,77 | 21,34 | 23,83 | 25,91 | 28,08 |
SURFACE PROJETEE (m2) | 15,97 | 18,16 | 20,27 | 22,04 | 23,89 |
ENVERGURE A PLAT (m) | 10,54 | 11,24 | 11,88 | 12,39 | 12,89 |
ENVERGURE PROJETEE (m) | 8,47 | 9,03 | 9,54 | 9,95 | 10,35 |
ALLONGEMENT A PLAT | 5,92 | 5,92 | 5,92 | 5,92 | 5,92 |
ALLONGEMENT PROJETE | 4,49 | 4,49 | 4,49 | 4,49 | 4,49 |
CELLULES | 53 | 53 | 53 | 53 | 53 |
POIDS (kg) | 2,83 | 3,11 | 3,47 | 3,69 | 3,95 |
CERTIFICATION EN / LTF | B | B | B | B | B |
POIDS TOTAL VOLANT (kg) | 50-65-72* | 60-78 | 72-92 | 85-105 | 100-125 |
Voile
• Extrados : Porcher Skytex 27 classic II
• Intrados : Porcher Skytex 27 classic II
• Cloisons : Porcher Skytex 27 hard
Suspentes:
• Suspentes hautes : Edelrid 8000/U-070, 090
• Suspentes moyennes : Edelrid 8000/U-130, 190
• Suspentes basses : Edelrid 8000/U-190, 230, 280
Elévateurs : EDELRID Taurus – ~3,7mm Dyneema Rope
Maillons : 4,3mm JOO-TECH/Korea