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La neutralité spirale en parapente expliquée par Jérôme Canaud

La neutralité spirale en parapente expliquée par Jérôme Canaud

Comme d'habitude, ROCK THE OUTDOOR saisit une opportunité de diffusion d'une vidéo récente sur le web afin d'apporter plus d'informations et de conseils. Cette fois, il s'agit d'une vidéo publiée par Little Cloud qui explique en image la neutralité spirale. Nous avons demandé à Jérôme Canaud de nous apporter plus de détails sur cette configuration particulière de l'aile que de très nombreux pilotes appréhendent...
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Les bons conseils de Jérôme Canaud

Comme le dit Thomas Bourdeau (représentant de Little Cloud) : « Beaucoup de fantasmes sont disséminés sur ce sujet dans le monde du vol libre », et c’est pour cette raison que cette petite vidéo informative a été faite sur la neutralité des comportements en spirale. Quant à Jérôme**, qui a été pilote test d’homologation EN* puis pilote test chez Ozone, nous pensons qu’il a les capacités de présenter plus en détails ce sujet et d’apporter toute la lumière pour démystifier cette configuration.

* même si depuis il y a eu quelques évolutions au niveau des homologations – ** voir son cursus pro en bas de page
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Définition

La voile est en spirale engagée (sup à 6m/s), le pilote n’a pas d’actions sur les commandes (mains au niveau des poulies), la voile peut avoir 3 comportements différents :
– elle est neutre spirale si elle continue sa spirale à la même vitesse (il faut une action du pilote pour sortir)
– elle est stable spirale si elle sort toute seule de la spirale (le test d’homologation accepte 2 tours pour qu’elle sorte seule). L’action pilote n’est pas indispensable mais permet de sortir plus tôt.
– elle est instable spirale si elle reste en spirale avec sa vitesse qui augmente (il faut une action pilote pour sortir).

Comment peut-on se retrouver en neutralité spirale?

En allant chercher un peu, le pilote peut trouver une neutralité spirale même avec des voiles dont le résultat du test d’homologation est « stable spirale ». En atteignant un taux de chute important entre 15 et 20m/s, en jouant avec le transfert de poids et la position de son corps (penché en avant ou penché en arrière).
Suite à une fermeture asymétrique importante (supérieure à 55% de l’envergure), la voile peut partir en autorotation, puis se ré-ouvrir complètement et continuer en neutralité spirale.
Une petite cravate (voile coincée dans le suspentage en extrémité de l’aile) peut provoquer suffisamment de traînée, entraîner une spirale qui devient neutre.

Pourquoi des différences de comportement entre les tests d’homologation et le comportement en utilisation réelle?

Rappel : les tests d’homologation sont réalisés en air calme et sont déclenchés sur une aile en voile droit stabilisée en tangage et en roulis.
Pour le test de la spirale, il y a 2 comportements à vérifier :
– le premier : est ce qu’en 2 tours, à vitesse modérée, la voile ressort seule sans action pilote?
– le deuxième : après 2 tours à vitesse engagée, le pilote relève progressivement sa main pour ne plus avoir d’action à la commande, il n’y a plus de transfert de poids et on regarde le comportement de la voile. Si elle sort seule en 2T maxi de manière progressive elle est considérée comme stable donc résultat du test en « A ». Si elle ne sort pas seule en 2 tours, le pilote intervient à la commande pour sortir, le résultat de ce test ne sera pas en “A”. Les notes “B”, “C” et “D” dépendront du comportement de la voile (amplitude du tangage, fermetures éventuelles…).
L’objectif des tests d’homologation c’est qu’ils soient reproductibles pour pouvoir vérifier le comportement d’une aile dans un cadre très précis. On comprend alors qu’en sortant de ce cadre de tests, on peut avoir des comportements différents.

Un petit oubli dans les commentaires de la vidéo

La vidéo de Gill est bien faite au niveau du message apporté et de la prise de vues. Il est dit qu’on ne peut pas rentrer en neutralité spirale sans action du pilote. La voile peut se mettre en spirale puis en neutre suite à une fermeture asymétrique qui entraîne une auto-rotation pendant laquelle la voile se ré-ouvre et continue en spirale.

Comment sortir d’une aile qui est en neutralité spirale?

Comment s’entraîner à faire des des descentes rapides en spirale engagée?

Les manœuvres sont très simples techniquement, par contre le contexte les rend très difficiles à être effectuées.
Contexte : vitesse élevée, donc perte de repères sol, le stress, champ de vision rétréci et voile noir (ces 2 phénomènes sont accentués si on a faim, froid et fatigué), jambes douloureuses (afflux de sang), tête très dure à bouger (force centrifuge), proximité du sol entraînant une viscosité mentale ressemblant à de l’abandon, commandes extérieures particulièrement physiques (plus que d’habitude pour la même position :donc on n’ose pas appuyer), très difficile de trouver et d’agir sur la poignée de secours, difficulté d’estimer sa perte de hauteur pendant la spirale.

Le pilote commence par se mettre « bras hauts, c’est-à-dire mains aux poulies, pas d’action sur le bord de fuite.
ENSUITE :
dans ce contexte compliqué, il faut tenter de freiner brutalement et momentanément sur la commande extérieure, c’est-à-dire donner un coup de frein au moins sur la moitié du débattement puis relever la main pour rester dans une spirale qui ralentit et dont on pilote la sortie.
OU
dans ce même contexte, tenter un freinage symétrique sur la moitié du débattement (poitrine, si mains en dragonne) puis piloter la sortie de la spirale qui s’est ralentie

La spirale engagée est la manœuvre la plus compliquée à maîtriser pour plusieurs raisons. Elle sollicite beaucoup le corps donc il faut s’entraîner régulièrement pour garder son niveau technique. Ce niveau baisse avec le temps si le pilote ne s’entraîne pas ou n’entretient pas un niveau minimum. Le niveau minimum pour un pilote autonome (niveau Brevet de Pilote, Pilote Confirmé) est d’être capable de descendre en spirale engagée à plus de – 5/6 m/s . En dessous de cette valeur, d’autres manœuvres de descente rapide sont efficaces (descente aux « B », oreilles+accélérateur+wing).
La méthode d’apprentissage de la spirale doit se faire progressivement, avec un encadrement compétent. C’est pas mal et en milieu adapté ou sécurisé (plan d’eau + bateau) . On commence en général après avoir maîtrisé les wings et le tangage, à travailler l’entrée et la sortie de la spirale sur 1, 2 ou 3 tours . Ensuite, on va travailler le nombre de tours en l’augmentant progressivement pour s’entraîner à la force centrifuge, la perte des repères sol, à être lucide sur sa perte de hauteur…
L’entraînement est aussi basé sur le regard pendant la spirale, le regard va passer du stabilo coté virage (horizontal) qui permet d’estimer sa perte de hauteur à un point en dessous à la verticale pour supporter les tours (compter les tours et garder des repères sol).
La méthode de la spirale engagée avec une oreille opposée facilite beaucoup la technique.

Remarques sur le transfert de poids

La force centrifuge sollicite énormément le pilote et a pour conséquence de rendre le contre en transfert de poids très difficile à réaliser notamment sans appui sur les élévateurs. Lorsque le pilote se retrouve dans en neutralité spirale , il peut être urgent de sortir donc l’action simple à faire et efficace est une action à la commande opposée (ou freinage symétrique) et non pas le transfert de poids. Le transfert de poids + commandes apparaitront pour la conduite de la sortie de la spirale.

Remarques sur la spirale engagée

– en spirale engagée, les 2 mains ont une position plutôt haute (position au-dessus de l’épaule avec les commandes en dragonne ou ½ tour de frein).
– ce que ressent le pilote va varier en fonction des voiles, de sa fatigue, de sa position dans sa sellette (jambes pendantes, jambes horizontales dans un cocon, jambes recroquevillées sous l’assise de la sellette)

Jérôme Canaud – Ecole Courant d’R – La Réunion

J’aime toujours beaucoup enseigner et avoir un message juste pour améliorer la connaissance des pilotes pour plus de sécurité et de plaisir

Outre son cursus de moniteur/biplaceur/formateur FFVL et jeunesse et sports, Jérôme a eu la chance de travailler 8 ans pour la norme AFNOR dans le labo test FFVL (standard, perf, compet) puis de participer à la mise en place de la batterie de tests d’homologation actuelle (A, B, C et D). Après cette période, il a monté l’école Aéroslide à Annecy spécialisée dans les stages de pilotage et SIV. Ensuite, il a bossé 5 ans chez Ozone en tant que pilote test à temps complet, puis il  a créé la marque Little Cloud avec Tom Bourdeau avec le succès qu’on connaît de la mini voile.

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La spirale et la neutralité spirale expliquée par David Eyraud (Les Passagers du Vent)

A travers cette fiche, David Eyraud résume par des illustrations la spirale et la neutralité spirale et comment en sortir (sortie avec dissipation d’énergie ou avec ressource et contrôle d’abattée).

Il précise aussi que, passé les 45°, pratiquement toutes les ailes peuvent se retrouver en neutralité spirale et que donc une intervention du pilote est nécessaire!

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