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Manoeuvres voltige mal maîtrisées, il tire son secours qui ne fonctionne pas

Manoeuvres voltige mal maîtrisées, il tire son secours qui ne fonctionne pas

Descubrir su testimonio en español El accidente de Calitti en Kössen

Carlos, 26 ans, est né et a grandi à Cochabamba en Bolivie. Il a récemment terminé son bac en biologie là-bas et il est actuellement en vacances en Europe. Il a commencé le parapente il y a environ 3 ans dans sa ville et depuis, il totalise 500 vols environ.

« J’ai appris avec de très bons amis qui ont une bonne école (andesXtremo) pour les débutants, pour la progression et pour le vol en cross. Après les cours, nous sommes allés ensemble dans de beaux endroits autour de la Bolivie et du Chili. J’ai appris quelques manœuvres comme les grandes oreilles, les spirales, les B, le déploiement du secours, mais pas encore de cours pour l’acro« .

Après avoir terminé ses études à l’université, Carlos s’est rendu en Autriche pour rendre visite à un ami à Kössen et où il y a beaucoup de bons pilotes. Le 13 juin, sur le site de Unterbeg, il tente de faire 4 fois la SAT en partant d’une spirale sans y réussir. Le lendemain, après avoir regardé plusieurs vidéos, il tente la SAT à partir de wings….

PS : nous avons hésité, Jérôme et moi à publier cette vidéo. Mais comme elle porte un intêrêt pédagogique, nous avons finalement décidé de le faire mais en supprimant la partie catastrophique finale de la version originale

Analyse et conseils de Jérôme Canaud

SOMMAIRE

Le témoignage de Carlos

  • Carlos apprend seul les manoeuvres
  • Mon accident
  • Mes erreurs
  • Voler à nouveau

Analyse et conseils de Jérôme Canaud

  • Sa manière de faire des wings
  • Sa manière de partir en SAT
  • Sa manière de tirer le secours
  • Conclusions et propositions

Carlos apprend seul les manoeuvres acro en visionnant des vidéos et des blogs

Après avoir volé pendant plusieurs semaines et fait beaucoup de décrochages, j’ai décidé d’essayer mon premier SAT, mais sans plus de connaissances à part quelques articles de blogs et beaucoup de vidéos Youtube.

J’ai essayé d’abord à partir d’une spirale, mais je n’arrivais pas à avoir le bon timing. Il est bien entendu que les spirales ne soient pas très difficiles à réaliser, mais en essayant la SAT je partais dans des spirales très centrifugées (spirale plate? en espagnol, on l’appelle « barrena plana »). Alors j’ai décidé d’essayer le lendemain après avoir regardé quelques vidéos de youtube et en lisant d’autres blogs.

Son matériel : OZONE Buzz Z4, sellette Oxygen2 et un secours

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Le témoignage de Carlos

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Mon accident

J’essaie d’entrer en SAT et je me retrouve en twist avec une cravate avec départ en auto-rotation à environ 200 m du sol. Je prends peur et, au lieu d’essayer de me sortir du twist ou de stabiliser l’aile, je décide d’attraper immédiatement le secours. Je ne prends même pas une seconde pour réfléchir à la meilleure façon de le jeter et je choisis de le lancer du côté opposé à l’aile en rotation, sans réaliser que de cette façon, je lancerai mon corps alors qu’il n’y a pas besoin, et que ce ne sera que Ont un demi-tour pour ouvrir jusqu’à ce que mon planeur l’atteigne au lieu d’un tour complet si je l’avais jeté derrière moi.

Ce qui suit,c’est la panique et du désespoir. Après avoir essayé de dégager le secours, je me rends compte que ce ne sera pas possible. Je pense alors que c’est la fin, qu’il n’y a plus rien que je puisse faire et que je vais m’écraser en percutant le sol à grande vitesse et mourir, tout cela à cause de mauvaises décisions et d’erreurs que j’ai faites. Et c’est là que je commence à crier.

Mon frère aîné est mort il y a 8 ans dans la montagne en grimpant seul. Depuis, il est devenu un Condor et l’ange gardien de ma famille. Mon père et moi, avons eu des accidents de voiture inexplicables, nous demandant comment nous avons pu nous en sortir indemnes. Je suis sûr que lui (et bien sûr, les arbres qui ont accroché mon aile) a freiné ma chute à 3 mètres du sol (on peut le voir très clairement dans la vidéo originale – âmes sensibles s’abstenir).

Je me suis réveillé à l’hôpital avec 4 os fracturés au visage (du plancher maxillaire au plan orbital du côté gauche), une commotion cérébrale, un poignet cassé et un 2ème doigt, des contusions pulmonaires, une côte cassée et quelques autres bleus et coupures. Je n’ai pas eu d’opération, seulement des pilules, une atelle et 5 semaines de repos. Je suis très, très très chanceux en effet.

Mes erreurs

Je pense que mes erreurs ont commencé à partir du moment où j’ai pensé que c’était une bonne idée d’essayer de nouvelles manœuvres sans prendre de leçons avec des enseignants, sur un lac, avec 2 secours et autres équipements acro pour la sécurité. Je pensais que c’était facile sans penser réellement aux risques.

J’ai appris par la façon la plus difficile, c’est -à-dire de prendre toujours les risques (extrêmes) au sérieux, parce que sont des risques et que c’est la meilleure façon de les traiter et de s’y préparer.

Jérôme et René, oui je veux essayer de voler à nouveau

Je suis encore secoué par l’accident, alors j’attends encore un peu, le temps que je me sente plus confiant. Je recommencerai par faire des petits vols calmes. Ensuite, pour continuer ma progression en acro, je prendrai des cours SIV et si j’essaie de nouvelles manœuvres, je le ferai avec toutes les précautions possibles.

Les conclusions de mon accident ? Je ne peux pas encore le dire mais j’ai l’impression d’avoir encore beaucoup de choses à apprendre.

Bons vols et atterrissages heureux.

Carlos

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Analyse et conseils de Jérôme Canaud

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Analyse de la vidéo

Merci à ce pilote d’accepter un regard et une analyse de sa vidéo. Il a envoyé également un retour suite à cet événement, il reste très lucide sur ce qui l’a amené là.
Ce pilote s’est fait une grosse frayeur, ça finit avec quelques fractures. Il n’est pas passé loin de la correctionnelle. On va voir les différents points qui ont amené à cette situation sans retour et comment ce pilote aurait pu l’éviter.

Le contexte

Pilote en vol sous une aile intermédiaire, une OZONE Buzz Z4 position assise, tenue des commandes en chasses d’eau . C’est un pilote qui a suivi une progression classique en école, vole régulièrement sur différents endroits .par contre il est plutôt autodidacte pour la voltige, et il s’entraîne suite à de nombreux visionnages de vidéo sur le net.

Sujets et conseils traités ci-dessous par Jérôme

Sa manière de faire des wings / Sa manière de partir en SAT / Sa manière de tirer le secours / Conclusion et propositions

Sa manière de faire des wings

La manière de commencer les wings est plutôt correcte (demi-tour de frein, appui sellette, regard). Je trouve que les mouvements du hauts du corps sont trop importants par rapport aux appuis sellettes qui sont plus efficaces avec les cuisses.
On comprend que le pilote souhaite, en fait, partir en SAT à la suite d’une succession de wings. Dans ce contexte on ne sait pas trop si le pilote a une bonne technique des wings et de la SAT de manière séparée. Il n’est peut-être pas concentré sur ces wings car son objectif est de faire une SAT.

Faire une SAT suite à 3 inversions de wings n’est vraiment pas une bonne idée. Le pilote fait un peu l’apprenti sorcier. Faire des wings peut permettre de prendre de la vitesse et du pendule après plusieurs mouvements, et il faudra partir en SAT du même côté que son dernier wing et non pas dans une inversion (ce qui donne plutôt un départ de tumbling).

Il fait 3 wings, ce qui ne lui donne ni assez de vitesse, ni assez de mouvement pendulaire. En augmentant les wings, donc l’inclinaison, le pilote pourrait atteindre une bonne décomposition du mouvement, notamment avec une phase longue de prise de vitesse sur un axe de tangage. Cette phase serait alors propice à un départ en SAT, en 360°,…

Ses 3 wings proposent surtout beaucoup de mouvements sur l’axe de roulis, et peu sur l’axe de tangage. A ce niveau, je pense que le pilote a des méconnaissances sur les wings et surtout sur le moment où il pourrait enchaîner une autre manœuvre.

Sa manière de partir en SAT

Un départ en SAT nécessite un appui bras tendu sur le groupe d’élévateurs extérieur à la rotation, cela va permettre de garder un appui sellette intérieur au moment de l’entrée en SAT. Cette position est ensuite maintenue, cumulée à un départ en 360° puis en SAT .Le pilote a bien la bonne position mais sa manœuvre de départ + le moment vont être problématique ! !

Il part en SAT à droite alors que l’effet pendulaire (de ces wings) ramène le pilote sous la voile. Donc son départ en SATse transforme en un départ en vrille (décrochage asymétrique) brutal avec une surcharge sur la partie gauche de la sellette (effondrement de la partie gauche).

La commande droite est relevée après environ 1/2 tour de vrille, la voile revole avec une abattée profonde et un gros déséquilibre latéral. La sanction est immédiate : CRAVATE de 35% + un tour de twist. Le départ en auto-rotation est immédiat. Vu la rapidité de la rotation, le déséquilibre du pilote dans sa sellette + le twist empêchant une action commandes et sellette : TIRER LE SECOURS EST LA BONNE SOLUTION.

Sa manière de tirer le secours

En visionnant de manière détaillée les images, la manière de tirer le secours est la cause du non fonctionnement de celui-ci.

Le pilote est twisté, en autorotation à gauche. Son secours est latéralisé à droite. Il l’extrait main droite ET LE LANCE AVEC FORCE A GAUCHE PAR-DESSUS SA TETE.

Le secours est rattrapé par la voile et s’emmêle avec le suspentage.

Le pilote tente de le sortir du suspentage pour qu’il puisse fonctionner, en vain. Il finira en auto-rotation dans les arbres !!!!

Conclusion et propositions

  • Essayer de nouvelles manœuvres en voltige sans connaitre la faisabilité de celles-ci est dangereux
  • Le secours est indispensable en voltige. Par contre, il peut mal fonctionner, ce n’est pas garanti à 100%.
    En s’intéressant à cette autorotation avec une cravate, on remarque que cette rotation n’a rien à voir avec une spirale, c’est équivalent à une SAT. En spirale engagée (360°) , le pilote tourne autour de la voile donc le secours va s’éloigner de l’ensemble aile/pilote. En SAT ou autorotation (cravate, fermeture asymétrique), c’est plutôt la voile qui tourne autour du pilote, donc le secours a plus de chance de se retrouver dans le suspentage de la voile.
    Rappelons aussi que le taux de chute en SAT est moins important qu’en spirale engagée, cela favorise aussi la rencontre de la voile et le secours !
    Le 3ème facteur aggravant est le fait de lancer le secours avec force au lieu de le lâcher pour qu’il parte plus librement à l’extérieur du pilote (vers le bas puis en s’écartant du pilote et de la voile).
  • Qu’une pratique en milieu adapté (au dessus des arbres, feuillus mieux que résineux) ou en milieu sécurisé (plan d’eau, gilet, bateau) est la base.
  • Qu’il est nécessaire de connaître et maîtriser chaque manœuvre séparément avant de passer à des enchaînements. C’est une connaissance pratique et théorique.
  • Le visionnage de vidéos pour apprendre peut être efficace si elles sont à but pédagogique et proposent une progression. L’idéal restant de faire une formation avec des encadrants compétents et pédagogues et de visionner ensuite des vidéos. C’est là que le pilote pouvait anticiper et éviter cette situation dangereuse .

Ce que je pourrai proposer à ce pilote

  • Reprendre confiance en vol, celle-ci a dû être très affectée suite à ce qu’il a vécu.
  • Revoler et enchaîner des manœuvres simples de pilotage puis voltige pour regonfler son capital confiance. Demander conseil, regarder les vidéos pédagogiques, faire un stage de pilotage ou voltige afin de comprendre et maîtriser les manœuvres de base ainsi que les mouvements pendulaires. Cette formation doit s’adapter au pilote et doit être progressive.
  • Faire du gonflage au sol dans du vent.

Jérôme Canaud – www.courantsdr.comCompte Facebook

ROCK THE OUTDOOR, la culture parapente

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