Prudence même en hiver avec thermique violent en sortie de décollage
Analyse et conseils de Jérôme Canaud
Ces images de thermique violent à Vérel sont impressionnantes et quelques informations sont peut être nécessaires.
Au niveau aérologie
On est en hiver, le gradient thermique (entre la plaine et le déco) est très marqué donc la masse d’air est instable. On remarque des cumulus dans le ciel et le vent de Nord dans la vallée de Chambéry est marqué, ce vent rafraîchit encore la masse d’air (le vent du Nord se remarque dans la vidéo : après le décollage le pilote doit s’orienter vers la droite pour se mettre face au vent). Donc c’est un contexte de thermique potentiellement fort. Et avec du vent de Nord, le thermique se forme quasiment sous le vent (la falaise est plutôt orientée Ouest Nord Ouest).
Si on est attentif, ces éléments aérologiques sont matérialisés (nuages, soleil, dérive, vent arrière au décollage) donc on peut s’attendre à un gros thermique en sortie de décollage.
Au niveau de la topographie du déco
La topographie du site est aussi particulière. On sait, pour les pilotes qui connaissent, que le décollage de Vérel est plutôt technique. La pente de décollage (plutôt raide et concave sur la fin !) est décalée par rapport à la falaise génératrice de brises et d’ascendances. Cela provoque souvent du vent nul, voire arrière sur l’aire de décollage.
Cela ressemble au décollage Nord de Saint Hilaire (déco moquette) à partir de la mi-journée quand le thermique de la falaise est puissant. A Saint Hilaire, on a la possibilité de changer de décollage (EST ou SUD) pour pouvoir décoller de manière plus confortable.
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Comment agir dans cette situation de thermique violent au décollage ?
Les gros risques sur ce genre de décollage : le retour à la pente
– La topographie et l’aérologie promettent un décollage et un début du vol très techniques.
Pour des raisons de sécurité, il est indispensable que le pilote décide de voler en connaissance de cause :
– Etre capable de gonfler et décoller vent arrière puis de garder son cap dans le thermique violent tout en subissant. Toute la difficulté du pilotage dans ces conditions violentes est de ne pas trop en faire, de garder son cap pour s’éloigner du relief. L’erreur consisterait par exemple à « se jeter » sur les freins au moment de l’entrée dans ce thermique violent ou au moment de la fermeture frontale.
– C’est difficile de faire peu d’actions aux commandes quand le corps ressent ce type d’accélération verticale. Désolidariser l’action aux commandes de ce que le corps ressent devient très technique.
– Avoir une mauvaise gestuelle (course, trajectoire) et contrôle de l’aile (tangage, roulis) sur la phase de décollage avant de rentrer dans le thermique fort.
– Subir une fermeture asymétrique juste en sortie de déco entraînant un retour à la pente. Vu l’aérologie du moment, il est difficile de prévoir exactement ce que l’on va traverser en sortie de décollage.

Conclusion
Autres départs sur le site de Vérel
La prise de risque minimum sera basée :
1 – sur la prise en compte de l’aérologie du moment et des zones de cisaillement que le pilote va rencontrer en sortie de déco,
2 – un très bon gestuel sur l’aire d’envol (vent arrière, topographie du décollage, connaissance du site…),
3- bien connaître sa voile,
4- avec de l’expérience, savoir ce qui nous attend et adopter un pilotage précis dans une aérologie forte.
Si ces points ne sont pas maîtrisés, s’abstenir de décoller dans ces conditions est la meilleure solution.
Jérôme Canaud – Ecole Courant d’R La réunion
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