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Conseil sécurité n°14 : Attention à l’attention en parapente

Conseil sécurité n°14 : Attention à l’attention en parapente

Voici la 14è fiche conseil sécurité proposée par Jean Marc Galan. Elle fait partie d'une série d'une trentaine de fiches qui sont publiées régulièrement sur le site.
Comme la sécurité en vol est un sujet complexe et que personne ne détient la Vérité, n'hésitez pas à faire part de vos observations, il se fera un grand plaisir d’échanger avec vous.
* Jean Marc Galan est aussi président de la commission technique et sécurité de la FFVL

L’attention est une denrée à gérer précieusement en vol

Si vous ouvrez toutes les applications de votre ordinateur en même temps, toutes les tâches seront ralenties car la mémoire vive de votre ordinateur est limitée. Il en va de même pour vos capacités d’attention.

Préparez bien votre matériel avant de voler

Commencez par chasser impitoyablement tout ce qui vous distrait dans votre équipement.

Votre sellette doit être bien réglée, si vous devez vous tortiller comme un ver en sortie de décollage pour vous asseoir vous n’êtes pas, à ce moment critique, en situation d’attention maximale de pilotage. Idem si vous volez en cocon et que vous n’arrivez pas à l’attraper facilement en sortie de déco. Optimisez et réglez l’ensemble de votre matériel avec le souci de l’ergonomie (voir article en cliquant sur la photo de droite).

Pêle-mêle quelques serial killers d’attention :
– un accélérateur mal réglé et inaccessible sans lâcher les commandes,
– une caméra (Est-ce qu’elle marche ? Ai-je encore de la batterie ? Le cadrage est-il ok ? Zut, elle s’est prise dans mes suspentes! …),
– une radio mal réglée (son trop fort, trop faible, impossibilité de parler en radio sans lâcher les commandes),
– votre vario si l’ergonomie est mauvaise (mauvaise inclinaison qui gêne la lisibilité, son trop fort ou trop faible, vario sur la cuisse qui glisse… ),
– un Smartphone avec une appli dédiée (Xc-soar, Xc-track…). Fausse bonne idée. Vous rajoutez une couche d’emmerdes à gérer qui vous bouffent de l’attention (Zut, mon tel s’est mis en veille ! Zut, il fait froid aujourd’hui et la batterie de mon Smartphone se vide à vue d’œil! Zut, la connexion avec ma batterie supplémentaire se fait mal… etc).

Photo : Jean Marc Galan

Photo : Jean Marc Galan

Photo : Guillaume Chatain

Photo : Guillaume Chatain

Esprit sain dans un corps sain

Pour que vos capacités d’attention soient au top, il faut que votre corps et votre esprit soient en forme.
Notre cerveau est composé de 83% d’eau. La déshydratation affecte nos performances cognitives. Temps de réaction et fatigue accrus, perte de vigilance, mémoire affectée… Ces effets apparaissent même pour des niveaux de déshydratation modérés (à partir de 1% de perte de poids corporel). En d’autres termes, vos capacités cognitives chutent avant même que vous ayez soif. Equipez-vous d’un Camel-bak. N’attendez pas d’avoir soif pour boire. Idéalement, buvez souvent des petites quantités d’eau ou de boisson isotonique. De la même façon, alimentez-vous pour éviter l’hypoglycémie (voir article traitant de ce sujet en cliquant sur la photo de droite)

Si vous êtes très préoccupé (souci de perso, souci de boulot… ), la capacité d’attention que vous pouvez dédier au vol diminue. Idem si vous êtes fatigués. Bref, n’allez pas voler pour “vous changer les idées” parce que vous avez de gros soucis. Dans tous les cas, soyez à l’écoute de votre corps et de votre esprit. Ajoutez à votre prévol matériel, une prévol “état du corps et de l’esprit” puis adaptez le type et la durée de votre vol à votre état physique et mental du moment.

Savoir se relâcher au bon moment

Lors de longs vols, impossible de maintenir son niveau de vigilance constant, il faut s’accorder des moments de relâchement. Quand se relâcher ? Quand on est haut! Au début de votre progression, votre cerveau vous criera le contraire, vous risquez de stresser au fur et à mesure que vous prenez de la hauteur. Raisonnez-vous. Les pires moments pour se relâcher sont le décollage, l’atterrissage et le vol près du relief. Il est rare de ne pas être attentif au décollage. Par contre, il est courant de se relâcher après un long vol au moment de l’atterrissage (voir témoignage ci-dessous).

Pause photo à haute altitude (Guillaume Chatain)

Témoignage d’un accident suite à une baisse de la concentration d’un compétiteur à l’atterrissage

En mai 2017, 2 accidents graves ont eu lieu lors de la dernière manche de la PWC en Savoie. Thomas Gury, l’un des accidentés, a posté sur le chant du vario le récit de son accident.
« Pour info, je ne suis pas un novice, je termine cette PWC 7ème avec une 1ère place à la manche de Jeudi.
Après un long glide, il reste 250m pour passer la ligne. Rideau d’arbres, maison, voie de chemin de fer…. on est trop bas, on ne rentrera pas.
Depuis plusieurs kilomètres, avec une estimation du point d’aboutissement, j’ai déjà fait le choix de mon atterrissage dans un grand champ en bord de village.
Je commence une PTU, rencontre un petit thermique, je l’enroule gentiment en me disant dès fois que… Sauf que depuis que j’ai entamé ma PTU, je me suis complètement relâché, concentration d’un poisson rouge, rêvasserie, je regarde les bottes de paille et je ne fais plus attention à la brise qui est forte.

Fin du second tour où je me retrouve à décaler vitesse grand V contre le rideau d’arbres qui fermait le champ.
Plantage de commande, la sellette passe à travers les branches mais la voile vole, elle abat et m’éjecte de l’arbre.
Pas trop de choix, on sort les jambes, on pousse de toutes ses forces sur les élévateurs pour se mettre debout et on va poser sur les pieds. Choc violent sur les pieds, crac, je me laisse tomber sur le côté…
Verdicts : L1 cassée avec compression de la moelle… »

Merci à Thomas pour ce retour d’expérience. Les fautes d’attentions peuvent coûter chers, même aux meilleurs pilotes. Merci de votre attention !

RÉSUMÉ

Tout comme la mémoire vive de votre ordinateur, vos capacités d’attention sont limitées. Optimisez/réglez votre matériel pour qu’aucun élément ne viennent vous distraire en vol. Hydratez-vous et nourrissez-vous lors des longs vols. Evitez de voler quand vous êtes fatigués et/ou préoccupés. Apprenez à relâcher votre attention dans les moments non-critiques du vol.

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ROCK THE OUTDOOR, la culture parapente