Comment essayer et choisir une nouvelle voile parapente?
Photo couverture : Gregoire Michiels
Le principal but de cet article est de démontrer que tout pilote, quelque soit son niveau, est apte à essayer et à choisir une nouvelle voile parapente à condition qu'il soit capable d'évaluer ses aptitudes et de se poser les bonnes questions sur ce qu'il souhaite faire réellement avec. Pour vous aider dans les essais et trouver l'aile qui vous correspondra réellement, Jérôme présente ici un guide des tests que vous pouvez faire. Souvent, les pilotes recherchent un nouveau modèle plus performant, mais dans la plupart des cas, ce n’est pas le matériel qu’il faut changer mais plutôt sa pratique car il est rare qu'un pilote utilise sa voile à plus de 60% de son potentiel...
Essayer, choisir une voile parapente est à la portée de n’importe quel pilote quelque soit son niveau. Cela n’est pas réservé seulement à des pilotes expérimentés. Chaque pilote, en fonction de son expérience, ses attentes a les capacités d’essayer une voile afin de voir si elle lui convient.
Définir son aile en fonction de son niveau et de ses pratiques sans forcément changer de catégorie
Il convient de définir ce que vous recherchez comme voile, en fonction de votre niveau réel du moment et de ce que vous souhaitez faire comme type de vol. Il faut être honnête avec soi-même et se poser les bonnes questions : combien de vols ai-je réalisés ces 12 derniers mois, combien d’heures de vol et quels types de vols je réalise le plus souvent (découverte de sites, durée sur le même site, marche et vol, sites variés, cross, voltige, balistique, waggas, compétition, CFD…). Cela permet d’avoir une vision juste et actuelle de votre pratique (d’où l’intérêt de tenir votre carnet de vol à jour).
Si vous souhaitez faire des vols plus performants (durée, cross,…), ce n’est pas le matériel qu’il faut changer mais plutôt votre pratique (se former) car il est rare d’utiliser sa voile à plus de 60% de son potentiel.
Est-il indispensable de changer de catégorie? Si vous décidez de choisir une nouvelle voile parapente, vous pouvez très bien reprendre la même catégorie. Chacune des catégories a évolué sur les 3 dernières années en performance et en accessibilité. En restant dans une même catégorie, mais plus récente, vous gagnerez en potentiel.
Tous les critères pour choisir une voile parapente par ordre de priorité
Ce constat va vous orienter sur une gamme de voile, souvent basée sur des critères d’homologation EN : A, B, C , D et CCC. En effet, le critère d’homologation est l’un des premiers points auquel s’attache le pilote. Il est important mais ce n’est pas le seul.
Le plus gros marché et la plus grosse demande correspondent aux voiles homologuées “EN B”. Il y a donc une offre très importante et on peut s’y perdre, le choix devient difficile. D’autant plus que l’on trouve des ailes homologuées “EN B” au comportement plutôt amortie et d’autres nommées “EN B+” plus pêchues et plus performantes (voir encadré à droite). D’où l’intérêt de se renseigner (revendeur, moniteur), lire le rapport de test (accessible sur le net) et faire un essai en vol .
Ensuite, des critères de second ordre vont apparaître : le poids, le prix, les performances théoriques, le look, l’image, la possibilité d’essayer, la fourchette de poids. Vu le nombre de bonnes voiles sur le marché, un premier tri va se faire rapidement afin de ne garder que quelques voiles qui correspondent aux critères les plus importants pour vous.
Pourquoi des ailes plutôt amorties et d’autres plus pêchues dans la même catégorie?
Cela est possible car, lors des 22 tests en vol pour l’homologation, si il y a une seule note en “B “, la voile sera homologuée “EN B” (c’est souvent la fermeture à 75% provoquée avec l’accélérateur à fond) et si les 22 tests sont tous en “B”, la voile sera aussi homologuée “EN B”. Ce qui change beaucoup le caractère de l’aile même si celle-ci est EN B.
L’essai de l’aile sur le terrain en pratique
Ne changez qu’un élément de votre matériel pendant l’essai, gardez la sellette que vous avez l’habitude d’utiliser. Essayez l’aile sur un site que vous connaissez, dans une aérologie que vous maîtrisez.
– L’idéal est de pouvoir faire quelques gonflages pour vous rendre compte du poids de la voile, sa vitesse de montée.
– Il est bon de faire un vol en air calme pour avoir une première impression juste, sans être pollué par l’environnement (turbulences, vent, monde,…). Ce vol permettra selon votre expérience de «manipuler» l’aile sur des exercices de pilotages simples (décrits ci-après).
– Vous pouvez aussi faire quelques mesures comparatives, soit avec des instruments de vol, soit avec d’autres ailes aux performances et PTV comparables!
– Le deuxième vol sera effectué dans une aérologie que vous fréquentez habituellement, selon votre expérience : on peut faire de la durée (soaring, thermique), du pilotage (repose au décollage, …), du cross, un marche et vol, changer de site. Ce vol vous permettra de vous mettre dans une situation qui sera proche de l’utilisation de votre aile.
Choisir une nouvelle voile parapente : les vols d’essai en détail
Ayez confiance en vos premières sensations ressenties sous la voile. Ils sont justes. Après plusieurs vols, vous commencerez à vous adapter au matériel donc il sera plus difficile de prendre du recul.
Au sol
Un vol commence par la préparation de l’aile : le démêlage (nombre de suspentes, fluidité,..), la découverte des élévateurs (kit oreilles par exemple, couleurs, texture, nombre,…), le tissu (poids, texture, vidage en bout d’aile,…). Liaison voile/sellette, réglage de l’accélérateur.
Le gonflage (dos voile, face voile), la prise des commandes. On découvre le poids de l’aile en montée, sa rapidité, la temporisation (fermeté des commandes, débattement).
Le premier vol d’essai
En vol, faites un visuel complet sur l’intrados de la voile, la répartition des suspentes, repères des suspentes de stabilo, du kit oreille, des élévateurs « B ».
Les manœuvres de base accessibles pour tout pilote : essai de l’accélérateur, mouvements de tangage aux commandes, wings (roulis), oreilles, inversion de 360° non engagés, posé avec arrondi et ressource.
Cela suffit amplement pour vous faire une idée et avoir un premier ressenti.
Selon le niveau du pilote, on peut aller plus loin dans les essais sur ce vol en air calme : régime de vol, débattement aux commandes, wings et tangage avec plus d’amplitude, 360° plus engagés. PUIS vérifiez le comportement (vivacité) de l’aile sur une fermeture frontale, asymétrique, descente aux «B», phase parachutale aux commandes…
Le deuxième vol
Le deuxième vol sera orienté vers la pratique que vous souhaitez : un marche et vol, durée en soaring ou thermique, performance, découverte de site,…
Ce que vous ressentez pendant ce vol sera suffisant pour voir si cette voile correspond à ce que vous souhaitez. Il ne sera pas nécessaire de faire 5 heures de vol, 10 vols… parce qu’une fois le choix fait, vous allez apprendre à connaitre votre voile sur une trentaine de vols minimum. La première difficulté sera de «désapprendre» ce que vous faisiez avec votre ancienne voile pour accepter la nouvelle.
Autres vols d’essais possibles
Le vol comparatif
Deux pilotes comparent sur le même vol deux ailes différentes mais de même catégorie et au même PTV. Cela permet de comparer surtout les finesses à différentes vitesses. Le vol comparatif idéal est de «se tirer la bourre» dans une aérologie turbulente , c’est ce qui est fait pour choisir une aile de compétition. Parcours imposé, la meilleure voile au niveau des performances sera devant.
Le vol aux instruments
Les différences de performances dans une même catégorie de voile sont minimes, donc les valeurs données par le vario/GPS ne seront pas d’une grande utilité à mon avis, pour le choix de la voile.
Conclusion
Chacun avance à sa vitesse, il faut juste tenir compte de cette résistance au changement et du poids des habitudes.
Chaque pilote va réagir différemment à ce changement, certains n’acceptent pas le changement et ne trouvent jamais la voile qui leur convient car la nouvelle sera toujours différente de celle qu’il connaisse. D’autres ont une résistance au changement moins marquée, il leur faudra un peu de temps pour accepter la nouvelle aile et son comportement, cela dépendra de la facilité à «lâcher» son ancienne voile. Enfin, les pilotes friands de changements s’adapteront très vite à la nouveauté.
Un pilote utilisant la voile à 80% de son potentiel sera toujours plus performant que le pilote utilisant 30% d’une aile plus performante.
Il est préférable de ne pas choisir une voile qu’en fonction de ses performances annoncées mais sur les performances réellement utilisables par le pilote en aérologie turbulente. On parle là bien de l’ensemble aile / pilote et non pas que de la voile.
Ne pas se mentir sur son niveau du moment
Le pilote qui choisit une nouvelle aile doit le faire sans se mentir sur son niveau du moment (technique, théorique, mental, capacité). Il est difficile d’accepter que sa pratique a changé, qu’on vole moins, qu’on ne fait plus les mêmes vols qu’avant. Il faut dans ce contexte aussi tenir compte du regard des autres car on choisit une aile plus facile (en adéquation avec sa vraie pratique) , et bien entendu ne pas se laisser amadouer par le “marketing” des marques.
Jérôme Canaud – www.courants-d-r.fr – Facebook – jeromecanaud(at)hotmail.fr
Exemples concrets courants
Combien de pilotes ont leur accélérateur réglé correctement et combien de ces pilotes l’utilisent réellement?
Combien de pilotes changent pour une aile plus rapide bras haut de 2 km/h et ne sont jamais bras haut en ligne droite (même en aérologie turbulente)?
Attention à l’égo, plus les perfs augmentent, plus le pilotage est exigeant
Il est toujours agréable, motivant, d’avoir une aile à fort potentiel même si on ne l’utilise pas (comme une voiture), la valorisation de l’égo est aussi bien présente. La difficulté en parapente, c’est que plus la performance augmente plus le niveau de pilotage est exigeant et ce n’est pas du tout linéaire (le niveau d’exigence augmente plus vite que la performance de l’aile). Plus la performance augmente, moins l’aile est auto-démerdante (homologation A, B, C et D basée sur le coté auto-démerdant de la voile suite à des incidents de vol provoqués) et plus l’action du pilote doit être justement dosée!
Choisir une nouvelle voile parapente, ce n’est pas comme choisir une voiture!
DECOUVRIR
Découvrez l’article de Laurent Van hille qui présente les différences entre pilote journaliste, pilote d’essai d’une marque et pilote d’homologation.
Les nuances entre pilotes journaliste, d’essai ou d’homologation



