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Débutant, Rémy ne mesure pas les risques, décolle et c’est l’accident

Débutant, Rémy ne mesure pas les risques, décolle et c’est l’accident

Quand on est peu expérimenté, on ne mesure pas tous les dangers puisqu'on en n'a pas conscience

Cet accident que Rémy nous propose, c’était il y a bientôt 6 ans sur le site de Couraduque (Haute Pyrénées). A cette époque, il était débutant et un peu “tête brûlée” (7 mois de parapente – stage initiation et 2 stages Perf  avec 10 heures de vol environ). Nous avons choisi de publier sa vidéo et d’apporter des conseils pour faire prendre conscience aux jeunes pilotes (donc avec peu de vécu et d’expériences), d’aller à la pêche aux infos auprès de pilotes expérimentés avant de décider de voler mais aussi de ne pas oublier de leur demander leur avis par rapport à votre niveau. En effet, les références d’analyse d’un jeune pilote sont beaucoup moins riches qu’un pilote local et expérimenté qui s’est instruit au fil des années par l’expérience et le plus souvent auprès d’autres pilotes.

A cause de cet accident (tibia cassé et fracture sévère vertèbre L2), Rémy a mis un frein sur l’activité du parapente et a du mal à dépasser le cap du vol calme (soaring). Son obsession, c’est la sécurité : conditions calmes sur le site et matériel haute sécurité… Actuellement, il souhaite s’acheter une nouvelle voile et c’est un véritable casse-tête pour lui !

La vidéo dure 10:30 et l’incident commence à partir de 10:15. Mais pour comprendre, vous pouvez la regarder bien avant pour observer les conditions (manche à air, vario…)

Le témoignage de Rémy

Les pilotes m’avaient dit que “Ça vole ” et, jeune et con comme j’étais, je ne me suis pas demandé pour qui cela volait (niveau technique). Et voyant pas mal d’autres ailes en l’air, j’ai décidé de décoller.
A cette période, je volais quasiment tous les après-midi sur le site (je bosse le matin en tant que pâtissier) me disant je connaissais désormais correctement le site et les conditions possibles !

Ma sellette était un peu petite. Vu les conditions du jour (de beaux pétards, vol pas agréable ), je n’étais pas rassuré et je m’accrochais aux élévateurs pour me “rassurer” ! Ma tentative de pose au sommet, c’était pour la même raison.

Sellette Evo xc 1 Supair  – Voile Gradient Bright 4

Comme le précise Jérôme, j’ai refait quelques jours en école depuis mais comme je n’arrive jamais à poser une semaine de vacances, j’ai fait des journées “vols à la carte”. Les 2 écoles qui m’ont accepté avec ce rythme ne m’ont absolument pas fait progresser : des ploufs en air calme matin tôt ou soir tard … mais sans restit exploitable.

Je vole avec plaisir lors de vols en soaring car ce sont des vols très calmes. Et, si ça ne me plait pas, je sais qu’en général en m’éloignant du relief, cela ira mieux. J’aimerai bien pouvoir aller me balader un peu sans faire des cross de 100 bornes mais si je pouvais me faire 2 heures de vol en dehors du bocal !

horizontal break

Analyse et conseils de Jérôme Canaud

L’analyse de Jérôme

Difficile de voir l’incident de départ. Je dirai une grosse asymétrique à gauche (presque frontale) avec une bascule arrière importante. Ensuite réouverture avec la voile derrière, abattée importante dissymétrique entraînant un déséquilibre et un tour de twist puis autorotation.

Après un incident comme celui-ci, il faut du courage pour retrouver du mental. Il faut déjà bien comprendre ce qui s’est passé (avec l’aide des pilotes extérieurs qui ont vu l’incident) et ensuite ne pas culpabiliser et recommencer à voler dans un contexte adapté pour reprendre confiance.

La connaissance de l’environnement dans lequel on vole est souvent plus important que la technique de pilotage, d’autant plus que cet environnement est varié, évolue dans la journée et selon les sites.

Tout le boulot doit être fait avant cet incident, lieu de posé, choix du moment…

Le pilote souhaite reposer au déco, alimenté en vent (manche à air) mais c’est turbulent car il y a de gros déclenchements thermiques. La masse d’air est instable. La question ici c’est le choix du moment de posé et surtout pourquoi insister à poser là dans ces conditions ?

Le pilotage

Au niveau pilotage, ces mains s’agrippent souvent aux élévateurs pour équilibrer son corps. Est-ce que sa sellette est bien réglée, notamment l’appui du dos ? Non, elle était un peu trop petite.

L’abattée est forte et elle n’est pas contrôlée (freinée). La proximité du sol, la surprise, la grosse fermeture, le déséquilibre du corps, tout cela ne facilite pas les bonnes réactions et vu la hauteur, il n’y a plus grand chose à faire !

Comment repartir sur de bonnes bases après une mauvaise expérience comme celle-ci ?

Ce genre d’expérience ne laisse pas indemne

Etapes grillées, trop confiant, peut être mauvais conseils des autres pilotes. Ou bons conseils mais pas entendus. Ou pas de conseils du tout… Matériel pas adapté, peu d’expériences, aérologie trop forte, pas d’analyse des conditions avant de voler, mauvais choix de vouloir reposer au déco pour écourter le vol….
Tous ces facteurs mènent à l’accident ! C’est fait, maintenant le gros boulot est de remonter la pente mentalement si l’envie de voler est encore là.

Comment faire pour repartir sur de bons rails ?

Reprendre les fondamentaux en étant encadré et apprendre à être dans une démarche personnelle simple et sereine quand on va voler. Reprendre confiance prend du temps mais ça vaut le coup. L’encadrement et la formation font gagner beaucoup de temps.

Donc en repassant par une école ?

Je préconise fortement de recommencer à zéro dans une école avec des moniteurs compétents qui connaîtront le contexte. Il faudra repasser par une remise en confiance de son gestuel au sol, des vols en air calme sur différents sites, du matériel facile et adapté, approfondir ses connaissances de base sur l’aérologie, travailler l’analyse des conditions avant de décider de voler…

Certains pilotes lui ont recommandé de faire un stage SIV ?

Faire un stage SIV dans le contexte actuel est une très mauvaise idée. Ça viendra après.

N’hésitez pas à nous faire part de vos réactions.

Jérôme Canaud – Ecole Courant d’R

ROCK THE OUTDOOR, la culture parapente