Passage sous le vent à cause d’un vent trop fort au sommet

L’analyse et les conseils de Jérôme Canaud
Contexte
Le pilote est à priori en vol de cross. La masse d’air est thermique avec des cumulus. La zone est ventée (>30km/h). Le relief est peu pentu.
Le pilote se retrouve au dessus, à l’aplomb d’une crête peu pentue, dégagée et ventée. On est pile dans une zone où il y a un venturi (accélération du vent par compression). Le pilote s’aperçoit qu’il n’avance plus face au vent (trim speed = bras hauts). Vu sa hauteur, sa position, l’aérologie et le relief, il doit prendre une décision pour gérer la suite de son vol en sécurité.
Dans cette situation (au début de la vidéo), le pilote a 2 possibilités
1- Tenter de poser sur la partie supérieure de la crête
Il peut tenter de poser sur la partie supérieure de la crête, devant lui sous ses pieds, devant la lisière de la forêt. Un vol à l’accélérateur (à fond) avec les oreilles (stabilisation + descente) serait alors la solution technique.
Les risques liés à cette option sont :
– l’incertitude de pouvoir avancer face au vent donc de ne pas être sûr de poser devant les arbres,
– tenir la position accélérée + oreilles jusqu’au sol pour qu’elle soit efficace car la pente génère un dynamique ascendant et aussi gérer l’accélérateur + position dans le cocon jusqu’au sol,
– affaler sa voile efficacement après avoir posé en tenant compte de la pente, de la force du vent et des arbres derrière.
2- S’éloigner et partir vent arrière
Il peut choisir de s’éloigner en partant vent arrière pour choisir un terrain de posé plus confortable et moins venté.
Les risques liés à cette option sont :
– passer derrière le relief au niveau des falaises, zone la plus potentiellement turbulente car le relief s’affaisse brutalement donc entrainant une grosse perturbation de la masse d’air en mouvement,
– se retrouver dans les filets d’air horizontaux au dessus des arbres donc de finir dans les arbres,
– être bas dans le col dans une masse d’air descendante et avoir des difficultés à s’éloigner vers des zones posables et se remettre face au vent pour poser.
Le pilote prend une juste décision en décidant de partir sous le vent du relief
Le pilote prend une juste décision en décidant de partir sous le vent du relief en contournant la zone des falaises et de suivre au mieux le lit du vent dans le col.
C’est en faisant une analyse aérologique en fonction de la topographie du terrain que le pilote fait le meilleur choix.
En contournant le relief, le pilote se retrouve dans un flux de vent plus fort mais moins turbulent lui permettant de s’échapper de la zone.
Sa hauteur de vol lui permet aussi un bon visuel sur la topographie de zone sous le vent et déjà repérer des zones éloignées et dégagées propice à un atterrissage en sécurité.
On remarque pendant le passage sous le vent qu’il est dans une masse d’air descendante (alarme de descente du vario) et par moment turbulente.
Le pilote aussi choisit de ralentir sa voile pour anticiper d’éventuels incidents de vol (fermetures).et pilote sa voile pour limiter les mouvements importants (tangage).
Jérôme Canaud – Ecole Courant d’R
Comme d’habitude, vos remarques sont les bienvenues !
Utilisez le champ commentaires en bas de la page
Commentaires
Nico
On pourrait quand même faire une remarque sur le choix d’atterrir dans un champs cultivé alors qu’il y en a d’autres qui n’ont pas l’air de l’être juste à côté. Et aussi le peu de marge par rapport à la rivière ou à la mer.
Et puis le choix de chaussure n’est pas idéal non plus en cas d’atterrissage dur comme on peut si attendre en partant en cross avec du vent fort.
J’aurais plutôt tenté de dégager par la gauche coté rivière, plutôt que par la droite côté goulet. Le relief étant moins marqué, il n’y aurait pas eu d’effet venturi, et moins de turbulences.
Et pourquoi rester sous le vent de l’obstacle plutôt que de partir en diagonale pour essayer de se dégager de la zone turbulente.
Jérôme
– Oui tu as raison, l’idéal est de poser dans un champ non cultivé. En regardant la vidéo , je pense que le pilote souhaitait poser dans le triangle non fauché en bord de route. Il n’y arrive pas bien sûr à cause du vent de face soutenu ET surtout car il est face à une masse d’air DESCENDANT le relief, donc il n’y a rien de pire pour dégrader l’angle de plané (comparé à être face à du vent horizontal). Donc il se fait avoir à mon avis. De plus dans cette configuration, plus tu descends, plus ton vent de face est descendant!
– Dans le choix de partir loin de la zone sous le vent du relief, il a intéret à aller le plus loin possible (au niveau de la topographie et aussi de l’aérologie). Le vent est beaucoup moins fort aprés (peut être que sa vitesse sol au gps le confirme) donc à mon avis il peut aller le plus loin. Il est sûr que si le vent le faisait (ou aller le faire reculer près du sol), il aurait sûrement pris plus de marge par rapport au plan d’eau (avec moins de marge , ou plus prés du plan d’eau, il peut aussi faire les oreilles et/ou accélérateur pour dégrader son angle de plané).
Je pense qu’il essaye aussi de se rapprocher de la route principale.
– Oui il est en tongue. Il fait comme il veut ! Je ne juge pas.
– A mon avis, il est préférable de partir dans le goulet pour justement être dans un venturi vent arrière dans une masse d’air moins turbulente. Oui, après il pouvait partir vent arrière plus sur sa gauche en direction du village. Son choix se passe bien donc on peut dire qu’il était bon, non ?



